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DAGUERRE Mes Benoit Derouineau et Bertrand de Cotton
le 28/03/2023 - PARIS
Pierre BRUEGHEL II (Bruxelles, 1564 - Anvers, 1636)
Le paiement de la dîme

Pierre BRUEGHEL II (Bruxelles, 1564 - Anvers, 1636)
Le paiement de la dîme
- Toile
- 112 x 184 cm
- Restaurations anciennes
- Adjudication : Estimation : 600 000 / 800 000 €
Pierre Breughel II était le fils aîné de Pierre Breughel le vieux, dit l'Ancien, et le frère de Jan Breughel, dit de velours. Orphelins assez jeunes, les enfants sont recueillis à Anvers, par leur grand-mère Mayken Verhulst, elle-même peintre de miniatures et veuve de Pieter Coecke van Aelst. Plus tard, l’artiste complète sa formation chez le paysagiste Gillis van Coninxloo. Il est reçu à la Guilde de Saint-Luc d'Anvers, mentionné comme maître indépendant dans le registre des années 1584-1585. On dénombre une trentaine de versions autographes, signées ou non, de cette célèbre composition de Pierre Breughel II. La version que nous présentons est inédite, elle se distingue par ses dimensions exceptionnelles, le format habituel du sujet variant entre 55 et 75 cm de hauteur pour une largeur de 100 à 120 cm. Seule une autre version présente des dimensions similaires, elle est signalée par Georges Marlier dans la collection Surati à Milan avant 1937 puis dans une collection particulière belge en 1984 (115 x 187 cm, p.439, n°29). Intitulé "Le Paiement de la dîme", ou parfois "L'Avocat des paysans", le sujet du tableau fait l'objet de nombreux débat. Pourtant, le personnage principal, derrière le bureau, toujours représenté avec un menton proéminent porte un calot éclésiastique qui le dénonce comme un homme d’église. Il vient donc certainement collecter la dîme, un impôt qui sert à construire des églises, à publier les Écritures et d’une façon plus générale à faire oeuvre missionnaire. Cet impôt, instauré par les Carolingiens, était payé par tout le peuple mais les populations les plus pauvres peinaient à s’acquitter d’une taxe jugée trop lourde et injuste. Le collecteur est secondé dans sa tâche par un homme debout à sa gauche et un greffier affairé à scribouiller derrière un comptoir, de l'autre côté de la pièce, participe à la scène. A sa droite, un autre consulte le calendrier affiché au mur. On remarque que l'almanach porte une inscription en français, ce qui est logique puisque cette langue était officiellement employée dans les professions juridiques et par l'administration espagnole en Flandres à cette époque. Les autres protagonistes sont des paysans : ils sont quatre au premier plan, dont l'un attend le panier d'œufs et les présents que sa femme tire d' une hotte. A gauche, un homme se glisse, hésitant, par la porte entrebâillée derrière celui qui se tient timidement debout, à l'entrée. Le désordre et l'amas de papiers règnent dans la pièce. C’est donc probablement à une critique de l’occupation espagnole que se livre Breughel; le collecteur d’impôts, avec son front proéminent et son menton fuyant accuse une ressemblance nette avec les Habsbourg (Philippe II en particulier, mort en 1598) dont la domination sur la Flandre s’étend de 1556 à 1713. Les paysans, timides et apeurés, subissent le dictat de l’occupant et viennent, penauds, s’acquitter de l’impôt avec leurs seules richesses, poulets, œufs, raisins… Pierre Breughel II ne reprend pas ici une composition de son père comme il le fait la plupart du temps; il représente un thème populaire à son époque et traité par d'autres de ses contemporains. Certains historiens avancent la possibilité que le peintre se serait inspiré d'un prototype du peintre parisien Nicolas Baullery bien qu’aucun original de ce type n’ait jusqu’ici étayé cette hypothèse. Le traitement du sujet connaît une légère évolution à partir de 1618. La première série avec des cordes tressées sur le mur du fond, et le personnage le plus à gauche avec des manches grises ou claires se retrouve sur les œuvres datées entre 1615 et 1617. Après cette date on observe qu’ un drap sombre vient couvrir le mur du fond et le personnage de gauche voit ses manches devenir rouges. Notre tableau appartient donc à la première catégorie, ce qui permet de le situer avant 1617. Un certificat du Dr Klaus Ertz daté du 4 décembre 2022 sera remis à l'acquéreur.
BRISCADIEU Me Antoine
le 08/10/2022 - PARIS
Alexandre-François DESPORTES (Champigneulle 1661- Paris 1743)
Faisan perdreau abricots dans une jatte imari et figues sur un entablement; Perdreau becasses panier de peches et prunes et abricots sur un entablement


Alexandre-François DESPORTES (Champigneulle 1661- Paris 1743)
Faisan perdreau abricots dans une jatte imari et figues sur un entablement; Perdreau becasses panier de peches et prunes et abricots sur un entablement
- Paire de toiles
- 79,8 x 61,8 cm
- Restaurations anciennes
- Adjudication : Estimation : 100 000 / 150 000 €
Provenance : Galerie Maurice Ségoura, Biennale des Antiquaires, 1994, collection particulière. Bibliographie : Bibliographie : Pierre Jacky, Desportes, Catalogue raisonné, Saint-Rémi-En-l’Eau, 2010, page 206, n°P746 et n°P 747, reproduits. Dans ces tableaux, Desportes reprend, avec des variantes, une paire créée quatre ans plus tôt, en 1727, et alors acquise par Victor-Amédée II, duc de Savoie et roi de Sardaigne pour le palais royal de Turin, aujourd'hui conservée à la Galeria Sabauda à Turin (100 x 79 cm chacun).
DAGUERRE - VAL de LOIRE
le 03/07/2022 - PARIS
Auguste Jean Baptiste VINCHON (Paris 1787 - Bad Ems 1855)
LOT 44 : 19 paysages

Auguste Jean Baptiste VINCHON (Paris 1787 - Bad Ems 1855)
LOT 44 : 19 paysages
- Dimension du cadre : 144 x 151,5 cm
- Adjudication : Estimation : 80 000 / 100 000 €
Sauf mention contraire, les vues sont de Jean-Baptiste Vinchon De gauche à droite et de haut en bas : D1. Peintre français vers 1840, Deux peintres en forêt (Fontainebleau ?), papier marouflé sur toile, 31,5x26 cm. D2. Intérieur de l’église souterraine de San Martino in Monte à Rome, papier marouflé sur toile, 32x41 cm. Il existe une vue proche peinte par Granet. D3. François-Edme Ricois (Courtalain, 1795 - Mareil-Marly, 1881), Vue d’un château, toile signée en bas à droite, 31,5x44 cm. Elève de Bertin et de Girodet, François-Edme Ricois expose régulièrement aux salons parisiens dès 1819. Il réalise de multiples voyages en France, en Allemagne et en Suisse, à l’occasion desquels il représente volontiers des châteaux (Chambord, Chenonceaux, Courtanvaux, …). Ses vues de bâtisses aujourd’hui disparues, comme les châteaux de Montalet et de la Mailleraye, nous sont précieuses. Il meurt après avoir participé à vingt-sept salons parisiens et ses œuvres sont conservées dans les plus grands musées français (musée du Louvre, musée Carnavalet, musée des Beaux-Arts de Lille, musée du château de Versailles, …). D4. Etude de pins, papier marouflé sur toile, 31,5x26 cm. D5. Vue d’une vallée, papier marouflé sur toile, 26x34 cm (accidents). D6. Le temple de Vesta à Tivoli, papier marouflé sur toile, 44x34 cm, au dos cachet de la maison HOUARD. Par confusion avec le temple voisin, le temple de Vesta fut longtemps nommé « temple de la Sibylle » par les peintres (Natoire, Vernet, Dietrich, Piranèse, Fragonard, Robert, Berthélémy, Vincent, …). Tout au long du 18e siècle, on pouvait voir un arbre au centre du temple de Vesta. Joseph Vernet le représente dès 1730-40, encore jeune. On le retrouve plus développé chez Vincent, Reclam ou encore Fragonard (vers 1760) qui en exagère sans doute l’envergure par souci de composition. Encore présent dans une vue de Louis-Pierre Baltard vers 1799, il a disparu en 1804, au moment où Granet exécute une de ses premières vues du site. D7. Peintre français vers 1840, L’Arc de Constantin vu depuis le Colisée, toile, 48,5x35 cm. Au dos de la toile et sur le châssis, tampon de la maison Haro, rue des Petits Augustins, n°20. D8. Mont en Italie, papier marouflé sur toile, 24,5x33,5 cm, au dos, cachet de la maison HOUARD. D9. Peintre français vers 1830 (?), Chêne près d’un rocher (Fontainebleau ?), papier marouflé sur toile, 24x32 cm, au dos cachet de la maison HOUARD. A rapprocher des tableaux d’André Giroux (1801 – 1879). D10. Un ravin, papier marouflé sur toile, 26x32 cm. Au dos, cachet de la maison HOUARD. D11. Peintre français vers 1830 (?), Amas de rochers (en forêt de Fontainebleau ?), papier marouflé sur toile, 24x32 cm. A rapprocher des tableaux d’André Giroux. D12. Vue d’un chemin près de Marino, près de Rome, papier marouflé sur toile, 26x39,5 cm, au dos, une inscription : Le chemin de marino en partant de la forêt. Jean-Joseph-Xavier Bidauld a représenté le village de Marino. D13. Attribué à Auguste J.B Vinchon, Vue du lac d’Albano et du monte Cavo, papier marouflé sur toile, 22x29,5 cm. D14. Attribué à Auguste J.B Vinchon, Tronc d’arbre et rocher, papier marouflé sur toile, 24x32 cm. D15. Vue de l’entrée d’une église, avec un arbre et une statue de Marie, papier marouflé sur toile, 20,5x26 cm, au dos, cachet de la maison HOUARD. D16. Un fossé, papier marouflé sur toile, 22x29 cm. D17. Nuage au-dessus d’une côte, papier marouflé sur toile, 22x27 cm. D18. Attribué à Auguste J.B Vinchon, Arbres enracinés dans des rochers (Forêt de Fontainebleau ?), papier marouflé sur toile, 20,5x26,5 cm. D19. Vue de la cascade de Valcatoio et du château Boncompagni Viscogliosi sur l’île de Liri (Latium), papier marouflé sur toile, 22x26 cm, au dos, cachet de la maison HOUARD. Le site est représenté par Jean-Joseph-Xavier Bidauld (Vue de l’île de Sora [ancien nom de l’île de Liri], 1793, Louvre (MR 1196)).
DAGUERRE - VAL de LOIRE
le 03/07/2022 - PARIS
Auguste Jean Baptiste VINCHON (Paris 1787 - Bad Ems 1855)
LOT 43 : 19 paysages

Auguste Jean Baptiste VINCHON (Paris 1787 - Bad Ems 1855)
LOT 43 : 19 paysages
- Dimension du cadre : 147,5 x 145 cm
- Adjudication : Estimation : 80 000 / 100 000 €
Sauf mention contraire, les vues sont de Jean-Baptiste Vinchon De gauche à droite et de haut en bas : C1. Baie de Naples, papier marouflé sur toile, 25x41,5 cm (restaurations). C2. Vue de Naples, papier marouflé sur carton, 32,5x45 cm, inscriptions au verso : « 4 vue … del pasto à Naples / Rue de clery VIII ». C3. Vue de Capri, papier marouflé sur carton, 29x43,5 cm, reste d'étiquette ancienne, inscription au verso : « Ɛ – à Capri près de Naples ». C4. Vue d’Ischia vers Naples, papier marouflé sur toile, 25x33.5 cm, inscription au verso : « Marine à Ischia. ». C5. Attribué à Vinchon, Chêne et chemin, papier marouflé sur toile, 41x33 cm. C6. Attribué à Vinchon, Sapins et chemin, papier marouflé sur toile, 38,5x27 cm, étiquette de la maison ‘’HOUARD". C7. La grotte de l’Arveyron, papier marouflé sur toile, 25,5x36 cm. L’arche naturelle, d’où sortait l’Arveyron, torrent exutoire de la Mer de Glace, était une curiosité naturelle fréquentée par les touristes depuis le 18e siècle et a été représentée par de nombreux artistes. Elle a disparu définitivement en 1873 en raison du recul glaciaire. C8. Colline et nuages, papier marouflée sur toile, 24x33,5 cm. C9. Vue du Châtel-Argent (Vallée d’Aoste), papier marouflé sur toile, 25,5x36 cm. C10. Gorges de l’Aniene, près de Tivoli (?), papier marouflé sur toile, 30x36,5 cm. C11. Pin parasol dans un ravin et tour, papier marouflé sur toile, 28.5x22.5 cm. C12. Robert Léopold Leprince (Paris, 1800 - Chartres, 1847), Entrée de la Grande Chartreuse [de Grenoble] - 1825 », carton, 38x32 cm. Issu d’une lignée de peintres paysagistes (notamment son père Anne-Pierre Leprince et son frère Xavier Leprince), Robert Léopold Leprince expose aux Salons parisiens de 1822 à 1844 et obtient une médaille en 1824. Il parcourt la France et réalise des vues du lac d’Annecy et du massif alpin. C’est sans doute au même moment qu’il effectue cette Vue de la Grande Chartreuse de Grenoble. Après avoir habité Chartres, il peint sur le motif en forêt de Fontainebleau, dix ans avant la génération de l’école de Barbizon. C13. Vue de la forteresse d’Ostie à Rome, papier marouflé sur toile, 26x38 cm. C14. Coucher de soleil, papier marouflé sur toile, 9x23,5 cm. C15. Sous-bois, 23x30 cm, papier marouflé sur toile, étiquette de la maison HOUARD. C16. Vue de la baie de Salerne avec le château d’Arechi (côte amalfitaine), papier marouflé sur toile, 19,5x31 cm, inscription au verso : « Salerne ». C17. Paysage avec nuages, panneau, 14x11 cm. C18. Plaine en Italie, papier marouflé sur toile, 17x28,5 cm. C19. Rochers et ronces, papier marouflé sur toile, 22x29 cm, étiquette de la maison HOUARD.
DAGUERRE - VAL de LOIRE
le 03/07/2022 - PARIS
Auguste Jean Baptiste VINCHON (Paris 1787 - Bad Ems 1855)
LOT42 : 24 Paysages

Auguste Jean Baptiste VINCHON (Paris 1787 - Bad Ems 1855)
LOT42 : 24 Paysages
- Dimension du cadre : 154,5 x 152,5 cm
- Adjudication : Estimation : 80 000 / 100 000 €
Sauf mention contraire, les vues sont de Jean-Baptiste Vinchon De gauche à droite et de haut en bas : B1. Monte Cavo, papier marouflé sur toile, rajout en bois de 1 cm à gauche, 25x38,5 cm. On connaît plusieurs vues du même site par Jean-Joseph-Xavier Bidauld. B2. Pin parasol dans la Campagne romaine, papier marouflé sur toile, 26x35 cm. B3. Chapelle de la Vierge à Subiaco, papier marouflé sur toile, 26x22 cm. Plusieurs artistes ont peint ce site, dont Finley Breese Morse (ces vues sont postérieures, le trou du talus à droite de l’édifice a été comblé). B4. « Arc de la Volta Toretta », tronçon de l’Anio Vetus, près de Tivoli, papier marouflé sur toile, 25,5x39 cm. Il existe une vue du même site par Jean-Charles Rémond. B5. Vue du portique de la villa Médicis, papier marouflé sur toile, 27x40,5 cm. B6. Vallée sous un ciel orageux, papier marouflé sur toile, 18x34 cm, rajout en bois de 1 cm en haut, petit choc au dos de la toile à 11x11 cm. B7. Vallée et nuages, papier marouflé sur toile, 16.5x24 cm, deux rajouts en bois de 1,5 cm en haut et en bas. B8. Le temple de Poséidon à Paestum, papier marouflé sur toile, 26.5x39.5 cm. B9. Vallée dans les Alpes (?), papier marouflé sur toile, 26,5x39,5 cm. B10. Louis-Vincent-Léon Pallière (Bordeaux, 1787 - 1820), Vue du quartier de Ripa (Aventin) avec la villa Malta au premier plan, papier marouflé sur toile, 34,5x58,5 cm, signé en bas au centre « L Pallière Rome 1815 ». La villa Malta, plusieurs fois transformée, a été représentée par de nombreux peintres, dont François-Marius Granet, Johan-Cristian Dahl et Franz-Ludwig Catel. Louis-Vincent-Léon Pallière est élève de François-André Vincent aux Beaux-Arts de Paris. Lauréat du prix de Rome en 1812 avec sa composition Ulysse et Télémaque massacrant les prétendants, il effectue son séjour à la villa Médicis jusqu’en 1816. Il y retrouve Vinchon, qui y réside à partir de 1814. Il n’est pas impossible que les artistes aient sillonné ensemble les campagnes italiennes et échangé leurs vues de paysages. B11. Montagnes et vallées en Italie, ciel d’orage, papier marouflé sur toile, 26x39 cm, choc au dos vers le bas de la toile. B12. Naples, vue du Castel Sant’Elmo depuis l’Est de la ville, au niveau du port, papier marouflé sur toile, 25x39,5 cm. B13. Naples, vue du Castel Sant’Elmo depuis le Nord-Est de la ville, papier marouflé sur toile, 24,5x39 cm. B14. Cascade dans des monts bleutés, papier marouflé sur toile, 24,5x18,5 cm. B15. Femme assise près d’une balustrade en bordure de jardin, à côté d’une statue de la vierge, papier marouflé sur toile, 24x39 cm. B16. La dent du Géant et l’arête de Rochefort vues depuis Courmayeur, papier marouflé sur toile, 32,5x26,5 cm, agrandi par l’artiste en haut. B17. Etude de nuages, ciel d’orage, papier marouflé sur toile, 10x15 cm. B18. Maisons dans une vallée, papier marouflé sur toile, 10x15 cm, rajout en bois de 1,5 cm en haut. B19. Village dans une vallée, papier marouflé sur toile, 13x21,5 cm. B20. Village italien dans les montagnes, avec une porte, papier marouflé sur toile, 12x21 cm. B21. La cascade de Terni, papier marouflé sur toile, 35x25,5 cm. B22. Vue de la villa Borghèse avec le casino du Muro Torto et l’aqueduc de l’Acqua Felice, papier marouflé sur toile, 19x27 cm. Une vue similaire par Léon Fleury, prise avec un angle très légèrement différent, appartient à la collection Gere (en dépôt à la National Gallery de Londres), datée vers 1827-1830 ; voir Christopher Riopelle et Xavier Bray, A Brush with Nature. The Gere Collection of Landscape Oil Sketches, National Gallery Publications, Londres, 1999, pp. 88-89). B23. Intérieur de la villa de Mécène à Tivoli, papier marouflé sur toile, 17,5x25 cm, rajout en bois de 1,5 cm en haut. B 24. Vue de la forteresse de Volterra, papier marouflé sur toile, 20x33 cm.
DAGUERRE - VAL de LOIRE
le 03/07/2022 - PARIS
Auguste Jean Baptiste VINCHON (Paris 1787 - Bad Ems 1855)
LOT 41 : 24 Paysages

Auguste Jean Baptiste VINCHON (Paris 1787 - Bad Ems 1855)
LOT 41 : 24 Paysages
- Dimension du cadre : 154,5 x 153,5 cm
- Adjudication : Estimation : 80 000 / 100 000 €
Sauf mention contraire, les vues sont de Jean-Baptiste Vinchon De gauche à droite et de haut en bas : A1. Vue de Tivoli, papier marouflé sur toile, 29,5x45 cm. A2. Vue du monastère Santa Scolastica à Subiaco, papier (?) marouflé sur toile, 34.5x49 cm. A3. Etude de nuages, papier marouflé sur toile, 29x43,5 cm. A4. La tribune d’une église, papier marouflé sur toile, 23x21,5 cm. A5. Vue du Mausolée de Cecilia Metella, papier marouflé sur toile, 23x22 cm. A6. Jardins de la villa d’Este à Tivoli, papier marouflé sur toile, 31,5x50 cm. A7. Cour d’un palais, papier marouflé sur toile, 26x19,5 cm, rajout en bois de 1 cm à gauche. A8. Intérieur de grotte, papier marouflé sur toile, 27x21,5 cm. A9. Intérieur de la grotte de Neptune, à Tivoli (?), papier marouflé sur toile, 27x21 cm. A10. Vue du monastère du Sacro Speco à Subiaco, papier marouflé sur toile, 27x22 cm. A11. Villa en hauteur, papier marouflé sur toile, 30,5x21,5 cm, rajout en bois de 1.5 cm à droite. A12. Vue de la villa d’Este, à Tivoli, papier marouflé sur toile, 30x22 cm, rajout en bois de 1.5 cm à gauche. Un dessin réalisé depuis le même point de vue par Fragonard (Les grands cyprès de la villa d’Este, vers 1760) est conservé au Musée des Beaux-Arts de Besançon. A13. Patio avec statue, papier marouflé sur toile, 24,5x19 cm, rajout en bois de 1 cm à gauche. A14. Tour médiévale près d’un ravin avec un petit pont, papier marouflé sur toile, 22,5 x 20 cm. A15. Entrée de l’émissaire du lac d’Albano, papier marouflé sur toile, 27x22 cm. Gravures du site par Stefano Piale et Antoine Marie Chenavard. L’émissaire d’Albano est un canal d’évacuation antique pour prévenir le débordement des eaux du lac. A16. Vue du Muro Torto, papier marouflé sur toile, 27x21,5 cm. A17. Chemin dans la vallée, papier marouflé sur toile, 10x24 cm. A18. Cours d’eau encaissé, papier marouflé sur toile, 10x24 cm. A19. Ruine ombragée et escalier avec un homme à gauche, papier marouflé sur toile, 27x21 cm. A 20. Statue dans le jardin d’une villa ou sur une voie romaine (?), papier marouflé sur toile, 27,5x21 cm. A21. Chambre d’artiste à la villa Médicis donnant sur la Trinité-des-Monts, papier marouflé sur toile, 30x44 cm. Le cadrage avec la fenêtre d’une chambre de pensionnaire évoque plusieurs autres tableaux tous datés de 1817, donc contemporain de notre vue, et où l’on retrouve ce motif : l’Artiste dans sa chambre à la villa Médicis, lisant la première lettre de sa famille, de Léon Cogniet (Cleveland, Museum of Art), L’Atelier de Picot de Jean Alaux dit le Romain, (collection particulière) et Léon Pallière dans sa chambre à la Villa Médicis, jouant de la guitare, du même Jean Alaux (New York, The Metropolitan Museum of Art, legs de Mrs. Charles Wrightsman, 2019). Vinchon s’est représenté dans sa chambre (vente de la collection Mary Sayles Booker Braga Sotheby's, New York NY, États-Unis, 19 octobre 2015, n°127). A22. Dame sous un parasol près d’une cascade, papier marouflé sur toile, 30x22 cm, rajout de 1,2 cm à droite. A23. Cour italienne, papier marouflé sur toile, 30x22,5 cm, rajout de moins de 1 cm à gauche. A24. Village dans les environs de Tivoli, papier marouflé sur toile, 30x45 cm.
ARTCURIAL PARIS Me Matthieu Fournier
le 23/03/2022 - PARIS
Bernardo DADDI (Florence, vers 1290 - 1348)
Saint Dominique ressuscite le jeune Napoleone Orsini

Bernardo DADDI (Florence, vers 1290 - 1348)
Saint Dominique ressuscite le jeune Napoleone Orsini
- Panneau à fond or
- 38,9 x 35,2 cm
- Restaurations anciennes
- Adjudication : Estimation : 200 000 / 300 000 €
Provenance : Ancienne collection Johann Anton Ramboux (1790-1866), sa vente à Cologne le 23 mai 1867 chez Lempertz (JM Heberle - H . Lempertz).), n°58 (comme Taddeo Gaddi). acheté à vente par le baron Jean-Baptiste de Béthune et resté depuis chez ses descendants Compartiment inédit d'une prédelle provenant d'un retable à Santa Maria Novella à Florence. Les autres éléments connus de cette prédelle et de dimensions similaires sont conservés à la Gemäldegalerie de Berlin, à la Yale University Art Gallery à New Haven, au Muzeum Narodowe à Poznan et au musée des Arts Décoratifs à Paris.
ARTCURIAL PARIS Me Matthieu Fournier
le 23/03/2022 - PARIS
Jean Simeon CHARDIN ( 1699-1779)
Le panier de fraises des bois



Jean Simeon CHARDIN ( 1699-1779)
Le panier de fraises des bois
- Toile
- 38,5 x 46 cm
- Adjudication : Estimation : 12 000 000 / 15 000 000 €
Exposé par l’artiste au Salon de 1761 (partie du n°46), redécouvert par le collectionneur François Marcille un siècle plus tard, et disparu de la vue du public jusqu’aux rétrospectives de 1979 et 1999 à Paris, Le panier de fraises des bois s’est imposé avec les temps une des images les plus célèbres et emblématiques du 18e siècle alliant une composition d’une grande simplicité géométrique à une qualité d’exécution exceptionnelle. Parmi les cent-vingt natures mortes environ que Chardin a conçues, il a souvent représenté les mêmes objets ou les mêmes fruits, gobelets d’argent, théières, lièvres, prunes, melons, prunes. Notre nature morte est la seule de Chardin à montrer des fraises comme sujet principal d’un tableau. Chardin est admiré pour la qualité de silence de ses œuvres, la poésie dans ses représentations des objets quotidiens, de méditation, en retrait de l’agitation du siècle, concentrés ici dans une image unique à son époque. Ce tableau fait la synthèse de deux siècles des rares représentations de coupe de fraises isolées par les peintres nordiques et français, tels que Jacob van Hulsdonck, Adriaen Coorte, Louise Moillon, tout en basculant la conception de la nature morte vers la modernité. Le sujet devient alors moins important que la représentation abstraite des formes et des volumes. Notre tableau est directement comparable, par sa composition comprenant le verre à gauche, un volume central pyramidal sur un entablement horizontal, émaillé de quelques autres éléments, au Panier de prunes (Paris, Musée du Louvre), au Verre d’eau et cafetière (Pittsburgh, Carnegie Institute of Art), datés de la même période et considérés comme des chefs-d’œuvre absolus. Les deux œillets blancs sont identiques à ceux du Bouquet de fleurs de la National Gallery of Scotland à Edimbourg. Chardin est alors au sommet de son art et de sa carrière. La virtuosité du peintre s’exprime dans l’incroyable transparence de l’eau dans le verre en cristal, le rendu des fruits à la fois précis et flou, par une seule masse, le tout mis en espace par les taches blanches des deux œillets dont la tige brise la régularité. Cette modernité des natures mortes de Chardin trouvera un écho important au moment de l’impressionnisme notamment chez Fantin-Latour, Monet, Renoir ... Et la rigueur de ses compositions géométrique se retrouvera au XXe siècle chez Cézanne, Morandi, jusqu’à Wayne Thiebault.
ARTPAUGEE
le 04/02/2022 - PARIS
Bernhard STRIGEL (Memmingen 1460 - 1528)
Ange thuriféraire vêtu d'une tunique jaune

