Turquin
Mercredi 27 nov. 2024 - FRAYSSE ET ASSOCIES - Paris
Ambrosius BOSSCHAERT le vieux ( Anvers 1573 - La Haye 1621)
Tulipes, iris, rose et muguet dans un römer posé sur un entablement
Cuivre
18 x 14.3 cm
Inscription au dos du cuivre, incisée en bas vers la gauche et date : .... MVM /1615
Estimation : 250 000 - 350 000 €
Provenance :
Slatter Gallery, Londres en 1957. vente Londres, Christie’s, 11 juillet 1980, lot 116, comme Ambrosius Bosschaert le vieux. vente New York, Christie’s, 12 juin 1981, lot 131, comme Ambrosius Bosschaert le Jeune. vente Phillips, Londres, 21 mai 1985, lot 131, comme Ambrosius Bosschaert le Jeune, n°29.
Bibliographie : L. J. Bol, The Bosschaert Dynasty, Painters of. Flowers and Fruits, Leigh-on-Sea, F. Lewis,. Publishers, Ltd, 1960 (reprint 1980), p.66, n°42 (non reproduit)
Bosschaert est l’un des pionniers de l’histoire de la Nature morte et le premier peintre à s’être consacré entièrement aux bouquets de fleurs. Il est à l’origine d’une dynastie d'artistes, formant son beau-frère, Balthasar van der Ast, et ses trois fils, Ambrosius le Jeune, Johannes et Abraham. Il commence sa formation à Anvers, mais ses parents fuient les persécutions religieuses, et comme de nombreux protestants émigrent en Hollande et s’installent à Middelburg en Zélande vers 1587. Cette ville était devenue, dans les dernières décennies du 16e siècle, un centre de premier plan dans le domaine de la botanique et de l’étude scientifique des plantes. Ses jardins botaniques abritaient des espèces importées du Proche et de l’Extrême-Orient et des Amériques. Venue de Constantinople, les tulipes connaissent un succès immédiat en Hollande et deviennent un emblème de prospérité et de luxe bourgeois, collectionnées avec avidité. La « tulipomanie », engendre des opérations boursières et voit la création de nouvelles variétés dans les années 1620 et 1630. Les prix des bulbes ont grimpé en flèche, amenant à une spéculation excessive, puis à l’éclatement de la bulle financière en février 1637.
Pour les collectionneurs, les peintures de Bosschaert constituaient des portraits de ces marchandises rares et précieuses. Il les a rendues dans les moindres détails, leurs couleurs vives se détachant sur le fond sombre, ajoutant des insectes pour leur donner vie. Ses œuvres sont elles aussi devenues très recherchées de son vivant. Il immortalisait les floraisons fugaces, de moins de deux mois de l’année, par ses peintures où il n’hésitait pas à combiner des fleurs de saisons différentes. C'est le cas dans notre composition dominée par un iris jaune, et au dessous deux tulipes striées, disposition qu'on retrouve dans plusieurs autres tableaux du maître (Los Angeles County Museum of Art (1619) ; et vente à Paris, Hôtel Drouot, étude Fraysse et Associés, Binoche et Gicquello, 19 juin 2019, n°9). Les tulipes rayées de blanc étaient rares et précieuses, toute comme sa contrepartie blanche striée de rouge. Le petit cuivre vendu en 2019 montrait la même branche de cyclamen, aux pétales délicats, posée en bas, un détail récurrent chez le peintre dans les dernières années de sa vie (bouquets de Madrid, Museo Thyssen-Bornemisza ; Vienne, Kunsthitorisches Museum, Washington, National Gallery of Art -1621-).
A l’observation attentive du monde et la fidélité des détails naturalistes, s'ajoute une valeur symbolique, de vanitas. Chaque élément du bouquet participe à l'harmonie de la Création. Les fleurs ne sont belles que quelques jours. Périssables, elles se fanent et meurent rapidement. Le muguet, par son parfum délicat et son mouvement incliné de dévotion, dit l’humilité de Marie, le cyclamen est aussi une fleur mariale. L’ensemble est animé par un papillon, animal éphémère par excellence, ce qui est une référence à la fragilité de notre existence. Avec subtilité, Bosschaert aime disposer de fines gouttes de rosée, ici à droite du vase.
Nous remercions Fred Meijer d'avoir confirmé l'authenticité de notre tableau à Ambrosius Bosschaert le vieux, sur photographie numérique, par mail le 29 avril 2024.