Turquin
Mardi 22 oct. 2024 - PICHON & NOUDEL-DENIAU (Azur Enchères) - Cannes
André Jerzy MNISZECH (Wischnowitz 1823 -1905 Paris)
Jeune femme alanguie dans une alcôve
Panneau parqueté
83 x 116 cm
restaurations
Sans cadre
Estimation : 8 000 - 12 000 €
Provenance :
Acquis dans le commerce parisien par les parents de l'actuel propriétaire dans les années 1930 (comme attribué à Winterhalter) ; Collection particulière du Sud-Ouest de la France.
Issu de la noblesse polonaise, André Mniszech s'installe à Paris en 1854. Il étudie avec Jean François Gigoux et Léon Cogniet et devient un peintre réputé, réalisant notamment les portraits de nombreux compatriotes émigrés en France. Il constitue également, suivant en cela ses ancêtres, une remarquable collection d'œuvres d'art qui fut dispersée les 19 avril 1902 et 9 et 10 mai 1910. Nous attribuons ce panneau à André Mniszech pour des raisons à la fois techniques et stylistiques. On y remarque la matière riche et sensuelle, la touche raffinée et les empâtements chers à Mniszech. Quant aux draperies faisant ressortir la blancheur du corps de la jeune femme, on les retrouve dans nombre de ses œuvres, tout comme la luminosité, l'intensité des blancs et la profondeur des rouges. Citons par exemple 'Le Portrait du fils de l'artiste Léon', vendu à Paris le 20 juin 2022, 'La femme au perroquet' passée en vente à Paris en 2006, ou encore 'L'allégorie de la peinture' vendue à Varsovie le 6 décembre 2015, où les blancs, très présents, jouent et contrastent avec des noirs profonds ou des verts lumineux. Enfin, Mniszech utilisait très rarement des toiles, leur préférant des panneaux de qualité, ce qui lui permettait un travail approfondi sur les couleurs, la richesse sensuelle de la matière, la beauté et la finesse des détails (par exemple, la peau de panthère) que le support de bois rehausse. Quant au modèle, il s'agit très probablement d'Isabelle de la Gâtinerie (1840-1910), qui devint la seconde épouse du peintre en 1886. Nous connaissons d'elle un petit portrait par Paul Gervais daté de 1888. Le visage rond et plein présente de nombreuses similitudes avec celui de notre jeune femme : des cheveux blonds légèrement frisés sur les tempes, une peau très pâle, un nez droit, de grands yeux surmontés d'épais sourcils et d'un grand front. Enfin, les épaules rondes annoncent un corps aux formes généreuses, tel celui de la belle endormie. Le tableau présenté ici date-t-il de 1886, année du mariage ? Il n'est pas exclu qu'il soit un peu antérieur, la jeune femme semblant un peu plus âgée sur le portrait de Gervais. André Mniszech connaissait la famille de la Gâtinerie depuis les années 1860, en atteste un 'Portrait de Berthe de la Gâtinerie', sœur d'Isabelle, de 1869. Il est possible que Mniszech ait fait la connaissance des deux sœurs par l'intermédiaire de leur mère, Marie-Eugénie Gallian, baronne Marrier de la Gâtinerie, qui était peintre. Dans tous les cas, cette œuvre, empreinte de douceur et de délicatesse, de sensualité, est d'un caractère très intime, ce qui explique qu'elle ne soit pas signée.