Bernhard STRIGEL (Memmingen 1460 - 1528)
Ange thuriféraire vêtu d'une tunique jaune
- Panneau de chêne, quatre planches, non parqueté
- 48,8 x 61,2 cm
- Adjudication : Estimation : 600 000 / 800 000 €
Provenance : - Peut être exécuté en 1521-1522 pour l’église Notre-Dame de Memmingen ; - Collection François-Louis-Esprit Dubois (1758-1828) ; - Vente collection Dubois, Paris, Hôtel Bullion (Maître Gendron), 27 mai 1816, n° 18 (23,10 fr au comte de Saint-Morys : Albert Dürer « Un ange, un genou en terre, les ailes déployées et vêtu d'une tunique jaune, recouverte d'un manteau rouge avec broderie en or, tient un encensoir. Morceau précieusement peint, d'une belle couleur et bien conservé » Peinture sur bois 22 x 18 pouces) ; - Collection de Charles Etienne de Bourgevin Vialart, comte de Saint-Morys (1772-1817); - Vente du cabinet de feu Mr Le Comte de Saint-Morys, Paris, 10 rue de Seine (Maître Benou), 26 janvier 1818, n° 47 (30,05 fr à Berthon. Ecole d’Albert Dürer, Un Sujet de l’Annonciation) ; - Probablement vente après cessation de commerce de M. Berthon, Paris, 16 rue des Jeuneurs (Maître Ridel), du 10 au 12 mars 1845, n° 325 (« Quelques bons tableaux anciens des diverses écoles ») ou vente après cessation de commerce de M. Berthon, Paris, 16 rue des Jeuneurs (Maître Ridel), du 3 au 5 avril 1845, n° 115 (« Une collection de 130 bons tableaux anciens des Ecoles flamande, hollandaise, française et italienne ») ; - Dans la même famille depuis le début du XXème siècle. Bibliographie : E. Büchner, « Zum späten Malwerk Bernhard Strigels », dans Pantheon, 3, XVII, juin 1944, p. 55 (« Vermutlich haben zwei rauchfassschwingende Engel … ») ; Catalogue de l’exposition Louvre Abu Dhabi. Naissance d’un musée, L. Des Cars (sous la direction de), Paris, 2013, cité p. 114 (« le tableau de l’Ange à l’encensoir a pu faire partie d’un ensemble peint, et peut être sculpté, comprenant vraisemblablement une paire d’anges »). Notre tableau, inédit, est le pendant de L’Ange thuriféraire présenté en vente publique à l’Hôtel Drouot en 2008 et acquis par le musée du Louvre Abu Dhabi en 2009 (fig.1. Vente anonyme, Paris, Hôtel Drouot, Maître Delvaux, 11 juin 2008, n°83, reproduit en couleur, 1 082 970 €). Sujet, dimensions, essence du bois (chêne), échelle des figures et construction du paysage correspondent en tous points. Ces deux chefs-d’œuvre de la Renaissance allemande faisaient partie d’un même retable, peut-être celui peint pour l’église Notre-Dame de Memmingen, dispersé lors de la Réforme. Les collections Dubois et Saint-Morys Juge au tribunal de Colmar, François-Louis-Esprit Dubois entame une carrière politique sous la Révolution : député à La Convention Nationale en 1792 puis membre du Conseil des Cinq-Cents, il devient Commissaire général de police à Lyon en 1801 avant d’être nommé directeur général de la police de Toscane en 1809, probablement par la sœur de Napoléon, la Grande Duchesse Elisa, qui arrive à Florence en 1809. Entre 1809 et 1811, alors que les grandes familles florentines connaissent des difficultés financières et vendent leurs collections, il rassemble environ quatre cents œuvres. En 1810, par exemple, il acquiert en bloc les quatre-vingt-onze œuvres de la galerie Guicciardini, parmi lesquelles L’Adoration des mages de Fra Angelico et Filippo Lippi, aujourd’hui à la National Gallery of Art de Washington et L’Adoration des mages de Botticelli conservée à la National Gallery de Londres. Néophyte à ses débuts, il sait prendre conseil et se passionne pour les arts au point de démissionner de la police et de rapatrier sa collection à Paris en 1811. Il est l’un de ces « collectionneurs marchands » qui, les premiers, introduisent les œuvres italiennes sur le marché parisien. Après son retour à Paris, il organise une première vente publique de tableaux, principalement italiens, les 17 et 18 mars 1813. Parmi les acquéreurs figure le cardinal Fesch. Sous le numéro 39 apparaît un tableau donné à Albert Dürer : « Dans un fond de paysage, un Ange, les ailes déployées, un genou en terre et les yeux baissés, tient un encensoir ; il est vêtu d’une robe de pourpre, et de beaux cheveux blonds ornent sa tête. Morceau précieusement terminé, et d’un grand éclat de coloris », c’est le tableau du Louvre Abu Dhabi. A cette vente L’Ange thuriféraire vêtu d’une robe de pourpre est acquis par Hippolyte Delaroche, expert, puis entre dans la collection du diplomate et homme politique italien Ferdinando Marescalchi . Le tableau a ensuite appartenu à la collection d’Henri Rouart, peintre amateur et grand collectionneur, ami d’Edgar Degas. Lors de sa vente en 1912, le tableau est acheté par le peintre et collectionneur Henry Lerolle, connu pour ses salons fréquentés par Mallarmé, André Gide, Debussy et Degas, Renois et Maurice Denis. Trois ans après sa première vente, en mai 1816, François-Louis-Esprit Dubois organise une seconde vente publique avec, essentiellement, des tableaux flamands et hollandais. Il vend avec Louis-Vincent Pommier qui avait été son secrétaire à la police de 1801 à 1811. Sous le numéro 18, est décrit un tableau donné à Albert Dürer « Un ange, un genou en terre, les ailes déployées, et vêtu d’une tunique jaune recouverte d’un manteau rouge avec broderie en or, tient un encensoir. Morceau précieusement peint, d’une belle couleur et bien conservé. ». Ainsi jusqu’en 1813, les deux anges étaient encore ensemble. La première vente Dubois en mars 1813 les sépare. A la seconde vente Dubois (1816), L’Ange vêtu d’une tunique jaune recouverte d’un manteau rouge avec broderie en or, est acquis par le comte Charles-Etienne de Bourgevin Vialart de Saint-Morys, collectionneur d’objets d’art du Moyen-âge et de la Renaissance sous l’Empire (fig.2). Il grandit dans un milieu d’amateurs éclairés entre l’hôtel particulier de sa famille, rue Vivienne à Paris et le château d’Hondainville, en Beauvaisis. Son père, Charles-Paul Vialart de Saint-Morys (1743-1795) était un financier à la tête d’une fortune colossale. Conseiller au Parlement de Paris, il était aussi graveur amateur et collectionneur. A la Révolution, le père et le fils émigrent à Coblence avec une partie de la collection mais laissent 12 644 dessins qui sont saisis et conservés aujourd’hui au Cabinet des dessins du Louvre. C’est à Coblence puis à Londres qu’Etienne de Saint-Morys rencontre des collectionneurs d’art médiéval, spécialité plus prisée dans ces pays qu’en France où l’art gothique, à cette époque, est considéré comme une décadence avant la Renaissance. Quand il rentre en France en 1802, ses biens ont été confisqués et il s’établit à Hondainville. Il se consacre alors à la défense des églises menacées par les pillages, en grave des vues qui seront publiées dans les Monuments français inédits, ouvrage jamais achevé, et sauve en les entreposant leur mobilier médiéval (vitraux, sculptures, peintures, ivoires…). En 1815, avec le retour de Louis XVIII, le comte de Saint-Morys espère retrouver ses biens et ses collections confisqués. Il projette de construire un château néo-gothique à Hondainville en réutilisant et en valorisant les collections amassées : escaliers, ferrures d’Ecouen, poutres, vitraux, … mais les idées libérales et l’originalité de ce royaliste dérangent. Il est proche de certains journalistes britanniques qui publient des articles virulents contre le préfet de police Decazes et refuse de se soumettre à l’autorité. Suite à ces différents, Decazes le provoque en duel. Le comte de Saint-Morys est tué le 21 juillet 1817. Sa femme et sa fille, confrontées à des problèmes financiers, mettent en vente une partie de la collection le 26 janvier 1818 (une partie des objets de cette vente est aujourd’hui au musée de Cluny et au Louvre). Sous le numéro 47 de la vente, apparaît Un Sujet de l’Annonciation de l’école d’Albert Dürer (séparé de son pendant, notre ange aurait été compris comme l’ange de l’Annonciation). A cette vente, le tableau est acquis par Berthon, probablement marchand. Deux ventes pour cessation de commerce de M. Berthon sont organisées en mars et avril 1845. A la première vente, sous le numéro 325 sont mentionnés « Quelques bons tableaux anciens des diverses écoles ». A la seconde vente, les tableaux sont rapidement mentionnés sous le numéro 115 « Une collection de 130 tableaux anciens des Ecoles flamande, hollandaise, française et italienne. Ces tableaux, par leur qualité, auraient mérité d’être désignés dans un catalogue que le temps ne nous a pas permis de rédiger ». En 1816 (vente Dubois) puis en 1818 (vente du comte de Saint-Morys), L’Ange thuriféraire vêtu d’une tunique jaune, est donné à Albert Dürer. Il faudra attendre 1881 et l’étude de l’historien d’art, Wilhelm von Bode, pour mettre en lumière le nom de Bernhard Strigel grâce à une inscription au revers du Portrait de Johannes Cuspinian, avec sa seconde épouse Agnès, et les fils de son premier mariage : Sebastian Felix et Nicolaus Christostomus (panneau, 71 x 62 cm ; collection particulière). Jusqu’en 1881, Bernhard Strigel est connu sous le nom de Maître de la Collection Hirscher, en raison de la présence de ses peintures dans la collection du chanoine Hirscher à Fribourg. Il se forme dans l’atelier familial, auprès du peintre Hans Strigel et du sculpteur Ivo Strigel dans la ville de Memmingen en Souabe (à l’Ouest de la Bavière). Il est probable qu’il aide ce dernier pour le maître-autel du Jugement dernier commandé pour le monastère de Disentis dans le canton des Grisons en Suisse (signé et daté Ivo Strigel, 1489, conservé aujourd’hui dans l’église paroissiale). Dans les années 1460, l’abbaye de Blaubeuren (à une soixantaine de kilomètres au Nord-Ouest de Memmingen) prend feu et nécessite de grands travaux de rénovation. La reconstruction du chœur s’effectue entre 1484 et 1491 et s’achève en 1493 avec la consécration du maître-autel. Le peintre Bartholomeus Zeitblom est chargé de la réalisation du maître-autel. Bernhard Strigel y participe. On lui attribue les deux panneaux supérieurs des volets extérieurs et la prédelle du retable. C’est lors de la cérémonie de consécration que Bernhard Strigel est remarqué par l’empereur Maximilien Ier qui en fait son portraitiste officiel. Il l’invite à Vienne en 1515 pour peindre le portrait collectif des membres sa famille L’Empereur Maximilien et sa famille (fig.3). Dans sa ville natale, Bernhard Strigel est en charge d’importantes fonctions administratives et diplomatiques. À partir de 1517, il est membre du Conseil de la cité, initialement en tant que conseiller puis comme représentant de la Guilde des peintres. Durant les années 1517 et 1518, il est de nombreuses fois à Augsbourg au moment de la Diète (assemblée des divers souverains de l'Empire). Il y rencontre Albert Dürer qui réalise des portraits de Maximilien Ier (notamment celui conservé au Kunsthistorisches Museum de Vienne, panneau de tilleul, 74 x 61,5 cm, monogrammé et daté 1519). Après le décès de Maximilien Ier, Bernhard Strigel retourne à Vienne en 1520. Durant ce second séjour, il peint le Portrait de Johannes Cuspinian, avec sa seconde épouse Agnès, et ses fils. Ses deux séjours à Vienne sont de précieuses occasions pour lui d’étudier les œuvres d’Albert Dürer et de Lucas Cranach l’Ancien, qui y avait séjourné en 1502 pour peindre le double Portrait de Johannes et Anna Cuspinian au moment de leur mariage (panneau, 60 x 45 cm ; Winterthur, collection Oskar Reinhart, Römerholtz). Il découvre les artistes de l’école du Danube dont les paysages d’Albert Altdorfer. Celui-ci était allé dans la capitale pour participer aux gravures de l’Arc de triomphe de Maximilien Ier commandées en 1512 et réalisées vers 1517 (Albertina, Vienne). À la fin de l’année 1520, Strigel rentre à Memmingen et poursuit ses fonctions diplomatiques dans les villes voisines. L’Allemagne et la Suisse connaissent alors des années de troubles politiques et religieux. En 1522, Luther traduit la Bible en allemand, la rendant accessible à un plus grand nombre. La lecture sociale qui en est faite va nourrir la « guerre des paysans » qui, soutenus par la bourgeoisie, se révoltent contre les abus seigneuriaux. En mars 1525 une « Union chrétienne de Haute-Souabe » se crée autour de la ville de Memmingen où sont rédigés « les douze articles ». Strigel dont on sait qu’il défend Christoph Schappeler, réformateur et prédicateur luthérien à Memmingen, contre l’évêque d’Augsbourg a pu participer à la rédaction de cette synthèse de revendications sociales, imprimée à 25.000 exemplaires et diffusée dans toute l’Allemagne. Entre 1523 et 1525 Bernhard Strigel représente sa ville pour les affaires juridiques et religieuses dans diverses localités voisines : il se rend à plusieurs reprises à Innsbruck pour percevoir les remboursements d'un prêt consenti par la ville de Memmingen à l'empereur. Dans ces années 1520, il réalise des retables notamment Le Retable de la Déposition en 1521 et 1522 . C’est à Memmingen que Bernhard Strigel meurt en 1528. Une extraordinaire découverte: les deux anges d’un même retable A ce retable de la Déposition devaient appartenir deux anges : L’Ange thuriféraire vêtu d’une robe de pourpre (conservé au Louvre Abu Dhabi), redécouvert à Drouot il y a quatorze ans et son pendant, L’Ange thuriféraire vêtu d’une tunique jaune, découvert à Toulouse à l’Automne 2021. Séparés pendant plus de deux cents ans, il est exceptionnel de pouvoir rassembler deux œuvres d’un même retable. Deux anges uniques et exceptionnels dans la carrière de Bernhard Strigel. Sur les quatre côtés de L’Ange thuriféraire vêtu d’une tunique jaune, une barbe de 5 mm de large est présente et témoigne de la place de l’œuvre enchâssée dans un retable. Ernst Büchner dans Pantheon en 1944 suggérait que deux anges portant un encensoir auraient pu appartenir à un ensemble sculpté et peint réalisé pour l’église Notre-Dame de Memmingen nommé par Gertrud Otto le retable du Saint Sacrement et par Ernst Büchner La Déposition ou La Résurrection Christ. À ce retable appartiennent aussi probablement les quatre panneaux des Gardiens endormis, de même format, de même composition et de même essence (fig. 4, fig. 5, fig. 6, fig. 7). Constatant que les revers de ces panneaux ne sont pas peints, Ernst Büchner émet l’hypothèse que les deux anges et les soldats endormis pourraient avoir été insérés dans une structure figurant le tombeau du Christ. On peut imaginer une structure de retable comparable à celle du retable de la Passion de Jörg Ratgeb (vers 1480 – 1526), dit Le Retable de la collégiale d’Herrenberg (fig. 8). Daté de 1519, il est contemporain de notre tableau, exécuté pendant la guerre des paysans et appartenant aussi à l’axe du Rhin supérieur et à la région de Souabe. Les volets du retable de Ratgeb s’ouvraient de part et d’autre d’une niche ornée de sculptures, disparues lorsque l’ensemble a été démantelé par un pasteur protestant en 1537. Au registre inférieur, la prédelle montre bien deux anges tenant chacun un encensoir, de part et d’autre du voile de Véronique. Au-dessus, l’un des compartiments, celui de droite, présente une grande Résurrection du Christ avec les soldats endormis au sol, chacun tenant une arme, une arbalète, une hallebarde, une hache et une épée. Pour sa prédelle, Ratgeb s’inspire de la gravure sur cuivre réalisée par Dürer en 1513, Le Voile de saint Véronique porté par deux anges. Une flamboyante apparition : étude d’une œuvre rare Bernhard Strigel a été formé et a fait l’essentiel de son parcours dans le style du gothique tardif. Il en retient ici le travail d’orfèvre extrêmement fin et des couleurs éclatantes. La composition architecturée, le travail précis et dynamique du drapé, le contraste fort de couleurs, la manière monumentale de placer la figure dans l'espace et la présence d’un paysage presque fantastique, témoignent de l’évolution du style de Bernhard Strigel vers la peinture de la Renaissance. L’encensoir est à rapprocher des dessins et eaux-fortes d’objets d’orfèvrerie réalisés par Albert Altdorfer et Albert Dürer (Albert Dürer, Carnet d’esquisses dit « de Dresde », 1507-1528, plume et encre brun noir, Dresde, Sächsische Landes und Universitätsbibliothek et Albert Altdorfer, Projets de vases d’apparat, vers 1520-1525, eaux-fortes monogrammées, Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild). Les commanditaires de ces objets affectionnaient tout particulièrement ceux façonnés « à l’italienne » avec une prédominance de godrons. L’encensoir à base carré tenu par l’Ange en tunique jaune est extrêmement rare. La professeur, Dr. Susanne Thürigen, directrice des collections, instruments scientifiques, armes et culture de la chasse au Germanisches Nationalmuseum de Nuremberg, précise qu’il est passionnant de voir un encensoir à base carré car il n’en existe pas répertorié. L’ange, au premier plan, vêtu d’une tunique jaune, est enveloppé d’un manteau rouge aux longs et larges plis, rehaussés d’un reflet doré brillant. Sans être contraint par le cadre, l’ange occupe tout l’espace. Il est encadré d’un paysage, composé de manière symétrique. A droite et à gauche sont les arbres noueux de la Forêt-Noire, dessinant des verticales. Ils reposent sur une hauteur et invitent le spectateur à entrer dans l’image. A l’arrière de l’ange, un chemin serpente et s’enfonce dans une région boisée et vallonnée avec une chaîne de montagnes à l’arrière-plan. Le paysage est fantastique et vide. Seules les maisons de l’arrière-plan sont le signe d’une présence humaine. Cette construction est typique des paysages d’Altdorfer, déjà en place en 1507 dans les Deux Saints Jean (panneau, 135 x 174,5 cm, Ratisbonne, Historisches Museum der Stadt Regensburg) et dans ses dessins, notamment Paysage au grand épicéa peu avant 1520 (monogrammé, eau-forte aquarellée, 23,2 x 17,7 cm, Vienne, Albertina). Nous retrouvons les mêmes motifs dans les œuvres de Bernhard Strigel des années 1520 (une figure, aux couleurs vives, présentée de manière monumentale, encadrée par des grands arbres, devant un paysage vallonné avec une chaîne de montagnes) : les quatre Soldats endormis (fig. 4, fig. 5, fig. 6, fig. 7) et les deux ermites saint Antoine dans le désert et saint Paul dans le désert (fig. 9 et fig. 10). La position de l’Ange, son manteau pourpre et ses ailes multicolores, se retrouvent dans L’Annonciation (fig. 11). Un ange emblématique du passage du Gothique tardif à la Renaissance en Allemagne, juste avant la Réforme. Le premier quart du 16ème siècle est une période de transition dans l’Empire : à l’Ouest, la Hanse est en déclin économique, alors que les villes méridionales, Nuremberg, Francfort et Bâle s’enrichissent considérablement grâce au commerce. Charles-Quint, couronné empereur en 1520, succède à Maximilien Ier. Luther affiche ses thèses à Wittenberg fin 1517 et rompt avec l’église catholique en 1521, après sa convocation à la Diète de Worms. La ville natale de notre peintre est fortement secouée par la querelle religieuse. Pendant la Guerre des paysans, la ville est occupée et revient au catholicisme, mais les rebelles publient alors les « douze articles de Memmingen », revendications pour la liberté et contre la Confédération Souabe, largement diffusés dans l’Empire La peinture allemande du 15ème siècle est redevable au réalisme flamand de van der Weyden et de Bouts. En ce début du 16ème siècle, c’est encore le gothique tardif qui prédomine. Matthias Grünewald peint le célèbre Retable d’Issenheim dans ce style entre 1512 et 1516. La Renaissance met du temps à se diffuser dans les pays germaniques, d’abord dans l’architecture où il est assez facile de plaquer des éléments décoratifs antiques sur les façades, puis dans l’imprimerie, plus lentement dans la peinture. Contrairement à la France ou l’Espagne, aucun artiste majeur ne vient sur place ou n’envoie des œuvres importantes. Les innovations florentines ou romaines, c’est-à-dire celles de Léonard de Vinci, de Michel-Ange ou de Raphaël, y sont longtemps ignorées. Les créateurs allemands entre en contact avec les artistes du Nord de l’Italie et de la Vénétie frontalière. Ce choc culturel remet en cause leur conception de l’espace et l’architecture des retables traditionnels. C’est Hans Burgkmair à Augsbourg, Albert Dürer à Nuremberg, la famille Holbein à Bâle et Lucas Cranach à Vienne, qui, les premiers étudient et se confrontent aux œuvres italiennes et proposent une synthèse entre l’identité germanique et l’esthétique nouvelle, bientôt suivis par les élèves de Dürer comme Hans Baldung-Grien. Le processus de création révélé par les examens réalisés : le cliché infrarouge (fig. 12) et la radiographie (fig. 13) Le cliché infrarouge révèle tout le dessin sous-jacent : à l’aide d’un pinceau et d’encre, Bernhard Strigel dessine l’ensemble de sa composition, rien n’est laissé au hasard. Le dessin des ailes montre le coup de pinceau dynamique, vif et spontané de l’artiste. Le trait n’est pas mécanique. Il dessine directement sur le support préparé. L’artiste marque les ombres et creuse les drapés par des traits rapprochés et parallèles. Il souligne certains plis du drapé par un trait plus épais, en repassant plusieurs fois son pinceau sur le même pli qui apparaît noir (sous le genou de sa jambe droite). D’autre plis sont à peine peints et apparaissent en gris clair. Le dessin sous-jacent est visible à l’œil nu. Sur la peinture des ailes, Strigel n’a pas suivi exactement les traits de son dessin. Le rendu de l’ensemble est dynamique et précieux. Le cliché infrarouge révèle les repentirs. La main gauche présente des variantes : les doigts ont été modifiés. Nous percevons mieux l’auriculaire de la main droite sur le dessin. Au niveau de la bouche, la lèvre supérieure était placée plus bas. Le paysage est dessiné au lavis, de manière plus rapide et moins détaillée. Les habitations dans le fond vers la droite et les montagnes ne sont pas présentes et l’arbre de droite est dessiné jusqu’en haut. A une époque où, en Allemagne, la gravure et le dessin sont des médias aussi précieux que la peinture, Strigel se montre autant dessinateur que peintre. La radiographie montre la très grande qualité du support et l’extrême exigence de l’artiste. Sur la radiographie se perçoivent les joints des planches et quelques éléments de l’état de conservation : une légère fente sous sa main gauche et des restaurations au-dessus de son œil droit (au niveau du joint des planches), dans l’angle en haut à droite et dans le paysage au-dessus de l’encensoir. Un trait apparaît en blanc en haut de son aile droite. La radiographie montre aussi l’arbre de droite s’étendant jusqu’en haut. Sur les images radiographiques apparaissent des lignes verticales et parallèles. Ce sont les cernes annuels du chêne, parfaitement alignées. Nous sommes en présence d’un bois débité sur « quartier », la meilleure configuration de débit, dans son épaisseur d’origine. Certes les quatre côtés ont fait l’objet de petites réductions du format (peut-être de 5 mm) mais cette réduction n’a pas touché ni à l’image, ni à la barbe. La composition n’a pas été réduite. Notre panneau est constitué de quatre planches de chêne, débitées sur « quartier » avec présence de maille. Il s’agit du meilleur débit, qui demande beaucoup d’exigence sur la qualité du bois et qui garantit sa stabilité durablement. Au revers, sur une des planches, apparaît la trace d’un clivage (mode de débit initial), qui est une marque de qualité. Les joints ont été renforcés par des bandes de toiles collées au revers. Même si L’Ange thuriféraire du Louvre Abu Dhabi a été aminci et parqueté, il est bien sur chêne, débité sur « quartier » avec présence de mailles comme L’Ange thuriféraire vêtu d’une tunique jaune. Nous remercions Monsieur Patrick Mandron, restaurateur du patrimoine, de nous avoir communiqué ces derniers éléments techniques sur la nature du support. Séparés pendant plus de deux cents ans, les deux anges thuriféraires réapparaissent à quelques années d’intervalle. Tous les deux ont une provenance prestigieuse (l’un Dubois, Marescalchi puis Rouart et Lerolle ; l’autre Dubois, Saint-Morys et Berthon). La découverte et l’expertise de L’Ange thuriféraire vêtu d’une tunique jaune a dévoilé la provenance, jusqu’alors inconnue de L’Ange thuriféraire du Louvre Abu Dhabi. Cette redécouverte extraordinaire d’un chef d’œuvre rare, exceptionnel et unique est un ajout précieux pour la compréhension de l’ensemble de l’œuvre de Bernhard Strigel et sa place dans l’histoire de la Renaissance.
GROS & DELETTREZ
le 13/12/2021 - PARIS
Jusepe de RIBERA (Jativa 1588 - Naples 1656)
Saint Pierre repentant

Jusepe de RIBERA (Jativa 1588 - Naples 1656)
Saint Pierre repentant
- Toile
- 76 x 64 cm
- D’origine en bois mouluré et doré, travail italien du 17ème
- Adjudication : Estimation : 200 000 / 300 000 €
Provenance: - Collection du Cardinal Flavio Chigi (1631-1693) comme l’indique un cachet de cire présent sur un fragment du châssis d'origine qui sera remis à l’acquéreur. Le tableau est décrit dans l’inventaire du palais Chigi ai Santi Apostoli à Rome (aujourd’hui palais Chigi-Odescalchi), vers 1670/1679 : «Un quadro tela di p.mi tre cornice tutta dorata, et intagliata con una mezza figura di un San Pietro piangente con le mani piegate, mano dello Spagnoletto » (cité p.79 dans Francesco Petrucci, Quadri napoletani della collezione Chigi: Ribera, Rosa, Giordano e altri , in Gli amici per Nicola Spinosa, sous la direction de F. Baldassari, M. Confalone, Ugo Bozzi Editore, Roma 2019, pp. 74–85). Il est ensuite mentionné dans l’inventaire de Flavio Chigi de 1692 et dans celui de son cousin, Agostino Chigi, en 1698. Flavio Chigi est fait Cardinal par son oncle le pape Alexandre VII (Fabio Chigi 1599-1667) en 1657 à 25 ans. Il mène une brillante carrière au sein de la Curie. Il vient en France en mission auprès de Louis XIV en 1664 et lui donne la Bataille héroïque de Salvator Rosa aujourd’hui au musée du Louvre. Il commande à Francesco Trevisani en 1687 et 1688, entre autres œuvres, deux retables pour la cathédrale de Sienne. Sa prestigieuse collection d’œuvres d’art comprenait sept toiles de Ribera dont la Madeleine en méditation (collection privée, vers 1620) ; - Collection Blaise Léon Rochette de Lempdes (1809 - 1876); - Puis par descendance jusqu'à nos jours. Lorsqu’il signe et date de 1638 ce tableau, Ribera est âgé de 47 ans. Il est alors au sommet de son art et considéré comme le peintre majeur de Naples. Il vient de peindre, un an auparavant, les célèbres Appolon et Marsyas (deux versions Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts et Naples, Capodimonte), et la Pietà de la Chartreuse de san Martino. En 1638, il réalise le Portrait du maître de chapelle (Toledo Museum of art) et La vieille usurière (Madrid, musée du Prado) et reçoit la commande de la décoration de la nef de ce même monastère de san Martino. C’est justement aux prophètes Moïse et Élie de ce cycle pictural que nous pouvons comparer notre œuvre. L’apôtre Pierre est saisi dans une forte expression de regret. Il prend conscience de son reniement du Christ (Évangiles selon Matthieu 26-34 ; Marc 14-30 ; Luc 22-34 ; Jean 13-38). La composition est construite sur une diagonale dynamique ascendante allant des clefs au mains jointes en prière puis au visage. Cet oblique est accentué par le manteau jaune d’or qui occupe l’angle droit en dessous. Les yeux sont rougis et une larme presque imperceptible coule sur la joue. L’écriture serrée du pinceau creuse des sillons, capte la lumière, décrit chaque poil du visage ou chaque ride, alors que la brosse se fait plus dynamique dans le manteau. Les empâtements qui accrochent la lumière donnent une forte vivacité au visage, traité presque comme un portrait (comme le fera Rembrandt dix ans plus tard, pour ses figures à mi-corps). Le spectateur est en face à face direct avec le modèle, frappé par son humanité. Une composition très proche de la nôtre, où le personnage est cadré de façon plus rapproché et incliné de façon un peu différente, appartient au musée Soumaya de Mexico. Une copie, peut-être d’atelier, rognée sur les côtés (sans les clefs), est conservée au musée de Carcassonne. Le sujet de saint Pierre revient régulièrement dans la carrière de Jusepe de Ribera, presque aussi souvent que saint Joseph et un peu moins que saint Jérôme, ce qui témoignent de la forte demande pour ces saints intercesseurs dans la piété hispanique de la Contre-Réforme (les autres peintres du 17e siècle les ont aussi souvent représentés). On connait une vingtaine de représentations de l’apôtre Pierre par Ribera à mi-corps et une dizaine, où le saint est représenté en entier. L’artiste varie à chaque fois la pose et l’expression des sentiments. Citons parmi elles : - Les larmes de saint Pierre, New York, The Metropolitan Museum of Art, vers 1612-1613 ; - Saint Pierre et saint Paul, Strasbourg, Musée des Beaux-Arts, vers 1615-1616 ; - Saint Pierre pénitent ; Collégiale de Osuna, musée paroissial, vers 1621 ; - Les larmes de saint Pierre, Milan, collection Koelliker, vers 1630 ? ; - Saint Pierre, Madrid, musée du Prado, en pendant d’un saint Paul, 1632 ; - Saint Pierre pénitent, Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage, vers 1636-1638 ; - Saint Pierre debout, Vittoria, Museo de bellas artes de Alava ; - Saint Pierre tenant un livre, Jacksonville, Cummer Museum of Art. On retrouve dans notre toile le contraste entre obscurité et lumière, hérité du Caravage. Vers 1630 -1640, le réalisme, le clair-obscur brutal de ce mouvement passent de mode. Ribera évolue et atténue légèrement le naturalisme des débuts et porte plus d'attention aux émotions des personnages qu'il traduit par des choix chromatiques plus lumineux. Ses apôtres ne sont plus présentés de façon frontale, mais en mouvement. Notre tableau s’inscrit dans le virage '"néo-vénitien" du peintre, ouvert aux nouvelles tendances artistiques baroques entre Rome, Gènes et Palerme. Il sera suivi par la jeune génération de peintres napolitains comme Stanzione, Cavallino et Antonio de Bellis qui apportent plus d’élégance, mais moins de piété. Nous remercions le professeur Nicola Spinosa pour avoir confirmé l’attribution à Ribera de cette œuvre et pour les informations qu’il nous a données et qui ont servi à la rédaction de cette notice. Une lettre du professeur Nicola Spinosa en date du 2 octobre 2021 sera remise à l’acquéreur. Bibliographie de la version du musée Soumaya à Mexico, la nôtre étant inédite: Nicola Spinosa, L’opera completa del Ribera, Classici dell’Arte, Rizzoli Editore, Milano 1978, p.134, n°333. Nicola Spinosa, Ribera. L’opera completa, Electa, Napoli 2003(prima edizione), p.276, n°A79 02; 2006 (seconda edizione) p.300, n°97. Nicola Spinosa, Ribera. La obra completa. Fundaciòn Arte Hispanico, Madrid 2008, p.373, A118.
DAGUERRE Mes Benoit Derouineau et Bertrand de Cotton
le 02/12/2021 - PARIS
Raden Syarif Bastaman SALEH ( Semarang, Indonésie 1811 ou 1814 - Bogor 1880)
Vue de la route descendant du mont Megamendung

Raden Syarif Bastaman SALEH ( Semarang, Indonésie 1811 ou 1814 - Bogor 1880)
Vue de la route descendant du mont Megamendung
- Toile d'origine, cachet au dos de G Rowney & C° à Londres
- 134 x 165,5 cm
- Soulèvements et petits manques, au dos un patch qui concerne l’accident visible par la face en bas à gauche.
- Adjudication : Estimation : 1 000 000 / 1 500 000 €
PETIT EPERNAY
le 26/06/2021 - PARIS
Jean-Honoré FRAGONARD (Grasse 1732 - Paris 1806)
Un philosophe lisant


Jean-Honoré FRAGONARD (Grasse 1732 - Paris 1806)
Un philosophe lisant
- Toile ovale d'origine
- 45.8 x 57 cm
- Restaurations anciennes
- Adjudication : Estimation : 1 500 000 / 2 000 000 €
ARTCURIAL PARIS Me Matthieu Fournier
le 09/06/2021 - PARIS
Jan Jansz Van de VELDE III (Harleem 1620 - Enkhuizen 1662)
Nature morte au Rohmer, salière, huîtres et citron

Jan Jansz Van de VELDE III (Harleem 1620 - Enkhuizen 1662)
Nature morte au Rohmer, salière, huîtres et citron
- Toile
- 43 x 55 cm
- Accidents et manques
- Adjudication : Estimation : 200 000 / 300 000 €
Signé et daté en bas à droite sur l'entablement : J vande.velde. fecit anno1653 Jan Janz. van de Velde est né à Haarlem dans une famille d’artistes, ville où travaillaient plusieurs peintres de natures mortes dans la veine monochrome, parmi lesquels Nicolaes Gillis (1595-1632), Floris Van Dyck (1575-1651), Pieter Claesz (1597-1661) et Willem Claesz. Heda (1594-1680). Ces deux derniers influencent la formation de notre peintre. Il s’installe ensuite à Amsterdam, où il se marie en 1642. A ses débuts, il s’est spécialisé dans les natures mortes de tabagie associant le nécessaire du fumeur à des verres, pichets, fruits ou jeux de cartes. La simplicité et l’agencement de ces compositions les inscrivent plus généralement dans le courant haarlémois des "monochrome banketjes", dans des tonalités brunes ou beiges, se distinguant ainsi des natures mortes baroques plus colorées. On connait aujourd'hui seulement une quarantaine de tableaux de sa main, échelonnés entre 1642 à 1662. Le choix des éléments composant les natures mortes hollandaises du 17e siècle est toujours significatif et porteur des sens, même si Nicolaas Rudolf Alexander Vroom, dans ses livres de référence sur les banquets monochromes, "A Modest Message …" (1980), indique l’absence de significations religieuses précises chez notre peintre. Il souligne cependant une certaine spiritualité dans l'atmosphère silencieuse de ses peintures. Les huîtres, souvent considérées comme symboles de fertilité et d’érotismes, le citron, motif récurent des natures mortes du 17eme siècle, était chargé de sens variés, allant de la fidélité à l’immortalité. Le jus de citron qui était mélangé au vin blanc pour atténuer ses effets en fait un symbole de tempérance. La châtaigne représente la chasteté et la simplicité. Le plat est caractéristique de la production de faïence de Delft, imitation de porcelaine chinoise alors très en vogue. Sa pose, en porte-à-faux, indique la précarité et que rien n’est immuable. Le porte-assiette en argent est du style « auriculaire », développé par la famille Van Vianen, orfèvres dans les années 1620 (les découpures ont des bords arrondis en ourlets, bords qui rappellent le dessin de l'oreille humaine). Nous retrouvons ici un modèle contemporain du tableau proche de celui conservé au Prinsenhof à Delft (ill.2). Les ombres subtiles sur les huitres, la transparence du verre roemer, l’éclat sur le vin suggèrent une source lumineuse latérale gauche peu intense, alors que les reflets de la fenêtre en indiquent une seconde plus vive. Le scintillement sur ce verre contraste avec la simplicité du sujet et le fond uni. La brillance des écorces du citron et de la demi-orange citron apportent une note colorée à l'ensemble et leur velouté est proche des oeuvres contemporaines de Willem Kalf. A l'intérieur de cette composition ordonnée, le désordre apparent des grains de poivre et des brisures des coques de noies sur l'entablement, accrochant eux aussi la lumière, distraient l'œil et animent l'ensemble. On peut rapprocher notre toile de celle conservée au Frans Hals Museum de Haarlem, datée de cette même décennie 1650 (ill. 3).
ARTCURIAL PARIS Me Matthieu Fournier
le 09/06/2021 - PARIS
Frans SNYDERS (Anvers, 1579 - 1657)
Nature morte avec deux singes jouant avec une corbeille de fruits renversée

Frans SNYDERS (Anvers, 1579 - 1657)
Nature morte avec deux singes jouant avec une corbeille de fruits renversée
- panneau de chêne, trois planches, non parqueté
- 63.5 x 104.5 cm
- Restaurations anciennes
- Adjudication : Estimation : 300 000 / 400 000 €
Signé en bas à gauche : " F. Snyders Fecit" Devant un mur vert-olive et sur un entablement drapé de pourpre, des grappes de raisins blancs, des pommes, des prunes, des branches de groseilles rouges et blanches s’échappent d’un panier en osier renversé. Au gauche, on découvre un pot de faïence d’œillets roses en treillis, un melon et des figues mûres. Autour de cette profusion de fruits, deux singes rieurs jouent : un cercopithèque diane, dit « singe diane » avec une barbe et poitrine blanches tient entre ses doigts délicats la noisette qu’il déguste. L’autre primate, un singe capucin, laisse apparaître sa tête avec dynamisme dans le cadre du tableau. Une perle de cristal ornant son oreille, il s’empare d’une petite grappe de quelques grains de raisins. Snyders a représenté à plusieurs reprises le thème des singes voleurs de fruits symbolisant la gourmandise et l'excès de gloutonnerie. Par exemple de comparaison, trois tableaux sur ce thème sont conservés au musée du Louvre : Trois singes voleurs de fruits, avec échappée sur un paysage (INV.MI 981), Deux singes pillant une corbeille de fruits (RF 3046), Singes et perroquet auprès d'une corbeille de fruits (MI 982). Spécialiste de l’artiste, le docteur Hella Robels a situé notre tableau dans la troisième décennie du XVIIe siècle. A cette époque Snyders est l’un des principaux peintres de natures-mortes et d’animaux d’Anvers. Alter ego dans ce domaine de Peter Paul Rubens, il collabore avec lui en peignant la scène de cuisine dans le célèbre "Philopœmen, général des Achéens, reconnu par ses hôtes de Mégare " (Madrid, musée du Prado). Ainsi les nature mortes monumentales, dynamiques, aux couleurs franches, tout comme la vivacité et le réalisme avec lequel Snyders décrit la fourrure des animaux, participent de la même exubérance baroque propre à la ville d'Anvers à cette époque. Notre tableau est répertorié au RKD (Rijksbureau voor Kunsthistorische) sous le n°224323 Une autre version non signée de cette composition (66,6 x 94 cm), tronquée sur la gauche, a été vendue chez Christie's, Londres 14 avril 1978, n°36 et Sotheby's, Londres, le 12 décembre 1979, n°95 (Hella Robels, Frans Snyders, 1989, p.296-298, n°184, non illustré).
AUDAP et Associés
le 08/06/2021 - PARIS
Claude Joseph VERNET (Avignon 1714 - Paris 1789)
Pêcheurs retirant leur filet dans un paysage classique

Claude Joseph VERNET (Avignon 1714 - Paris 1789)
Pêcheurs retirant leur filet dans un paysage classique
- Toile
- 74,5 x 98 cm
- Adjudication : Estimation : 80 000 / 120 000 €
Provenance: Probablement commande et collection Marquis de Villette. Sa vente le 8 avril 1765 (expert Pierre Remy), n°36 Collection Adam Gottlieb Thiermann; sa vente, Cologne, Gertrudenhof, 20 mai 1867 (J.M. Heberle), n°382. Vente anonyme, Paris, Palais Galliera, 6 juin 1976, (Mes Ader, Picard, Tajan), lot 58 (72 000 frs). Bibliographie : Florence Ingersoll-Smouse, Joseph Vernet peintre de marine, étude critique et catalogue raisonné, Etienne Bignou, Paris, 1926, vol.I, p.49, n°169, repr. pl.XVI fig.36. Notre tableau a été gravé en sens inverse par Longueil et Nicolet. Originaire d’Avignon, ville appartenant alors au pape, Vernet séjourna en Italie près de vingt ans de 1734 à 1752. Depuis Rome, il fit plusieurs voyages, notamment à Naples où il peignit ses premières marines. Tout en dessinant directement sur le motif, il étudia les œuvres de Salvator Rosa, Adrien Manglard, Giovanni-Paolo Pannini et Andrea Locatelli, les effets d’atmosphère de Claude Lorrain, unifiant ces influences en un style nouveau. D'où ce sentiment de nature arcadienne qui se dégage de ce paysage, éclairé au second plan par un soleil levant. A la date de notre tableau, Vernet accède à la célébrité. Il est âgé de 32 ans et expose pour la première fois au Salon parisien. Un an auparavant, il a peint les deux célèbres vues de ponts sur le Tibre (musée du Louvre), il a reçu des commandes de Jean de Julienne - amateur qui avait découvert Watteau -, et épousé Virginia Parker, dont le père lui a apporté une importante et fidèle clientèle anglaise. On parlait d’une « manière blonde et claire » qui caractérise aussi notre toile. Le critique Lafont de Saint-Yenne écrivait sur ses œuvres du Salon de 1746 : « Les marines du sieur Vernet Provençal … dont les beautés toutes nouvelles font une conviction sensible qu’aucun genre n’est épuisé, même le plus stérile par un homme de génie. … ». Une reprise de notre composition, de dimension similaire et non signée, a été donnée au Norton Simon Museum de Los Angeles en 2013.
LIBERT Me Damien
le 06/05/2021 - PARIS
ZHURAVLEV Firs (1836-1901)
Jeune fille en kokochnik

ZHURAVLEV Firs (1836-1901)
Jeune fille en kokochnik
- Toile d'origine
- 66,5 x 54 cm
- Adjudication : Estimation : 20 000 / 30 000 €
Firs Sergeevitch Zhuravlev – l’un des meilleurs peintres réalistes de l’art russe du milieu XIXe siècle. Membre de l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg et de la « révolte des quatorze », l’un des fondateurs de l’Artel des peintres de Saint-Pétersbourg. Il a participé aux Expositions Universelles de Philadelphie (1876) et de Paris (1889). Les œuvres de Firs Zhouravlev n’existent quasiment pas sur le marché et se trouvent principalement dans les collections muséales russes. ЖУРАВЛЕВ Фирс (1836-1901) Девушка в кокошнике Холст, масло Подпись справа внизу 66,5 x 54 см. Фирс Сергеевич Журавлев – один из крупнейших мастеров жанровой живописи второй половины XIX века в России. Академик Санкт-Петербургской Академии Художеств. Член «бунта четырнадцати» и один из основателей Санкт-Петербургской Артели Художников. Участник Всемирной выставки в Филадельфии (1876) и в Париже (1889). Работы художника чрезвычайно редки на рынке и находятся в ведущих музейных коллекциях России (ГТГ, Русский музей).
POMEZ - BOISSEAU Mes
le 26/03/2021 - PARIS
Maria van OOSTERWYCK (Nootdorp,1630 - Amsterdam,1693)
Bouquet de fleurs dans un vase en grès du Rhin posé sur un entablement à côté d' une nature morte de coquillages

Maria van OOSTERWYCK (Nootdorp,1630 - Amsterdam,1693)
Bouquet de fleurs dans un vase en grès du Rhin posé sur un entablement à côté d' une nature morte de coquillages
- Toile
- 101,5 x 78 cm
- petits manques et soulèvements.
- Adjudication : Estimation : 100 000 / 150 000 €
Les voyageurs arrivant en Hollande à la fin du XVIIe siècle étaient frappés par la place que les femmes pouvaient y tenir. Bien plus que dans les pays monarchiques, elles étaient protégées par la loi. Pouvant établir des contrats commerciaux et des actes notariés, elles pouvaient mener une affaire et, si le talent les aidait, accéder à la société cultivée. C'est bien dans la République des Pays-Bas que fut publié par Anna Maria Schurman l'un des premiers manifestes féministes : "La docte Vierge ou Se peut-il qu'une vierge soit aussi une savante", traduit en anglais en 1659. C'est dans ce contexte que Maria van Oosterwyck est portraiturée en 1671 par Wallerant Vaillant, tenant, non seulement une palette et des pinceaux mais aussi un livre. Femme peintre reconnue par ses contemporains, elle se fit sans conteste une belle place en marge de la guilde des peintres. Son père qui était pasteur à Nootdorp, près de Delft où elle naquit, se remarie en 1643 avec un membre d'une famille d'artistes qui l'encouragea probablement très tôt. Après un séjour à Leyde en 1658, elle rejoignit le grand peintre de natures mortes d'Utrecht, Jan Davidsz de Heem et résida dans cette ville de 1660 à 1665 avant de s'établir à Amsterdam où ses moyens lui permirent d'avoir un atelier sur le prestigieux Keizersgracht à côté de celui de Willem van der Aelst dont elle aurait éconduit les avances si l'on en croit son biographe Arnold Houbraken. Elle vécut à Amsterdam jusqu'en 1689, date de sa dernière œuvre datée. Maria van Oosterwyck est connue pour des vanités de grands formats réunissant de nombreux objets autour d'un crâne, exécutées entre 1655 et 1668. Celle conservée à Vienne (Vanité au globe céleste, 1668, toile, 73 x 88,5 cm) lui fut commandée par l'empereur d'Autriche Léopold I. Plus tardive, cette composition met en garde avec subtilité contre l'illusion de la toute puissance de la Connaissance, celle qui guette les amateurs qui se passionnent pour les "phénomènes visibles du monde, créés par Dieu ou les hommes". Soucieux de décrire le monde avec précision et d'établir des classifications, ils peuvent amasser de grandes richesses dans leurs cabinets. On y trouvait des "coquilles" exotiques rapportées dans les Pays-Bas par la Compagnie des Indes. Elles étaient exposées dans des arrangements soignés, en fonction de leurs formes et couleurs, l'animal les habitant étant totalement inconnu. Maria van Oosterwyck en représente de façon méthodique quelques spécimens de chaque classe, prenant soin d'en montrer diverses faces. Les "fleuristes" collectionnaient et "élevaient" des plantes dans leur jardin, notamment des tulipes venues d'Orient, qu'ils croisaient pour en multiplier les espèces et étaler les floraisons. Le bouquet que peint Maria van Oosterwyck associe des espèces ne fleurissant pas en même temps, choisies pour leurs formes et leurs couleurs. Pour les peindre avec exactitude, elle s'aide de ses études à l'aquarelle. Le bourdonnement de divers insectes, libellule, bourdon, papillons anime l'ensemble. Mais attention, ce foisonnement est éphémère, la pivoine, trop lourde, va bientôt perdre ses pétales et le papillon se poser, nous rappelant la fugacité de la vie et l'inévitable passage par la mort qui, seul, mène à la résurrection. Le combat qui orne le vase de grès illustre le combat que doit mener chaque jour celui qui contemple le tableau pour s'assurer la vie éternelle. Maria van Oosterwyck, issue d'une famille protestante, mena elle-même une vie de dévotion et sauva plusieurs prisonniers chrétiens réduits à l' esclavage par les hérétiques en les rachetant. Les musées de Copenhague et de Dresde conservent deux autres bouquets placés à côté d' une nature morte de coquilles. Celle de Copenhague signée et datée 1685 (toile, 120 x 99,5 cm), celle de Dresde (toile, 72 x 56 cm), signée également est probablement celle acquise par Johann Georg III, électeur de Saxe, en 1688. En juin 2019, le Joslyn Art Museum, Omaha, Nebraska en a acquis une autre avec un vase en verre (toile, 88,5 x 66,5 cm) . C'est dans la version que nous présentons version que la nature morte de coquilles est la plus importante (3 coquilles à Dresde, 4 coquilles à Copenhague). Plus modeste, le tableau de Hampton Court (toile, 47,6 x 36,8 cm) se limite à une coquille. Dans le catalogue d'une vente le 22 avril 1818 à Anvers où figurait une nature morte de notre artiste (Lugt 9355), on peut lire le commentaire suivant: "Un magnifique bouquet dans une carafe posée sur une table de marbre, des papillons et autres insectes, les uns voltigeant, les autres posés sur les fleurs. Aucun artiste de ce genre n'est arrivé à ce degré de perfection ; elle n'a jamais eu de rivaux tant pour la composition que pour le coloris et le fini précieux. Le peu de tableaux qu'elle a pu finir, vu le travail qu'elle y mettait, sont enfermés avec soin dans les meilleures collections de l'Europe".
ADER NORDMANN & DOMINIQUE
le 29/01/2021 - PARIS
Luca GIORDANO (Naples 1632-1705)
Cain et Abel

Luca GIORDANO (Naples 1632-1705)
Cain et Abel
- Toile
- 194 x 145 cm
- Signée en bas à droite : JORDANUS/FRestaurations anciennes
- Adjudication : Estimation : 40 000 / 60 000 €
Nous proposons de dater ce tableau de la décennie 1660, au moment où Luca Giordano incorpore au naturalisme riberesque présent dans ses œuvres antérieures des éléments plus baroques, tirés de Pierre de Cortone (par exemple l’ange en haut à gauche). La composition, tout en mouvement, exacerbe l’ampleur du drame qui se joue (Genèse 4. 1-15). La mâchoire d’âne dont Caïn s’est servi pour assommer Abel est mise en valeur par sa position centrale, rappel d’une iconographie initiée par Filippo Vitale (collection particulière). Au cours de ses séjours à Venise, dont le premier s’est déroulé vers 1653, Luca Giordano a vu le tableau de Titien sur le même thème, conservé au plafond de la sacristie de la basilique Santa Maria della Salute, où Abel est projeté au sol avec violence. Ici, son corps sans vie, en diagonale, fait entrer le spectateur dans la composition et rappelle le premier plan du "Saint Janvier intercédant pour la cessation de la peste de 1656", peint en 1660 (Naples, Musée de Capodimonte) 1, sorte de méditation sur l'aspect tragique de condition humaine. Signalons une autre version de ce sujet, de composition différente et en longueur actuellement dans le commerce d’art 2. Un tableau sur ce sujet est cité dans l’inventaire d’Alessandro Savorgnan réalisé le 7 août 1699 : « Abele morto con un angelo, h 13 quarte, ca., di Luca Giordano » 3. La hauteur de 13 quarte, soit environ 208 cm, pourrait correspondre à celle de notre tableau avec son cadre d’origine. Les auteurs ont souvent noté que certaines toiles de Giordano anticipaient la peinture réaliste du XIXe siècle français, comparant Le bon Samaritain (Rouen, Musée des beaux-arts) avec celui de Théodule Ribot (Paris, Musée d’Orsay). Notre composition, quant à elle, semble pressentir La Justice et la Vengeance divine poursuivant le Crime de Prud’hon (Louvre), qui est une laïcisation du thème biblique. 1 Catalogue de l’exposition « Luca Giordano, Le triomphe de la peinture napolitaine », Paris, Petit Palais, 2019-2020, p.188, cat. 38 2 op. cit., p. 176, cat. 23 3 O. Ferrari, G. Scavizzi, Luca Giordano, Nuove Ricerche e Inediti, Napoli, Electa, 2003, p. 130
ADER NORDMANN & DOMINIQUE
le 29/01/2021 - PARIS
Giuseppe VERMIGLIO (1585 - 1635)
Le Mariage mystique de sainte Catherine entre sainte Agathe et saint Jean-Baptiste

