Turquin

Mardi 22 oct. 2024 - PICHON & NOUDEL-DENIAU (Azur Enchères) - Cannes

Ecole Hollandaise 1626, entourage de Jan van Bijlert

Un concert de carnaval

Toile

98.5 x 120 cm

Monogrammé (?) sur le manche de l'instrument SVH (? ou SNH) et daté 1626 (?)

Estimation : 15 000 - 25 000 €

Par format,  ses personnages à mi- corps, sa lumière égale soulignant les détails réalistes, son cadrage serré et sa composition joyeuse, notre tableau est un parfait exemple de l'esthétique caravagesque importée de Rome aux Pays-Bas, en particulier à Utrecht,  par des artistes tels Gerrit Honthorst, Hendrick Ter Brugghen, Dirk Van Baburen et Jan Van Bijlert . S’inspirant des nombreuses scènes de banquets et de concerts caravagesques peints à Rome au début du 17e siècle, mais avec connotation plus amusée servie par une palette plus claire et lumineuse, notre tableau en donne une représentation un peu plus rustique et emprunte de l'esprit de la Comedia dell' Arte. Les personnages en costume de Carnaval sont munis d’objets de cuisine divers - tisonnier, passoire, foëne -, qu'ils utilisent comme instruments de musique; dans une ambiance festive et enjouée, quatre jeunes hommes se sont rassemblés pour faire du bruit.

le personnage de gauche, plus âgé, dissimule des cartes à jouer à l’arrière de son chapeau : il est l’illustration du tricheur tentant de tromper le monde qui l’entoure. Il porte un masque, attribut traditionnel de la fraude. Le gilet rouge à crevés blancs dans le dos, la manche à grande rayure bleue, le turban improvisé noué sur la tête de son voisin, sont autant de clins d'oeil aux compositions de ces peintres d'Utrecht, dont le Concert d’Hendrick ter Brugghen (1626-1627, Londres, National Gallery) mais aussi celui de Gerrit Honthorst ( 1623, Washington, The National Gallery of Art) sont les modèles du genre. De même, le chapeau à plume rappelle les sujets profanes de Gerrit van Honthorst et Jan van Bijlert.  Le jeune homme au dos à demi nu, qui ferme la composition à droite, dérive indirectement du musicien que l’on peut voir dans le Concert de Caravage au Metropolitan Museum de New York. L’homme, au second plan, fait un geste qui s’apparente à celui de « la fica », geste d’insulte obscène et injurieux, que l'on trouve fréquement dans la peinture caravagesque de cette époque tant en France (Vouet, Vignon) qu'en Italie ou aux Pays-bas, témoignant du caractère léger et provocateur de ces tableaux.