Turquin

Samedi 02 nov. 2024 - ROYAN ENCHERES - Me Jean-Renaud GEOFFROY - Royan

Charles THEVENIN (Paris 1764 - 1838)

La mort de Tatius

Toile d'origine

145.5 x 110 cm

Porte une étiquette 20ème au revers du châssis "José Madrazo / (ec. est.) / 350 000" ; porte une inscription récente au crayon au revers du châssis "Meynier"

Restaurations anciennes

Sans cadre

Estimation : 80 000 - 120 000 €

C’est avec cette toile que notre artiste a participé au concours du Prix de Rome de peinture en 1788 (elle possède le format réglementaire imposé par l’Académie pour cette épreuve). Le vainqueur du prix était envoyé au sein de l’Académie de France de Rome, pour se familiariser avec l’art de la Péninsule. Le déroulement du concours de 1788, fait face à des tensions particulières, car celui de l’année précédente avait donné lieu à des accusations de tricherie de Fabre envers Girodet. Trois professeurs s’affrontaient à travers les candidats : les élèves de Regnault, Vincent et David, le gagnant apportant un forte publicité pour l’atelier de son maître. Cette année-là, le sujet tiré de l’Antiquité romaine est libellé ainsi : « Tatius, collègue de Romulus, qui après avoir fait livrer à la fureur des Sabins les Ambassadeurs de Lavinium, et osant revenir à Lavinium avec Romulus pour faire un sacrifice aux Dieux des Troyens, est assassiné par les Laviniens au pied de l’autel, avec les mêmes armes qui avaient servi à égorger les victimes. ». Ce récit, rapporté sous différentes versions par Cicéron, Plutarque ainsi que Ennius, justifie le meurtre, qui serait dû à un déni de justice portant sur un vol de bétail. Ces auteurs sous-entendent également que Romulus, futur roi de Rome, serait impliqué dans cette révolte et aurait ainsi récupéré le pouvoir.

Les Mémoires de l’Académie publiées par Anatole de Montaiglon en 1889 nous indiquent que sept candidats furent admis à participer. Etienne-Barthélémy Garnier (1749-1849), remporte le concours et sa composition est conservée à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Celle de Anne-Louis Girodet (1767-1824) est au musée des Beaux-Arts d’Angers et celle de Jacques Réattu (1760-1833) dans son musée éponyme à Arles. Les quatre autres concurrents était des élèves de François-André Vincent, dont on reconnait ici le goût des couleurs claires, de l'enchainement des groupes. On peut exclure pour des raisons stylistique Charles Meynier (1768-1832) et Jacques-Augustin Pajou (1766-1828), et le peu qu'on connaisse aujourd'hui des tableaux de Léonor Mérimée (1757-1836), ne plaide pas pour qu'il en soit l'auteur.

Notre toile peut être comparée avec les compositions de Thévenin de la fin des années 1780 à sujets d'histoire qui ont adopté le néoclassicisme : Jésus parmi les docteurs de la Loi, 1789 (Provins, église Saint-Ayoul), ses autres participations au Prix de Rome (Joseph reconnu par ses frères, 1789, Angers, musée des Beaux-Arts ; La Justification de Suzanne, 1790, esquisse au musée du Grand Siècle à Saint-Cloud ; Régulus retourne à Carthage, Paris, Ecole des Beaux-Arts, 1791). La physionomies des personnages, les types figures, les vieillards par exemple, sont semblables. 

Fils d'un architecte à la cour à Versailles, Charles Thévenin obtient finalement son Grand Prix en 1791, à vingt-sept ans. A cette date, il décrit plusieurs scènes contemporaine de la Révolution avec réalisme (La prise de la Bastille , 1790, La Fête de la Fédération, 1792, Paris, musée Carnavalet). Il obtient un grand succès sous l'Empire, avec des scènes de batailles napoléoniennes et dirige ensuite l'Académie de France à Rome de 1816 à 1823, où il se lie d'amitié avec Ingres et des artistes de la jeune génération, pensionnaires à la Villa Médicis : Alaux, Cortot, David D'Angers, Picot, Michallon, Schnetz, Vinchon.