Giuseppe VERMIGLIO (1585 - 1635)
Le Mariage mystique de sainte Catherine entre sainte Agathe et saint Jean-Baptiste
- Toile
- 170 x 196 cm
- Restaurations anciennes
- Adjudication : Estimation : 150 000 / 200 000 €
Bibliographie reproduit dans Camille Costa de Beauregard, Robert Fritsch après la page 96. Notre grande toile reprend l’organisation des "sacra conversazione" (conversations sacrées), c’est-à-dire la réunion de personnages saints autour de la Vierge à l’enfant. Comme le recommandait la Contre-Réforme, l’iconographie est aisée à déchiffrer et chaque saint est identifiable par son symbole iconographique traditionnel. A droite, Jean-Baptiste s'incline et tient une croix où un phylactère porte l’inscription Ecce (Agnus) Dei. En effet, c’est lui le premier qui reconnut Jésus comme étant l’agneau de Dieu, c’est-à-dire l’agneau pascal qui sera sacrifié pour libérer des péchés, d’où la présence de cet animal à ses pieds. Au centre, le mariage mystique de sainte Catherine d’Alexandrie était un sujet très en vogue depuis le 15e siècle auprès des communautés de religieuses. Notre tableau aurait pu être commandé pour un couvent de femmes. D’origine noble, Catherine est couronnée et vêtue d’un riche brocart ; elle est agenouillée, recevant l’anneau à son doigt. Un fragment de la roue, instrument de son supplice, est posé à ses pieds. Marie, vêtue d’une robe rose et d’un manteau bleu, est assise sur un tertre, portant le Christ Enfant sur ses genoux. A gauche, adossée sur une balustrade et devant une colonne, sainte Agathe de Catane tient une palme et une coupe avec ses seins, témoignages de son martyre. D’origine piémontaise, Vermiglio est mentionné à Rome dès 1604 dans l'atelier d’un peintre de Pérouse, Adriano Monteleone, et réside dans cette ville jusque en 1619. Il s’imprègne de la leçon de Caravage, dans sa peinture comme dans son mode de vie de mauvais garçon : en 1605, il est arrêté pour port d’arme illégal, en 1606, il participe à une rixe, en 1611 il est à nouveau arrêté pour bagarre. Le retable de l’Incrédulité de saint Thomas de 1612 (Rome, Saint Thomas dei Cenci) et plusieurs versions du Sacrifice d’Isaac s’inspirent des compositions et du clair-obscur du maître lombard. Dans cet incroyable creuset artistique romain où tout évolue très vite, il rencontre de nombreux jeunes artistes de différentes nationalités qui chacun vont aller par la suite répandre dans leurs pays respectifs la révolution naturaliste de Caravage et des Carrache. Lui-même retourne dans sa région et épouse en 1621 la fille d’un notaire à Milan. Un an plus tard, il signe son tableau le plus connu de nos jours, la Nativité (Milan, Pinacothèque de Brera), où le caravagisme est adouci par la connaissance de la peinture d'Annibale Carrache et de Guido Reni. C’est cet équilibre entre un clair-obscur doux et une touche de classicisme bolonais qui caractérise notre retable et les oeuvres de Vermiglio des décennies 1620 et 1630, comme par exemple Judith mettant la tête d'Holopherne dans un sac tenu par sa servante conservé au Musée civique du Palais Chiericati à Vicenze. Ce dernier tableau partage avec le nôtre la mise côte-à-côte d'une robe de velours somptueux, au premier plan, mêlée d'inflexions du naturalisme caravagesque On peut noter plusieurs citations savantes, notamment aux diverses rédactions de Véronèse sur le thème du "Mariage mystique". L'idée du coude de la sainte appuyé sur un entablement fait référence à la "Sainte Marguerite" d’Annibale Carrache à Santa Caterina dei Funari à Rome, mais ici placée face au spectateur. Notre peintre reprendra cette figure de sainte Agathe dans le "retable des trois saints" (Managgio ,église San Carlo). Nous remercions le docteur Roberto Contini de nous avoir suggéré le nom de Vermiglio pour ce tableau. Nous remercions le professeur Francesco Frangi d’avoir confirmé l’attribution à Vermiglio sur photographie numérique par mail du 24 juin 2020.
POMEZ - BOISSEAU Mes
le 27/11/2020 - PARIS
Lazzaro BASTIANI (actif à Venise de 1449 à 1512)
Vierge à l'Enfant


Lazzaro BASTIANI (actif à Venise de 1449 à 1512)
Vierge à l'Enfant
- Panneau renforcé
- 48 x 31 cm
- Restaurations anciennes, petits manques
- Adjudication : Estimation : 50 000 / 70 000 €
Numéro 6 au dos LA VIERGE ADORANT L’ENFANT Panneau de dévotion Huile sur panneau de bois rectangulaire Cadre en bois sculpté et doré d’époque baroque, cintré dans la partie supérieure dont les écoinçons sont ornés d’un motif floral sculpté. H. 47,5cm ; L.31cm panneau seul ETAT Fente visible dans le haut du panneau : au revers deux traverses de bois modernes placées à contre-fil Surface picturale : usures et restaurations anciennes Dominé par un ciel lumineux, un paysage de collines boisées au sein desquelles serpente une rivière enjambée de viaducs et bordée de monuments, anime l’arrière plan de cette image de dévotion. Au premier plan, la Vierge imposante figure statique, la tête ceinte d’une auréole rayonnante, les mains jointes, le regard baissé, adore l’Enfant entièrement nu allongé devant Elle sur un parapet. Elle est vêtue d’une robe rouge retenue à la taille par une fine cordelette dorée. Un ample manteau bleu constellé de poussière d’or maintenu au bas du cou par une broche orfévrée, la recouvre entièrement. Les jambes croisées, les bras reposant sur son buste, la tête ceinte d’un nimbe crucifère, L’Enfant porte un regard méditatif vers le lointain. La composition générale de ce tableau reprend un modèle qui fit florès à Venise au milieu du XVe siècle dans l’atelier des Vivarini à Murano et dans celui des Bellini à Venise. Mais contrairement à la plupart de ces exemples où l’Enfant adoré est endormi –préfigure de la Pietà- il est ici éveillé, le regard songeur, prémonitoire de son sacrifice futur. Cette disposition mentale est sans doute un desiderata du commanditaire. Parmi les œuvres attribuées à Lazzaro Bastiani dont L. Collobi a dressé en premier le catalogue (cf. « Lazzaro Bastiani » in Critica d’Arte, 1939, p.33-53) on connaît une première version de ce thème conservée au Museo Civico de Padoue, peinte par cet artiste vers 1465 (op.cit. pl.23, fig.7) alors qu’il est encore sous l’influence de l’école de Padoue où il dut séjourner quelques temps et où dominait après 1450 l’art d’Andrea Mantegna, d’Antonio Vivarini et de son frère Bartolomeo. Notre panneau se dégage de cette influence pour se rapprocher à Venise de celle de la famille Bellini : du père Jacopo (1386-1470) il reprend la présentation des personnages derrière un parapet, leur douceur d’expression et la technique ornementale du manteau de la Vierge constellé d’une poussière d’or, technique brillante de la « granigliatura » particulière à Venise (M. Simonetti, La pittura nel Veneto, Il quattrocento, Milan 1989, I, p .256) ; du fils Giovanni (1435-1516) il retient l’organisation du paysage lumineux, aux collines adoucies semées d’architectures, telle que le maître vénitien l’interprète dans sa période de maturité vers 1470 (Madone et Enfant, New York, The Metropolitan Museum,collection Lehman, Couronnement de la Vierge, Pesaro, Museo Civico, Saint François, New York, Frick Collection) Il faut sans doute placer notre Vierge dont c’est ici la première apparition, vers la période des années1480 époque à laquelle Bastiani abandonne la ligne incisive mantegnesque de ses débuts héritée de Bartolomeo Vivarini et donne plus d’ampleur à ses compositions. La madone d’une haute stature monolithique occupe la plus grande partie de la composition, son visage ovoïde frappé par la lumière est à rapprocher de celui de la Madone autrefois dans la collection Spiridon de Berlin vers 1475 (cf. Collobi, op.cit. pl.29, fig.19) et n’est pas sans évoquer la douce poésie qui émane de la Sainte Lucie avec un donateur datée vers 1480-1490) (Portland, Museum of Art, collection Kress, K.1185 ; cf. F.R Shapley, Paintings from the Samuel Kress collection, Italian School XV-XVI century, Londres 1968, p.55, fig138).
ARTCURIAL PARIS Me Matthieu Fournier
le 18/11/2020 - PARIS
GIAN GIACOMO CAPROTTI dit le SALAI ( Oreno di Vimercate 1480 - Milan 1524 )
Marie Madeleine

GIAN GIACOMO CAPROTTI dit le SALAI ( Oreno di Vimercate 1480 - Milan 1524 )
Marie Madeleine
- Panneau une planche
- 65 x 50 cm
- Restaurations anciennes
- Adjudication : Estimation : 100 000 / 150 000 €
Ce tableau constitue un ajout important au corpus de Gian Giacomo Caprotti, mieux connu sous les pseudonymes de Salai ou Salaino, l'élève préféré de Leonard de Vinci. Le tableau est en bon état de conservation mais demande à être nettoyé. Il a été partiellement déverni, surtout le bras droit de la sainte, ce qui déséquilibre partiellement l'accord coloré de l'œuvre. Le vernis sale et oxydé empêche de saisir la grande qualité de notre tableau. La surface, bien conservée, garde tous ses glacis minutieusement traités et même les empreintes digitales du peintre sur la peinture fraiche, visibles par exemple sur la joue droite de la sainte, une technique caractéristique de Léonard et de son élève Giampietrino. L'œuvre montre une adhésion inconditionnelle au style et à la technique de Léonard. La préparation et le traitement du chiaroscuro dans le visage relèvent de la connaissance du sfumato léonardesque, obtenu par l’application des glacis superposés l’un sur l’autre et en interaction entre eux. Les glacis sont si fins et travaillés en transparence qu’ils donnent un aspect poli à la surface, à l’imitation d’un miroir ; la craquelure est très fine et presque imperceptible. Marie-Madeleine est représentée à mi-corps, sur un fond noir, de trois-quarts et tournée vers la droite, la tête et le regard levés vers le haut en extase, les bras croisés sur la poitrine en acte de dévotion ; le corps nu, longiligne, est partiellement couvert par une chevelure florissante qui laisse apparaitre les bras et le décolleté « habillé » par un collier de cheveux noués ensemble. Sont absents l’auréole et le vase d’onguent, ses attributs iconographiques traditionnels. L’invention iconographique audacieuse proposée dans ce tableau inédit se base sur une interprétation érotique d’un sujet destiné à la dévotion privée et présente des éléments communs au groupe des Madeleines repentantes de Giampietrino ( Giovan Pietro Rizzoli, Milan 1480/85 – 1553). La comparaison la plus pertinente est la Madeleine repentante en collection privée (Padoue) , datée vers 1520-25, similaire à la position de la sainte et par la présence d’une chevelure encore plus riche ainsi que pour le jeu de la séduction entre ce qui est montré et ce qui est caché ; le nœud de cheveux se trouve en revanche déplacé sur le côté droit de la sainte ( C. Geddo, Una nuova “Maddalena” del Gianpietrino, in Il più dolce lavorare che sia. Mélanges en l’honneur de Mauro Natale, sous la direction de F. Elsig, N. Etienne, G. Extermann, Cinisello Balsamo, Milano, 2009, pp. 291-297, fig. 1). La lumière arrive d’en haut et jette des ombres profondes autour des yeux et le long du cou de la sainte, comme dans le buste du saint Jean Baptise du Louvre, que nous pouvons rapprocher de notre tableau pour le choix réduit des couleurs, presque monochromes, et le caractère ambigu, entre sacré et profane, de la figure. Les lèvres, entrouvertes dans un soupir identique à celui de l’ange de la première version de la Vierge aux rochers du Louvre, sont pulpeuses et sensuelles mais les yeux reflètent encore mieux la leçon de Léonard. Celle-ci est évidente dans le rendu de l’anatomie de la figure, le raccourci du corps, le regard intense et le détail de la lumière sur l’iris qui confère à la sainte repentante une nouvelle expression, pathétique et émouvante. La chevelure de couleur brun-doré est définie par de très légers coups de pinceaux qui animent ainsi les boucles en spirale et les cheveux rebelles sur le front et le décolleté. Nous retrouvons la même silhouette fine, les épaules tombantes et le raccourci de la main avec la lumière qui se reflète sur la poignée dans Dame à l’hermine du Museé Czartorsky de Cracovie. La paternité de ce tableau peut être confortée grâce à la confrontation avec le Christ rédempteur de Gian Giacomo Caprotti di le Salai de la pinacothèque Ambrosienne de Milan, signé et daté 1511 (huile sur panneau de peuplier 55 x 37,5 cm) seule œuvre d’attribution certaine de l’élève préféré de Leonard ( V. Delieuvin, in Léonard en France : le maître et ses élèves 500 ans après la traversée des Alpes, 1516-2016, catalogue de l’exposition sous la direction de S. Tullio Cataldo, Paris, Ambassade d’Italie, Paris 2016, pp. 282-291). Cette peinture représente le point cardinal autour duquel on peut regrouper le corpus du peintre, constitué de cinq œuvres dont celle que nous étudions ici ( Geddo, en cours de publication). La Madeleine repentante présente toutes les caractéristiques du Christ de l’Ambrosienne : tout d’abord une attention pour les détails, rendus avec une maitrise surprenante et très proche de celle de Léonard. Des analogies sont visibles dans les tonalités chaudes utilisées pour les carnations, dans la calligraphie minutieuse, les sourcils, et en particulier dans les yeux, surlignés en leur partie inferieure par un accent lumineux de peinture blanche ou rose pâle. Dernier point, mais non des moindres, le regard intense, charismatique dans le Christ de l’Ambrosienne, qui se veut presque comme une signature du peintre. Nous pouvons rapprocher notre tableau d’une autre Madeleine repentante, avec l’ajout d’un paysage librement inspiré de la grotte dans la Vierge aux rochers, passée en vente au Dorotheum à Vienne en 2014 (huile sur panneau de peuplier, cm 74 x 53; Old Master Paintings, 9 avril 2014, lot 578, comme suiveur de Léonard). Nous proposons de dater notre tableau des années 1515 – 1520. Gian Giacomo Caprotti entre dans l’atelier de Léonard à l’âge de dix ans, le jour de la Madeleine ("il dì della Maddalena") le 22 juillet 1490. Cette date précise est donnée par Léonard lui-même, en marge du Manuscrit C conservé à l'Institut de France. Salai restera ensuite aux cotés de son maître pendant plus que vingt-cinq ans, et le suivra dans toutes ses pérégrinations. “Voleur, menteur, têtu et glouton” (“Ladro, bugiardo, ostinato, ghiotto”), il tient son surnom de Leonard comme synonyme de "petit diable" à cause des nombreuses bêtises commises par l’élève et toujours pardonnées par le maitre avec une certaine patience paternelle (J. Shell, G. Sironi, Salaì and the inventory of his estate, in “Raccolta Vinciana”, XXIV, 1992, pp. 109-153). Garçon d’atelier, modèle, économe, agent, amant, tout au long de sa vie à côté de Léonard, Salai realise les taches les plus variées sans jamais pour autant renoncer à son rôle d’apprenti et ensuite de peintre. Pendant les longues années avec Léonard, Salai a pu assimiler comme personne d’autre la fine technique du maitre, en se positionnant comme l’un des plus influents divulgateurs des modèles léonardesques à travers la production de copies et variantes des chefs-d’œuvre de Leonard. Salai est cependant aussi l’auteur d’œuvres originales qui témoignent de la leçon du maitre interprétée avec une certaine autonomie. La découverte de deux versions de la Madeleine repentante représente un ajout important au corpus du peintre et réouvre la question de l’invention d’une nouvelle iconographie entre sacré et profane dont Giampietrino sera le grand interprète à partir de 1520. Notre notice a été rédigée avec les informations données par Cristina Geddo. La lettre complète en italien sera remise à l’acquéreur du tableau.
BRISCADIEU Me Antoine
le 31/10/2020 - PARIS
Charles Antoine COYPEL (Paris 1694 - 1752)
La mise au tombeau

Charles Antoine COYPEL (Paris 1694 - 1752)
La mise au tombeau
- toile
- 67 x 57 cm
- Restaurations anciennes, petites griffures
- Adjudication : Estimation : 20 000 / 30 000 €
Etiquette ancienne au dos : N4808?082 Gravé par François Joullain après 1734, avec des variantes, la gravure se situant peut-être entre l'esquisse et la réalisation finale. Sur l'estampe, le fond de pierre appareillé est remplacé par des pilastres ioniques, deux nuages avec des anges sont ajoutés de part et d'autre du tableau, et on ne voit pas l'échelle et le bas de la croix derrière les figures mais dont on sait qu'étaient représentés dans le grand format (comme dans notre esquisse). Bibliographie : Thierry Lefrançois, "Charles Coypel 1694-1752", Paris, Arthena, 1994, p. 276, P. 158 (oeuvre diparue) Cette esquisse est préparatoire au maître-autel de l’église du collège Saint-Nicolas du Louvre, qui était située entre l'actuelle place du Carrousel et le haut du jardin des Tuileries, au niveau du guichet coté Seine, c’est-à-dire des pavillons de la Trémoille et de Lesdiguières. Elle a été rasée avant la Révolution. Né à deux pas de l’église, et voisin proche lorsque ses parents s’installèrent aux Galeries du Louvre, quatre ans plus tard, Charles-Antoine Coypel a passé toute sa vie dans l’enceinte du château. En 1734, alors qu’il est déjà un peintre célèbre ayant gravi les échelons hiérarchiques de l’Académie Royale, la compagnie du collège Saint-Nicolas lui demande d’être le parrain de la nouvelle cloche qui va être fondue. En échange, le peintre se propose d’offrir un tableau pour le maître-autel. Ce qu’il soumet dans cette esquisse est cependant beaucoup ambitieux car la peinture est incluse dans un ensemble décoratif complexe avec une gloire d’où s’échappe des rayons au-dessus et des anges pleurant sculptés devant un tombeau vers lequel glisse le corps du Christ. Malgré les dépenses de maçonnerie, menuiserie occasionnés par ce projet, il fut accepté et Sébastien-Antoine et Paul-Ambroise Slodtz se chargèrent des sculptures et des stucs. L’abbé Demayne, chanoine de l’église Saint-Nicolas du Louvre, a publié dans le Mercure de France d’octobre 1734 (pp. 2169-2179) les détails de toute cette opération, en mentionnant les variantes entre le « dessein » (l’esquisse) et la réalisation finale due à l’adaptation à la configuration de lieu.
CHAMPION Pierre ; Franck PUAUX ; Françoise KUSEL
le 10/10/2020 - PARIS
Abraham WILLAERTS (Utrecht 1603 - 1669)
Vaisseaux, dont l'Amélia, devant la ville de Mauritsstad, Brésil

Abraham WILLAERTS (Utrecht 1603 - 1669)
Vaisseaux, dont l'Amélia, devant la ville de Mauritsstad, Brésil
- panneau, une planche, non parqueté
- 46 x 81 cm
- Signé et daté en haut sur le drapeau : A. WILLARTS / 1642Restaurations anciennes
- Adjudication : Estimation : 15 000 / 20 000 €
Abraham Willaerts ou Willarts a été de 1638 à 1644 peintre à la cour du Comte Jean-Maurice de Nassau-Siegen ( gouverneur général du Brésil néerlandais ou Nouvelle Hollande ). L'Amélia, vaisseau militaire identifié sur le tableau, était le navire amiral de Maarten Tromp, lui même Amiral des Provinces-Unies. Ce vaisseau fut envoyé en Nouvelle Hollande du Brésil dont la capitale portuaire était Mauritsstad : cette ville exotique bordée par ce banc de sable peut être ainsi la capitale du Brésil, à l'époque, Mauritsstad, aujourd'hui englobée par la ville de Recife. Mauritsstad ou " de Stadt Mauritius" a été bien cartographiée au XVIIème siècle. Capitale coloniale, la ville a été fortifiée sur les plans de François Ferry, collaborateur de Vauban. La situation géographique de cette ville en fait un point stratégique pour les Hollandais : premier accès étroit vers le continent, cette ville est à la fois bordée par l'océan et les fleuves brésiliens.
ROUILLAC Mes Philippe et Aymeric
le 04/10/2020 - PARIS
Louis GAUFFIER (Poitiers 1762- Florence 1801)
Famille d'un diplomate accrédité en Italie sous le Directoire, la cueillette des oranges

Louis GAUFFIER (Poitiers 1762- Florence 1801)
Famille d'un diplomate accrédité en Italie sous le Directoire, la cueillette des oranges
- toile
- 69 x 99 cm
- Signé et daté (1797-98) en bas à gauche :L. Gauffier / Flor. ce an 6° /de la Rep. e Restaurations anciennes
- Adjudication : Estimation : 40 000 / 60 000 €
L'esquisse de cette composition est conservée au musée du château de Versailles (toile, 11.5 x 15.6 cm, MV 4851). « Les portraits en plein air comptent, peut-être, parmi les œuvres les plus personnelles. Gauffier présente ses personnages, très souvent, sur une terrasse ; ils s’appuient sur une balustrade ou, plus fréquemment, sur des fragments antiques, chapiteaux ou bases de colonnes. Ils se détachent sur un fond de paysage lointain. » Cette analyse du peintre publiée par Crozet 1 en 1936 s'applique parfaitement à notre tableau inédit. Sur celui-ci, la présence de l'oranger dans un pot en terre, posé sur un chapiteau corinthien renversé, apporte à cette réunion familiale un charme pittoresque méditerranéen, un parfum de "dolce vita", auquel participent aussi les détails : l'appareil de briques derrière le crépi sur le mur à gauche, ou l'arrosoir. L’ambiance familiale est rousseauiste ; la mode vestimentaire est française, comme le montre la robe chemise, probablement en plumetis, avec ceinture dorée à taille haute que porte la jeune mère. Louis Gauffier abolit ici les catégories traditionnelles des genres académiques : portraits, scène de genre, nature morte (arrosoir, arbre) sont entremêlés dans une composition en frise caractéristique de la peinture d'histoire néoclassique. A l’exception de la petite fille tenant une poupée, les figures féminines et masculines sont regroupées sur un seul côté de la toile (comme dans les tableaux de David de cette période). 1. R. Crozet, Louis Gauffier (1762-1801), Bulletin de la société de l'Histoire de l'Art Français, Années 1941-1944, publié en 1947, p.100 à 113). ill.1 Louis Gauffier (1762-1801) "Réunion de la famille d'un diplomate accrédité en Italie sous le Directoire", esquisse Toile contrecollée sur bois, 11.5 x 15.6 cm Versailles, Musée national du château PAGE 2 : PHOTO DU TABLEAU PAGE 3 : Elève de Taraval à Paris et lauréat du Prix de Rome en 1784 ex-aequo avec Jean-Germain Drouais, Gauffier passe le reste de sa vie en Italie. En 1793, des manifestations anti-françaises obligent les pensionnaires de l’Académie de France à se réfugier à Florence, sous la protection de François Cacault. Il se lie d'amitié avec le milieu cosmopolite et cultivé du poète Vittorio Alfieri et de son épouse Louise Stolberg, duchesse d’Albany. Il fréquente les artistes de passage dans la capitale toscane - Gérard, Gros, Garnier -, ou ceux qui s’y sont installés, des républicains comme Boguet, Gagneraux, les frères Sablet ou anti-révolutionnaires et anglophiles comme Fabre. Il se range dans ce second camp. Il abandonne les sujets religieux ou d'histoire antique pour se consacrer aux portraits, mis en scène comme des "conversation pieces" anglaises (Zoffany) et développe une sensibilité moderne au paysage de plein air. La plupart de ses modèles sont des aristocrates russes ou anglais du Grand Tour, des officiers français, et plus rarement des italiens. Mais ces personnages sont souvent isolés. Les groupes familiaux sont très rares, moins ambitieux, limités à un petit nombre de personnages dans un intérieur de dates proches du notre : "La famille d'André-François Miot, comte de Melito, consul de France à Florence", 1796 (Melbourne, National Gallery of Victoria, ill.2), ou la "Famille Salucci", 1800 (Paris, Musée Marmottan). On peut s'interroger sur les fruits représentés et sur le lieu. Ne s'agirait-il pas de mandarines, ou plus encore d'oranges amères, comme le laisse penser la forme des feuilles. La «Limonaia» (orangeraie en français) du jardin du Boboli, adjacente, au Palais Pitti, construite en 1778/1779 comprenait une très riche collections d’arbres d’agrumes (encore utilisée aujourd’hui, son architecture actuelle date de 1816). On remarquera que le vase conique en terre-cuite décoré d’une frise de guirlandes - et ici d’une tête d’Hermès - est typique de la Toscane ; très poreux, il laisse passer l’eau en excès. En 1801, Gauffier reprendra ce motif de l'oranger planté dans un pot posé en hauteur, dans le "Portrait en pied d'un officier de la République Cisalpine" (Paris, musée Marmottan, ill. 3). ill.2 Louis Gauffier (1762-1801) "La famille d'André-François Miot, futur comte de Melito, consul de France à Florence", 69,5 x 89 cm Melbourne, National Gallery of Victoria ill.3 Louis Gauffier (1762-1801) " Portrait en pied d'un officier de la République Cisalpine ", Toile, 67 x 51 cm Melbourne, National Gallery of Victoria Réunion de la famille Sainct-Même sous le Directoire par Aymeric Rouillac Découverte inédite, cette toile était conservée jusqu’au printemps 2020 dans la descendance varoise du capitaine de vaisseau Philippe de Centenier de Fauque (1895-1963), qui disait lui-même l’avoir toujours vue chez ses parents. Elle n’était connue que par son modelo conservé au château de Versailles et sobrement titré « Réunion de famille d’un diplomate accrédité en Italie sous le Directoire. » Parmi les ancêtres de ce collectionneur figurent notamment un général d’Empire, le baron Jean-Jacques d’Azémar et un capitaine dans le Piémont, Joseph Fauque de Centenier ; mais ce ne sont pas eux qui sont représentés, faute de descendance en 1797. Le commanditaire de cette toile est en réalité Alexandre Marie Gosselin de Sainct-Même (Paris, 1746 - Marseille, 1820). Âgé de cinquante-et-un ans en 1797, il a vingt-quatre ans de plus que sa femme Anne Henriette Élise Assailly (1770-1859), qu’il a épousé en 1784, âgée de vingt-sept ans sur cette toile. Son portrait présumé attribué à Rémi-Furcy Descarcin (1747-1793) le figurant un peu plus jeune probablement avant son mariage, a été présenté il y a peu de temps aux enchères avec le concours du cabinet Turquin (vente à Vannes, Me Ruellan, 19 mai 2018, n°46). Le couple est ici entouré de cinq de ses enfants. Le garçon à droite est Alexandre Henry, né à Marseille en 1786, qui a alors onze ans. La jeune fille en robe bleue à l’arrière est Anne Joséphine « Laurette », dont descendait Philippe de Fauque, née à Marseille en 1788 et âgée de neuf ans en 1797. Les deux filles en robes blanches sont Antoinette Françoise « Mélanie » (née à Marseille en 1790, âgée de sept ans) et Adèle Honorine (née à Marseille en 1793, représentée à l’âge de quatre ans). Le bébé est Charlotte (Caroline) Alexandrine « Élise » (née à Paris en 1795 et âgée de deux ans sur le tableau). La dignité consulaire de son père est évoquée par la toge pourpre sur laquelle elle est assise. Ne manque que leur dernier fils Eugène Maurice, qui naîtra à Paris en 1800. Le portrait fidèle de cette famille nous est dressé par la duchesse d’Abrantès dans ses mémoires: « Ma mère avait retrouvé à Paris une famille de Marseille à laquelle elle était sincèrement attachée. M. et madame de Saint-Mesmes étaient bien les meilleurs, les plus excellens amis. M. de Saint-Mesmes était à la tête d'une partie des fournitures de l'armée d'Italie. Il était assez âgé pour être le père de sa femme, jeune et charmante personne, qui l'aimait avec autant de tendresse et même d'amour que s'il eût été le plus beau garçon de Paris. Sa vertu, sa pureté, la rendaient vraiment intéressante. Je me sens heureuse, en rappelant seulement son souvenir. J'éprouve une sorte de calme qui rafraîchit mon sang, lorsque je me rappelle cette jeune mère entourée de six ou sept enfans qu'elle avait nourris, et s’occupant, au milieu d'eux, des soins de sa maison, comme une jeune Grecque aurait pu le faire jadis au sein de son gynécée. » (in Laure Junot duchesse d'Abrantès (1784-1838), Mémoires de Madame la duchesse d'Abrantès, ou Souvenirs historiques sur Napoléon: la Révolution, le Directoire, le Consulat, l'Empire et la Restauration. Tome 2. 1831-1835, p.97-99) La jeune femme recueillant les oranges à gauche, aux allures de vestale, est une amie intime de la mère de famille, dont parle aussi la duchesse d’Abrantès comme d’une jeune femme qui entrera ensuite sous les ordres comme religieuse bénédictine et qui, pour témoigner sa reconnaissance à Madame de Sainct-Même qui avait été sa Providence, vint « s’établir pendant des mois entiers chez elle où elle enseignait la parole de Dieu à ses enfants. » Des études historiques récentes recensent une quarantaine de diplomates représentant la France en Italie sous le Directoire. La plupart du personnel en poste dans la péninsule, ou des voyageurs du Grand Tour qui ont publié à cette époque, sont soit de jeunes hommes nés dans les années 1770 et fraîchement mariés, ou soit des célibataires, si non endurcis, du moins géographiques. Rares sont les familles de diplomates présentes en Italie en cette période de guerre. Bien que son activité diplomatique ne soit pas strictement référencée sous le Directoire, Alexandre de Sainct-Même aurait été Consul général de France pour le royaume des Deux-Siciles. Le 16 avril 1793, on trouve sa signature aux côtés de celle de Miot sur un document officiel comme administrateur des Subsistances Militaires. C’est à ce titre qu’il est alors accrédité en Italie, comme le rappelle la duchesse d’Abrantes. Le fait qu’Alexandre de Sainct-Même soit séparé de sa femme et de ses enfants par une balustrade illustre peut-être la séparation physique de la famille, restée en France, alors que lui parcourt l’Italie? Louis Gauffier est coutumier de la réunion sur une toile de différentes générations séparées physiquement, comme en témoigne son autoportrait avec son père dans le Retour du fils prodigue qu’il lui envoie peu de temps avant de mourir (Musée de Rochefort). Il en va de même avec son autoportrait dans La famille de l’artiste posant avec son épouse, également peintre, et leurs deux enfants au pied d’un chapiteau (ancienne collection Artus, Paris). En 1803, Sainct-Même est l’un des trois témoins du prince Camille Borghese pour son mariage, et se présente comme Commissaire général pour les relations commerciales de Naples à Marseille. Sous le règne de Joachim Napoléon (1806-1808), il sera nommé directeur général de la régie des subsistances militaires du royaume de Naples et des Deux-Siciles. De façon anecdotique, l’un des témoins de mariage de Pauline, la sœur chérie de Napoléon Bonaparte n’est autre que, une nouvelle fois, le conseiller d'État Miot, celui-là même dont Gauffier a représenté la famille alors qu’il était consul à Florence en 1796 (Melbourne, National Gallery of Victoria). Le contraste entre ces deux toiles est d’ailleurs saisissant: alors que sur la nôtre règnent la félicité, la beauté et la bonté, le portrait de la famille d’André-François Miot, futur comte de Melito, montre des visages veules ou serviles, aux sourires grimaçants sous les auspices du buste de Joseph Bonaparte. Gauffier masque difficilement son aversion pour la Révolution française dans cet autre portrait et semble s’être heureusement pris ici de sympathie pour cette famille, par ailleurs en relation avec les Miot qui l’avait précédé dans l’atelier du peintre. Installé à Florence, Gauffier voyage à travers l’Italie dans les années 1796-1798, notamment à Naples où il réalise les portraits d’officiers républicains. De la même façon qu’il commencera le portrait de Victor-Léopold Berthier, général de division devant la baie de Naples, et qu’il le finira et situera ensuite à Florence (ancienne collection Hollande, Paris), il est n’est pas impossible que le peintre ait commencé notre tableau dans une autre ville de la péninsule pour le terminer dans sa ville de résidence, où il le signe, le date et le situe. Réalisé en l’an VI, après le traité de Campo Formio mettant fin à la première campagne d'Italie par Bonaparte, notre tableau figure la cueillette des oranges, entre l’automne 1797 et le printemps 1798. Si le choix d’une orangeraie pose un cadre aristocratique, symbole de luxe et de pouvoir qui flatte son riche commanditaire, c’est surtout une évocation d’un chef d’œuvre de la peinture italienne: La naissance du Printemps par Boticelli. Gauffier met à son tour harmonieusement en scène huit personnages dans une orangeraie, non pas en fleur mais au moment où le fruit est mur et qu’il faut le cueillir.
PESCHETEAU-BADIN
le 22/09/2020 - PARIS
Salomon Van RUYSDAEL ( vers 1600/1603 - 1670)
Voilier au large

Salomon Van RUYSDAEL ( vers 1600/1603 - 1670)
Voilier au large
- Panneau de chêne parqueté
- 18 x 24 cm
- Excellent
- Adjudication : Estimation : 40 000 / 60 000 €
On rapprochera notre tableau d’autres petits formats sur panneaux des années 1640 représentant des estuaires où malgré leur taille, on ressent une sensation de panorama aérien (par exemple la « Marine» du Metropolitan Museum de New York de 1650, inv. 71.98). Salomon van Ruysdael s'éloigne de sa phase monochrome stricte, qu’il partageait avec Van Goyen, et rehausse sa palette harmonieuse de gris avec du bleu dans le ciel, rompue aussi par la petite tache rouge du drapeau hollandais. Le premier plan plus foncé, avec les traits rapides et scintillants des vaguelettes, rehausse la profondeur de la composition, tandis qu'une bande d'eau argentée, éclairée par les nuages, conduit l'œil au loin. Une ligne fantomatique forme la ligne d’horizon avec un moulin et quelques maisons, où une cheminée fume. Le voilier rompt cette horizontalité. Il s’agit d’un navire à faible tirant d'eau qui transportait des marchandises et parfois des passagers entre les villes sur les voies navigables intérieures ou servait de bac entre les deux rives. Un trait sûr et virtuose, à la pointe du pinceau, décrit les autres embarcations et les mouettes.
BRISCADIEU Me Antoine
le 19/09/2020 - PARIS
François DESPORTES (1661 - 1743)
Nature morte de gibiers et de fruits

François DESPORTES (1661 - 1743)
Nature morte de gibiers et de fruits
- toile
- 102.5 x 83 cm
- en bois sculpté doré, travail français d'époque Louis XIV
- Restaurations anciennes
- Adjudication : Estimation : 150 000 / 200 000 €
Sur fond de niche en marbre, ornée en son centre d’un motif de dauphin en bronze doré, sont attachés par les pattes un lièvre, une perdrix grise, deux canards col-vert, une sarcelle d’hiver (ou canard siffleur ?) et un vanneau. En-dessous dans la vasque en marbre trilobée de ce qui pourrait être la base d’une fontaine sont assemblés, à droite, une corbeille en osier contenant des bigarades –oranges amères - et une grenade éclatée, le tout piqué d’une branche d’oranger, et, à gauche, un bol en porcelaine de Chine monté en bronze doré contenant des pommes Calville sur lesquelles est perché un perroquet gris du Gabon, qui observe ce trophée de gibier. Situées à même la vasque, des pommes d’Api, deux poires de Bon-Chrétien et une grenade éclatée complètent cette composition. L’assemblage de gibier, associations de plumages savamment rythmées, s’impose d’emblée tout en s’intégrant harmonieusement à la composition grâce aux emplacements choisis des divers détails d’ailes, pattes et oreilles du lièvre, qui viennent à propos donner éclat et dynamisme à cette réunion d’animaux à la touche chatoyante et vibrante. Le perroquet gris du Gabon vient faire le lien entre la partie supérieure et celle inférieure agrémentée de fruits, aux diverses nuances de rouge auxquelles les pattes des animaux viennent faire un écho délicat ; de même, les nuances de bleu-gris du corps des animaux trouvent un contre-point dans le bol de porcelaine, ceci donnant rythme et unité à l’ensemble. D’autre part, un jeu de courbes et contre-courbes (niche, corbeille, coupe, rebords de la vasque) permettent de révéler toute la profondeur de cette composition. Fruits et animaux occupent une fontaine sans eau, scène éphémère de la représentation d’une nature exubérante au sein de laquelle le perroquet règne en maître de l’instant. Ce motif du dauphin ainsi que celui de l’anse en bronze doré de la coupe en porcelaine n’est pas sans nous évoquer l’œuvre de l’architecte et ornemaniste Gilles-Marie Oppenordt. Deux études, conservées dans le fonds de l’atelier de Desportes à la manufacture nationale de Sèvres, que je date vers 1710-1720 (Catalogue raisonné, Paris, 2010, n° P 496, P 497, cette dernière d’après un modèle de rampe d’escalier d’Oppenordt), sont dans un esprit très proche des éléments décoratifs de notre tableau. En 1716, l’activité essentielle de Desportes se trouvait être pour le Régent qui venait de s’installer, après la mort de Louis XIV, au Palais Royal. Dès les premiers mois de 1716, le Régent avait demandé à Oppenordt, d’agrandir et mettre au goût du jour ses appartements. Nous ne pouvons exclure que cette fontaine à décor de dauphin puisse avoir été copiée par Desportes d’après un modèle nouvellement crée pour le Palais Royal. Par ailleurs, au sein de cette même demeure, nous savons que Desportes avait réalisé cette même année au moins trois tableaux pour une « cuisine particulière » où le Régent faisant lui-même des essais de cuisine. Deux sont connus (Cat. rais., n° P 584 et P585) et notamment l’étonnante Nature morte de gibier prêt à mettre en broche (Paris, musée de la chasse et de la nature) dans laquelle nous retrouvons un perroquet gris du Gabon (le même probablement que celui de notre tableau). La troisième peinture, non localisée, est connue une par une brève description, « toutes sortes de légumes », dans la biographie que Claude-François Desportes consacra à son père. Ce faisceau d’éléments exposés, ajoutés à l’extrême raffinement de la composition, m’incitent à penser que cette nature morte pourrait avoir été destinée aux appartements du Régent au Palais Royal. Cependant, la brève description de Claude-François Desportes ne permet pas, par le sujet mentionné, de la rapprocher de ce tableau et aucun document écrit ne peut me permettre de l’affirmer ; cela reste donc une hypothèse. Quelle que soit son éventuelle provenance royale, cette nature morte de la main de François Desportes se hisse au plus haut niveau de son art et constitue sans nul doute l’un des chefs-d’œuvre de l’artiste. Cette peinture sera incluse au supplément du catalogue raisonné de l’œuvre de François Desportes (1661-1743), actuellement en préparation. Nous remercions Monsieur Pierre Jacky, spécialiste de l’artiste, pour la rédaction de la notice ci-dessus. « Que la fête commence… ! » Notre tableau permet d’évoquer la figure du régent Philippe d’Orléans (1674-1723), bon vivant, jouisseur de tous les plaisirs terrestres, n’en refusant aucun, gourmand des bonnes tables, libertin avec les femmes, comme cela a pu être évoqué dans le célèbre film « Que la fête commence …» (Bertrand Tavernier, 1975).Il aussi reconnu comme l’un des plus grands collectionneurs et mécène de son époque, possédant des chefs-d’œuvre absolus de la peinture aujourd’hui dispersés. Au Palais-Royal où il a installé sa cour, les fêtes officielles côtoient les soupers galants et les bals de l’Opéra installé sur place. Le Régent mène au sein de son palais une vie dissolue en parallèle de sa charge, se montrant parfois « dans un état peu convenable » pour reprendre les mots de Saint-Simon. A cette époque, on note un changement des arts de la table toujours plus en fastueux : les premières salles à manger apparaissent, la faïence et la porcelaine émergent sur toutes les tables à la mode. De grands gastronomes, François Massialot ou Menon imposent leurs goûts, et de nouvelles recettes se popularisent comme la crème chantilly, la mayonnaise ou le champagne. Le duc d’Orléans aime la chasse et convie Desportes à de nombreuses occasions à peindre des scènes cynégétiques, ou des trophées. La régence marque la transition entre la période austère des dernières années de Louis XIV avec Mme de Maintenon et le 18e siècle, un moment de grâce et d’insouciance du savoir-vivre à la française. Le motif du dauphin sur la fontaine est probablement une allusion à Marie-Louise Elisabeth d’Orléans (1695-1719), fille du Régent et épouse de Charles de France, duc de Berry, lui-même fils du Grand Dauphin, Louis. Elle se faisait appeler Mademoiselle et a fait sculpter un décor de ces animaux marins sur le cadre de son portrait de Largillière (ancienne collection Thierry de Chirée). Un tableau commandé par son père à Desportes pour le lui offrir (1717, Lyon, musée des Beaux-Arts, Catalogue raisonné, op. cit., n° P 613), destiné à la salle-à-manger de son château de La Muette, comporte aussi une fontaine ornée de quatre dauphins. Notre toile constitue une charnière dans l’histoire de la nature morte française, abandonnant les modèles flamands et annonçant Oudry et Chardin.
DAGUERRE Mes Benoit Derouineau et Bertrand de Cotton
le 23/06/2020 - PARIS
François BOUCHER (1703-1770)
Joueur de vieille

François BOUCHER (1703-1770)
Joueur de vieille
- Joueur de vielle
- 39.5 x 32 cm
- Signé en bas à gauche F Bou...
- Adjudication : Estimation : 40 000 / 60 000 €
bibliographie : Jean-Luc Bordeaux, François Lemoyne and his generation 1688- 1737, Paris, Arthena, 1984, p. 137, n°X16 (reproduit fig. 115), comme rejeté à Lemoine et propose Boucher avant 1727. Florence Gétreau, Watteau et sa génération : contribution à la chronologie et à l'identification de deux instruments pastoraux. De l'Image à l'Objet, Centre d'iconographie musicale et d'organologie (CNRS), 1985, Paris, France, page 314, ill. fig. 20 (comme Lemoine ou Boucher) provenance : vente de la collection du vicomte Beuret, Paris, galerie Georges Petit, le 25 novembre 1924, n°25 (comme attribué à François Boucher) Disparue du marché de l’art et des regards depuis près d’un siècle, cette oeuvre témoigne de l’influence de Watteau chez le jeune Boucher. Elève de François Lemoine et marqué par l’influence des vénitiens Ricci et Pellegrini, Boucher est confronté au maître des fêtes galantes lorsqu’il grave ses dessins à la demande de Jean de Julienne entre 1726 et 1731, soit juste avant et juste après son séjour en Italie. Un regain d’intérêt survient en 1734-1735 quand Boucher donne à graver ses propres dessins pour illustrer les Oeuvres de Molière, représentant des acteurs en costumes contemporains. Cette influence le conduit à transformer ses scènes de genre nordiques en sujets beaucoup plus élégants, comme en témoigne La Belle cuisinière (Paris, musée Cognacq-Jay), La Jardinière surprise (collection particulière), Les oies de frère Philippe (éventail à la gouache ; Besançon, musée des Beaux-Arts), le premier carton de tapisserie des Fêtes de village à l’Italienne pour Beauvais, tissé en 1736, dans les sujets peints pour le roi dans ses appartements privés du palais de Fontainebleau entre 1735 et 1737... . Le musicien à mi-corps est richement vêtu d’une veste de satin aux tons lilas gansée de fourrure et de boutons dorés. Il tient une vielle à roue ornée de filets d’ivoire avec manche sculpté, comme en construisait de luthier Bâton entre 1716 et les années 1740. Cet instrument, ainsi remis au goût du jour, ne se cantonne plus à l'accompagnement des danses et au musette, mais est désormais joué dans les concerts dès le second tiers du dix-huitième siècle. Nous proposons d’identifier le modèle avec le ténor Pierre de Jélyotte (1713-1797). Né et formé à l’Académie royale de Musique de Toulouse, il se produit sur scène à Paris dès 1733, au Concert spirituel et à l’Opéra, à peine âgé de vingt ans. Boucher et lui se fréquentent du cercle d'amis - et de joyeux buveurs-, la Société du Caveau tout juste fondée et aussi chez le prince de Carignan, directeur de l'Académie royale de musique. Le peintre épouse Marie-Jeanne Buseau fille d'un musicien du roi en avril 1733. Jélyotte a été portraituré plus âgé par Charles-Antoine Coypel en femme dans le rôle de Platée en 1745 (musée du Louvre) et en 1755 par Louis Tocqué tenant une lyre à la main (Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage). Nous remercions Madame François Joulie d’avoir confirmé l’attribution à François Boucher sur photographie numérique par échange de mails en avril 2020, ainsi que les précieuses informations qu’elle nous a fournies pour la rédaction de cette notice. Additif : On nous a signalé une reprise un peu plus grande de cette composition, passée en vente à Londres, chez Bonhams le 5 juillet 2017, lot 33
DAGUERRE
le 16/06/2020 - PARIS
Jusepe de RIBERA (Jativa 1588 - Naples 1656)
Un philosophe : l'heureux géomètre

Jusepe de RIBERA (Jativa 1588 - Naples 1656)
Un philosophe : l'heureux géomètre
- Toile
- 100 x 75,5 cm
- Restaurations anciennes
- Adjudication : Estimation : 200 000 / 300 000
Notre tableau est un exemple précoce dune représentation de philosophe à mi-corps par Ribera, peint à Rome vers 1610/1615, et constituant son apport le plus original au courant du caravagisme. Ce thème, que le maître lombard navait pas abordé, a été interprété à de nombreuses reprises par Ribera au cours de sa carrière jusquen 1640. Le succès de cette nouvelle iconographie, recherchée par les collectionneurs, se prolongea tout au long du 17e siècle, avec Salvator Rosa, Luca Giordano et Matia Preti à Naples, mais aussi chez Ter Brugghen, Rembrandt, Mola et Vélasquez ailleurs.
Les portraits de philosophes furent très prisés dans les cénacles néo-stoïciens dont on sait limportance durant tout le siècle. Ils figuraient le plus souvent dans les cabinets dhumanistes, les bibliothèques et les galeries princières. Le subtil raffinement de ces uvres vient du contraste entre un type populaire tiré de la rue ou de la taverne, suivant les préceptes du Caravage, buriné par le soleil, édenté et en haillons, opposé à la noblesse littéraire ou scientifique du sujet, indiquée par les livres et parchemins.
Ribera fit appel au même truculent personnage pour représenter également les apôtres, les philosophes ou savants, les prophètes et les saints ou encore les personnifications des cinq sens. Le modèle facilement identifiable à son crâne chauve et ses oreilles décollées, son nez tordu, ses rides marquées, posait pour divers peintres dans la Rome du début du 17e siècle (on le retrouve chez Guido Reni et même dans un Repas à Emmaüs de Bernardo Strozzi collection particulière-). Il apparait dans plusieurs uvres de lartiste espagnol réalisées entre 1612/1613 et 1616/1617. Le peintre avait peut-être aussi en tête un archétype que l'on retrouve dans les marbres grecs et romains de lépoque hellénistique, réemployé pour figurer dans diverses compositions et nignorait pas non plus les dessins de vieillards grotesques de Léonard de Vinci.
On le reconnait dans les uvres de Ribera de cette période suivantes :
-Saint Barthélemy, dune série dapôtres (Apostolato), peint à Rome pour Pedro Cosida (Pietro Cussida en Italie) vers 1611-1612 ou 1615 suivant les auteurs, toile, 126x97 cm, Florence, Fondation Longhi (ill.1)
-Le Christ parmi les docteurs, vers 1612-1613, toile, 188x270 cm, Langres, église Saint-Martin, il sagit du docteur à lextrême droite (ill.2)
-Suzanne au bain, vers 1611-1612, toile, 138,5x179 cm, Madrid, galerie Caylus,
Il sagit du vieillard de gauche (ill.3)
- Le Reniement de saint Pierre, huile sur toile, 163x233 cm, Roma, Galerie Corsini
- Le Jugement de Salomon, toile, 153 x 201 cm, figure à lextrême droite, Rome, Galerie Borghèse (ill. 4)
Ribera sinspirera plus tard de cette physionomie particulière dans le Saint Grégoire majeur de la Galerie nationale du palais Barberini à Rome (mentionnée dès 1638 au palais Giustiniani), le Saint Augustin de la Galerie régionale du Palais Abatellis à Palerme, dans le Saint Antoine de la fondation El Conventet à Barcelone, dans le présumé Platon de la collection Ruspoli à Torella dei Lombardi à côté dAvellino, dans le Démocrite de la collection Poletti à Lugano mais aussi dans la série des cinq sens, peut-être également réalisée pour Pedro Cosida (Wadsworth Atheneum à Hartford, Museo de San Carlos à Mexico, Norton Simon Foundation à Pasadena, collection Abelló à Madrid). Notre toile est très proche du Mendiant (Rome, Galerie Borghèse), signalé dans linventaire du cardinal Scipione Borghèse de 1615-1630, notamment dans lécriture identique des rides sur le front et de yeux.
Nous proposons d'identifier le personnage avec Archimède de Syracuse considéré comme lun des plus grands mathématiciens et physiciens de lAntiquité classique. La triangulation sur la feuille de papier quil tient dune main maladroite évoque ses travaux sur la méthode dexhaustion servant à calculer les aires (ce quen France de nos jours, on désigne comme le théorème de Thalès). Lune des ébauches géométriques, tracée sur lautre feuille devant le protagoniste, présentant deux cercles et un polygone entrelacés, apparait également dans un autre philosophe de Ribera conservé au musée du Prado, tantôt décrit comme Archimède, tantôt comme Démocrite. Celui-ci est considéré depuis lAntiquité comme le « philosophe qui rit », optimiste, en opposition à Héraclite, le « philosophe qui pleure », le pessimiste.
Notons, dans notre tableau, la plume sur le béret du philosophe, senroulant en spirale et peinte avec virtuosité qui attire toute de suite lil du spectateur. Les plus érudits pourraient peut-être même y voir une évocation discrète de la spirale à laquelle Archimède a donné son nom
Jusepe de Ribera na longtemps été connu que pour sa longue carrière napolitaine. Il arrive dans la ville papale au milieu de la première décennie du 17e siècle, adopte la manière réaliste et révolutionnaire du Caravage, et se constitue rapidement un répertoire de figures à mi-corps. Il signe les Saints Pierre et saint Paul vers 1616/1617, juste avant son installation définitive à Naples.On na redécouvert quau début du 21e siècle quil est également un protagoniste majeur du développement du creuset caravagesque dans la Rome des années 1609-1615, grâce aux travaux récents (de Gianni Pappi, Giuseppe Porzio, Domennico dAlessandro) qui ont montré que le groupe de peintures antérieurement donné au « Maître du jugement de Salomon» lui revenait. Notre tableau est une addition importante à ce corpus de jeunesse.
Lopposition de tons chauds et froids rend notre composition vivante et dynamique. Les ombres servent les contrastes forts, obtenus par lapposition dun coloris chaud et ferme, aux teintes dacajou cuivré flamboyant. Déjà, lartiste montre une énergie et un plaisir de peindre, un style graphique et une matière onctueuse qui déterminent déjà sa marque et sa pâte personnelles.
Nous remercions le professeur Nicola Spinosa pour avoir confirmé lattribution à Ribera de cette uvre et pour les informations quil nous a données et qui ont servi à la rédaction de cette notice.
Une lettre de Nicola Spinosa datée de février 2020 sera remise à lacquéreur.
Bibliographie sommaire et récente concernant Ribera à Rome :
G. Papi, Jusepe de Ribera a Roma e il Maestro del Giudizio di Salomone, in Paragone, LIII, n. 44, 2002, pp. 21-43; Idem, Ribera a Roma, Soncino 2007.
N. Spinosa, Ribera. Lopera completa, Electa Napoli 2006; Idem, Ribera. La obra completa, Fundación Arte Hispanico, Madrid 2008
catalogues des expositions El joven Ribera, J. Milicua et J. Portús, Madrid, Museo del Prado, 2011; Il giovane Ribera tra Roma, Parma e Napoli. 1608-1624, mêmes auteurs, Naples, Museo di Capodimonte, 2011- 2012.
Maitre Anne RICHMOND
le 29/02/2020 - PARIS
Osias BEERT le Vieux (Anvers (?) vers 1580 - 1624)
Bouquet de fleurs dans un vase sur un entablement

Osias BEERT le Vieux (Anvers (?) vers 1580 - 1624)
Bouquet de fleurs dans un vase sur un entablement
- Cuivre
- 22 x 18 cm
- Petites restaurations anciennes
- Adjudication : Estimation : 25 000 / 30 000
Beert compte parmi les précurseurs de la première génération de peintres de natures mortes, tenant une place équivalente à Anvers, où il est reçu maître en 1602, des Savery et Bosschaert aux Pays-Bas hollandais. Connu pour ses tables de banquets, il a aussi réalisé des bouquets isolés ; deux d'entre eux sont actuellement exposés à la National Gallery de Londres.
Notre cuivre illustre un moment célèbre de l'histoire économique, la "tulipomanie". La montée des prix exorbitante des plantes à bulbes dans le premier tiers du 17e siècle en Flandres mena à la première bulle spéculative, puis à l'effondrement des cours en 1637 et à la ruine des investisseurs.
Au centre, l'une des fleurs les plus chères de l'époque, la tulipe "vice-roy", blanche striée de rouge, dont on rapporte qu'un seul bulbe se serait échangé contre 2500 florins de l'époque, une véritable fortune. Autour sont disposés cinq jonquilles, un crocus et d'autres tulipes rouges encore fermées, et un bleuet, symbole de pureté. Mais les fleurs ne sont belles que quelques instants. Comme la rose à gauche, elles fanent rapidement. Le papillon, animal éphémère par excellence, fait référence à la fragilité de notre existence. Il s'agit de symboles des "vanités" présents dans la plupart des natures mortes de cette époque. Tout aussi précieuse et luxueuse, la céramique chinoise Wan-Li blanche et bleue, à décor de feuilles, est posée sur l'entablement.
Nous remercions le professeur Fred Meijer d'avoir confirmé l'attribution de ce tableau par mail, sur photographie numérique, le 18 janvier 2019.
Maître Emmanuel FARRANDO
le 09/12/2019 - PARIS
Michael SWEERTS (Bruxelles 1618- Goa 1664)
Un enfant tenant un fruit (allégorie du goût)

Michael SWEERTS (Bruxelles 1618- Goa 1664)
Un enfant tenant un fruit (allégorie du goût)
- Toile
- 24,6 x 18,3 cm
- Porte une ancienne attribution à Gainsborough
- Adjudication : Estimation : 80 000 / 120 000
Ce merveilleux petit tableau, inédit, s'insère parfaitement dans une série de Michael Sweerts sur les Cinq Sens dont deux autres éléments sont déjà connus: l'Odorat, un petit garçon tenant une bougie tout juste éteinte et le Toucher, une petite fille montrant un bandage à son doigt, de taille exactement similaire à notre toile, au Museum Boijnams van Beuningen depuis 1954 (Rolph Kultzen, Michael Sweerts, Davaco éditeur, 1996, p.122, n°107 et n°108). Notre enfant tenant un fruit figure lallégorie du goût. Les expressions de ces trois bambins, entre quatre et cinq ans, sont saisissantes de réalisme tendre et de vérité d'humanité : la petite fille est boudeuse, une larme à l'il, notre garçonnet est comme surpris par le goût du fruit (ou de la texture s'il s'agit d'une grenade). Leur présence est à la fois immédiate, sympathique et intemporelle.
Personne d'autre que Sweert, si ce n'est les Le Nain, ne sait à son époque capter avec autant de délicatesse et de fraicheur la vulnérabilité de l'enfance (par exemple, Hartford, Wadsworth Atheneum ; Leicester Art Gallery ; Groningen, Stedelijk Museum - de dimensions identiques à notre tableau- ; New York, Leiden collection et autres collections particulières, datés pour la plupart de années 1650).
L'artiste aime peindre des personnages qui fixent le spectateur, avec souvent un regard plein de tendresse et de compassion pour ces modèles, quel que soit leur âge. Ce qui n'exclut pas une légère mélancolie ou un regard humoristique. Il les peint dans un contraste fort d'origine caravagesque, avec une technique lisse, une palette claire et sans effet de clair-obscur (à la différence d'un Rembrandt). Le cadrage resserré appartient à un genre de la peinture nordique, les "tronies" (trognes), terme qui signifie "visage" en néerlandais ancien. Il sagit détudes dexpression ou de genre dun seul personnage à mi-chemin entre un portrait basé sur une vraie ressemblance et la représentation dun caractère ou dun stéréotype. Les "tronies" se développent depuis Pieter Brueghel jusqu'à Balthazar Denner et Pietro Rotari. Des autoportraits costumés de Rembrandt à la "Jeune fille à la perle" de Vermeer -vers 1675-, peuvent aussi être classés comme tels. En France, les dessins de Lagneau appartiennent à ce genre (voir Dagmar Hirschfelder - LeonKremple, Tronies. DasGesicht in der frühen Neuzeit, Berlin, 2013).
On connaît d'autres séries sur les cinq sens par Sweerts, chacune de conception originale, incomplètes ou dispersées, figurées soit par des enfants (deux tableaux à Stuttgart, Staatsgalerie) ou des adultes.
Né à Bruxelles, fils d'un marchand, Michael Sweerts fut un peintre à la vie romanesque, indépendant, au parcours assez atypique pour son époque. Il visite lItalie dans ses jeunes années (1646-1654), séjourne à Rome et fréquente le cercle des bamboccianti, puis retourne dans sa région natale un court instant (c. 1655-1560). Par la suite, il sétablit brièvement à Amsterdam (1660-1661), puis passe en France, avant de sembarquer avec la Mission étrangère de Paris vers lInde. Là, il vécut au sein de la communauté de Jésuites portugais jusquà sa mort, à Goa, en 1664.
Maître Hugues Cortot et associés
le 30/11/2019 - PARIS
MAÎTRE DE VISSY BROD, Bohême vers 1350
La Vierge te l'Enfant en trône, panneau de dévotion

MAÎTRE DE VISSY BROD, Bohême vers 1350
La Vierge te l'Enfant en trône, panneau de dévotion
- Peinture à loeuf sur panneau de bois fruitier
- 22 x 20 cm
- Sans cadre
- Épaisseur 1.4cm
- Petits manques et restaurations anciennes
- Adjudication : Estimation : 400 000 / 600 000
ETAT
Le panneau a été sectionné sur ses quatre côtés faisant disparaître les bords à nu sur lesquels sadaptait le cadre dorigine et toutes traces éventuelles de crochets qui auraient indiqué que cette oeuvre ait pu être le volet dun diptyque. En labsence de ces indices nous considérons quil sagit dun panneau de dévotion indépendant.
Revers : La peinture de cette partie est entièrement dorigine. En trompe-lil, elle imite le marbre et présente des soulèvements et des manques laissant visibles la toile noyée dans la préparation ainsi que le bois mis à nu au centre sur une petite surface, peut-être lors de la découpe dun ancien cachet de cire.
Au recto, le fond noir du tableau ainsi que les étoiles en relief entourant la Vierge et lEnfant sont danciens repeints et ajouts postérieurs. La surface picturale des saints personnages, du trône et du drap dhonneur rouge et or servant de dossier sont dorigine. Quelques petits manques visibles, comblés pour certains à la peinture noire, dans lauréole et la couronne de la vierge.
INSCRIPTION
Au revers et tracée à lencre dans une écriture fin XIXe ou début du XXe siècle : Cimabué (sic)
STYLE
La vierge, la tête voilée couronnée et auréolée, est somptueusement vêtue de draperies fluctuantes au coloris vibrant enveloppant son corps. Elle est assise sur un trône architecturé dont le dossier est actuellement formé dune somptueuse tenture frangée et ornée de motifs végétaux dorés peints sur fond rouge. La tête auréolée du nimbe crucifère, le corps vêtu dune tunique rose, lEnfant gesticulant est maintenu sur la gauche dans le giron de sa Mère ; de sa main droite, il tient fermement le pouce de cette dernière, tandis que de la gauche il tente de saisir son propre pied. Les deux personnages sacrés sont intimement et tendrement liés par les regards.
Dans létat actuel de la peinture, la draperie du trône flotte sur le fond noir, sans points daccroche. Il faut sans doute penser que le trône était à lorigine un édicule avec des colonnes supportant des arcades où la tenture était fixée . Nous pouvons avoir une idée approchante de la composition en considérant les exemples de panneaux similaires appartenant à la peinture du « gothique international » de Bohême au milieu du XIVe siècle. Car cest à cette période et dans cette région quil faut effectivement situer lexécution de ce petit panneau dont cest ici la première publication.
A cette époque, Charles IV (1316-1378), roi de Bohême et futur empereur du Saint Empire Romain Germanique, grand chrétien, lettré, lié par son éducation à la France (il est en relation avec la papauté en Avignon) et à lAllemagne, décide détablir sa capitale à Prague quil va agrandir et embellir. Sortent alors de terre la cathédrale Saint-Guy (1344-1420) le château de Karlstein (1348-1365), luniversité de Prague (1348) ainsi que de nombreux couvents. Maîtres duvre, ateliers dartistes peintres, sculpteurs, maîtres verriers, dorigine locale ou venus de France, dAngleterre et de Germanie et réunis en corporations, vont prêter leur concours à la transformation de la ville. Notre tableau sinsère dans ce mouvement novateur, plus particulièrement dans la production de latelier du maître anonyme dit « de Vissy Brod » (prononcer vichi) auquel sont attribués neuf panneaux illustrant des scènes christologiques, conservés autrefois au couvent cistercien éponyme situé au sud de la Bohême et actuellement conservés à Prague (Galerie Nationale, en dépôt au couvent de Sainte-Agnès ; cf. A. Kutal, Gothic art in Bohemia and Moravia, Londres, New York 1971, p.49-106, fig.64). La qualité de ces neuf panneaux (95cm x 85,5cm chacun) étant inégale, la critique considère que seuls quatre dentre eux ont été réalisés par le maître lui-même : lAnnonciation, la Nativité, lEpiphanie et la Résurrection, le reste revenant à la main daides (cf. R. Berens, Le Maître de Vissy Brod, Luxembourg, 1990, figs.1,2,3,7). Au bas de la Nativité, le peintre a placé la représentation du donateur de la série, un membre de la famille Rozmberk, peut-être Pierre Ier disparu en 1347, identifié par le blason placé devant lui, personnage important du royaume, protecteur du monastère de Vissy Brod dont il présente la maquette à la Vierge (cf. Klipa, « Altarpiece from Vissy Brod » in S. Chlumska, A. Pokorny, R. Sefcu, « What the eyes cannot see, Underdrawing in 14th-16th century panel paintings from the collection of the National Gallery in Prague » Prague 2017, cat.5, p. 76-79 repr.)
Influencé par larchitecture et lenluminure gothiques françaises, mais aussi par lart italien et plus spécialement siennois qui, à la suite de Simone Martini, se développe à cette période à la cour papale dAvignon, le style de ces panneaux donne la primauté à lexpression linéaire et fastueuse des drapés rehaussés déléments orfévrés, le tout réalisé dans une palette chromatique raffinée aux tonalités chatoyantes et vibrantes. La douceur des expressions remplies daménité, lélégance des gestes caractérisent ces uvres qui, même dans les scènes dramatiques nont rien dexcessif, offrant une vision de douleur intériorisée et apaisée. Cest un art attaché, non seulement aux fastes de cour, mais aussi aux réalités de la nature souvent décrite avec naïveté et sens de lobservation. Malgré le goût marqué pour la calligraphie, les formes corporelles sous- jacentes sont mises en évidence par léclairage qui les modèle, leur donne vie et mouvement. Les visages dévoilent la même volonté de traduire les volumes et les expressions par les passages de lombre à la lumière.
Lensemble des personnages évolue dans certaines scènes au sein darchitectures où lespace se décline en autant de structures élégantes et complexes. Le dessin minutieux des colonnettes, arcades et anfractuosités crée parfois un dédale denchevêtrements, comme en témoigne le trône de la Madone dans la scène de lAnnonciation de Vissy Brod (Prague, Galerie Nationale) ou celui de la Madone de Glatz (Berlin, Gemäldegalerie, inv. 1624), autre uvre de ce même atelier. On remarquera également lextrême soin apporté à lornementation : lor gravé ou peint à la coquille rehausse les tentures, les draperies, les soutaches des vêtements, comme le manteau de lAnge Gabriel dans lAnnonciation, la robe du Christ sous son manteau blanc ou encore létendard flottant quIl tient dans la Résurrection. Les motifs floraux se retrouvent dans le manteau de lEnfant dun autre panneau daté avant 1350 : la Madone de Most (Prague, Galerie Nationale VO 10721). Remarquons leur réapparition dans la tenture servant de dossier au trône de la Vierge dans notre panneau.
Tous les caractères cités sont mis en évidence dans notre panneau : que lon compare les visages de notre Madone avec ceux de la Madone dans lAnnonciation, la Nativité ou dans le panneau de Berlin, la cadence et lélégance du dessin des draperies, les similitudes dexpression et dexécution, la richesse de lornementation, indiquent la facture de la main délicate du Maître de Vissy Brod uvrant vers 1350 pour un commanditaire particulier.
Les examens techniques menés récemment sur ce panneau ont révélé la composition initiale et le travail de préparation sous-jacent mettant en évidence une architecture élaborée autour du trône avec arcades ouvertes où le drap dhonneur saccroche de manière beaucoup plus assurée et plausible que ce que lon voit actuellement, en conformité avec la majorité des panneaux et des miniatures de cette époque et de cette région (cf. Shlumskà, Pokorny, Sefcu, op.cit. 2017 et A. Erlande-Brandenburg, La Bible de Prague, 2e moitié du XIVe siècle, Paris 1989, miniature de la lettrine D représentant le roi Wenceslas et Sophie de Bavière en trône). Ces investigations ont également permis dassurer que le panneau a été légèrement réduit en partie haute, comme lattestent la galerie darcades actuellement coupée et les galeries dinsectes mises à jour sur la tranche.
Nous remercions chaleureusement Madame Olga Pujmanova, conservateur honoraire de la Galerie Nationale de Prague et Jan Klipa spécialiste de la peinture gothique à lInstitute of Art History, Czech Academy of Sciences in Prague, qui ont confirmé de visu lattribution de notre panneau au Maître de Vissy Brod et fait part de nombreuses suggestions.
Le tableau sera publié par Jan Klipa dans un article à paraître dans la revue Umeni / Art, vol. LXVII, / 2019, n°3.
Damien LIBERTSVV
le 20/11/2019 - PARIS
Jean-Baptiste PERRONNEAU (Paris ca. 1715 - Amsterdam 1783)
Portrait présumé de François Gorsse en habit gris

Jean-Baptiste PERRONNEAU (Paris ca. 1715 - Amsterdam 1783)
Portrait présumé de François Gorsse en habit gris
- Pastel
- 57 x 47 cm
- Non signé
Au revers une inscription ancienne - Adjudication : Estimation : 15 000 / 20 000
Provenance :
Château de Gorse (ensuite château Brane-Cantenac, Médoc) jusqu'en 1766; Château La Bégorce, Pierre Clair de Gorsse (1726-1803);
Château La Bégorce, son fils, François Vincent de Paul de Gorsse (1765-1818);
Château La Bégorce, sa fille, Aurélie Gorsse (1804-1887);
Besançon, vente, Renoud-grappin, 19 février 2006, n°0;
Paris, galerie Pascal Zuber et Etienne Breton, septembre 2007;
Paris, vente Hôtel Drouot, Libert, 11 juin 2008, n°60, ill.
Bibliographie :
- Dominique d'Arnoult, " Jean Baptiste Peronneau ca.1715-1783 Un portraitiste dans l'Europe des lumières", Arthena, Paris, 2014, p.264, n°178 Pa, reproduit en couleur p.147.
catalogue de l'exposition "Jean Baptiste Perronneau, portraitiste de génie dans l'Europe des Lumières", p.124, n°60 (notice par Dominique d'Arnoult).
MIRABAUD FABIEN & MERCIER CLAUDIA
le 15/11/2019 - PARIS
Michael SWEERTS (Bruxelles 1618- Goa 1664)
Le toucher

Michael SWEERTS (Bruxelles 1618- Goa 1664)
Le toucher
- Toile
- 75 x 60 cm
- Restaurations anciennes
- Adjudication : Estimation : 400 000 / 600 000
Bibliographie :
Rolf Kultzer, Michael Sweerts, Davaco éditeur, 1996, p. 109, n°70 et pp. 46-48. reproduit en noir et blanc
Expositions :
Cent portraits d'hommes du XIVème à nos jours, galerie Charpentier, 1952, n°81 (Rombouts, et Jan Fyt pour le chat).
Exposition [de] tableaux du 15° au 18° siècle : dont 20 pièces ont figuré au Musée Goya 1956, Jean Neger du 3 au 28 juin, Paris, galerie Néger, non paginé, n°33 (comme Théodore Rombouts, l'Homme au chat)
Notre oeuvre appartient à une série de cinq moyen formats de Michael Sweerts, dont chacun illustre lun des cinq sens. Connues par des photographies anciennes, ces toiles, exceptée l'Odorat conservée à lAcadémie des Beaux-Arts de Vienne, sont actuellement non localisées et ont disparu de la vue du public et de celle des spécialistes depuis un demi-siècle.
Né à Bruxelles, Michael Sweerts fut un peintre à la vie romanesque, assez atypique pour cette époque. Il parcourut lItalie dans ses jeunes années (1649-1654), puis retourna dans sa région natale un court instant (c. 1655-1560). Par la suite, il sétablit brièvement à Amsterdam (1660-1661), puis passa en France, avant de sembarquer avec la Mission étrangère de Paris vers lInde. Là, il vécut au sein de la communauté de Jésuites portugais jusquà sa mort, à Goa.
D'un tempérament idéaliste, et même sil ne chercha pas à faire école de son art, Sweerts ouvrit un atelier à Bruxelles en 1655. Le peintre y accueillit des élèves à qui il enseignait selon les règles des académies italiennes dont il appréciait le mode de vie et les méthodes de travail. Il était particulièrement inflexible quant à l'apprentissage daprès lantique, létude des visages et du corps humain daprès le modèle vivant, lieu décrit dans un tableau au musée Frans Hals de Haarlem. En 1656, il publia un recueil de visages, que nous pouvons mettre en lien avec notre tableau et la série . Auteur dune délicate jeune femme à sa toilette aux traits fins, léchés, et même glacés (Rome, Académie de Saint-Luc), dun portrait idéalisé que lon compare à Vermeer (Madrid, musée Thyssen-Bornemisza) ; il sut également rendre les traits réalistes et âpres dune vieille femme tenant sa quenouille, par une touche plus épaisse, et plus grossière (Fitzwilliam Museum, Cambridge). Il poussa aussi parfois jusquà des uvres très achevées, à linstar des tronies (trognes) ou en loccurrence, de nos cinq sens. Souvent empreintes de mélancolie, les atmosphères de ses toiles sont liées inextricablement à leur sujet. Pour illustrer le toucher ici, il créa cette image singulière dun homme grimaçant, et serrant son chat contre lui. Notons que si notre tableau partage avec les autres oeuvres de la production de Sweerts, une lumière latérale mettant en valeur la plasticité des figures, le mouvement dune pose incertaine, et lévidence du sens représenté ici, le modèle du toucher se distingue toutefois de la série. Michael Sweerts livra ainsi un portrait expressif, à la moue curieuse, ne tranchant pas entre le réalisme de traits palpables et létrangeté de son expression.
Lartiste nous donne à sentir de façon tactile la douceur de la toque en fourrure couvrant la tête et les épaules du modèle, celle chaude et délicatement moelleuse du chat au pelage tricolore ; puis progressivement, nous fait soutenir la rugosité du lourd manteau en laine épaisse qui le vêt chaudement, et percevoir la palpitation dune gorge cachée par une fraise bleu-grise, nouée par un ruban.
Ni lhomme, ni son chat ne nous fixent. Lexpressivité déborde ici, lun tirant la langue, regardant vers lailleurs de son air malicieux, tandis que lautre cherche son maître du regard, la bouche entrouverte, prête à ronronner dune caresse que la main laisse en suspens. La torsion du personnage, écho à celle de son compagnon, donne une vitalité au duo.
Pour les cinq toiles, les spécialistes, dont Rolf Kultzen, ont évoqué lhypothèse dune exécution en collaboration, due aux faiblesses de certaines parties. Des élèves de Sweerts auraient ainsi pu participer, leur travail ayant ensuite été repris par endroits de la main-même du maître. Ils saccordent néanmoins à considérer la nôtre comme la meilleure de la série. La beauté du chat a également fait évoquer le nom de Jan Fyt (1611-1661) comme auteur de lanimal, puisque reconnu peintre animalier travaillant dans latelier de Rubens (1577-1640). Installé à Anvers, cela paraît très peu probable.
Notre toile échappe aux conventions du genre de lallégorie, et sort véritablement de lordinaire, car dans la représentation traditionnelle, le toucher est illustré par des figures de femmes gracieuses (par exemple, lallégorie de Rubens et Brueghel, conservée au musée du Prado à Madrid).
Notre figure à mi-corps, dans son rapport au petit animal mobile tenu contre soi, nous renvoie à la Dame à lhermine de Léonard de Vinci (Cracovie, musée national), ou plus trivialement, au jeune garçon de Caravage se faisant pincer par un lézard (Florence, fondation Longhi). Enfin, par son étrangeté, lanalyse psychologique, et la gamme en camaïeu brun, Sweerts nous semble annoncer la série des monomanes de Théodore Géricault (c. 1820).
Nous remercions le professeur Lara Yeager-Crasselt d'avoir confirmé le caractère autographe de ce tableau par examen direct le 21 mars 2019.
ARTCURIAL
le 13/11/2019 - PARIS
Cesare MAGNI ( Milan 1492 - 1534 )
Vierge à l'enfant

Cesare MAGNI ( Milan 1492 - 1534 )
Vierge à l'enfant
- Panneau, une planche, renforcé
- 74 x 56,6 cm
- Signé et daté à gauche: CAESAR M / 1523
- Restaurations anciennes
- Adjudication : Estimation : 200 000 / 300 000
ARTCURIAL
le 13/11/2019 - PARIS
Artemisia GENTILESCHI (1593 - 1652)
Lucrèce

Artemisia GENTILESCHI (1593 - 1652)
Lucrèce
- Toile
- 95,5 x 75 cm
- Restaurations anciennes
- Adjudication : Estimation : 600 000 / 800 000
Bibliographie : catalogue de l'exposition : "Cléopatre dans le miroir de l'art occidental", Genève, musée Rath, 28 mars - 1 août 2004 p.110 , Cat.20 comme Artémisia Gentileschi
provenance : Acquis à Cannes dans les années 1980 par l'actuel propriétaire, Lyon collection particulière.
Tite-Live a raconté l'histoire de Lucrèce, belle et vertueuse épouse du général et consul L Tarquinus Collentius. Soumise au chantage et violée par Sextus, le fils du roi Tarquin, elle affirma son innocence en se suicidant, ne pouvant accepter de vivre dans le déshonneur. Ce crime amena la révolte du peuple romain et eut pour conséquence la fin de la monarchie tyrannique et l'instauration de la République. Sujet politique s'il en est, le thème d'une femme outragée et luttant pour son honneur ne pouvait que résonner dans le cur d'Artemisia dont le viol par Agostino Tassi en 1611 avait donné lieu à un procès public.
Elle a d'ailleurs peint ce sujet à plusieurs reprises, à mi-corps (Milan, collection Etro, vers 1623-1625), en pieds (Naples, museo de Capodimonte, vers 1642 - 1643) Elle reçoit d'ailleurs le paiement de 600 ducats du prince Karl Eusebius de Liechenstein pour lexécution de trois tableaux dont une Lucrèce de 11 palmes de hauteur (soit 290 cm) et l'un de ses derniers tableaux est sur le thème de Tarquin et Lucrèce (Postdam, Neues Palais)
Comme plusieurs autres femmes fortes de l'Antiquité, Judith ou Cléopâtre, le thème de Lucrèce a été privilégié par de nombreux artistes de la Renaissance et de l'âge baroque.
Si Artemisia retient du caravagisme le cadrage à mi-corps et la figure nettement détachée sur un fond noir, le peintre intègre les nouveautés du baroque romain et napolitain par le mouvement et par son érotisme qui évoque les héroïne de Cagnacci,
On rapprochera notre figure de l'Esther et Assuérus (New York, Metropolitan Museum), ce qui situe notre toile dans les années 1630, au cours de son premier séjour napolitain (1630-1638). La pose "da sotto", en diagonale, avec la tête penchée évoque les niobides sculptées, un modèle très présent chez notre peintre.
HOTEL DES VENTES DE SENLIS sarl
le 27/10/2019 - PARIS
Cenni di Pepo dit CIMABUE ( Connu de 1272 à 1302 )
Le Christ moqué

Cenni di Pepo dit CIMABUE ( Connu de 1272 à 1302 )
Le Christ moqué
- Peinture à l'oeuf et fond d'or sur panneau de peuplier
- 25,8 x 20,3 cm
- Sans cadre
- PROVENANCE
Collection particulière, Compiègne - Adjudication : Estimation : 4 000 000 / 6 000 000
La vie de ce peintre florentin, premier véritable grand créateur de lart pictural toscan, prémisse de lart occidental à la fin du XIIIe siècle, nest que très peu documentée. Considéré comme le maître de Giotto à Florence et émule du jeune siennois Duccio, Cimabue fut loué au long des siècles par lhistoriographie ancienne, depuis son contemporain Dante jusquà Villani, Boccace, Ghiberti et Vasari aux XIVe, XVe et XVIe siècles. En 1272 il se trouve à Rome où il est cité comme témoin dans un acte notarié ; on sait également quen 1301 il reçoit la commande dun retable (perdu) pour léglise de lhôpital Santa Chiara de Pise et quil exécute en mosaïque la figure de saint Jean pour la coupole de la cathédrale de cette commune, avant dy mourir en 1302. Ses héritiers habitent Fiesole.
On ne lui connaît aucune oeuvre signée. Bien que le corpus de ses oeuvres et leur datation aient fait lobjet de polémiques entre les historiens, on saccorde généralement à lui reconnaître une dizaine doeuvres sûres exécutées sur bois, à fresque ou en mosaïque dont Luciano Bellosi en 1998 a dressé la chronologie dans son importante monographie quil lui a consacrée, chronologie reprise en 2011 par Dillian Gordon:
Trois Maestà de grand format ou Vierge et lEnfant en trône
- pour Pise, église San Francesco (Paris, Musée du Louvre), vers 1280
- pour Florence, église Santa Trinita (Florence, Offices)
- pour Bologne, église Santa Maria dei Servi
Les fresques du choeur, de la voûte centrale et du transept droit, vers 1277-80 pour Assise, église supérieure de la Basilique San Francesco
Deux Crucifix monumentaux
- à Arezzo, église San Domenico, vers 1260
- à Florence, église Santa Croce peint avant les fresques dAssise
- Une mosaïque à la cathédrale de Pise, Saint Jean déjà cité, en 1301-1302
Hormis le Crucifix dArezzo peint pour les dominicains, Cimabue a essentiellement collaboré avec les franciscains.
Lexceptionnelle découverte du Christ moqué permet de poursuivre la reconstitution de lunique oeuvre de dévotion de faibles dimensions que lon a pu récemment ajouter au catalogue des oeuvres dues au pinceau de Cimabue et dont deux autres scènes, la Flagellation du Christ et la Madone et lEnfant en trône entre deux anges ont rejoint, en provenance du marché de lart en 1950, la Frick Collection de New York et en 2000 la National Gallery de Londres (NG. 6583).
Cest à Dillian Gordon (2011) que lon doit létude exhaustive de ces deux premiers tableaux et la proposition de reconstitution de loeuvre à laquelle ils ont appartenu, que vient très heureusement de rejoindre ce nouveau panneau.
Avant leur entrée respective dans ces musées, ces deux tableaux étaient conservés dans des collections particulières. Pour la Madone, nous savons que son acquisition a dû être faite par les barons Gooch entre 1850 et 1933 et quelle a peut-être appartenu auparavant à la collection Francis Douce (1757-1834) par lintermédiaire de Carlo Lasinio le marchand, collectionneur et conservateur du Campo Santo de Pise. En 2000 le tableau fit lobjet dune transaction privée et entra définitivement à la National Gallery de Londres (cf. Gordon, p.38, n.38).
La Flagellation fut acquise en 1950 auprès de la Galerie Knoedler à Paris après avoir été présentée chez les marchands parisiens G.Rolla puis E.Moratilla (Cf . J.H.Stubblebine, Vol. 1 p.128)
Quant à notre panneau on ne connaît ni la date ni le lieu de son acquisition par la famille des actuels propriétaires qui le considéraient comme une icône.
Marc Labarbe Sarl
le 27/06/2019 - PARIS
Michelangelo Merisi dit Caravaggio ( Milan 1571 - Porto Ercole 1610 )
Judith et Holopherne



Michelangelo Merisi dit Caravaggio ( Milan 1571 - Porto Ercole 1610 )
Judith et Holopherne
- Toile
- 144 x 173,5 cm
- Adjudication : Estimation sur demande
Peint sur deux toiles cousues horizontalement au niveau de la main levée dHolopherne ; rentoilé en France entre 1790 et 1820, datation que lon peut assigner à lactuel châssis à clés en sapin, assurément français. Provenance :
Proposé à la vente à Naples par Louis Finson en 1607 pour le prix de 300 ducats ; figure sur le testament de Louis Finson à Amsterdam du 19 septembre 1617, où il revient à Abraham Vinck ; absent de linventaire après décès de ce dernier en 1619 à Anvers ; peut-être Anvers, collection du graveur Alexander Voet dès le 15 octobre 1678, puis mentionné dans son inventaire après décès le 18 février 1689 ; Toulouse, collection privée ; daprès la tradition familiale le tableau est à Toulouse depuis 1871, date de lachat par la famille de la maison où il se trouvait toujours.
Retrouvez toutes les informations sur le site événement: www.thelostcaravaggio.com
TAJAN
le 26/06/2019 - PARIS
Horace VERNET (Paris 1789 - 1863)
Daniel dans la fosse aux lions

Horace VERNET (Paris 1789 - 1863)
Daniel dans la fosse aux lions
- Toile
- 147 x 114,5 cm
- Signée et datée en bas à gauche : H Vernet 1857
- Adjudication : Estimation : 150 000 / 200 000
Ce chef-duvre de la peinture religieuse du XIXème siècle, disparu depuis les années qui ont suivi sa création, est dû à Horace Vernet alors au faîte de sa gloire. Héritier dune dynastie dartistes, il fit son apprentissage dans latelier de son père Carle, spécialiste de chevaux. Il se noua damitié avec un Théodore Géricault, autre élève avec qui il partageait les velléités de rébellion contre une peinture néoclassique conventionnelle. Ses succès au Salon, Mazeppa et les loups, la Barrière de Clichy, des portraits inspirés, lui permirent de compter parmi les protagonistes importants du mouvement romantique et lui ouvrirent une brillante carrière, le conduisant à décorer deux plafonds au Louvre, à diriger la Villa Médicis à Rome entre 1829 et 1834, à participer aux commandes de Louis-Philipe pour la galerie des batailles au château de Versailles. Acclamé par la critique, une salle entière lui fut attribuée lors de lExposition universelle de Paris en 1855, comme à Ingres, Delacroix ou Descamps.
Xavier de La Perraudière Eurl
le 05/12/2018 - PARIS
Jacques STELLA (Lyon, 1596 - Paris, 1657)
Judith avec la tête d'Holopherne


Jacques STELLA (Lyon, 1596 - Paris, 1657)
Judith avec la tête d'Holopherne
- Ardoise
- 26,6 x 22,5 cm
- Signé (?) au dos à l'aide d'un stylet : J. Stella fecit
- Adjudication : Estimation : 20 000 / 30 000
Ce petit tableau inédit, caractéristique de la production précieuse de Jacques Stella sur support de pierre, peut être daté de la première partie de sa carrière entre son séjour romain et le début de l'étape parisienne. C'est le seul connu actuellement qui soit signé par incision directe dans la pierre. La graphie de cette signature est conforme à celle qu'on trouve sur ses gravures ou certains dessins (par exemple l'Adoration des bergers de 1631, Louvre, département des arts graphiques, INV.32892).
Fils de peintre, Stella part en Italie à vingt ans, séjourne quatre ans à Florence (1617-1621) protégé des Médicis, puis demeure à Rome de 1622 à 1634, où il s'impose malgré une forte concurrence (Vouet, Lanfranco), travaille pour les Barberini et devient un ami proche de Nicolas Poussin. Il rentre à Lyon (1635), avant d'être appelé à Paris par la cardinal de Richelieu (1636).
Si tout au long de ce parcours, il a reçu des commandes de grands retables ou de tableaux de dévotion, comme d'autres artistes de son temps, il a été aussi spécialement reconnu comme un peintre virtuose de petits formats sur pierre ; il a d'ailleurs peint sur différents supports : ardoise (lavagna de Gènes), lapis-lazuli, marbre ...
Le thème de Judith et sa servante est extrêmement populaire au 17e siècle. Ici, l'élégance des personnages rappelle certaines compositions du siècle précédent (Veronèse, Vasari). Deux inventaires de l'époque citent ce sujet par Stella sur pierre : achat par le cardinal Scipione Borghese en juillet 1631, inventaire chez le maréchal de Crequy en 1634. On connait aussi une gravure, dans la série des camaïeux bleus (vers 1624-1625) et une petite ardoise (localisation inconnue, même datation), mais dans ces deux cas, les figures sont en pieds et pas à mi-corps.
Maître Thierry Pomez
le 29/09/2018 - PARIS
Frans II FRANCKEN ( Anvers 1581 - 1642)
La traversée de la Mer Rouge



Frans II FRANCKEN ( Anvers 1581 - 1642)
La traversée de la Mer Rouge
- Panneau présentant au dos un décord peint
- 118 x 213,5 cm
- Sans cadre
- Signé en bas à gauche: D.i ffranck.IN
- Restaurations anciennes et manques dont un plus important en bas à gauche
- Adjudication : Estimation : 120 000 / 150 000
Exceptionnel par son format et ses dimensions proches du désormais célèbre " Eternel dilleme entre le choix du entre le Vice et la Vertu" (1633, aujourd'hui au Museum of Fine Arts de Boston; panneau 142 x 210 cm), notre tableau s'inscrit dans les réalistations de grande ampleur de Francken des années 1630-35 parmi lesquelles il faut compter plusieurs allégories de dimensions analogues, par exemple l' Allégorie de l'abdication de Charles Quint (134 x 172 cm) conservée au Rijksmuseum d' Amsterdam (Cf. Härting, cat. 363).
Le rocher, imposant, se retrouve dans d'autres représentations de l' Exode par Frans Francken II, notamment quand Moïse frappe le rocher (Panneau, 39 x 51,5 cm, signé et daté 1634 et Panneau, 54,2 x 95 cm, signé, vers 1620, musée de Dresde; Cf. Härting, cat. 48 et 49) ou encore quand les Israélites se retrouvent autour du cercueil de Joseph (Panneau, 51 x 74 cm, signé, vers 1620; Cf. Härting, cat. 44).
Le moment représenté ici suit la libération du peuple d'Israël, après qu'il eût traversé la Mer Rouge. Le groupe de gauche, inspiré d' une sainte famille de Raphaël, est plein d'une sérénité qui s'oppose aux flots tumultueux de la partie droite. Moïse, entouré des anciens, étend son bâton vers les eaux qui engloutissent les chevaux de pharaon tandis qu'au centre Myriam, sa soeur, et ses suivantes dansent. Elles sont accompagnées de musiciennes qui jouent et chantent la gloire de Dieu. L'un des deux hommes au premier plan est Aaron, le frère de Moïse. Devant eux, des femmes, accompagnées d'enfants sains et saufs, regardent les bijoux qu'elles ont emportés avec elle. Les pièces d'orfèvrerie sont leurs biens les plus précieux. Frans Francken a souvent introduit de tels motifs au premier plan de ses compositions, notamment quand il peint le repas des dieux, le festin d'Esher, etc. Une trés belle nature morte de coquillages, comme on en voit dans divers Triomphes de Neptune et Amphitrite par Francken II, occupe le premier plan à droite, tandis que libellules , grenouilles et papillons viennent donner vie au bas du tableau.
Le décor du revers du panneau laisse supposer que celui-ci était offert à la vue de tous et qu'il était dans un encadrement étroit. Le musée Suermondt-Ludwig d'Aix-la-Chapelle conserve une peinture de Hieronymus Francken II avec une danse de mariage dont le revers est peint, comme ici, de motifs géométriques (panneau de peuplier, 41 x 65 cm, Cf. Th. Fusenig et U.Villwock: Hieronymus Francken Venezianischer Ball in Aachen, eine Neue Datierung ind ihre Folgen, Wallraf-Richartz-Jahrbuch, Vol. LXI, 2000, pp. 145-176, repr. 17 a,b,18) . Les deux revers imitent les ferrures d'un coffre métallique. On sait que le panneau d'Aix-la-Chapelle a été un couvercle de clavecin, instrument de dame des plus coûteux. Une scène de danse accompagnée de musiciens s'accorde parfaitement avec cette fonction. On connaît d' autres couvercles isolés, l'un au musée de Kassel, attribué à H. van Balen et J.Tilens (76 x 123 cm, Inv. GK 63 et l'autre au musée de Nüremberg (Inv. Gm 365, Cf. Thomas A.Belz: Das Instrument des Dame, Bemalte Kielklaviere aus drei Jahrhunderten, Bamberg, 1998, 357). On y retrouve au premier plan les biens précieux des femmes, la musique et la danse de Myriam. Si l'on considère que l'iconographie rappelle la fonction, on peut penser que le panneau que nous présentons a un lien avec la musique. Trop large pour être un couvercle de clavecin, il pourrait être le couvercle d'un coffre de rangement ou de transport d'un instrument. Même si Dr Ria Fabri ne connaît aucun coffre de dimensions comparables, il convient de rappeler l'activité de la lignée des Ruckers, facteurs d'instruments de recommée internationale à Anvers au temps de Francken II.
Nous remercions Dr. Ursula Härting qui a confirmé l'authenticité du tableau et le situe autour de 1620 ainsi que Dr Ria Fabri, experte en mobilier anversois. Un certificat de Mme Härting en date du 21 juin 2018 sera remis à l'acquéreur.
Bibliographie en rapport:
Ursula HÄRTING: Frans Francken der Jüngere (1581-1642), die Gemälde mit kritischem Oeuvrekatalog, Freren, 1989.
ADER NORDMANN
le 22/06/2018 - PARIS
Willem van de VELDE (1633-1707) et son atelier
Plage de Schweningen

Willem van de VELDE (1633-1707) et son atelier
Plage de Schweningen
- Panneau de chêne, renforcé
- 36,5 x 47,5 cm
Monogrammé sur la planche à droite : W V V
étiquettes au revers- Adjudication : Estimation : 15 000 / 20 000
au revers du panneau, deux étiquettes récentes : Nettoyé par Latourasse en 1965/ cadre d'époque Louis XIII acheté chez bac à la même date / R p. H. Blanchard / décembre 1959
V (barré)marque de Velde (Guillaume van den)/ peintre de marines, né à leyde en 1580 / mort à Londres en 1663
V f autre marque du même
WVV. monogramme du peintre Velde (Wihelm Van den)/ dit Guillaume Le jeune né à Amsterdam en 1633
/ mort en 1707 à Greenwich/ fils aîné du précédent - Peintre de Marines les plus renommés
au revers du panneau, une autre étiquette : Guillaume Van de Velde/ signé W. V. V. en bas à droite/ sur une épave .. sur la plage/ de Schweningen/ 1633 - 1707 / appartenait à l'ordre ..
Me Pierre Audap & Me Fabien Mirabaud
le 22/06/2018 - PARIS
Jan Jansz. Van de VELDE III (Harleem 1620 - Enkhuizen 1662)
Nature morte au pichet de grès

Jan Jansz. Van de VELDE III (Harleem 1620 - Enkhuizen 1662)
Nature morte au pichet de grès
- Panneau de chêne, une planche, non parqueté
- 36 x 28 cm
- Signé en bas au centre :
- Petits manques
Pour ce qui concerne le modèle représenté, malheureusement je ne peux pas vous être dun grand secours: je nai pas eu encore loccasion de létudier. Pendant mes études, les musiciens peints par Blanchet qui jai recueilli sont: Jean Joseph Rodolphe (1759), James Grant of Lettock (1760) et le petit Mozart (1770). Donc pour la datation je dirais surement le début des années 60. Je vous tiendrai au courant si jaurai des nouvelles
e viens de connaitre ce beau portrait, sans aucun doute, oeuvre de Louis-Gabriel Blanchet. Est-ce que vous savez si le tableau est signé et/ou daté? En général, la plupart des ses oeuvres sont signées.
Pour ce qui concerne le modèle représenté, malheureusement je ne peux pas vous être dun grand secours: je nai pas eu encore loccasion de létudier. Pendant mes études, les musiciens peints par Blanchet qui jai recueilli sont: Jean Joseph Rodolphe (1759), James Grant of Lettock (1760) et le petit Mozart (1770). Donc pour la datation je dirais surement le début des années 60. Je vous tiendrai au courant si jaurai des nouvelles
e viens de connaitre ce beau portrait, sans aucun doute, oeuvre de Louis-Gabriel Blanchet. Est-ce que vous savez si le tableau est signé et/ou daté? En général, la plupart des ses oeuvres sont signées.
Pour ce qui concerne le modèle représenté, malheureusement je ne peux pas vous être dun grand secours: je nai pas eu encore loccasion de létudier. Pendant mes études, les musiciens peints par Blanchet qui jai recueilli sont: Jean Joseph Rodolphe (1759), James Grant of Lettock (1760) et le petit Mozart (1770). Donc pour la datation je dirais surement le début des années 60. Je vous tiendrai au courant si jaurai des nouvelles
e viens de connaitre ce beau portrait, sans aucun doute, oeuvre de Louis-Gabriel Blanchet. Est-ce que vous savez si le tableau est signé et/ou daté? En général, la plupart des ses oeuvres sont signées.
Pour ce qui concerne le modèle représenté, malheureusement je ne peux pas vous être dun grand secours: je nai pas eu encore loccasion de létudier. Pendant mes études, les musiciens peints par Blanchet qui jai recueilli sont: Jean Joseph Rodolphe (1759), James Grant of Lettock (1760) et le petit Mozart (1770). Donc pour la datation je dirais surement le début des années 60. Je vous tiendrai au courant si jaurai des nouvelles
Petits manques
petits manques - Adjudication : Estimation : 150 000 / 200 000
Provanance:
Collection du Vicomte Pierre Le Boucq de Ternas (1866-1948) puis par descendance jusqu'au propriétaire actuel.
Jan Janz. van de Velde est né à Haarlem dans une famille dartistes, ville où travaillaient plusieurs peintres de natures mortes dans la veine monochrome, parmi lesquels Nicolaes Gillis (1595-1632), Floris Van Dyck (1575-1651), Pieter Claesz (1597-1661) et Willem Claesz. Heda (1594-1680). Ces deux derniers influençent la formation de notre peintre. Il sinstalle ensuite à Amsterdam où il se marie en 1642. Il sest spécialisé dans les natures mortes figurant des nécessaires à fumer posés sur un entablement et généralement accompagnés de verres, de pichets, de fruits et parfois de jeux de cartes. On en connait environ une trentaine. Les compositions réalisées vers la fin de sa vie, à partir du milieu des années 1650, se caractérisent par un format vertical et par une plus grande simplicité.
Notre tableau représente un pichet en grès de la ville allemande de Westerwald, aux armes d'Amsterdam, appelé wapenkruik (pichet armorié). A sa droite, on peut voir un petit brasier contenant un charbon chaud, un paquet de tabac, une longue pipe en terre posés sur le coin dune table en bois. La composition peut être rapprochée dune peinture conservée au Musée des Beaux-Arts de Budapest (inv. 190) ainsi que dune autre ayant figuré à la galerie Otto Naumann vers 1990, daté de 1658. Un point commun unit ces trois tableaux : le pichet, qui est identique dune composition à lautre.
Cette uvre nest pas sans rappeler des tabagies ("rookertjes" ou "toebakjes") de Jan Treck (1606-1652), Pieter van Anraedt (1635-1678) ou surtout Jan Fris (1627-1672), qui présentent des objets simples ordonnés de façon semblable. On y retrouve des pichets en grès et tous les ustensiles pour à la consommation du tabac. La simplicité et lagencement ordonné de ces compositions les inscrivent plus généralement dans le courant haarlémois des "monochrome banketjes", qui se caractérisent par des représentations de repas modestes dans des tonalités brunes ou beiges, se distinguant ainsi des natures mortes baroques plus colorées.
L'usage de tabac qui s'était répandu en l'Europe aux 16e et au 17e siècle était condamné dans les pays catholiques et mieux accepté en terres protestantes. On associait alors l'humeur sèche (le tabac) et l'humeur chaude au tempérament billieux et colérique et, un plus tôt dans le siècle, ces tableaux étaient vus comme des vanités, ici de l'odorat.
Me Pierre Audap & Me Fabien Mirabaud
le 22/06/2018 - PARIS
François BOUCHER (Paris 1703-1770)
Une Caravane

François BOUCHER (Paris 1703-1770)
Une Caravane
- Toile
- 56 x 74 cm
- Signé en bas à gauche : F. BOUCHER
- Adjudication : Estimation : 150 000 / 200 000
Provenance : probablement : M. de Billy, 15 novembre 1784, lot 50 : "Un Tableau de la première manière de ce Maître (Boucher) et très-coloré ; il reprèsente une Marche de Bergers dans un Paysage, et composé dans le style de Benedette (Castiglione). H. 21 pouces, l. 27 pouces (56.5 x 73 cm)", acheté par Joly, pour 84 livres.
vente posthume du Citoyen Vincent Donjeux, ancien marchand dans sa demeure, 96 rue de probablement Cléry (experts Le Brun & Paillet), 29 avril 1793, lot 358 : "Une caravane dans le genre de Bénédette, composé de 9 figures et de plusieurs animaux. Ce tableau de la première manière de ce maître, est aussi de la plus belle couleur". H. 20 ½ pouces, l. 27 pouces (55.5 x 73 cm) acheté soit par Cadet pour 24 livres 1 sol, ou par Cades.
Ce tableau inédit est l'un des premiers peints par François Boucher du milieu des années 1720, avant son départ en Italie au printemps 1728. On retrouve la même graphie de la signature sur certains dessins de jeunesse, mais c'est la première fois qu'on la signale sur une peinture. On perçoit la double influence de son maître François Lemoyne, par la fraicheur des coloris à la vénitienne, le dynanmisme et de la composition, et celle de Castiglione dans le sujet. Boucher qui à cette époque peint des sujets de l'Ancien Testament.
Notre toile annonce les compositions qu'il peindra à son retour de Rome, notamment le groupes de bergers autour de fontaines. Ceux-ci sont à l'origine du genre créé par Boucher vers 1730 : la pastorale.
Madame Françoise Joulie
Nous remercions Monsieur Alastair Laing d'avoir confirmé l'attribution par examen direct de l'oeuvre et des informations qu'il nous a indiquées concernant ce tableau.
ADER NORDMANN
le 22/06/2018 - PARIS
Antonio NICCOLINI (San Miniato 1772 - Naples 1850) et Letterio SUBBA (Messine 1787 - 1868)
Vue recomposée de Naples et des antiques du Real Museo Borbonico

Antonio NICCOLINI (San Miniato 1772 - Naples 1850) et Letterio SUBBA (Messine 1787 - 1868)
Vue recomposée de Naples et des antiques du Real Museo Borbonico
- Toile
- 81,5 x 120 cm
- Signée et datée en bas à droite ANT. NICCOLINI INV DIS e DIRESSE 1829 / LETT.° SUBBA DIPINSE (en italien :
- Adjudication : Estimation : 15 000 / 20 000
Cette grandiose composition est un riche témoignage de l'activité culturelle, archéologique et muséologique sous le règne de François Ier de Bourbon à Naples, capitale du royaume des Deux-Siciles.
Né en 1772 à San Miniato près de Pise, Antonio Niccolini fut lélève du décorateur napolitain Pasquale Cioffo. Sa participation à la réalisation du décor du théâtre royal de Pescia en 1795 lui permit dacquérir une certaine réputation en Toscane. Il fut ainsi nommé professeur de peinture à lAcadémie royale des beaux-arts de Florence en 1798. A son arrivée à Naples en 1807, il devint un architecte influant et participa à la rénovation de plusieurs résidences royales. Niccolini travailla ainsi à Capodimonte pour le roi et la reine des Deux-Siciles, François Ier et Isabelle. En 1813, il fut nommé architecte décorateur des théâtres royaux. La restructuration du théâtre de San Carlo en 1816 fut lun de ses plus grands succès. Il sut associer la structure préexistante aux nouvelles nécessités du théâtre moderne. Ses décors de scène sont fondés sur son observation des ruines et des antiques. Il écrivit à ce propos un traité en 1811 sur la comparaison entre le théâtre antique et celui moderne. En 1829, il étudia le temple de Sérapis à Pouzzoles et publia à ce sujet un rapport sur les inondations du sol de lédifice antique dit le temple de Giove Serapide. Il s'occupa aussi des fouilles et de la restauration des sites de Pompéi.
Le Sicilien Letterio Subba se forma à Rome dans le milieu de Canova et Thorvaldsen. En 1823, il ouvrit une école de dessin à Messine puis dirigea l'Ecole des beaux-arts protégée par le gouvernement de Naples (la Sicile et Naples étant réunies au sein d'un même Royaume depuis 1816). Il fut aussi scénographe, architecte et peintre. Il a collaboré avec Niccolini a diverses occasions, notamment pour la construction du théâtre de Messine en 1838.
La composition de notre tableau est conçue comme une scène de théâtre située dans une loggia pourvue dun décor pompéien au plafond. Sur la droite, les deux statues équestres à droite évoquent celles en bronze se trouvant au milieu de l'actuelle Piazza del Plebiscito et représentant Charles III de Naples (1716-1788) et Ferdinand Ier roi des Deux-Siciles (1751-1825). La première et le cheval de la seconde ont été exécutés par Antonio Canova (1757-1822) et la figure de Ferdinand Ier par Antonio Cali (1788-1866). Ces deux monarques sont ceux qui ont transféré la collection Farnèse de Parme et de Rome à Naples.
Au centre de la toile, des statues de Mars et Athéna sous les traits du roi François Ier de Bourbon (1777-1830), fils de Ferdinand Ier, et de la reine Marie-Isabelle (1749-1848), son épouse, ont été placées. Entre elles deux, l'allégorie de la Sculpture grave le prénom de leur fille Marie-Christine de Bourbon-Sicile (1806-1844) sur la base de son buste (un ange en marbre la couronne, peut-être une allusion à son titre de reine Consort d'Espagne qu'elle obtient, cette année-là en 1829, par son mariage avec Ferdinand VII d'Espagne). On découvre sur la terrasse à gauche une allégorie de la peinture qui exécute un portrait de la famille régnante, et une autre de l'autre côté, probablement l'Architecture qui tient un compas.
Tout un monde minéral fascinant de statues de marbre entoure ces trois figures féminines. Il s'agit des antiques célèbres conservés dans les collections royales et aujourdhui au musée archéologique de Naples : lHercule Farnèse, lAphrodite de Capoue, le Taureau Farnèse, la Minerve, le Satyre ivre, le Galate mourant, l'Artémis d'Ephèse, et devant elle le petit faon en bronze, la vasque en porphyre aux anses de serpents de plus de 3 mètres de diamètre.
Accroché sur une paroi bleue à gauche, on remarque des fragments de mosaïques dont « Chiron instruisant le jeune Achille. » et en-dessous des vases grecs et à droite des fresques de Pompéi.
A larrière-plan, on peut voir une vue recomposée et idéale des divers monuments de Campanie. On découvre dabord les bâtiments autour de lactuelle place du plébiscite : le Théâtre de Saint-Charles au centre et la Basilique de Saint-François-de-Paule à droite, construite à limitation du Panthéon dAgrippa à Rome. A gauche, on peut apercevoir le Foro Carolino sur la place Dante et le Museo Borbonico, actuel musée darchéologie de Naples, avec sa façade rouge (dans le paysage, juste au-dessus de la main de la Minerve). Au loin, figurent Portici (où sont conservés les antiques jusqu'en 1830), la résidence de Capodimonte ainsi que le Palais de Caserte, et peut-être en haut à droite l'aqueduc Carolino dans la vallée di Maddaloni.
Niccolini a catalogué et publié, vers 1824-1825, quinze tomes sur les antiques et de peintures des collections du "Real museo Borbonico". Ces livres sont présents au premier plan, sous la table en marbre à décor de griffons : on lit "Real museo" sur la couverture verte, devant les volumes rouges. Certaines gravures sont proches de conception de notre toile. On remarquera que sont surtout présents ici les marbres de la collection Farnèse (les pièces trouvées antérieurement à Pompéi ne sont transportées à Naples qu'à partir de 1830, et la célèbre mosaïque de la bataille entre Darius et Alexandre n'est découverte qu'en 1831).
N'étant pas lui-même peintre, mais plutôt scénographe, Antonio Niccolini a conçu et probablement dessiné cette mise en scène et chargé son collègue, Letterio Subba, de l'exécution picturale. L'esprit est très proche de la reconstitution de décor pompéien que mène Niccolini dans les appartements royaux au palais de Capodimonte (par exemple, l'alcôve).
Maîtres Philippe et Aymeric Rouillac
le 10/06/2018 - PARIS
Les frères Le NAIN (Antoine : Laon avant 1600 - Paris 1648 Louis : Laon avant 1600- Paris 1648 Mathieu : Laon 1607 - Paris 1677)
L'Enfant Jésus en adoration de la croix



Les frères Le NAIN (Antoine : Laon avant 1600 - Paris 1648 Louis : Laon avant 1600- Paris 1648 Mathieu : Laon 1607 - Paris 1677)
L'Enfant Jésus en adoration de la croix
- Toile
- 72 x 59 cm
- Sans cadre
- Restaurations anciennes
- Adjudication : Estimation sur demande
La réapparition de ce tableau inédit, inconnu des spécialistes est un événement dans lhistoire de la peinture française du XVIIe siècle. Le thème, rarissime dans la peinture européenne, nétait pas signalé dans luvre des Le Nain. Lenfant Jésus est agenouillé dans un paysage vespéral méditant devant les instruments de la passion.
Son visage méditatif, ses mèches blondes doucement agitées et ses yeux bleus chargés de mélancolie constituent une véritable signature des Le Nain : on les retrouve par exemple dans l'ange au centre de l'Adoration des bergers (Londres, National Gallery), dans ceux à gauche de la Naissance de la Vierge (Paris, cathédrale Notre-Dame) et le garçonnet à droite dans la Famille de Paysans de la National Gallery of Art de Washington, soit des tableaux datés par les historiens dart du début des années 1640.
Leffet de lumière du soir est très finement observé. Une trouée bleutée est prise entre deux nuages noirs, au-dessus du rose de lhorizon, et laisse place en haut à gauche, à un rayon doré dorigine divine. Les éclairages crépusculaires sont rares chez les Le Nain. On en observe dans la Mise au tombeau du Museum of fine Art de Boston et dans deux tableaux récemment réapparus, Le Martyre de saint Sébastien et la petite Déploration sur le christ mort, tous deux en collections particulières.
La tunique blanche de lenfant ressort dans la gamme colorée entre gris, brun et violet de lensemble. Cette étoffe claire, souple et animée, se laisse comparer à celle de la nourrice dans la Nativité de la Vierge, ou du garçon jouant de la flûte dans la Famille de paysans du Louvre. Les historiens à ce propos évoquent linfluence dOrazio Gentileschi, présent à Paris entre 1624 et 1626. On pourrait aussi évoquer lharmonie violette et grise de la Fuite et Egypte de Gentileschi au Louvre, dont on trouve un écho dans notre toile.
Auquel des trois frères Le Nain rendre cette toile, peinte apparemment dune seule venue et donc dune seule main ? Cette question se pose pour chaque uvre de Le Nain. Nous avons plus haut comparé notre toile à des tableaux dont lattribution à Matthieu et à Louis a été tour à tour évoquée. Ils font presque tous parti dun groupe que Jean-Pierre Cuzin et Pierre Rosenberg donnent à Matthieu Le Nain, le cadet des trois frères, avant 1648, cest-à-dire avant la mort de deux aînées. Ce sont les années de ses chefs-duvre lorsque lémulation des deux autres Le Nain lui permet datteindre le niveau des plus grands peintres.
Hotel des ventes Nantes
le 27/03/2018 - PARIS
Charles MEYNIER (Paris 1768 - 1832)
Télémaque, pressé par Mentor, quitte lîle de Calypso

Charles MEYNIER (Paris 1768 - 1832)
Télémaque, pressé par Mentor, quitte lîle de Calypso
- Sur sa toile d'origine
- 154 x 203 cm
- Signée et datée en bas à gauche : ch. meynier / an . 8
Restaurations anciennes, accidents, petites déchirures
En bas à droite, une étiquette fragmentaire
Provenance :
chateau de la Seilleraye. - Adjudication : Estimation : 150 000 / 250 000
Provenance :
Acheté au Salon de 1800 par le citoyen Joseph Fulchiron (1744-1831) pour 4000 francs. Celui-ci, un banquier d'origine lyonnaise, est un collectionneur de Meynier puisqu'il lui avait déjà acheté Androclès (perdu) au Salon de 1795 et commandé un Milon de Crotone (perdu aussi mais dont le modello est au Musée des Beaux-Arts de Montréal).
Château de la Seilleraye ;
Acquis au début des années 1930 par les ascendants de lactuel propriétaire ;
Par descendance à lactuel propriétaire.
Bibliographie :
Charles-Paul Landon, Annales du Musée et de lEcole Moderne des Beaux-Arts, Paris, vol. 1, pp. 31 32, pl. XIV, 1801, Paris ;
Antoine Schnapper, Arlette Sérullaz, sous la direction de, Jacques Louis David, 1748 1825, cat. exp., 1989, p. 527 ;
Dorothy Johnson, « Jacques-Louis David, The Farewell of Telemachus and Eucharis », Getty Museum Studies of Art, Los Angeles, 1997, pp. 47-48 ;
Philippe Bordes, Jacques-Louis David, Empire to Exile, cat. exp., 2005, pp. 247 248 gravure de Châtaigner reproduite fig. 34 ;
Isabelle Mayer-Michalon, Charles Meynier 1763-1832, Paris, Arthena, p. 39, pp. 130-131, P.38 (tableau perdu).
Les commentaires de critiques du Salon de 1800 sont retranscrits dans louvrage dIsabelle Mayer-Michalon pp. 262 et 263.
Expositions :
Paris, Salon de 1800, n° 266 (deuxième prix de première classe);
Paris, Exposition des prix décennaux au Louvre, août-novembre 1810.
uvres en rapport :
Huit études sont signalées dans la vente Bruun-Neergaard, Paris, Hôtel de Bullion, 29 août-7 septembre 1819, n° 246;
Probablement six études sont signalées dans la vente après-décès de Meynier, Paris, 26 novembre-4 décembre 1832 (Mes Petit et Pieri-Bénard), n°52;
Deux dessins préparatoires de la composition sont conservés dans deux collections particulières, lun aux Etats-Unis (op. cit. p.188 ; n° D43), lautre en France (op. cit., p.189 ; n° D44;
Gravure au trait par Normand pour Landon;
Gravure à l'eau-forte de Châtaigner, dessinée par S. Le Roy et terminée par Bovinet.
Ce tableau-clef de la carrière de Charles Meynier et de lhistoire du néoclassicisme français a reçu des éloges de la critique et du public lors de sa présentation au Salon de 1800 et en 1810. Disparu depuis deux siècles, le tableau était connu par sa composition conservée par la gravure de Châtaigner reproduite dans la monographie de 2008. Elève de François-André Vincent, il partage le Prix de Rome en 1789 avec Girodet et séjourne en Italie jusquen décembre 1793. A son retour à Paris, il multiplie les esquisses, mais la situation politique nest guère favorable à ses projets.
Cest sous le Consulat et au début de lEmpire quil donne ses meilleurs tableaux, dont la galerie des Muses pour lhôtel Boyer-Fonfrède (Cleveland, Museum of Art) ou notre Télémaque : dailleurs notre Télémaque et une des Muses, Polymnie, qui préside à lEloquence (toile, 275 x 177 cm, The Cleveland Museum of Art) sont exposés au même Salon de 1800. Nous retrouvons la même harmonie sourde de bleu gris et de jaune dor visible dans la figure de Polymnie et présente dans notre tableau vers la droite par le rapprochement entre les deux figures de Calypso et sa servante.
Sous lEmpire, il reçoit des commandes de tableaux militaires à la gloire de lEmpereur et réalisera trois plafonds pour le musée du Louvre, encore en place.
Son sujet est tiré du roman dapprentissage de Fénelon publié en 1699, les Aventures de Télémaque, réimprimé tout au long du XVIIIème siècle (76 éditions sont parues entre 1800 et 1815). La tragédie lyrique de Deray et Lesueur de 1796, avec un duo entre les deux amants, avait encore ajouté de la popularité à ce thème. Si le jeune héros est bien un des personnages principaux de lOdyssée dHomère, fils modèle de Pénélope et dUlysse, protégeant sa mère, puis son père des prétendants, la nymphe Euscharis, servante de Calypso, est inconnue de la mythologie grecque. Elle est inventée par lécrivain qui décrit entre eux une passion fugitive, contrariée et chaste, provoquant la jalousie de sa maîtresse Calypso, amoureuse elle aussi de Télémaque. Le précepteur de celui-ci, Mentor (en fait Minerve déguisé en vieux sage), les sépare.
Le récit de Fénelon nest pas celui dun héros éprouvé dans sa chair comme Ulysse face à une série de défis physiques, mais plutôt de lévolution morale d'un héros, à travers des expériences, des passions et des renoncements qui le rendent humain et qu'il doit apprendre à maîtriser s'il veut être un sage dirigeant. Comme la montré Dorothy Johnson, les rôles traditionnels sont ici inversés. Ce sont les femmes, les chasseuses et le jeune homme est leur proie. Cet épisode a inspiré les peintres tout au long des XVIIIème et XIXème siècles : Henri de Favanne, Natoire et Louis Lagrenée avant Meynier, Jacques-Louis David en 1818 (Los Angeles, Getty Museum), Lafond en 1802, Auguste Quinsac Monvoisin en 1824 (Minneapolis Institute of Art), des suites gravées de Lordon
Daté de 1800, ce Départ de Télémaque participe dun court moment de détente de lart français, après dix années de peintures de propagande exaltant les valeurs patriotiques et la Révolution, et avant quinze autres années qui vont être consacrées à glorifier lEmpire et ses victoires militaires.
Lambiance argentée générale, la façon dont la lumière tombe sur la scène (sur les épaules de la compagne à droite, par exemple), et la description précise des espèces végétales jusquaux détails de la sandale orfévrée ou de larc qui se termine en tête de cygne recourbé dans les carquois sont autant de références ou demprunts subtils et ponctuels au célèbre tableau de Girodet, Le Sommeil dEndymion (1793, réexposé au Salon de lElysée en 1797).
Mais on notera aussi le soin apporté par lartiste dans le raffinement et la qualité des détails : le ruban blanc dans les cheveux du héros, les coiffures et broderies de chaque costume, individualisées et poétiques. Le bateau est une trière avec sa proue en forme de palme : il sagit en effet de retrouver lAntiquité archaïque, pour renouveler le néoclassicisme par les sources grecques et proposer une autre voie face à lart viril dorigine romaine que David avait imposé.
Rivalisant donc ici avec Girodet mais aussi avec la Psyché et lAmour et la Flore de Gérard (1798 et 1799), ainsi quavec Ulysse enlevant Philoctète de Fabre (1800), artiste dont il fut proche, Charles Meynier saffirme comme lun des hérauts de la peinture néo-classique au tournant du siècle.
Nous remercions Madame Isabelle Mayer-Michalon d'avoir confirmé l'authenticité du tableau après examen direct de l'uvre.
Estimation : 150 000 / 250 000
ARTCURIAL
le 21/03/2018 - PARIS
Joseph VIVIEN (Lyon 1657- Bonn 1734)
Portrait de l'abbé Ambroise Lalouette (1653-1724), aumônier de Louis XIV, chanoine de l'église Sainte-Opportune

Joseph VIVIEN (Lyon 1657- Bonn 1734)
Portrait de l'abbé Ambroise Lalouette (1653-1724), aumônier de Louis XIV, chanoine de l'église Sainte-Opportune
- Pastel entoilé
- 82 x 65 cm
- Adjudication : Estimation : 80 000 / 120 000
Provenance :
- Collection Ange-Laurent de Lalive de Jully, sa vente, Paris, Remy 14.2.1770, n° 132 (244 livres);
- Mme de Pange, rue vieille du temple (?) rue Saint Louis ;
- vente Thomas de Pange, Paris, Florentin et Boileau, 5 mars 1781 et suivants, lot 65 (145 livres), acquis par Dulac ;
- Antoine Charles Dulac (1729-1811), marchand de tableau, rue des prêtres, paroisse Saint-Germain.
Bibliographie : Hébert, Dictionnaire pittoresque et historique, 1766, I, p.119.
Neil Jeffares, Dictionary of pastellits before 1800, Londres, 2006, p. 558 (comme perdu)
Version en ligne, n° J.77.248
En recoupant les descriptions des catalogues de ventes du XVIIIe siècle, on peut identifier le modèle de ce pastel comme étant labbé Lalouette. Celui de la vente Lallive de Jully en 1770 le décrit de la façon suivante : "Peint avec toute la force et le précieux que l'on puisse donner aux morceaux de ce genre. Il porte 2 pieds de haut, sur 2 pieds 6 pouces » et celui de la vente Thomas de Pange de 1781 : « Le portrait, fort comme nature, dun abbé, vu presque de face, & plus quà mi-corps
»". Ce qui implique que le pastel de la collection de la collection Hortwitz à Boston ne représente pas ce personnage mais un simple moine capucin anonyme (reproduit dans Alvin L Clark Jr, « Transition and Traditions : Eighteenth-Century Century French Art from the Horvitz Collection », p.560)
Assis devant un fond neutre, Ambroise Lalouette porte sa tenue dhomme d'église et tient un livre de la main gauche, allusion à ses activités décrivain. Formé à la Sorbonne, le modèle participe aux missions de prédication ordonnées par Louis XIV et destinées à accroître les conversions dans les provinces à la suite de la révocation de lEdit de Nantes en 1685. Lalouette voyage ainsi dans plusieurs diocèses, notamment dans celui de Grenoble. Il devient chanoine à léglise Sainte-Opportune de Paris en 1721 et est également chapelain à Notre-Dame. Il a rédigé plusieurs ouvrages, dont certains sinscrivent dans le cadre de ses missions en province (Traité de Controverse pour les Nouveaux Réunis et Histoire des traductions françaises de lEcriture Sainte ..., tous deux édités en 1692).
Dans la description que fait Hébert en 1766 du « Cabinet de Monsieur de La Live de Jully, Introducteur des Ambassadeurs, cul-de-sac de Ménars, près la rue de Richelieu », notre uvre est signalée, dans la deuxième pièce sur la cour, parmi dautres chefs-duvre aujourdhui célèbres : « Le portrait de Greuze par lui-même, le portrait de Jabak (sic), par Rigaud, le portrait, en pastel, de l'Abbé l'Alouette, Aumônier de Louis XIV, par Vivien, deux tableaux par Chardin, ...l'Education figurée par une mère qui fait réciter l'Evangile à sa fille, et l'autre l'Etude du dessin figurée par un jeune homme qui dessine d'après la bosse; Le portrait d'une Strasbourgeoise par Largillière, ...le personnage d'Hercule qui fait dévorer Diomède par ses chevaux, ...par Pierre; deux tableaux de Boucher représentant la naissance et la mort d'Adonis; ainsi que des oeuvres de Oudry, Desportes, Vouet, La Hyre, Deshayes, De Troy ... »
Nous remercions Monsieur Neil Jeffares qui a bien voulu nous confirmer le caractère autographe de ce pastel et pour l'aide qu'il nous a apportée pour la rédaction de cette notice.
ARTCURIAL
le 21/03/2018 - PARIS
Ecole FRANCAISE vers 1630
Scène de cabaret avec des mousquetaires

Ecole FRANCAISE vers 1630
Scène de cabaret avec des mousquetaires
- Toile
- 134 x 203 cm
- Restaurations anciennes
- Adjudication : Estimation : 80 000 / 100 000
Dans la Rome cosmopolite des années 1610 à 1630, les suiveurs de Caravage ont peint de nombreuses scènes de cabarets réalistes : des musiciens, des soldats et des courtisanes sont représentés à mi-corps, éclairés par un violent clair-obscur, attablés devant un repas. Les grands collectionneurs romains navaient pas de problème à accrocher ces sujets triviaux dans leur galerie côte à côte avec des tableaux à sujets allégorique ou mythologiques. Lévolution de ces scènes de genre nouvelles est jalonnée par les uvres de Manfredi, Vouet, Valentin, Régnier, qui chacun créent des variations autour de ce thème. Certains peintres nordiques ont continué à en peindre lors de leur retour dans leur pays.
Ici, lambiance est un peu différente des tableaux romains ; il ne sagit plus de pauvres en guenilles, de joueurs dargent des tripots, ni de bohémiens, mais dune compagnie de mousquetaires festoyant. Leurs habits sont neufs et raffinés. Notre tableau est marqué par linfluence de Théodor Rombouts, qui aime particulièrement placer un personnage de dos au centre de sa composition, ainsi que par une certaine gouaille flamande. D'autres éléments, comme les costumes, la nature morte ou la gamme colorée apparaissent cependant comme plus français. Même si peu de scènes de cabaret peintes à Paris nous sont parvenues, on sait qu'elles y étaient appréciées. Richelieu collectionnait les tableaux d'auberges de Valentin, et certaines gravures, évoquent ce genre.
On peut le dater les costumes et le siège à gauche de la décennies 1630. Le sujet de personnages attablés dans un cabaret renvoie à la tradition romaine des années 1610, mais certains artistes comme Nicolas Tounier en ont encore peint à leur retour en France, ce type de représentation s'apelle alors une "Gueuserie". Au-delà de la composition, dont le personnage de dos et les grands chapeaux rapellent certaines peintures nordiques, comme par exemple celles de Th Rombouts, le style pictural est très proche de Simon Vouet, probablement par un membre de son entourage ou de son atelier.
Une attribution à Jacques de Létin a été suggérée.
Benoît LEGROS
le 22/02/2018 - PARIS
Paulus MOREELSE (Utrecht 1571 - 1638)
Le Pastor Fido

Paulus MOREELSE (Utrecht 1571 - 1638)
Le Pastor Fido
- Panneau
- 73 x 58 cm
- Adjudication : Estimation : 30 000 / 40 000
Moreelse est surtout connu pout ses figures de bergères (par exemple au musée dUtrecht), liées au grand succès de romans vers 1600, notamment le Pastor Fido de Guarini, publié en 1590. Ces livres racontent des idylles entre bergers, (le héro se nomme Myrtil) et ont inspiré de nombreux peintres en Hollande tels que Bloemaert ou Jan van Bylert.
Ces figures étaient parfois en couples, en paires qui ont été séparées. ici, le berger est reconnaissable à son bâton et il tient une partition pour trouver laccord musical et amoureux avec sa bien-aimée.
Ce tableau peut-être comparé au « berger tenant des roses » de Paulus Moreelse conservé au musée de Schwerin en Allemagne.
JACK-PHILIPPE RUELLAN
le 27/01/2018 - PARIS
Raden Syarif Bastaman SALEH (Semarang, Indonésie 1811 ou 1814 - Bogor 1880)
La Chasse au taureau sauvage (banteng)

Raden Syarif Bastaman SALEH (Semarang, Indonésie 1811 ou 1814 - Bogor 1880)
La Chasse au taureau sauvage (banteng)
- Toile
- 110 x 180 cm
- Signée et datée en bas à droite : Raden Saleh 1855
Au revers du châssis, un n° 20ASW à l'encre
Restaurations anciennes et accident - Adjudication : Estimation : 150 000 / 200 000
Provenance :
Collection Jules Stanislas Sigisbert Cézard ;
Sa vente aux enchères à Batavia (aujourdhui Jakarta) le 1er mai 1859 ;
Jules Stanislas Sigisbert Cézard, né à Batavia en 1829, était le fils de riches négociants français qui, associés à J. Schounten & Co, exportaient du café et du sucre et importaient des produits européens. Il fit ses études en France de 1839 à 1852, date à laquelle il retourna à Batavia et se maria avec A. C. Vrede Bik, fille du gouverneur hollandais de lîle Célèbes. Jules Stanislas Sigisbert Cézard reprend le commerce de sucre de son père et de transport vers lEurope. Il est probablement le commanditaire de notre tableau, Raden Saleh étant lui aussi à Batavia depuis 1851. En 1859, il quitta les Indes Orientales pour rentrer en métropole. A cette occasion, il vendit tout le mobilier et les décors intérieurs de sa maison, dont le tableau de Raden Saleh, comme lannonce le journal Java-Bode du 30 avril 1859 : « een schilderstuk van Raden Saleh voorstellende eene banteng Jagt » (cet historique nous a été indiqué par le Dr Werner Kraus).
Raden Saleh est le premier artiste moderne des Indes orientales néerlandaises. Célèbre au milieu du XIXème siècle, sa renommée a grandi ces vingt dernières années au fil des redécouvertes de ses tableaux. Après la rétrospective au Lindenau-Museum dAltenburg en 2013, il fait actuellement lobjet dune exposition à Singapour (Between worlds : Raden Saleh and Juan Luna, National Gallery Singapore, 16 novembre 2017- 11 mars 2018).
Montrant des dispositions pour le dessin, le jeune prince Raden Saleh fut envoyé à Batavia par son oncle, le régent de Semarang (sur lîle de Java), pour étudier auprès du peintre belge Antoine Payen (1792-1853). Il obtint une bourse du gouvernement néerlandais en 1829, afin de compléter sa formation à Amsterdam avec le portraitiste Cornelis Kruseman (1797-1857) et le paysagiste Andreas Schelfhout (1787-1870). Il vécut en Hollande jusqu'en 1839, puis fit un voyage d'étude de six mois en Europe. Après avoir visité la France, la Suisse, l'Angleterre, l'Ecosse et l'Allemagne, lartiste s'installa à Dresde durant quatre ans. Contrairement aux discriminations quil avait subies dans la Hollande conservatrice, Raden Saleh était considéré à la cour de Saxe comme un personnage particulièrement fascinant, cultivé et exotique, et fut un proche du duc Ernest II de Saxe-Cobourg et Gotha (1818-1893). Il rencontra alors le sculpteur danois Berthel Thorvaldsen (1770-1844) et le peintre norvégien Johann Christian Dahl (1788-1857), dont l'influence est perceptible dans ses paysages.
En 1845, il partit pour Paris où il loua un atelier au 31, avenue des Veuves (connue sous le nom actuel davenue Montaigne). Il rencontra enfin Horace Vernet, quil appréciait depuis longtemps, dans son atelier à Versailles (il l'accompagna peut-être plusieurs mois en Algérie en 1849). Le comte de Pourtales lui acheta deux tableaux. Il commença à peindre une large toile, La Chasse au cerf, destinée au roi de Hollande, ainsi quune Chasse au tigre qui fut achetée en 1846 par le roi Louis-Philippe sur les conseils de sa fille Clémentine pour deux mille cinq cents francs, une somme très élevée (l'uvre a probablement disparu lors de la destruction du château de Neuilly en 1848). En 1847, la Chasse au cerf dans lîle de Java exposée au Salon (239 x 346 cm) reçut un accueil très favorable du public et de la critique (Théophile Gautier le compare aux grands peintres animaliers de l'époque). Acquis par le roi pour trois mille francs, ce tableau est actuellement conservé à la mairie de Saint-Amand-Montrond dans le Berry (dépôt du Louvre).
En 1851, après plus de vingt ans en Europe, Raden Saleh retourna en Indonésie avec son épouse, une riche néerlandaise. En tant que premier artiste formé en Europe, il reçut de nombreuses commandes de l'aristocratie javanaise et fut nommé conservateur de la collection artistique de l'administration coloniale néerlandaise. En 1869, il offrit deux tableaux à Napoléon III en guise de remerciement pour laccueil quil avait reçu en France. Ils furent accrochés au palais des Tuileries, mais leur présence à Paris ne fut que de courte durée puisque la guerre franco-prussienne éclata peu de temps après et ils furent détruits dans lincendie du palais. L'artiste retourna brièvement en Europe entre 1876 et 1878, mais constatant que le goût artistique avait changé et que son travail était moins à la mode, il rentra en Indonésie, où il mourut quatre ans plus tard. Dix-neuf de ses peintures étaient montrées dans l'Exposition Coloniale de 1883 à Amsterdam. Il est également à noter que plusieurs de ses uvres ont été perdues dans un incendie qui a détruit le pavillon néerlandais de l'Inde orientale à l'Exposition Coloniale Internationale à Paris en 1931.
Saleh a peint des portraits (plusieurs sont aux Rijksmuseum dAmsterdam), des marines, mais ce sont surtout les représentations danimaux exotiques et les chasses de grand format qui font son originalité et pour lesquelles il était apprécié. Il ne s'agit pas de reconstitution fantaisiste, mais de scènes auxquelles il a réellement participé. Il a assimilé les combats danimaux de la sculpture antique, les gravures daprès Stubbs, lénergie de la bataille dAnghiari de Léonard et les grandes chasses de Rubens, de Delacroix. Ses compositions en frise dans un vaste paysage ont été marquées par les Chasses de son ami Horace Vernet (par exemple La chasse aux sangliers dans la plaine de Sahara de 1835), quil a su réinterpréter et adapter à son héritage javanais.
Notre tableau est ainsi une découverte spectaculaire et exceptionnelle à ajouter à son corpus de Chasses. Le peintre a situé cette scène dans la steppe Alang-Alang de Java et sest représenté par son autoportrait au centre de la composition, sur le cheval brun, attaquant le taureau avec son klewang, une épée à bord unique. Parmi ses tableaux exotiques citons : La Chasse aux lions de 1841 conservée au musée des Arts Etrangers de Riga (toile, 142 x 88 cm), La Chasse aux tigres de 1846 en collection privée (183 x 291 cm), La Chasse au lion (toile, 88 x 119 cm, vente anonyme, Cologne, 17 novembre 2005 (Van Ham Kunstauktionem), n° 1714) ou encore Six javanais qui poursuivent des cerfs (1860, Washington, Smithsonian American Art Museum, toile, 106 x 188 cm). Certaines de ses uvres ont été tirées en lithographie.
Notre tableau représente une Chasse au Bateng. En effet, au cours de la poursuite dun autre gibier, un cerf ou un tigre, ce buffle sauvage est dérangé et charge le groupe. Saleh a traité ce sujet au moins à trois reprises (collection du gouvernement indonésien - 1840 ou 1841, offert par la RDA en 1965 - ; Leipzig, Museum der Bildenden Künste -1842 - ; Bali, collection du gouvernement indonésien - 1851, provenant des collections royales hollandaises, donné par la reine Juliana en 1970-).
On connaît une esquisse pour notre tableau en collection privée à Hambourg en 1989 (panneau, 38 x 58 cm, fiche RKD n°0000152709, permalink 108794).
Nous remercions Madame Marie-Odette Scalliet, M. Werner Kraus pour laide quils nous ont apportée dans la rédaction de cette notice.
FICHE EN ANGLAIS
Provenance:
Collection Jules Stanislas Sigisbert Cézard, Batavia (Jakarta nowadays);
Auction at Batavia on the 1st May 1859.
Jules Stanislas Sigisbert Cézard, born in Batavia in 1829, is the son of wealthy French traders who were associated to J. Schouten & Co. They export coffee and sugar and import European products. He makes his studies in France from 1839 to 1852, when he comes back to Batavia. He marries there A.C. Vrede Bik, the daughter of the Dutch governor of the island Celebes. Jules Stanislas Sigisbert Cézart takes over his fathers sugar trade and transport to Europe. He might have been the commissioner of our painting as the artist has been precisely also in Batavia since 1851. In 1859, he leaves the Dutch India to return to the metropolis. On this occasion, he sells all his furniture and the interiors of his house including a painting of Raden Saleh as announces the newspaper Java-Bode of the 30th April 1859: een schilderstuk van Raden Saleh voorstellende eene banteng Jagt (This historical has been pointed out by the Dr Werner Kraus).
Raden Saleh is the first modern artist in the Oriental Dutch India. Well-known in the mid-XIXth century, his fame has grown this last twenty years thanks to the rediscoveries of his paintings. After the retrospective at the Lindenau-Museum of Altenburg in 2013, he is actually the subject of a monographic exhibition at Singapour (Between worlds : Raden Saleh and Juan Luna, National Gallery Singapore, November 16th, 2017- March 11th, 2018).
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Showing a leaning for drawing, the young prince Raden Saleh was sent to Batavia by his uncle, the regent of Semarang (on the island of Java), in order to study beside the Belgian painter Antoine Payen (1792-1853). He got a grant from the Dutch government in 1829 to complete his formation at Amsterdam with the portraitist Cornelis Kruseman (1797-1857) and the landscapist Andreas Schelfout (1787-1870). He lived in Holland until 1839, then he made a study trip during six months in Europe. After having visited France, Switzerland, England, Scotland and Germany, the artist settled in Dresden for four years. Contrary to the discriminations he suffered from the conservative Holland, at the court of Saxe, Raden Saleh was considered as a particularly fascinating character, cultivated and exotic, and was a relative of the duke Ernest II of Saxe-Cobourg and Gotha (1818-1893). He met the Danish sculptor Berthel Thorvaldsen (1770-1844) and the Norvegian painter Johan Christian Dahl (1788-1857) whom influence is clear in his landscapes.
In 1845, he left for Paris where he rented a workshop at the 31st, avenue des Veuves (actually known under the name of the avenue de Montaigne). He met finally Horace Vernet, whom he appreciated for a long time, in his workshop in Versailles (he may have accompanied him for several months in Algeria in 1849). The count of Pourtales bought him two paintings. He began to paint a wide canvas, The Hunt to the stag, destined to the king of Holland, as well as a Hunt to the tiger which was bought in 1846 by the king Louis-Philippe upon the advice of his daughter Clémentine for two thousands and five hundred francs, a very high price (the work may have disappeared during the destruction of the castle of Neuilly in 1848). In 1847, the Hunting to the stag in the island of Java exhibited to the Salon (239 x 346 cm) received a very favourable welcome from the public and from the critics (Théophile Gautier compared him to the great animal painters of the time). Acquired by the king for three thousands francs, the painting is nowadays conserved at the town hall of Saint-Amand-Montrond in the Berry (store of the Louvre).
In 1851, after more than twenty years in Europe, Raden Saleh came back to Indonesia with his wealthy Dutch wife. As first artist formed in Europe, he received lots of commands from the Javanese aristocracy and was named conservator of the artistic collection of the Dutch colonial administration. In 1869, he offered two paintings at Napoléon III as thanks for the welcome he received in France. The two paintings were hung in the palace of the Tuileries but its presence in Paris was only for a short time. Indeed the war between French and Prussian troops broke out a short time after so both were destroyed in the fire of the palace. The artist came back shortly in Europe between 1876 and 1878 but he realized that artistic taste has changed so his work was less fashionable. Thus he came back to Indonesia where he died four years later. Nineteen of his paintings were shown at the Colonial Exhibition in 1883 in Indonesia. We can also notice that several of his paintings have been lost in a fire which destroyed the Netherlandish pavilion of the Oriental India at the International Colonial Exhibition at Paris in 1931.
Saleh has painted portraits (several are in the Rijksmuseum at Amsterdam), seascapes, but mostly representations of exotic animals and hunts of big format in which lies his originality and for which he was appreciated. It is not about fanciful reconstitution but about realistic scenes in which he really participated. He has learned animal fights from antique sculpture, illustrations from Stubbs, the energy from The Battle of Anghiari by Léonard and the great hunts from Rubens and Delacroix. His compositions in frieze in a vast landscape have been influenced by the Hunts from his friend Horace Vernet (for instance The Hunt to the wild boars in the plains of Sahara in 1835), which he has known to reinterpret and adapt to his own Javanese legacy.
Our painting is also a spectacular and outstanding discovery to add to his corpus of Hunts. The painter has located the scene in the Alang-Alang steppe of Java. He represents himself by his auto-portrait in the centre of the composition, on a brown horse, attacking a bull with his klewang, a sword with only one edge. Among his exotic paintings, we can mention: The Hunt to the lions of 1841 conserved at the Foreigner Arts Museum in Riga (oil, 142 x 88 cm), The Hunt to the tigers of 1846 in private collection (183 x 291 cm), The Hunt to the lion (oil, 88 x 119 cm, anonymous auction, Cologne, 17th November 2005, Van Ham Kunstauktionem, n°1714) or Six Javanese who pursue stags (1860, Washington, Smithsonian American Art Museum, oil, 106 x 188 cm). Some of his works have been printed in lithography.
Our painting represents a Hunt to the Bateng. Indeed, while pursuing another game, a stag or a tiger, this buffalo is disturbed and charges the group. Saleh has treated this subject at least three times (collection from the Indonesian government 1840 or 1841, offered by the RDA in 1965; Leipzig, Museum der Bildenden Künste 1842-; Bali, collection from Indonesian government 1851, from the royal Dutch collections, given by the queen Juliana in 1970-).
We know a sketch for our painting in private collection at Hambourg in 1989 (panel, 38 x 58 cm, fiche RKD n°0000152709, permalink 108794).
We thank Mrs. Marie-Odette Scalliet, M. Werner Kraus and Mr. Syed Muhammad Hafiz for the help they have brought us in the redaction of this note.
TAJAN
le 19/12/2017 - PARIS
Nicolas POUSSIN (Les Andelys 1594 - Rome 1665)
La Sainte Famille avec saint Jean-Baptiste

Nicolas POUSSIN (Les Andelys 1594 - Rome 1665)
La Sainte Famille avec saint Jean-Baptiste
- Toile
- 52 x 68 cm
- Cadre cadre Louis XIV
- Restaurations anciennes
- Adjudication : Estimation : 200 000 / 300 000
Provenance:
13 juin 1804 : Mentionné dans la collection de Lucien Bonaparte (1775-1840) à Rome;
Vente de la collection de Lucien Bonaparte, Prince de Canino, Londres, New Gallery, 6 février ;1815, n° 50;
Vente de la collection de Lucien Bonaparte , Londres, Stanley, 14-16 mai 1816, n° 42;
Vente de la collection de Lucien Bonaparte, Paris, 25 décembre 1823-10 janvier 1824, n°49 (3,000 Francs);
vers 1840, Guillaume Bertrand Scipion de Saint Germain;
Par descendance, collection privée à Montauban, France;
Vente à Londres, Christies, le 10 décembre 2003, n° 66;
Galerie Agnews Londres;
Vente à Londres, Christies, le 8 décembre 2015, n° 30.
Bibliographie :
D.C. Bozzani, Galleria Bonaparte, Roma, 13 Giugno, Archivio di Stato, Rome Camerale II, Antichità e Belle Arti, 7, fasc. 204, no. 13 (daprès Edelein-Adadie, op. Infra);
A.Guattani, Galleria del Senatore Luciano Bonaparte, Rome, 1808, p. 97, no. 52;
Choix de gravures à l'eau-forte, d'après les peintures originales et les marbres de la galerie de Lucien Bonaparte, London, 1812, no. 38 'La Sainte Famille, petit tableau, sur toile, par Nicolas Poussin';
W. Buchanan, Memoirs of paintings, with a chronological history of the importation of pictures by the great masters into England since the French Revolution, London, 1824, II, p. 289, no. 50;
F. Boyer, Le monde des arts en Italie et la France de la Révolution et l'Empire, Turin, 1970, p. 228, note 2;
J. Thuillier, Tout luvre peint de Nicolas Poussin, Milan-Paris, 1974, p119 et 120, R.27 (comme peut-être de Charles Errard en se basant sur la gravure);
J. Thuillier, Nicolas Poussin, Paris, 1994, R. 30, p. 270 (idem);
D. Martinez de la Pena y Gonzales, 'Sobre la collection de pinturas de Lucien Bonaparte', Miscelanea de Arte, 1982, pp. 252 (non vérifié);
M. Natoli, 'Lucien Bonaparte, le sue collezioni d'arte e le sue dimore a Roma e nel Lazio (1804-1840)', Paragone, Novembre 1990, XLI, pp. 105, 108, note 22;
B. Edelein-Abadie, La collection de tableaux de Lucien Bonaparte, prince de Canino, Paris, 1997, pp. 241-242;
R. Parment, 'Rouen pourra t-elle acquérir un nouveau Nicolas Poussin?', Normandie, 26 Novembre 2002;
C. Wright, Poussin Paintings A Catalogue Raisonné, Londres, 2007, p.268 (uvre récemment réapparue et sur laquelle il ne peut se prononcer car il ne la pas vue);
Maria-Teresa Caracciolo, Lucien Bonaparte, 1775 - 1840, Un Homme libre, notice du tableau, pp. 258 - 260, n° 114, reproduit (Nicolas Poussin).
Exposition :
Ajaccio, Palais Fesch, musée des Beaux-Arts, Lucien Bonaparte, 1775 - 1840, Un Homme libre, 24 juin - 30 septembre 2010, n°114.
Ce tableau a été mis en rapport avec une mention de la collection de Don Gaspar Méndez de Haro y Guzmán (1629-1687), 7ème marquis del Carpio et Eliche (1629-1687), vice-roi de Naples à la fin de sa vie, qui possédait une importante galerie comprenant la Madone dAlbe de Raphäel et la Vénus Robeky de Velazquez. Dans linventaire de ses biens (conservé à Madrid, Palacio de Liria, Archivio Casa de Alba), sous le n°905, une sainte famille est décrite avec un ange -notre saint Jean-Baptiste ?- de Nicolas Poussin dans la manière de Titien, avec des dimensions légèrement plus petites (44 x 55 cm). Sespeintures passent ensuite dans la famille dAlbe à Madrid.
Lucien Bonaparte, jeune frère de Napoléon, collectionnait déjà lorsquil était ministre de lintérieur et des arts en 1799-1800. Cette année-là, il est envoyé comme ambassadeur à Madrid en compagnie des peintres Jacques Sablet et Guillon-Lethière qui le conseillent. On sait quil ramène dEspagne entre 100 et 300 tableaux, certains donnés par le roi Charles IV et dautres achetés. Suite à un désaccord avec son frère, il doit sexiler à Rome en 1804, et fournir une liste des objets quil déménage depuis Paris, pour se conformer à la réglementation italienne de l'époque. Notre toile y figure. Elle a donc été achetée soit à Madrid, soit à Paris entre 1800 et 1804, et ensuite elle est régulièrement citée comme lui appartenant. Lucien obtiendra à Rome un autre Poussin, le Massacre des Innocents (Chantilly, Musée Condé) de la famille Giustiniani. Notre Sainte Famille est ensuite acquise par Scipion de Saint-Germain vers 1840. Important médecin et auteur de publications, il était conseillé par Aimé Charles His de la Salle (1795-1878). Conservé chez ses descendants jusquen 2003, le tableau nétait connu des spécialistes que par la gravure de Silvestrini de 1812 dans le catalogue de la vente de Lucien Bonaparte. Depuis sa réapparition, il est daté du début du premier séjour romain, soit vers 1626/27.
Le jeune artiste est arrivé à Rome dans l'hiver 1623-1624, après un bref séjour à Venise. Très vite, il est protégé par dimportants mécènes comme Cassiano dal Pozzo ou Francesco Barberini, pour qui il peint la Mort de Germanicus, et multiplie les bacchanales ainsi que des sujets religieux de moyen format pour les collectionneurs. Ces années sont marquées par une grande influence de Titien. La consécration arrive en 1628 avec la commande du Martyre de saint Erasme destiné à la basilique Saint-Pierre.
Notre toile peut être rapprochée du Repos pendant la Fuite en Egypte du Szépmüvészeti Museum de Budapest (57 x 74 cm) où lon retrouve un saint Jean-Baptiste proche du notre, le linge suspendu entre les arbres, et un saint Joseph séparé du groupe central, absorbé dans sa lecture. On peut aussi le comparer à un autre « Repos pendant la Fuite en Egypte avec saint Jean-Baptiste » inachevé (vente anonyme, Londres, 11 juillet 2001 (Christies), n°54) donné vers 1626 et avec des peintures mythologiques, en général datées de 1627 : Céphale et Aurore (collection privée), Mars et Vénus (Boston, Museum of Arts), Acis et Galathée (Dublin, National Gallery), avec ce motif dun drap accroché aux branches et des putti semblables.
Charles Mellin (vers 1598-1649), ami proche et rival de Poussin dans la commande de la chapelle de la Vierge à Saint-Louis-des-Français, sest inspiré de notre composition, en la renversant, pour sa Sainte famille (collection particulière, catalogue exposition Charles Mellin à Nancy, 2007, p.152).
Dans la suite de sa carrière, Nicolas Poussin peindra près dune quinzaine de fois le sujet du Repos pendant la Fuite en Egypte, et presque autant de « Sainte famille avec le Baptiste », variant le nombre de personnages, introduisant des paysages ou des bâtiments antiques, séloignant des modèles vénitiens pour sinspirer de Raphaël. Celle-ci, qui hésite encore entre ces deux iconographies, entre une frise classique majestueuse et la séduction baroque dun pinceau rapide, contient déjà les prémices de son art à venir, tout en conservant un aspect intimiste dune scène familiale remplie de tendresse.
Maître Christophe JORON DEREM
le 19/12/2017 - PARIS
Artemisia GENTILESCHI (Rome 1593 - Naples 1652)
Sainte Catherine d'Alexandrie

Artemisia GENTILESCHI (Rome 1593 - Naples 1652)
Sainte Catherine d'Alexandrie
- Toile
- 71 x 71 cm
- Restaurations anciennes, déchirures et manques
- Adjudication : Estimation : 300 000 / 400 000
Ce tableau doit être mis en rapport avec la Sainte Catherine de la Galerie des Offices à Florence (inv. 8032), datée vers 1614-16, c'est à dire de la période florentine de l'artiste lorsque l'influence de son père Orazio est encore présente. La composition d'ensemble, à mi-corps, les positions des bras et des mains, et les dimensions sont similaires (76 x 62 cm), mais on note d'importantes variantes. A Florence, la figure est coiffée d'une imposante couronne ornée de pierres de couleur, alors qu'ici elle porte un turban dont un pan de tissu retombe derrière l'épaule ; dans le premier, la palme est plus basse et coupée par le bord gauche de la toile; enfin la roue dentée est dans l'angle inférieur gauche, sous la main de la sainte et non pas derrière comme ici. Autre changement, sur la toile des Offices, le voile transparent couvre la poitrine et l'épaule gauche, tandis qu'il part de l'épaule droite et s'étend sur la manche droite ici. Notre oeuvre peut aussi être rapprochée de l'Autoportrait en martyre (collection privée, 31,5 x 24,( cm) au cadrage plus serré sur le visage.
Pour tous ces tableaux cités, les historiens de l'art ont affirmé qu'il s'agissait d'autoportraits d'Artemisia, ce qui semble aussi le cas de cette toile. La parenté avec l'Autoportrait en joueuse de luth (Hartford, Wadsworth Atheneum) est évidente. Certains savants ont remarqué qu'Artemisia pouvait s'identifier à la sainte égyptienne, caractérisée par son refus du mariage et de l'autorité et sa volonté de rester vierge. En fait, sainte Catherine d'Alexandrie est souvent représenté au début du dix-septième siècle (Caravage, Madrid, musée Thyssen, vers 1598 ; Guido Reni, Madrid, musée du Prado, vers 1606 ...). Le prénom est populaire à Florence parce qu'il est lié à la famille Médicis, pas seulement la reine de France du seizième, mais aussi Catarina de' Medicis, soeur du grand-duc Cosme II (1593-1629), présente à la Cour jusqu'en 1617, date de son mariage avec Ferdinand Gonzague, duc de Mantoue. Artemisia a peint à d'autres reprises ce sujet, puisque dans une lettre du 11 décembre 1635 à Andrea Cioli, elle déclare terminer une Sainte Catherine.
Maître Vincent de Muizon et Maître Olivier Rieunier
le 11/12/2017 - PARIS
Cornelis BAZELAERE (documenté à Anvers en 1523), dit le MAITRE AU PERROQUET
Vierge à l'enfant tenant un perroquet

Cornelis BAZELAERE (documenté à Anvers en 1523), dit le MAITRE AU PERROQUET
Vierge à l'enfant tenant un perroquet
- Panneau de chêne, une planche, non parqueté
- 40 x 32 cm
- Inscrit en bas : ... 47...16(?)...IANVARIVS* CORNELIS * BAZELAERE FECIT*
- Restaurations anciennes
- Adjudication : Estimation : 20 000 / 30 000
La réapparition d'un premier tableau signé et daté par Cornelis Bazelaere constitue un apport inédit à l'histoire de la peinture flamande du XVIe siècle. Une centaine d'ateliers étaient installés à Anvers entre 1500 et 1550. A une époque où signer les oeuvres restait exceptionnel, leurs peintures ont été regroupées par les historiens d'art dans des corpus anonymes portant chacun le nom d'une oeuvre éponyme. Il est aujourd'hui très difficile de rattacher ces ensembles avec les noms des artistes répertoriés dans les documents d'archives. Le style de cette Madone peut être rapproché de celui dun peintre flamand jusqu'ici non identifié, le Maître au perroquet. Ce nom de convention a été donné par Max. J. Friedländer à un artiste actif à Anvers durant la première moitié du XVIe siècle, proche de Pieter Coecke van Aelst et du maître dit des « demi-figures » à cause de la présence fréquente de cet oiseau dans ses tableaux (ici sur la main gauche de la Vierge). Il est vraisemblable quune partie importante des tableaux classés sous le nom du « maître au perroquet » reviennent en fait à Cornelis Bazelaere.
Celui-ci est mentionné comme maître dans les registres de la Guilde d'Anvers en 1523 comme maître. Cette corporation, fondée en 1382, a convervé ses registres de comptes et d'inscription des maîtres et élèves depuis 1453 à sa dissolution en 1720. Ces archives ont été publiées en néerlandais et en français par Ph. Rombouts et Th. De Lerius, sous le titre de "De Liggeren en andere historische archieven der Antwerpsche Sint Lucasgilde - Les Liggeren et autres archives historiques de la Guilde anversoise de Saint Luc", de 1872 à 1876 (désormais consultables en ligne). Notre peintre y est cité à l'année 1523, dans le volume 2, page 103, comme "scildere" - c'est à dire maître peintre - et non comme apprenti (schilder en néerlandais signifie peintre).
Stylistiquement notre panneau est marqué par l'influence de Joos Van Cleve, l'un des principaux artistes d'Anvers travaillant entre 1510 et 1540, dont on retrouve ici le visage rond de la Madone. A côté de grands retables, Van Cleve a peint aussi de nombreuses petites Vierges à l'enfant où il introduit les gestes et la monumentalité de la Renaissance italienne ainsi que le modelé doux qui tire son origine du "sfumato" de Léonard de Vinci. Cette influence se perçoit dans notre panneau. Par exemple, la position du bras droit de la Vierge est une lointaine dérivation de la Sainte Anne (musée du Louvre) de Léonard, et le drapé rouge aux plis marqués tire son ampleur du maître florentin. A l'inverse, les détails très naturalistes, comme les poires au premier plan, qui comptent parmi les premiers exemples de ce qui deviendra ensuite les "natures mortes", se rattachent à la tradition flamande réaliste du XVe siècle. On les trouve déjà chez Van Cleve. La composition peut être comparée à la Vierge à lenfant dans un tableau du Maître au perroquet, conservé à la Galleria del Collegio Alberoni à Plaisance, avec un baldaquin et un paysage au second plan. Une autre Vierge, très proche, était à la galerie P. De Boer en Amsterdam en 1963 (36,5 x 28 cm). On peut envisager que, ici, le fond noir soit un repeint et cache aussi une vue d'extérieur ou un dais, dont on perçoit la trace en lumière rasante. Nous pouvons aussi penser que certains panneaux comme celui-ci ont été rognés à la partie inférieure, pour enlever la signature et les vendre comme des tableaux de Van Cleve, père ou fils : d'autres versions de cette composition sont passées en vente sous le nom de Cornelis van Cleve, le fils de Joos, né en 1520.
Selon l'inscription sur le parapet, la date est celle du 16 janvier 1547 (ou éventuellement 42), ce qui nous a incité à rendre le tableau et le groupe du maître au perroquet à Cornelis Bazelaere cité en 1523 avec cette orthographe précise, plutôt qu'à son fils Cornelis le jeune, lui aussi mentionné dans les 'liggeren" de la guilde de Saint-Luc, écrit "Baseler" en 1553. Notre peintre appartenait à une dynastie d'artistes, comme c'est souvent le cas à cette époque, car plusieurs autres artistes portent le nom Bazelaere, à la sonorité assez française (au seizième siècle, la région des Hauts-de-France appartient encore à la Flandre). D'autres artistes, tous aussi mal connus que lui à présent, partagent ce patronyme : Adrien Bazelere, inscrit dans le Liggeren d'Anvers (op. cit. p. 101), Jean Bazelaire mentionné comme peintre d'ornement et topographe à Arras en 1529 et un Jehan Bazelaert, signalé comme maître-d'oeuvre de l'église de Barbonne (Marne) en 1526 (Thieme-Becker, Lexicon, édition consultée 1911, vol. III, p. 105).
Signalons enfin que le perroquet est un des symboles de lImmaculée Conception. Suivant les écrits médiévaux son plumage est toujours propre, les gouttes deau roulent dessus sans le mouiller, comme la Vierge nest jamais souillée par les péchés. On entendait aussi dans son cri le mot « Ave » prononcé par lange Gabriel à Marie lors de lAnnonciation : Ave Maria.
Loiseau est présent dans les peintures de Van Eyck (Vierge au chanoine van der Paele, Bruges), Memling, de Cranach
Antiquitaten Metz
le 09/12/2017 - PARIS
Elisabeth Louise VIGEE-LE BRUN (Paris 1755 - 1842)
Portrait de la Mária Franzcisca Palffy (1773-1821)



Elisabeth Louise VIGEE-LE BRUN (Paris 1755 - 1842)
Portrait de la Mária Franzcisca Palffy (1773-1821)
- Toile
- 96 x 74 cm
- Signé et daté en bas à gauche : Vigee [Le B]run / pinxit 1793
- Adjudication : Estimation : 150 000 / 200 000 €
provenance : collection du modèle, plus tard comtesse Hunyady von Kéthely à Vienne et château Kéthely (Somogy, Hongrie),
son fils le comte Joseph János Nepomuk Antal Zsigmond Hunyady von Kéthely
son fils le comte Imre Hunyady (1827-1902) Vienne et château Kéthely
son fils le comte Josef Lazlo Emmanuel Mária Hunyady (1873-1942), Vienne et château Kéthely et Ürmény
son fils le comte Imre Josef Antal Jenö Mária Hunyady von Kéthely (1900-1956), Vienne et château Kéthely, puis Los Angeles lorsque la famille émigre en 1945, fuyant l'invasion soviètique de la Hongrie (entreposé chez Knoedler à New York dans les années 1950)
Collection particulière
bibliographie : Elisabeth Vigée-Lebrun, Souvenirs, Paris, édition 1937, vol II, p. 371.
Ce portrait de Mária Franzcisca Palffy est cité par Madame Vigée-Lebrun dans son livre de souvenirs (publiés en 1835 et 1837), inclus la liste des uvres exécutées à Vienne.
Portraitiste attitrée de la reine Marie-Antoinette, Vigée-Lebrun comprend dès les premiers mois de la Révolution quelle ne peut pas rester en France. En octobre 1789, elle quitte Paris avec sa fille pour un exil quelle envisage temporaire. Elle visite lItalie et passe trois ans à Rome et à Naples. En 1793, elle est invitée à Vienne. La capitale des Hasbourg est alors une ville prospère où lon donne des bals et concerts tous les soirs. Elle y reste trente mois, logeant dans un premier temps dans une maison des faubourgs de Vienne en compagnie du comte et la comtesse Bystry, puis dans une résidence en location où elle peut exposer ses toiles. Laristocratie locale lui commande de nombreux portraits (près de 54), parmi lesquels ceux de Karoline von Liechtenstein, de Maria Teresa von Paar
Notre tableau est situé en plein air, comme la plupart des portraits féminins quelle a peints depuis son départ de Paris, alors que ceux antérieurs à 1789 sont dans un intérieur ou sur fond uni). Elisabeth Vigée-Lebrun sinspire en cela des portraits anglais et dAngelika Kauffmann, ce qui donne de la fraîcheur et du naturel à l'ensemble. Agée de vingt et un ans, la comtesse Maria Franziska Palffyest vêtue à lAntique en nymphe des bois, avec des feuilles vertes piquées dans sa coiffure châtain foncée, tenue par un ruban rouge. Les manches de la chemise en mousseline sont attachées aux épaules par une agrafe dorée. Au-dessus, elle porte un manteau rouge écarlate.
Mária Franzciska était le deuxième enfant des quatre queurent le comte János VIII Pálffy ab Erdödi (1728-1791) et la comtesse Maria Gabriela Coloredo-Mannfeld (1741-1801). Deux ans après lexécution de notre tableau, elle épousa le comte János Nepomuk Hunyandy von Kéthely (1773-1821). Elle appartenait à une famille de mélomanes, comme le montre la partition de Mozart quelle tient dans ses mains.
Son père était issu dune grande famille aristocratique hongroise élevée à la dignité de Comte du Saint-Empire, et sa mère aurait eu pour oncle Hieronymus von Colloredo-Mannsfeld (1732-1818), Prince archevêque de Salzbourg, qui avait employé Michael Haydn, Léopold Mozart et Wolfgang Amadeus Mozart en tant que maître de concert pour la cathédrale de cette ville. La famille disposait du Palais Palffy à Vienne, où Mozart alors âgé de six ans avait donné un concert le 16 octobre 1762. Le palais appartenait alors au chancelier hongrois, le Comte Nikolaus Palffy, qui eû notamment un petit-fils contemporain de Mária qui sera ingénieur des mines et directeur du théâtre de Vienne en 1807. Il est connu pour être le protecteur de Beethoven perpétuant ainsi la tradition de mécénat et protectorat de la famille envers la musique.
Ce tableau possède une attestation dauthenticité de Mr Joseph Baillo en date du 10 octobre 2017, et sera inclus dans le catalogue raisonné des peintures dElisabeth Vigée Le Brun en préparation.
ARTCURIAL
le 14/11/2017 - PARIS
Frans SNYDERS (Anvers, 1579 - 1657)
Le poissonnier et son étal




Frans SNYDERS (Anvers, 1579 - 1657)
Le poissonnier et son étal
- Toile
- 202 x 334 cm
- Adjudication : Estimation : 350 000 / 450 000
Provenance :
Très probablement collection de la marquise de Pompadour; sa vente, Paris, rue du Faubourg Saint-Honoré (Expert: Rémy), 28 avril 1766, lot 2 "Un tableau original, peint sur toile, de 6 pieds 4 pouces de haut sur 10 pieds 4 pouces de large. Ce tableau peut être considéré comme une des plus riche compositions de François Snyders, qui a , comme tous les amateurs le savent, excellé dans le genre des animaux, des poissons, légumes, etc. Il représente des poissons de mer de différentes espèces posés sur une table, par terre, dans un grand bassin de cuivre et dans un panier, et accrochés à la muraille. Au coin du tableau, à droite en le regardant de face, un homme de grandeur naturelle, vu à mi-corps, tient un chaudron dans lequel sont encore des poissons qu'il jette dans un baquet. On croit cette figure d'homme peinte par Pierre-Paul Rubens.(pendant du lot 3);
Très probalement Vente Rémy, Paris, rue Poupée, 30 juin 1772, lot 546, avec son pendant;
Probablement Vente anonyme, Londres, Covent Garden (Langford), 27 avril 1775, lot 58, avec son pendant.
Vente, Christies, Londres , 10 juillet 1925, lot 126, acquis par Rothschild (160 Gns)
Vente Goetvinck, Bruxelles, galerie Fievez, 17-18 décembre 1926, lot 61, repr. (Frans Snyders et Jan van Bockhorst)
Sothebys, Monaco, 20 juin 1987, lot 355, repr. (Frans Snyders, 1.110.000 FF)
Galerie Jean Gismondi, Paris, en 1989 (Frans Snyders)
Bibliographie:
Hella ROBELS: Frans Snyders, Stilleben- und Tiermaler (1579-1657),Münich, 1989, cat. 30b p. 195 (comme une uvre datelier)
Bibliographie en rapport :
Susan KOSLOW : Frans Snyders, peintre animalier et de natures mortes (1579-1657), Anvers, 1995 pp. 135 et suivantes
Oeuvres en rapport:
- Frans SNYDERS : Létal du poissonnier (toile, 210 x 341 cm, signé F.Snyders fecit, situé autour de 1620, ancienne collection Crozat) conservé au musée de lErmitage à Saint-Petersbourg
- Atelier de Frans Snyders, Létal du poissonnier (toile, 202 x 337 cm), Anvers, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten, inv. 719.
En 1925, 1926 et encore en 1987, lEtal du poissonnier était présenté avec Létal du marchand de gibier (toile, 205 x 341 cm, signé en bas à droite : Snyders, vers 1630, repr. ci-contre). Ce tableau est entré en 2014 dans les collections du Los Angeles County Museum of Art après avoir été authentifié par Hella Robels comme une uvre de Frans Snyders et Cornelis de Vos pour le personnage, bien quelle lait publié en 1989, sans avoir pu le voir, comme une uvre de latelier de Snyders (Cf. ROBELS, Cat. n°50a). En 1995, Susan Koslow le publie aussi comme une uvre de Frans Snyders (Cf. KOSLOW, ill. 438, p. 333).
Au XVII° siècle, le marché aux poissons dAnvers était un point dapprovisionnement pour les provinces méridionales. Un marché couvert de 75 étals appartenant aux archiducs proposait des poissons deau de mer tandis quà lextérieur se négociaient les poissons deau douce. La richesse des étals est une source dinspiration pour Frans Snyders qui traite plusieurs fois le sujet. Si les poissons sont dun grand réalisme, les étals eux-mêmes présentent des espèces qui ne devaient pas être vendues au même endroit.
Frans SNYDERS : Létal du poissonnier
(toile, 210 x 341 cm, signé, Saint-Petersbourg, Musée de lErmitage)
Frans SNYDERS : Létal du poissonnier
(toile, 253 x 375 cm, Vienne, Kunsthistorisches Museum)
HOTEL DES VENTES DE COUTANCES
le 25/02/2017 - PARIS
Jacob van HULSDONCK (Anvers 1582- 1647)
Oranges, citrons et grenades dans une coupe Wan-Li sur un entablement de pierre


Jacob van HULSDONCK (Anvers 1582- 1647)
Oranges, citrons et grenades dans une coupe Wan-Li sur un entablement de pierre
- Panneau de chêne, une planche, non parqueté
- 27 x 34 cm
- Adjudication : Estimation : 80 000 / 120 000
On connait plusieurs natures mortes de cet artiste, plus grandes, mêlant agrumes et grenades ouvertes dans un bol / plat Wan-Li de la dynastie Ming, au J. Paul Getty Museum à Los Angeles (42 x 49,5 cm, signée, acquise en 1986), sur le marché d'art (galerie Heim à Paris en 1975, galerie Segoura à Paris en 1985, galerie Johny van Haeften à Londres en 2005, 41,5 x 56 cm, non signée), à la Galerie Eric Turquin à Paris en 1989 (48,5 x 72 cm, non signée), ou encore dans la vente à Paris, hôtel Drouot, Ader tajan, le 26 avril 1993, lot 32 (46,5 x 61 cm, signée). La nôtre montre les mêmes éléments, un peu moins nombreux, et disposés différement : grains de grenade sur l'entablement, une mouche sur l'un des fruits, des rameaux de feuilles et de fleurs à l'arrière, des citrons ouverts à moitié et en quart.
Le même plat chinois bleu-et-blanc , légèrement tourné différemment, mais avec exactement les mêmes motifs se retrouve dans d'autres natures mortes de Hulsdonck.
La symbolique des natures mortes de la première moitié du XVIIe siècle a été très étudiée. On se contentera de rappeler qu'il s'agit de vanité.
Nous remercions Monsieur Fred Meijer pour avoir bien voulu nous confirmer l'attribution d'après photographie
Maître Gérald Richard
le 15/10/2016 - PARIS
Jan MASSYS ( Anvers 1509 - 1575)
Saint Jérôme dans son atelier

Jan MASSYS ( Anvers 1509 - 1575)
Saint Jérôme dans son atelier
- Panneau de chene, trois planches, non parqueté
- 72 x 99,5 cm
- Signé en bas à gauche : IOANES MASSIIS PINGEBAT et daté 1571
restaurations anciennes - Au dos une inscription à l'encre brune
- Adjudication : Estimation : 80 / 120 000
Jan fut formé par son père Quentin Metsys, peintre qui introduisit la Renaissance à Anvers. Banni de cette ville comme protestant en 1544, il alla en Italie ce qui lui permit de connaître les artistes maniéristes de son temps. Signalé à Gènes en 1550, il revint dans sa ville natale en 1558.
On connait de Jan Massys dautres représentations différentes avec saint Jérôme en lettré, dans sa bibliothèque, regardant vers la gauche, datées antérieurement (Vienne, Kunsthistorisches Museum -1537- ; Madrid, musée du Prado - ca. 1540 -, Rouen, musée des beaux-arts ; localisation inconnue, 1539). Cette composition avec le père de l'église tourné vers la droite est inédite. On admirera dans notre panneau la finesse des détails de la nature morte, notamment les livres et leurs fermoirs métalliques ou le crâne, ainsi que le paysage urbain par la fenêtre, à gauche, avec deux dromadaires qui rappellent que le saint avait vécu longtemps en Terre Sainte.
La signature en lettres bâton est conforme aux habitudes du peintre. D'autes tableaux sont signés de la même façon (le Louvre écrit à propos du sien : "signature crédible " dans son catalogue de 2009). Il signe souvent son prénom avec deux N, mais parfois aussi avec un seul (comme la Sainte Famille du musée d'Anvers, la célèbre Flore du Nationalmuseum de Stockholm de 1561, ou encore dans le "Couple mal assorti" du même musée, de 1566). Dans ce cas, on a un trait horizontal au-dessus.
Me Le Floc'h
le 02/10/2016 - PARIS
Le Maître de FRANCFORT (né vers 1460 - actif à Anvers entre 1596 et 1520)
La Crucifixion

Le Maître de FRANCFORT (né vers 1460 - actif à Anvers entre 1596 et 1520)
La Crucifixion
- Panneau de chêne, parqueté
- 83 x 71,5 cm
- Adjudication : Estimation : 150 / 200 000
A lexception de maîtres clairement identifiés comme Quentin Metsys ou Jan de Beer, lessentiel de la production picturale anversoise du premier tiers du XVIe siècle est non signée et répartie entre différents groupes qui portent des noms de conventions. Celui du « maître de Francfort » a été proposé en 1929 par Walter Friedländer pour désigner un artiste anonyme, actif à Anvers vers 1500, juste avant la génération de peintres qui va introduire les premiers éléments de la Renaissance italienne. Lhistorien dart regroupa une soixantaine duvres autour de deux triptyques conservés à Francfort (retable de Sainte-Anne peint pour léglise de Dominicains, musée historique de Francfort ; retable de la Crucifixion, peint pour Claus Humbracht, Francfort, Städel Museum).
Son style est celui dun peintre ancré dans la tradition de Robert Campin et de Rogier van der Weyden, parfois légèrement influencé par Hugo van der Goes, connaissant les gravures de Schongauer et insensible aux peintres de Bruges comme Memling et Gérard David. Il nétait pas dorigine allemande comme on la crû parfois, simplement certains de ses commanditaires y résidaient ce qui explique que plusieurs de ses tableaux y soient encore conservés. En revanche, il nest pas impossible quil sy soit rendu. Son Autoportrait avec sa femme (Anvers, musée royal des beaux-arts) fait mention de son âge, 36 ans, et la date 1496, ce qui permet de situer sa date de naissance vers 1460. Son identité a été fort débattue : on a proposé les noms de Jan de Vos (mentionné à Francfort en 1512), de Hendrick van Wueluwe (on pourrait lire un monogramme « W » sur lun des tableaux de ce groupe ; voir le catalogue de lexposition Extravagants ! A Forgotten chapter of Antwerp painting 1500-1530, p.222).
Depuis les recherches de Friedländer, le nombre de peintures quon a attribuées à ce maître a plus que doublé pour se situer autour de 130 à 150 tableaux, mais certaines compositions possédant des répliques inégales ou datelier, font monter le total à 250 uvres. Le nom de « maître de Francfort » était alors donné à des tableaux anversois possédant des caractéristiques stylistiques communes, certains étant considérés comme des chefs-duvre de cette école, par exemple la Fête des archers (Musée royal des beaux-arts dAnvers). La monographie de Stephen H. Goddard, publiée en 1984, a tenté de départager ce corpus en trois groupes principaux : le maître et deux élèves très proches, lun deux étant appelé le « Maître de San Diego », par référence au triptyque avec le mariage de sainte Catherine conservé au San Diego Museum of art. Actuellement, on considère que le « maître de Francfort », regroupe plusieurs ateliers différents. Nous remercions Monsieur Peter van den Brink qui nous a indiqué que ce panneau présentait des affinités avec le Maître dit de San Diego, mais quil est de meilleure qualité que ce groupe et que la douceur de certaines figures était plus proche de la peinture des Pays-Bas septentrionaux.
Parmi les uvres anversoises du début du 16 e siècle encore en mains privées, ce panneau est lun des plus beaux, des plus équilibrés qui nous soient parvenus. Il doit le Christ décharné sur une croix en Tau, encore gothique, et la position de la Vierge soutenue par saint Jean aux compositions créées par Rogier van der Weyden (notamment le triptyque du Kunsthistorisches Museum à Vienne), les lointains bleutés, la présence végétale importante avec une façon particulière de détailler les feuilles des arbres et de couvrir le sol de plantes comme une tapis dherbes, sans une roche ou de la terre visible, se retrouvent dans les autres uvres du maître de Francfort, tout comme le magnifique brocard de Joseph dArimathie au pied de la croix.
On le rapprochera justement de la crucifixion au centre du triptyque éponyme de Francfort, plus grand (118 cm de hauteur). La composition est différente mais les principaux protagonistes sont placés dans le même ordre, à lexception de Marie-Madeleine. Sur notre panneau, on admirera la qualité et la richesse des détails, toujours fascinantes chez les maîtres flamands : la description des costumes, les cavaliers en armure et leur serviteur au second plan, les bijoux portés par deux hommes à droite, ou encore le centurion qui tient le drapeau qui semble être un portrait.
EVE Me Alain LEROY
le 08/06/2016 - PARIS
Jean Baptiste PERRONNEAU (Paris ca. 1715 - Amsterdam 1783)
Portrait de Aignant Thomas Desfriches

Jean Baptiste PERRONNEAU (Paris ca. 1715 - Amsterdam 1783)
Portrait de Aignant Thomas Desfriches
- Pastel
- 60 x 50 cm
- Signé et daté 1751
Au revers, trois étiquettes: - Adjudication : Estimation : 120 / 150 000 €
Historique: Orléans, collection d'Aignan Thomas Desfriches; sa veuve; sa fille, Perpétue Félicité Desfriches, épouse de Jean Cadet de Limay (1745-1834); sa petite-fille, Marie-Clotilde Cadet de Limay, épouse d'Alexis Ratouis; ses fils, Henri Ratouis de Limay (1863-1951) et Paul Ratouis de Limay (1881-1963). Expositions : Paris, Salon de 1751, n°83, Exposition des Beaux-Arts d’Orléans, Orléans, 17 au 26 mai 1884, n°498 ; Cent pastels du XVIIe siècle..., Paris, galerie Georges Petit, 18 mai-10 juin 1908, n°91 Exposition de pastels français du XVII et du XVIIIe siècles… , Paris, Hôtel Jean Charpentier, 23 mai-26 juin 1927, n°100 (catalogue par Emile Dacier et Paul Ratouis de Limay, Paris-Bruxelles, 1927,n°80) A-T Desfriches (1715-1800), Orléans 1965-66, n°239, ill. Bibliographie : Dumesnil, 1858, III, p. 64, n°2, non ill.; Ratouis De Limay, 1907, p. I-III, 33, ill. frontispice; Roger-Milès, 1908b, p.78, pl.78; Vaillat et Ratouis de Limay, [1909], pl.53, n°39, p.92; id., 1923, p.42-43, 215, pl.13; Ratouis de Limay, 1946, pl. XVIII/26; Cuénin, 1997, p.53; Klinka-Ballesteros, 2005, p.24, ill.; Jeffares, 2006, p. 401, col. B, photo 2; [en ligne 25 septembre 2014], part. II, ill. Dominique d'Arnoult, Jean-Baptiste Perronneau, ca. 1715-1783. Un portraitiste dans l'Europe des Lumières, Paris, 2014 (avec bibliographie antérieure), p. 239-240, n°97Pa, reproduit en couleur p. 96 Même s’il a parfois peint sur toile, Jean-Baptiste Perronneau est avant tout un très grand pastelliste, rival de Maurice Quentin de La Tour dans les expositions des Salons de l’Académie royale entre 1750 et 1780. Ses œuvres sont emblématiques de l’Europe des Lumières, du mode de vie et de l’esprit du 18e siècle français. Si le premier est connu pour ses portraits de la cour et de l’aristocratie, Perronneau représente la classe en plein essor de la bourgeoisie active des villes, éclairée, à l’origine des bouleversements industriels, commerciaux et intellectuels qui mèneront à la Révolution. Ne souhaitant pas être attaché et dépendant d’un prince, il est un artiste itinérant et travaille pour une clientèle privée à Paris dans un premier temps. Très vite il est réclamé en province et à l’étranger, en Hollande, en Allemagne et en Pologne. Il passe à plusieurs reprises à Orléans, car il est ami avec Aignan Thomas Desfriches (1715-1800), un négociant né la même année que lui, enrichi par le commerce de gros, de sucre notamment et un amateur qui entretient une correspondance avec de nombreux artistes, Charles Nicolas Cochin, Charles Antoine Jombert, Charles Michel-Ange Challe, Jacques Augustin de Silvestre, Joseph Vernet, Claude Henri Watelet et Johan George Wille. Il cherche à les attirer à Orléans et leur commande des tableaux. Il est un véritable "trait d'union entre la province et Paris" et le généreux "hébergeur de l'Ecole française" suivant les mots de Chennevières et Ratouis de Limay en 1907. Desfriches a reçu des leçons de Nicolas Bertin et de Natoire (où il a pour condisciple Perroneau) ; il est aussi un dessinateur de paysages et parfois portraitiste de ses proches. Il est à l’origine de l’Ecole gratuite de dessins (1786) et du Museum d’Orléans (1797). Il a invité notre peintre à plusieurs reprises, lui ouvrant le cercle de ses relations. Après un premier voyage à Orléans en 1744, Perronneau y séjourne en 1751, puis en 1765-66 et y retourne dix ans plus tard en 1772. Il a peint presque tous les membres de la famille Desfriches. Ces pastels ont été conservés par ses descendants, les Ratouis de Limay qui ont contribué à leur étude en publiant un livre. Au début du XXe siècle, l’historien d’art et collectionneur Philippe de Chennevières a raconté sa découverte de ces œuvres dans l'appartement parisien de la famille. La monographie que Madame Dominique d’Arnoult a consacrée à Perroneau en 2015 a permis de connaitre son œuvre de façon complète. A propos de ce pastel, elle écrit : « Perronneau exécute un portrait éclatant en rendant, par un métier dense et par la vigueur de la touche, l’expression directe et retenue du modèle. Il le représente en dessinateur et vêtu de la robe de chambre qui caractérise l'amateur, ici de soie peinte agrémentée de l'un des foulards de Madras que son modèle importait et que l'on trouve également sur les portraits de ses amis. Il est figuré muni du carton à dessin du dessinateur et du collectionneur ». Parmi les autres portraits connus de Desfriches, citons la gravure de Jean Daullé d'après Charles Nicolas Cochin et ceux par Donat Nonnotte (musée des Beaux-Arts d'Orléans, 1739), en buste par Pigalle (idem, vers 1760) et une cire par Jean Antoine Houdon vendue à l’hôtel Drouot en 2005.
Hôtel des Ventes de Montecarlo
le 30/04/2016 - PARIS
Gaspard DUGHET (Rome 1615 -1675)
Paysages animés










Gaspard DUGHET (Rome 1615 -1675)
Paysages animés
- Ensemble de seize toiles
- Provenance : collection particulière, Londres
- Estimation de l'ensemble
- Adjudication : Estimation : 150 000 / 200 000
Avec Nicolas Poussin et Claude Lorrain, Gaspard Dughet est lun des principaux acteurs de la peinture de paysage du XVIIème siècle. Elève de Poussin jusquen 1635, après que ce dernier a épousé sa sur Anne-Marie en 1630, Dughet a dès ses débuts une très forte attirance pour le paysage. De longues excursions dans la campagne romaine développent en lui le goût et lamour de la nature. Cependant, Dughet saffranchit vite de linfluence et de lintellectualisme de Poussin pour se concentrer sur des paysages plus proches de la réalité, où la chaude lumière romaine révèle quelque berger au détour dun sentier, ruisseaux, arbres et montagnes étant le sujet principal de ses toiles. Il reçoit sa première commande dimportance en 1635, pour le piano nobile du Palazzo Muti-Bussi à Rome, où il réalise un ensemble de quatorze paysages à fresque. Parmi ses commanditaires, on retrouve les Pamphilij pour leurs palais du Corso et de la place Navone ainsi que du Valmontone, les princes Colonna et Borghèse. Déjà très recherchée par ses contemporains, son uvre connaîtra une grande vogue au siècle suivant, connue en Angleterre par le biais du Grand Tour, influençant fortement des artistes tels que Richard Wilson et John Constable.
Gaspard Dughet démontre ici tout son talent de décorateur, dans seize toiles qui forment un ensemble exceptionnel. En effet, les quelques cycles décoratifs conservés aujourdhui sont le plus souvent des fresques, encore en place, comme celles du Palais Colonna ou du Palais Pamphilij. Nos toiles peintes a tempera, dune grande fraîcheur, illustrent parfaitement lart de Dughet. Son goût de la nature est ici palpable, rien ne trouble la quiétude de ces paysages, où un vent léger balance la ramure des arbres. Les quelques figures qui les animent, comme autant de taches de lumière colorées, invitent le regard à suivre sentiers et cours deau qui serpentent jusquaux montagnes. On ressent ici toute la mystérieuse poésie qui imprègne luvre de Dughet et qui fit son succès.
L'HUILLIER
le 04/04/2016 - PARIS
Hyacinthe RIGAUD (Perpignan 1659 - Paris 1743)
Portrait de Henri-Oswald de La Tour d'Auvergne









Hyacinthe RIGAUD (Perpignan 1659 - Paris 1743)
Portrait de Henri-Oswald de La Tour d'Auvergne
- Toile, visage inclus dans la toile
- 146 x 112 cm
- Signé et daté en bas à gauche: fait par hyacinthe / rigaud chevalier de / l'ordre de st michel / 1735
Petits manques et restaurations anciennes
Au revers, sur le châssis, un numéro au crayon: n°498 - Adjudication : Estimation : 120 / 150 000
Provenance: Henri-Oswald de la Tour d’Auvergne, 1747 ; Julie de La Tour d’Auvergne, duchesse de Bouillon et Montbazon, 1750 ; Charles Godefroy de La Tour d’Auvergne, 5ème duc de Bouillon, 1771 ; Godefroy Charles Henri de La Tour d’Auvergne, 6ème duc de Bouillon, 1792 ; Jacques Léopold de La Tour d’Auvergne, 7ème duc de Bouillon, 1802 ; Collection particulière ; Par descendance. Bibliographie: Mercure de France, octobre 1749, p. 161 [Le Sieur Drevet, Graveur du Roi, vient de finir le portrait du Cardinal d’Auvergne, gravé d’après le célèbre Rigaud] ; François Basan, Dictionnaire des graveurs anciens et modernes depuis l’origine de la gravure, avec une notice des principales estampes qu’ils ont gravées…, Paris, de Lormel, Saillant, Vve Durand,1767, I, p.176 [Le Cardinal d’Auvergne, assis. m. p. en hauteur, d’après Rigaud] ; Joseph Roman, Le livre de Raison du peintre Hyacinthe Rigaud, Paris, 1919, p. 208 [localisation inconnue] ; Stéphan Perreau, Hyacinthe Rigaud, 1659-1743. Le peintre des rois, Les Presses du Languedoc, Montpellier, 2004, p.113 et 155 ; Gilberte Levallois-Clavel, Pierre Drevet (1663 – 1738), graveur du roi, et ses élèves, Pierre-Imbert Drevet (1697-1739), Claude Drevet (1697 – 1781), thèse de doctorat (2005), I, p. 145 ; Stéphan Perreau, Belle moisson d’écoles de Rigaud en ce printemps 2012 [en ligne], 29 avril 2012, www.hyacinthe-rigaud.over-blog.com Stéphan Perreau, Hyacinthe Rigaud (1659 – 1743). Catalogue concis de l’œuvre, Nouvelles Presses du Languedoc, Sète, 2013, pp.284-285, P.1368, repr. et pl. XXX. Détenu en mains privées depuis sa création, le portrait d’Henri-Oswald de La Tour d’Auvergne (1671-1747), archevêque de Vienne puis cardinal d’Auvergne, est peint par Hyacinthe Rigaud entre 1732 et 1735. Inédit sous ce titre jusqu’en 2013 , il témoigne de l’art d’un artiste parvenu au faîte de sa gloire, très tôt considéré par ses contemporains comme « le premier peintre de l’Europe pour la ressemblance des hommes et pour une peinture forte et durable ». Parti de sa Catalogne natale pour quelques années formatrices à Montpellier dans l’atelier de Paul Pezet et probablement d’Antoine Ranc, Rigaud gagne rapidement Lyon, plaque tournante du commerce dans le royaume. Il y noue des liens durables avec les graveurs locaux, les Drevet, et s’y constitue une clientèle aisée de marchands, de banquiers et de drapiers, qu’il retrouve à son arrivée à Paris en 1681. Entré à l’Académie royale après avoir remporté le premier prix de Rome en 1682, il gravit tous les échelons de l’auguste institution jusqu’à en devenir, au crépuscule de sa vie, le directeur respecté et admiré. Depuis qu’il a eu l’honneur de peindre « les trois plus grands Rois du Monde [Louis XIV, son frère et Madame, Louis XV, Philippe V d’Espagne] ainsi que tous les princes du sang jusqu’à la quatrième génération en ligne directe», le portraitiste n’a jamais laissé d’être sollicité par toutes les familles nobles du royaume, la majeure partie des financiers et, surtout, par les «grands princes de l’Eglise». Dans un catalogue constitué de plus de 1400 numéros, émergent en effet quelques opéra au décorum d’une prodigieuse richesse, tranchant avec la simplicité des bustes majoritairement produits. A l’instar d’un Bossuet, d’un Noailles, d’un Colbert ou d’un Bouillon, qui ne regardent pas à la dépense, la grande majorité des évêques et archevêques français passent par l’atelier de Rigaud. À l’heure où il s’agit pour Monseigneur de La Tour d’Auvergne de briller, lui aussi, il n’exige rien de moins qu’une œuvre peinte sur une toile de 4 francs (soit environ un mètre quarante par un mètre dix). En cette année 1732 où le Catalan fait inscrire en tête d’une nouvelle page de ses livres de comptes le paiement des 3000 livres ordinairement réclamés pour un tel format , le prélat multiplie les titres nouvellement acquis : Grand Prévôt de Strasbourg, archevêque de Vienne, grand aumônier du roi et commandeur des ordres. Pour cette commande, Rigaud ne reçoit pas son modèle dans son riche appartement de la rue Louis-le-Grand. En effet, et bien qu’il n’y soit pas naturellement enclin, il lui faut parfois céder à l’insuffisante disponibilité de certains clients de haut rang et accepter les quelques séances de pose qu’on peut lui concéder. Il se contente alors de fixer les traits de son modèle sur une petite toile aisément transportable, laquelle est destinée à être « incorporée » (cousue ou marouflée) dans une composition finale de plus grande envergure qui doit être achevée au retour du peintre, dans le calme de son atelier. C’est le cas du portrait de l’archevêque d’Auvergne. Rigaud n’en est pas à son coup d’essai, ayant déjà utilisé cette technique lorsqu’en 1696 il s’est rendu à l’abbaye de La Trappe près d’Alençon pour « capturer » de mémoire la tête du fameux abbé homonyme. Il l’a ensuite adaptée à Paris, « sur une toile en grand » en y joignant « le corps, le bureau et tout le reste ». En 1701, il a renouvelé l’opération à Germiny, en peignant la tête de l’évêque Bossuet destinée à son grand portrait en pied « en habit d’hiver » (Paris, musée du Louvre) . En mars de la même année, à Versailles, il a également procédé de la même manière pour les premières esquisses du visage du roi en vue d’un grand portrait en costume royal, devenu célèbre (Paris, musée du Louvre): « Jeudi 10, à Versailles, La goutte du roi continue, il se fait peindre l’après-dîner par Rigaud pour envoyer son portrait au roi d’Espagne à qui il l’a promis ». Le marouflage de la tête sur l’œuvre finale se voit d’ailleurs encore très nettement, en lumière rasante, tout comme dans le spectaculaire portrait du cardinal de Bouillon, peint entre 1708 et 1741, et conservé au musée Rigaud de Perpignan. L’artiste choisit donc de représenter l’archevêque d’Auvergne à mi-corps, tourné vers la droite de la composition et assis dans un somptueux fauteuil de style rocaille se détachant d’un fond neutre en clair-obscur. Il lui fait tenir dans la main droite une barrette de velours à pompon avec, à l’annulaire, la bague faite « d’une pierre verte façon d’émeraude montée sur son chaton et anneau d’or » que l’on retrouvera dans un petit baguier de chagrin lors de son inventaire après décès. De l’autre main, l’archevêque est invité à froisser délicatement le pallium que lui a confié le pape, ornement bien reconnaissable avec ses quatre précieuses agrafes en or et rubis, ses bouts plats de plomb recouverts de soie noire et ses cinq croix pattées. Ostensiblement disposée, à droite de la composition, sur une riche table au pied mouvementé orné d’une feuille d’acanthe, l’élégante pièce de tissu semble autant une évocation du pouvoir conféré par le Vatican au modèle qu’un prétexte à Rigaud pour montrer ses talents à peindre les matières « d’après le vrai ». Trois livres de maroquin (symbolisant la réputation de bibliophile acquise par l’archevêque), ainsi qu’une mitre d’étoffe d’argent glacée à galon et une crosse (attributs de ses charges sacerdotales), parachèvent la mise en scène. Derrière, à gauche, on aperçoit le fût d’une colonne cannelée, habillé d’un ample drapé volant fait d’un velours lie-de-vin galonné d’or. Plutôt que de revêtir une simple soutane d’archevêque à camail, Henri-Oswald a choisi de porter l’habit caractéristique des Chanoines et grands Prévôts de la cathédrale de Strasbourg, habit à brandebourgs qu’il avait d’ailleurs contribué à introduire dans le Chapitre au début du XVIIIème siècle : «Les grands Chanoines de Strasbourg portaient pour habit de chœur, sous un surplis à la Romaine à très-hautes dentelles, une longue simarre de velours rouge à manches pendantes et queue trainante, doublé d’un taffetas de même couleur, avec des Brandebourgs tressés d’or et de soye, & une aumusse d’hermine entremêlée de petit gris doublée en rouge, qu’ils mettent sur les épaules en forme de camail». L’archevêque n’oublie pas de demander la représentation, à son cou, du cordon bleu et de sa croix de commandeur de l’ordre du Saint Esprit obtenu en 1733, en cours d’élaboration du portrait qui n’est achevé qu’en 1735, comme l’atteste la signature discrète de l’artiste, dans l’ombre du fauteuil, en bas à gauche. Comme à son accoutumée, Rigaud a pris un soin tout particulier au rendu des détails, profitant d’un repli sur le devant de l’aumusse pour faire apparaître la doublure de taffetas rouge. La qualité de l’ample surplis de grande dentelle au point de Paris est également prétexte à la plus grande des virtuosités, illustrant combien le maître a su varier les étoffes de cent manières différentes pour les faire paraître d’une seule pièce par l’ingénieuse liaison des plis. Le portrait d’Henri-Oswald de La Tour d’Auvergne semble ainsi, encore aujourd’hui, rendre parlantes les louanges que l’on portait à l’art de son auteur, affirmant que « s’il peignait du velours, du satin, du taffetas, des fourrures, des dentelles, on y portoit la main pour se détromper ; les perruques, les cheveux, si difficiles à peindre, n’étaient qu’un jeu pour lui ». Si l’attitude ne déroge pas à une certaine tradition consistant à mettre en scène un prince de l’Eglise dans un intérieur de palais, c’est que cette effigie doit rivaliser avec celles des cardinaux de Rohan (1710), de Bissy, de Polignac (1715), Dubois (1723) et de Fleury (1727) ou avec celles des archevêques de Narbonne (1715), de Cambrai (1723) et de Paris (1731). Toutefois, elle est suffisamment nouvelle pour satisfaire l’orgueil du futur cardinal, empruntant à ses prédécesseurs ici un drapé, là une pièce de mobilier. Reprise l’année suivante (avec de menues variantes), pour le portrait d’un beau-frère de notre modèle, Armand-Jules de Rohan (1695-1762), archevêque de Reims (ci-dessous) , elle vient s’inscrire dans la lignée des portraits de la famille et offre un véritable instantané des charges obtenues par Henri-Oswald de la Tour d’Auvergne. Au commencement de l’année 1739, l’œuvre de Rigaud est gravée en contrepartie à la demande du médecin personnel du cardinal, Jean-François Vallant, également connu comme médecin de la faculté de Montpellier et des écuries du roi. Claude Drevet (1697-1781), l’un des transcripteurs attitrés du peintre, est tout naturellement choisi pour réaliser la planche car il bénéficie du soutien du modèle alors qu’il souhaite conserver un logement au Louvre. Mort cardinal, celui qui n’est à ses débuts qu’« abbé d’Auvergne » est un personnage haut en couleurs. Infatigable voyageur, partagé entre son hôtel parisien du faubourg Saint-Germain, ses obligations à la cour et en province (Cluny, Vienne, Strasbourg) ou à l’étranger (Rome), il est né le 5 novembre 1671 près d’Anvers. Quatrième enfant vivant du lieutenant général Frédéric-Maurice de la Tour d’Auvergne (1642-1707), comte d’Auvergne et d’Oliergues, marquis de Lanquais, et de sa première épouse, la princesse Henriette-Françoise von Hohenzollern-Hechingen (1642-1698), marquise de Bergen-op-Zoom, il hérite d’une histoire familiale parfois mouvementée et contestée. Si son père s’est principalement illustré dans les armes, ses aïeux furent à l’origine de bien des titres dont le jeune abbé va pouvoir se targuer. Décidés à faire reconnaître une « princerie » qui apparaît comme défaillante tant chez eux que chez les La Tour auxquels ils se sont alliés, les premiers Bouillon se sont en effet arrogé la principauté de Sedan. Louis XIV, qui craint la souveraineté de la place, a convaincu le grand-père d’Henri-Oswald, le frondeur Frédéric-Maurice (1605-1652) et son frère, le fameux Turenne (1611-1675), d’échanger Sedan contre les duchés-pairies d’Albret et de Château-Thierry, additionnés des comtés d’Auvergne et d’Évreux. Par brevet royal, en avril 1649, l’ensemble des membres des deux familles vont pouvoir « jouir du rang et préséances appartenants à leur maison et [être] traitées comme les autres princes issus de maisons souveraines habituées en ce Royaume ». Ce fait est décisif dans la carrière d’Henri-Oswald puisqu’il lui permet de paraître à la cour sur un pied d’égalité avec les plus anciennes familles de France et, surtout, de se prétendre plus légitime que ses confrères moins bien nés. Cependant, son ascension ne serait sans doute pas si fulgurante sans la présence à ses côtés de son oncle, le fameux cardinal de Bouillon (1643-1715). Ce grand prélat, véritable «Lucifer français» qui «vivait dans la plus brillante et la plus magnifique splendeur» selon Saint-Simon, est mis au banc du royaume après avoir essuyé de nombreux différents avec Louis XIV. Deux fois exilé mais resté jusqu’à sa mort dans l’ombre de son neveu, il se place auprès du pape en ayant l’honneur d’ouvrir la Porte Sainte à Rome lors du Jubilé de 1700. Auréolé de cette gloire, il entreprend de se faire peindre par Rigaud en 1707, dans toute la pompe de ses charges. Le tableau restera longtemps la propriété du peintre à la suite du décès du modèle. Un simple acompte de 1000 livres sur les 8000 prévues est versé en 1708 et son auteur a toutes les peines du monde à en obtenir le solde. Au prix d’un rabais de 1000 livres, l’abbé d’Auvergne règle finalement l’affaire en accordant à l’artiste une rente de 300 livres sur un principal réduit de 6000 livres, récupère le tableau et le conserve jusqu’à sa mort. Henri-Oswald obtient dès 1684, et grâce à son oncle, un canonicat en l’église de Liège, dépendante du duché de Bouillon et est, à la même époque, le premier Français à accéder au chapitre de la cathédrale de Strasbourg. Cette place, chère à son cœur, ne pourrait être acquise sans l’héritage de ses aïeux car l’on y exige d’importants quartiers de noblesse : «Le chapitre de la cathédrale de Strasbourg est un des plus nobles qu’il y ait dans l’Eglise. Pour y être reçu chanoine, il faut faire preuve de huit quartiers de haute noblesse du côté paternel, & d’autant du côté maternel. La qualification de haute-noblesse exclut les simples gentilshommes, & elle exige une extraction de princes et comte de l’empire pour les Allemands, & de princes, ducs & pairs, ou maréchaux de France pour les François ». Seuls quatre Français répondront alors aux critères demandés : notre modèle, son jeune frère Frédéric Constantin (1682-1732), dit le « prince Frédéric », l’abbé d’Antin (1692-1733) et le futur cardinal de Rohan (1674-1749). En place, « l’abbé d’Auvergne » débute également sa longue quête de bénéfices en obtenant, le 23 août 1692, la commande de l’abbaye de Redon, dans le diocèse de Vannes, poste qu’il garde jusqu’en 1740. Deux ans plus tard, le 27 décembre 1694, il est fait abbé commendataire de l’abbaye normande de Conches-en-Ouche, dans le diocèse d’Evreux. Docteur en théologie de l’Université de la Sorbonne le 11 mai 1695, il devient vicaire général de l’archevêque de Vienne, Armand de Montmorin (1643-1713). Le 22 avril 1697, il se voit confier, grâce à son oncle parti pour Rome, l’administration de l’abbaye de Cluny qui valait alors près de 40 000 livres de rente. L’installation à Cluny, agréée par le pape, sera déterminante dans la carrière du jeune abbé. C’est d’ailleurs de cette époque que date son premier portrait connu, dessiné et gravé en 1699 par Jean-François Cars (1661-1738) : un simple buste où l’on voit le jeune Clunisien revêtu d’un vêtement de chanoine quelque peu austère. Prieur de Saint-Pierre d’Abbeville (février 1706), chanoine du Chapitre de Saint-Lambert de Liège, visiteur général des carmélites, d’Auvergne est entre temps devenu par sa coadjutorerie de Cluny, abbé de Tournus et de Saint-Martin de Pontoise. C’est aussi à cette époque qu’il reçoit du souverain pontife la Grande Prévôté de Strasbourg. Selon Goulley de Boisrobert, on sait que les Grands Prévôts étaient « obligés par an à une résidence de trois mois pour percevoir leurs revenus qui se montent à près de vingt mille livres ». Le choix fait par Henri-Oswald de se faire représenter en 1732 dans cette vêture (alors qu’il était déjà archevêque) est donc doublement intéressant, montrant l’importance qu’avait Strasbourg dans le message qu’il souhaite véhiculer par son effigie officielle. Abbé titulaire de l’ordre de Cluny, le 5 mars 1716, notre modèle prend la suite de son frère, à la commande de l’abbaye de Notre-Dame du Valasse, en Normandie et, en novembre 1719, il est nommé par le roi à l’archevêché de Tours à la place d’Henri de La Croix de Castries, lequel venait d’être transféré à Albi. Cette décision soulève une vague d’indignation, largement relayée par Saint Simon et l’abbé Dorsanne. Tous reprochent à d’Auvergne d’avoir précédemment intrigué pour récupérer Cambrai, pourtant promis à Charles de Saint Albin (1698-1764), « bâtard fort bien fait » du Régent, et surtout de ne pas faire mystère de ses mœurs libertines qui défraient alors la chronique. Henri-Oswald ne s’installe pas en Touraine et doit attendre le 8 janvier 1721 pour être nommé à l’archevêché de Vienne. Préconisé et proposé à Rome le 10 septembre suivant, il reçoit le pallium des mains du pape le 16 avril 1722. Son sacre est célébré le 10 mai dans la chapelle de la congrégation du Noviciat des Jésuites de Paris, par le cardinal de Rouen, évêque de Strasbourg, assisté des évêques de Nantes et de Coutances. L’année suivante, en 1723, on le retrouve aux côté d’autres modèles de Rigaud, en tant que député de sa province à l’assemblée du clergé (il en sera l’un des présidents en 1734). Partagé entre Paris et la province, il reste actif à Strasbourg, souhaitant dès 1730 que l’on puisse allonger le chœur de la cathédrale. En mai 1738, il sollicitera d’ailleurs l’architecte Robert de Cotte pour étudier un projet de transformation des jardins du grand doyenné de sa ville. Abbé commendataire de l’abbaye royale de Saint-Martin d’Ainay de Lyon, le prélat cumule désormais d’importants revenus qui lui permettent d’acheter au cardinal de Fleury, pour la somme de 300 000 livres, sa charge de premier aumônier du roi. Muni de lettres de provisions signées par le roi en décembre 1732, il peut désormais bénéficier d’un tabouret aux audiences de la reine et obtient, le 2 février 1733, le titre de commandeur de l’ordre du Saint-Esprit La dernière étape de sa carrière est celle du cardinalat, franchie le 20 décembre 1737 grâce à la protection du pape Clément XII, qui le nomme prêtre cardinal du Consistoire avec le titre de Saint-Calixte. Cet événement considérable est commémoré par une estampe réalisée par le romain Jérôme Ressi, et figurant le cardinal en buste dans un ovale surmonté de ses armes et de celles de son bienfaiteur. Le tout nouveau cardinal reçoit son chapeau des mains de l’abbé Delci, camérier du pape, lors d’une pompeuse cérémonie qui se déroule dans la grande chapelle de Versailles et en présence du roi. Participant au conclave de 1740, il est toutefois contraint de se démettre de son aumônerie royale en 1742 puis de son évêché en mars 1745 du fait de son mauvais état de santé. Le roi lui offre en compensation la commanderie de l’abbaye d’Anchin « qui lui vaudra 30 000 livres de rente, toutes charges déduites ». Peu de temps avant de mourir, Henri-Oswald fait frapper quelques jetons à son effigie. Le cardinal accumule une fortune estimée dans sa succession à 700 000 livres. Comme pour mieux afficher son opulence, il acquiert à Paris, dans le faubourg Saint-Germain alors en pleine expansion, un hôtel nouvellement bâti par l’architecte Jean Cailleteau dit « Lassurance » (1690-1755). Rue de l’Université, non loin des hôtels d’Estrées, de Conti et de Maisons, il dispose ainsi, contre le prix de 133 840 livres, d’un bâtiment moderne de deux étages entre cour et jardin, avec toutes les commodités destinées à la représentation. En 1738, il le fait profondément transformer par le décorateur Giovanni Niccolò Servandoni (1695-1766), qui y inclut un escalier demeuré célèbre. Les grands appartements d’apparat de l’hôtel d’Auvergne contiennent un grand nombre de meubles de prix, d’importantes tables à plateau de marbre d’Italie et olivâtre ainsi que plusieurs suites de grandes tapisseries des Gobelins. Dans la salle de compagnie trône le buste en marbre blanc du cardinal, « sur son piedestal de marqueterie d’écaille en cuivre », œuvre réalisée à Rome en 1742 par Michel Ange Slodtz (1705-1764) et dont le peintre Jean-François de Troy (1679-1752), alors directeur de l’académie de France à Rome, vante la beauté dans lettre adressée au cardinal le 8 août de la même année : « le buste de son Eminence est fini entièrement et parfaitement beau ; il ne tardera pas à l’envoyer et on pourra juger par ce morceau de ce qu’est capable de faire l’auteur ». Le cardinal commande également à Slodtz dès 1740 un magnifique mausolée, aujourd’hui dans la cathédrale Saint-Maurice de Vienne. D’Auvergne est avant tout un bibliophile : fin lettré, s’entourant de beaux esprits, il est un ardent collectionneur de livres qu’il rassemble patiemment en une impressionnante bibliothèque composée de 9064 volumes. La souche en est constituée dès 1610 par Henry de la Tour d'Auvergne (1555-1623), prince de Bouillon et « augmentée de celle du Cardinal de Bouillon à qui elle passa en 1670 devenue ensuite plus considérable entre les mains de Monseigneur le Cardinal d’Auvergne ». Si le Portrait d’Henri-Oswald de La Tour d’Auvergne par Rigaud n’est pas décrit dans l’inventaire après décès du principal intéressé, réalisé entre le 2 mai et le 31 octobre 1747, c’est qu’il a déjà été légué par testament à sa petite cousine « à la mode de Bretagne », Louise Julie de La Tour d’Auvergne (1679-1750), épouse du duc de Rohan Montbazon : « Je prie Madame la duchesse de Montbazon ma cousine germaine, d’accepter l’original de mon portrait fait par Rigaut, lequel je la prie de garder par durant sa vie et le laisser ensuitte si elle le juge à propos à Monseigneur le Duc de Bouillon ou a son fils ayné » . Malheureusement, la duchesse meurt trois ans après son oncle, et le portrait passe donc à son neveu, Charles Godefroy, 5ème duc de Bouillon (1706-1771). Malgré la volonté du duc de mettre à l’encan la plupart de ses biens pour éponger ses dettes, les portraits de famille ne sont pas dispersés et restent quai Malaquais. Comme le prouve la description faite du contenu d’une chambre à coucher à balustrade étant en suite du grand salon ayant vue sur le jardin, à l’occasion de l’inventaire après décès du duc : « À l’égard de deux grands tableaux peints sur toile, l’un représentant feu mgr le Duc de Boüillon père du deffunt et l’autre le cardinal Dauvergne (…) il n’en a été fait aucune prisée comme portraits de famille c’est pourquoy ils seront icy tirés pour mémoire ». Oncle et neveu, nos deux cardinaux se retrouvent donc sur les cimaises de l’hôtel de Bouillon et y restent au moins jusqu’au début du XIXe siècle. Les différentes éditions de la Nouvelle description des curiosités de Paris de Jacques Antoine Dulaure décrivent en effet le portrait du cardinal de Bouillon comme l’un des principaux attraits de l’hôtel. Quant au portrait du cardinal d’Auvergne, il échappe à la description, car sans doute relégué dans le garde-meuble, évoqué par Luc Vincent Thierry : « Cet Hôtel magnifique contenoit autre fois quantité de Tableaux précieux, qui y existent bien encore, mais dans un garde-meuble où ils dépérissent, M. le Duc de Bouillon occupant rarement son Hôtel, réside presqu’habituellement au Château de Navarre ». On le retrouve dans l’inventaire après décès du 6ème duc, Godefroy Charles Henri (1728-1792), réalisé le 11 février 1793 à Paris, dans une pièce ayant vue sur la grande cour : « Le bisaïeul de M. de Bouillon régnant, D’Auvergne, Le cardinal d’Auvergne, Mme de Montbazon Bouillon ». La suite est plus complexe à établir. Les biens des Bouillon étant mis sous séquestre par la loi révolutionnaire du 30 septembre 1793, le dernier duc Jacques-Léopold (1642-1802) se retire à Navarre et lègue tous ses biens à son ancien régisseur, le futur ministre Antoine Roy (1764-1847), en échange du solde de ses dettes. Si le buste en marbre de Slodtz connaît un destin particulier, la plupart des œuvres d’art furent vendues de manière opportuniste, au gré des occasions, et réapparaissent dans différentes ventes publiques entre 1801 et 1814. Ainsi, le grand portrait du cardinal de Bouillon par Rigaud figure au catalogue de la seconde vente, en 1814, du marchand mercier Jean-Baptiste Pierre Lebrun (1748-1813). Il n’est donc pas incongru de penser que l’effigie du cardinal d’Auvergne ait pu connaître un sort assez similaire, probablement acquise de manière plus anonyme par les ascendants des actuels collectionneurs. Nous remercions monsieur Stéphan Perreau pour son aide à la rédaction de cette notice.
Hôtel des Ventes de Dijon Sarl
le 30/03/2016 - PARIS
Abel GRIMMER (Anvers ca. 1570 - avant 1619)
Cinq mois : février, mars, avril, octobre et décembre





Abel GRIMMER (Anvers ca. 1570 - avant 1619)
Cinq mois : février, mars, avril, octobre et décembre
- Suite de cinq tondi
- D : 25 cm
- Soulèvements et manques
Février: signé et daté en bas ABEL GRIMMER 1609. Au revers, inscription ancienne à la peinture blanche: Abel Grimmer. 1609 et cachet de cire
Mars: Au revers, inscription ancienne à l'encre Mars reprise à la peinture blanche: MARS / Abel Grimmer. 1609 et cachet de cire
Avril: au revers: inscription ancienne à l'encre: Avril reprise à la peinture blanche: AVRIL / Abel Grimmer. 1609 et cachet de cire
Octobre: au revers, inscription ancienne à l'encre: Octobre reprise à la peinture blanche: - Adjudication : Estimation : 400 / 600 000
Provenance : Collection de la famille Drouhot à Villersexel en Franche Comté, très probablement depuis le début du XVIIe siècle ; par héritage familial, collection Claude Drouhot (1907-2006) ; conservée par Madame Claude Drouhot dans la maison familiale jusqu'en 1946 ; puis conservée dans la demeure de fonction de son époux le baron Gilbert de Dietrich (Président Directeur Général de la société de Dietrich en Alsace près de Niederbronn-les-Bains, de 1946 à 1969 ; puis conservée dans la propriété bourguignonne de Madame Claude Drouhot jusqu'en 2006 ; restée depuis chez ses descendants.
Sujets réprésentés, tirés des Evangiles:
Février : en bas, référence aux versets Marc 1 (l'appel des premiers disciples)
Mars : en bas, référence aux versets Matthieu 21 (plantation de la vigne de la parabole des vignerons meurtriers)
Avril : en bas, référence aux verset Luc VIII (parabole du semeur)
Octobre: en bas, référence aux versets Matthieu 21 (fin de la parabole des vignerons meurtriers);
Décembre : en bas : référence aux versets Luc 2 (recensement de Marie et Joseph à Bethléem)
Ces cinq panneaux inédits complètent de façon heureuse la série de douze mois de l'année peinte par Abel Grimmer en 1609, dont on connaissait déjà six panneaux vendus chez Sotheby's (Paris vente du 17 juin 2015, pour 819 000 ) de même provenance que les nôtres, encadrés de façon similaire et dans le même état de conservation exceptionnel. Ceux-ci représentaient les mois de janvier, mai, juin, juillet, août et septembre. Seul le mois de novembre reste à retrouver.
A la suite de son père Jacob, Abel Grimmer a réalisé plusieurs séries sur les douze mois de l'année. Trois séries entières nous sont parvenues : la plus connue de format rectangulaire, signée et datée de 1592, est conservée à l'église Notre-Dame de Montfaucon (Haute-Loire). Les deux autres sont traitées en tondi : celle de l'ancienne collection Schloss, de 1592 aussi, est aujourd'hui dispersée ; la troisième date 1599 (commerce d'art).
Pour ses compositions, Grimmer s'inspire en partie des gravures d'Adrian Collaert (1585) d'après les compositions rectangulaires de Hans Bol, qui replacent des épisodes du Nouveau Testament dans des paysages flamands. Abel Grimmer adopte la forme du tondo, reprend la gamme colorée jaune-brun-vert et les détails rustiques de Pieter Brueghel l'ancien, dans un style schématique et un peu naïf tant apprécié de nos jours.
FRAYSSE & ASSOCIES
le 18/11/2015 - PARIS
Willem Claesz HEDA ( Haarlem 1594- 1680)
Nature Morte au rohmer, au nautile et au gobelet en argent

Willem Claesz HEDA ( Haarlem 1594- 1680)
Nature Morte au rohmer, au nautile et au gobelet en argent
- Panneau de chêne, deux planches, non parqueté
- 58,5 x 79 cm
- Signé et daté : HEDA / 1642
Inscrit à la Guilde de Saint-Luc de Haarlem en 1631, Willem Claesz Heda sillustre tout particulièrement dans le genre de la nature morte et plus spécialement dans les « banketje ». Ces collations, repas inachevés ou interrompus, mettent en scène de façon savante mais naturelle des objets précieux et raffinés et permettent à lartiste dexprimer toute sa virtuosité. Alors que, dans les années 1620-1630, Heda réalise des natures mortes marquées par une certaine monochromie, les années 1640 voient lintroduction de compositions plus chargées, où la couleur joue un nouveau rôle. Le nautile monté en argent, élément récurrent dans ces compositions et objet typique du cabinet de curiosité, est représentatif de cette volonté nouvelle de raffinement. On le retrouve dailleurs dans plusieurs uvres datées de 1641 (La tourte au cassis, panneau, 60 x 77 cm, Strasbourg, musée des Beaux-Arts) ou de 1642 (Nature morte, panneau, 65 x 74,5 cm, Saint-Etienne, musée dArt Moderne).
Dans notre tableau, daté de 1642, Heda parfait ses harmonies de gris, dargent et de blanc en les relevant de touches de bleu, rose ou rouge, par le détail du manche du couteau et du nautile. Ceux-ci se détachent sur la nappe blanche aux plis lourds, dont le bord est simplement souligné par un ourlet. La forte présence de cette nappe est idéalement contrebalancée par les tons chauds de la table, le brun doré des noisettes et du rohmer, ainsi que par le rai de lumière qui vient détacher du fond du tableau le délicat verre en cristal. Cest également la lumière qui anime les différents objets, jouant dans les ciselures de largent, de la timbale à la monture du nautile. Le citron à demi pelé dont lécorce se détache en spirale ainsi que les fruits séchappant de la tourte introduisent un certain dynamisme, le manche de la cuillère reposant légèrement sur la nappe renforçant limpression dune collation tout juste interrompue.
Willem Claesz Heda livre ici une de ses plus belles compositions, où la simplicité de la mise en scène accentue le raffinement des objets, sa virtuosité sillustrant aussi bien dans la texture dans la nappe que dans les reflets mordorés du rohmer et de largent.
Provenance:
Vente anonyme, 12 décembre 1988, Paris, Hôtel Drouot (Me Millon et Jutheau), lot 30, 2 900 000 fr.
Hôtel des Ventes de Montecarlo
le 28/06/2015 - PARIS
Bernardo BELLOTTO (Venise 1720-Varsovie 1780)
Caprice architectural avec une villa vénitienne et un pont de pierre

Bernardo BELLOTTO (Venise 1720-Varsovie 1780)
Caprice architectural avec une villa vénitienne et un pont de pierre
- Toile
- 48 x 79 cm
- Bibliographie:
S. Kozakiewicz, Bernardo Bellotto, Milan, 1972, Tome II, n°246, repr. P.191
Exposition:
1952, Oberlin, n°1, fig. p.129
Provenance:
Au revers une étiquette Christies et le nom de Drowne à la craie (pour William Drowne)
Provenance : Olivier Latham, vente Christie's à Londres du 13 avril 1850, lot 27, à Mr Hoare pour 16 guinés avec son pendant.
William Lygon, 7ème comte de Beauchamp, à Londres jusqu'à sa mort en 1936.
Arthur Tooth and sons, qui le vendent au marchand allemand Karl Haberstock à Berlin le 1 avril 1939. La paire est citée dans les inventaires du fonds Haberstock à Ausbourg en 1939, et 1940, et en dépot à la Dresdener bank à Tegersee en 1941. Restituée par les alliés à Haberstock.
Confiée pour vente par Haberstock à Julius Böhler à Munich en 1950, qui vend la paire à la galerie Silberman de New York en 1951 (laquelle cède le pendant à l'Art Insitute de Chiocago en 1961) ;
pour notre tableau, vente anonyme, Londres, Christie's, Manson & Woods, 29 novembre 1974, lot 99. Acquis par la famille du propriètaire actuel.
Neveu de Giovanni Antonio Canaletto, Bernardo Bellotto se forme dans son atelier où il suit lenseignement du grand védutiste vénitien. A partir de 1744, il se détache du style de son oncle et entreprend un périple dans les principales villes du nord de lItalie (Vérone, Turin, Florence, Rome). Sa renommée grandissante lui permet dêtre accueilli dans les plus grandes cours dEurope centrale. Il sinstalle à Dresde en 1747, appelé par Frédéric-Auguste II de Saxe, où il reste vingt ans, séjour entrecoupé de voyages à Munich et à Vienne. Il se rend à Varsovie en 1768 où il devient le peintre officiel du roi Stanislas Auguste II Poniatowski.
Notre toile est la reprise autographe dun plus grand format (144 x 218 cm) anciennement à la Gemäldegalerie de Dresde et disparu, daté de 1747 ou peu après. Issu de limaginaire de lartiste, ce caprice juxtaposait des monuments quil avait pu admirer durant ses voyages. Dans les deux tableaux, de gauche à droite, on distingue une fontaine surmontée dune urne placée au pied dune colonne supportant larchitrave en ruine. Derrière, une villa avec une loggia, typiquement vénitienne et reconnaissable à la forme de ses cheminées, expose sa façade au soleil. Au centre, on aperçoit le portique du temple de Saturne sur le Forum romain, et une forteresse médiévale, dont les tours sinspirent du Castello Sforzeso de Milan et du Castello di Ezelino à Padoue. En contrebas, sur des fortifications, une bâtisse carrée avec une arche évoque une des portes de Padoue. Elle est adossée à lextrémité dun pont.
Bien que les deux compositions soient très similaires, la représentation des bâtiments de la partie droite est beaucoup plus développée dans notre tableau. Dans luvre disparue, on percevait au fond à droite un bâtiment à coupole ainsi quun clocher roman, cachés ici par un grand arbre qui dissimule aussi lune des rives du fleuve. Notre version comporte, derrière la grande maison au centre, un pavillon de style rococo (identifié par Kosakiewicz avec le Zwinger à Dresde), le Punta della Dogana de Venise, ainsi quun édifice avec un portique en façade et une église baroque à coupole. Le pont de pierre est également très différent. Dans la rédaction initiale il comporte deux arches, alors quon compte trois arcades ici. Bellotto a aéré la disposition des figures en supprimant plusieurs dentre-elles. Celles quil a conservées sont sensiblement au même endroit dans les deux versions. On y retrouve lhomme en costume oriental au premier plan, le couple autour de la vasque, le cavalier de dos devant la villa, et le pécheur courbé (alors quun chien au premier plan, deux personnages autours du pacha et deux autres encore au second plan ont disparu).
Notre version, datée vers 1760/1765, avait pour pendant une Vue de Pirna depuis la forteresse de Sonnenstein, maintenant conservée à lArt Institute de Chicago (Kozakiewicz, op. cit., Tome II, p. 165, n°206). On retrouve dans les deux uvres le contraste très marqué entre les ombres et une lumière cristalline et froide caractéristique du peintre. Elle est atténuée ici par latmosphère, dans les tons rosés et dorés, qui apportent une chaleur et une luminosité toute particulière, rendant vraisemblable et unifiant lassemblage de constructions disséminées en lItalie.
IEGOR ENCHERES AUCTIONS
le 09/12/2014 - PARIS
Hendrick GOLTZIUS (Venlo, 1558 - Haarlem, 1617)
Adonis

Hendrick GOLTZIUS (Venlo, 1558 - Haarlem, 1617)
Adonis
- Panneau de bois
- 52 x 40 cm
- Monogrammé et daté à droite au centre HG 1613
Tout dabord graveur et dessinateur, Hendrik Goltzius effectue en 1590 un voyage en Italie qui sera déterminant pour la suite de son uvre. Après avoir visité Bologne, Venise, Florence, Rome et Naples, il rentre à Haarlem à la fin de lannée 1591. Cest à partir de 1600 quil se consacre vraiment à la peinture. On remarque alors linfluence déterminante de Rubens dans les corps opulents et la richesse de la nature, avec également de nombreuses références à lart du Titien et à la peinture vénitienne. Goltzius intègre ainsi différents modèles tout en gardant une identité propre qui fait de chacune de ses compositions une uvre particulièrement remarquable.
La lance travaillée, la fine bordure de fourrure et lanneau dor à loreille font de cette figure un Adonis plutôt quune simple image de chasseur. En effet, notre figure dhomme en buste est à rapprocher dune grande composition de 1614, Vénus et Adonis (toile, 141 x 191 cm, Munich, Bayerische Staatsgemäldesammlungen, Alte Pinacothek , inv.5613) où lon retrouve le même type iconographique. Linfluence sensible de Rubens est transcendée par la manière de Goltzius qui confère à ce portrait une forte présence. La chevelure retombant en boucles épaisses sur le front, le visage aux traits fermes, le regard assuré sont rendus avec une précision et une justesse du trait dues à sa formation de graveur. Goltzius donne toute la mesure de son talent dans le modelé de la musculature puissante, admirablement rendue par le jeu de la lumière.
FRAYSSE & ASSOCIES
le 03/12/2014 - PARIS
MAITRE de la nature morte de HARTFORD (actif à Rome vers 1600)
Nature morte aux fruits et légumes d'automne disposés dans une corbeille, un guéridon et un panier, ou posés sur un entablement

MAITRE de la nature morte de HARTFORD (actif à Rome vers 1600)
Nature morte aux fruits et légumes d'automne disposés dans une corbeille, un guéridon et un panier, ou posés sur un entablement
- Toile
- 100 x 133,5 cm
- Sans cadre
- Restaurations anciennes
Le Maître de la nature morte de Hartford est considéré comme le premier peintre spécialiste de nature morte à Rome. On réunit sous ce nom un petit groupe d'uvres, prenant pour tableau de référence la "Table chargée de fleurs et de fruits" du Wadsworth Atheneum de Hartford (toile, 74 x 100 cm) publiée par Charles Sterling dès 1952. Il rattache au Caravage (1571-1610), sans toutefois y reconnaître la main du maître, cette oeuvre qui, jusqu'alors, était donnée à Fede Galizia (Cf. : La Nature morte de l'antiquité à nos jours, 1° éd., ill. 55 et 2° éd. p. 54).
Par analogie, une paire de toiles conservée à la galerie Borghese à Rome: "Nature morte aux oiseaux et Fleurs, fruits , légumes" et "Deux lézards" (toile, 105 x 184 cm) a été attribuée à ce Maître de la nature morte de Hartford . Elles proviennent de la collection du cavalier d'Arpin et le tableau de Hartford pourrait avoir la même provenance. Ce fait amène à penser que l'auteur de ces toiles fréquentait l'atelier du cavalier d'Arpin où se côtoyaient des artistes de toutes nationalités. Caravage y est entré quand il est arrivé à Rome vers 1593/95 et Bellori, son premier biographe, rapporte qu'il y exécutait des fleurs et des fruits.
La lumière arrive sur cette nature morte comme d'une fenêtre. Dans cette pièce aux murs noirs, elle avive les contrastes entre des ombres très sombres et des éclairages très clairs qui donnent leur relief aux tableaux attribués au Maître de la nature morte de Hartford, à tel point que Federico Zeri a pu y voir une production de jeunesse du Caravage. D'autres noms ont été suggérés: Giovanni Battista Crescenzi par Mina Gregori , Francesco Zucchi, le frère de Jacopo par Maurizio Marini et, plus récemment, Prospero Orsi (1558-1630), ami du Caravage au sein de l'atelier du Cavalier d'Arpin et son premier mécène.
Tout, dans la nature morte que nous présentons, porte la marque du Maître: la composition générale qui semble coupée sur les bords, l'éclairage, l'entablement très bas, le contraste de sa ligne claire avec le fond noir, l'écriture archaïsante de motifs récurrents chez l'artiste.
Chaque élément témoigne de l'excellente maitrise du peintre. La corbeille est présente dans plusieurs de ses compositions, notamment l'une de celles conservées à la galerie Borghese. Des guéridons similaires sont peints sur chacun des pendants de la collection Frascati (Cf. Zeri,1989, repr. 821 et 822 p. 694) .
Notre tableau, pendant de celui que nous avons présenté le 5 décembre 2012 (lot 47: "Nature morte au vase de fleurs, plat de figues, poires, pêches, fraises des bois, champignons", 100,5 x 130 cm), est inédit à ce jour.
Bibliographie en rapport :
Alberto COTTINO : Maestro di Hartford in Federico ZERI : "La natura morta in Italia", T.II (Milan, 1989), pp. 691-693
[Expo. Rome, 1995-1996] La natura morta al tiempo di Caravaggio, notices 18 et 19 par Alberto COTTINO
[Expo. Londres et Rome, 2001] The genius of Rome, catalogue 18 et 19
Clovis WHITFIELD : Prospero Orsi, interprète du Caravage in " Revue de l'Art ", n° 155 -2007/1, pp. 9-19.
Mes GAUTIER GOXE BELAISCH HDV D'ENGHEIN
le 23/11/2014 - PARIS
FRANS POURBUS le Jeune (Anvers, 1569 - Paris, 1622)
Portrait d'un homme agé de cinquante-six ans

FRANS POURBUS le Jeune (Anvers, 1569 - Paris, 1622)
Portrait d'un homme agé de cinquante-six ans
- Panneau de chêne parqueté
- 101,5 x 76 cm
- Signé en haut à droite: F.POURBUS FIL, FR, FECIT
Annoté en haut à gauche: ANO DNI 1591 et à droite: AETATIS SUAE 56 - Infimes petits manques et restaurations anciennes
Provenance:
Collection des comtes de Schönborn (décrit, selon Thoré-Burger, dans le catalogue de 1719; n° 532 du catalogue de 1857).
Vente de la galerie de Pommersfelden, Paris, Hôtel Drouot (Me Pillet), 17-18 et 22-24 mai 1867, n° 201 (11000 fr.) ; catalogue rédigé par Théophile Thoré (alias William Burger).
Vente Paris, galerie Charpentier, 15 décembre 1959 (succession Mrs. R. Biddle et divers), n°27, (1 000 000 fr.) reproduit pl. XIV.
Galerie Heim, Paris, 1962.
Acquis en 1963 par les propriétaires actuels.
Bibliographie :
- Gustav Parthey, Deutscher Bildersaal. Verzeichniss der in Deutschland vorhandenen Oelbilder verstorbener Maler aller Schulen, Berlin, Nicolaische Verlagsbuchhandlung, 1864, vol II, p.279, n°8.
- Ludwig Burchard, "Pourbus, d. J." in Ulrich Thieme et Felix Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, Leipzig, 1933, 37 vol., vol XXVII.
- Blaise Ducos, Frans Pourbus le Jeune (1569-1622). Le portrait dapparat à laube du Grand Siècle entre Habsbourg, Médicis et Bourbons, Dijon, Faton, 2011, pp.33-35, détail du visage en pleine page p.34 fig.9 et pp. 185-186, P.A 4 (localisation inconnue), repr.
Oeuvre en rapport:
Portrait d'une dame âgée de cinquante-quatre ans , panneau, 100 x 74 cm, San Francisco, Fine Arts Museums of San Francisco, California Palace of the Legion of Honor, inv. 1985.12.
Frans Pourbus le Jeune, reçu maître à la Guilde de saint Luc dAnvers en 1591, travaille à la cour des Habsbourg dès la fin des années 1590. Cest là que Vincent Gonzague lui demande de le suivre à Mantoue, en 1599. Appelé à Paris en 1609 par Marie de Médicis, il y devient peintre de la cour et y reste jusquà sa mort en 1622. Durant cette carrière dans les cours européennes, il est au service de la diffusion de limage princière, à linstar des portraits de Marguerite de Savoie (toile, 206,5 x 116,3 cm, Saint-Pétersbourg, musée de lErmitage, inv. 6957) et de Marie de Médicis (toile, 312 x 185,5, Paris, musée du Louvre, inv. 1710).
Elève de son grand-père, Pieter Pourbus, à Bruges, il fut également marqué par linfluence des Key et dAnthonis Mor. Ses premières uvres connues datent de 1591, année qui fut particulièrement riche pour sa production malgré la chute dAnvers en 1585 après le siège des Espagnols et lexode qui sensuivit. Ce portrait, qualifié de « chef-duvre de vérité et dexpression » par Thoré-Burger dans son catalogue de 1867, illustre tout le talent de Pourbus à dépeindre les signes de lâge. Mais lhomme représenté ici nest pas un homme fatigué, usé par la vie. Les fines rides du front, le regard vif traduisent une tranquille assurance, une autorité méritée. Sa posture fière, le poing sur la hanche, presque monumentale, remplit et dépasse même le cadre du tableau, comme si sa prestance ne pouvait être toute entière contenue dans ce panneau. Il sagit ici dun bourgeois dAnvers, à ce jour non identifié, mais ce portrait na rien à envier aux portraits de cour qui suivront. Limpression de puissance qui émane de cet homme est dautant plus saisissante que la simplicité de son costume noir bordé de fourrure se détachant sur le fond gris contraste avec les riches habits des portraits de cour. La table recouverte du tapis vert, à gauche, complète la composition en lui donnant une certaine tridimensionnalité. Au lieu de servir dappui au modèle, comme dans la plupart des portraits qui incluent une table et comme dans son pendant, la table est ici placée en arrière, réduite à une plage de couleur, tandis que lhomme, solidement campé, dédaigne de sy appuyer.
Les inscriptions et la signature calligraphiées, qui encadrent si parfaitement le modèle, ne se retrouvent que sur le pendant de notre tableau et sur un Portrait dhomme (panneau, 49,5 x 37,5 cm, West Yorkshire, Temple Newsam House) daté de 1591 également. Elles traduisent ici la fierté de lartiste de vingt-deux ans, en même temps quelles linscrivent dans son contexte et les échanges entre Flandres et Hollande. En effet, cest en 1590 queut lieu à Rotterdam le « prix de la plume couronnée », récompensant les meilleurs calligraphes et favorisant la diffusion des ouvrages.
On ne peut sempêcher de penser au portrait de Jean de Bologne par Goltzius, daté lui aussi de 1591 (pierre noire rehaussée de pastel, 370 x 330 mm, Haarlem, Teylers Museum). En Italie dès octobre 1590, Goltzius se trouvait à Munich au mois de mai 1591. La parenté entre les deux portraits exprime bien les échanges continuels dus aux voyages et aux rencontres entre artistes, non seulement entre les Flandres et la Hollande, mais également entre les différents pays dEurope. Goltzius s'adonne très rarement à l'art du portrait peint (Portrait de Jan Govaerts Van der Aar, 1603, toile, 107 x 83 cm, Rotterdam, musée Boijmans Van Beuningen, prêt de la Fondation P. et N. de Boer) même si nombre de ses figures allégoriques s'en rapprochent et privilégie plutôt le dessin, méthode dans laquelle il excelle à partir des années 1588 - 1589, atteignant son apogée entre 1590 et 1592. Cette parfaite maîtrise culmine justement avec l'extraordinaire portrait de Jean de Bologne daté de 1591.Pourbus cherche-t-il ici, en transcrivant avec une extraordinaire acuité le rendu psychologique des portraits dessinés de son confrère, à le surpasser ? ou plus simplement lui rend-il hommage ? Nous n'avons malheureusement pas trace d'éventuels échanges artistiques entre les deux artistes.
Cet exemple de lart de Pourbus, avant quil ne devienne peintre de cour, illustre déjà la maîtrise et toute la mesure de son talent qui sexprimera également dans les portraits princiers. La transcription si fine de la personnalité même du modèle en fait lun de ses plus beaux portraits et une rareté dans dans l'art du portrait anversois du seizième siècle finissant.
DAGUERRE
le 14/11/2014 - PARIS
Ecole FRANCAISE vers 1670
Nature morte au tapis iranien, vase de fleurs et singe

Ecole FRANCAISE vers 1670
Nature morte au tapis iranien, vase de fleurs et singe
- Toile
- 178 x 215 cm
- Restaurations anciennes
Provenance:
Probablement collection des ducs de Choiseul au XVIIIème siècle;
Resté dans leur descendance jusqu'à ce jour.
Ces deux spectaculaires compositions sont remarquables non seulement dans leur technique mais aussi dans les objets représentés. En effet, les deux tapis qui occupent la plus grande partie de lespace sont des objets dun très grand luxe. Ces tapis persans atteignent un tel prix au XVIIème siècle quil doit sagir soit de cadeaux diplomatiques, offerts à quelque puissant personnage dune cour européenne, probablement française, soit dune commande dun riche aristocrate voulant illustrer par là son pouvoir, son influence et son goût dans les arts. Linventaire des tableaux du Roy rédigé en 1709 et 1710 par Nicolas Bailly mentionne des compositions similaires, mais ces « Tapis de Turquie » qui sont accompagnés de fleurs, fruits, violon et coffret à bijoux, ne peuvent correspondre à nos tableaux. On ne peut pas davantage rapprocher avec certitude nos tapis de ceux répertoriés dans lInventaire général du mobilier de la couronne sous Louis XIV. Pourtant, leur existence est avérée par lexactitude des motifs complexes, impossible à rendre sans modèle. De plus, de telles compositions ne se comprennent quen tant que « portraits » de tapis, les autres éléments étant accessoires. Les couleurs éclatantes , dont le bleu puissant est dû au lapis-lazuli, concourent à lexpression de ce luxe. Elles nétaient pas destinées à recouvrir le sol, mais bien plutôt à orner une table, afin d'être vues dans toute leur splendeur. Cette importance accordée aux objets de prestige se retrouve dans nos compositions, dont lauteur a soigneusement rendu les différents dessins des tapis, avec une telle exactitude quon peut affirmer quil n'a pu exécuter ces chefs-duvre que sur le motif.
Malgré des recherches approfondies, lauteur de ces deux « portraits » de tapis, uniques dans leur genre , est encore inconnu, bien quil doive se situer dans la lignée de Jean-Michel Picart et de Joseph Yvart, dont deux études de tapis présentent quelques similitudes sans pour autant atteindre à la perfection de nos compositions (toile, 88 x 118 cm et 81 x 105 cm, Paris, musée du Louvre, inv. 4057 et 4056). Les objets dorfèvrerie ainsi que le bouquet de tulipes et le singe sont peut-etre dus à un autre artiste; le nom de Willem van Aelst, de passage à paris quelques années, entre 1645 et 1651 peut être mentionner mais situerai nos tableaux à une date plus précoce. Lhypothèse dun « peintre de tapis », comme il y eut des peintres de fleurs ou dorfèvrerie, est corroborée par le degré dexcellence du rendu des matières et du dessin. On peut supposer quil sagit dun artiste proche des Gobelins, comme celui qui collabora avec Henri Testelin dans sa célèbre toile de 1666, Colbert présente les membres de lAcadémie royale des sciences à Louis XIV (Versailles, musée du château de Versailles, MV 2074), où un riche et lourd tapis recouvre la table sur laquelle saccoude Louis XIV.
Sagirait-il de portraits souvenirs de tapis offerts par la couronne de France à une cour étrangère ? cela expliquerait quils ne figurent pas dans Linventaire du mobilier de la couronne sous Louis XIV. Ou de compositions en rapport avec le monde ottoman? en effet, la présence de tulipes, dont le dessin rapelle les faïences dIznik, est une référence à la provenance des tapis.
Nous remercions monsieur Berdj Achdjian, expert en tapis, de son aide pour la description de ces tableaux.
ENCHERES SADDE SARL
le 26/05/2014 - PARIS
Eglon Hendrick Van der NEER (Amsterdam 1634 - Dusseldorf 1703)
Une grande dame

Eglon Hendrick Van der NEER (Amsterdam 1634 - Dusseldorf 1703)
Une grande dame
- Toile
- 64 x 55,5 cm
- Signée et datée en bas à droite : E Van der Neer 1665
- Restaurations
Provenance :
Collection Louis- Bernard Coclers, Liège ;
Sa vente, Amsterdam, 7 août 1811 (P. van der Schley), « Un précieux cabinet de tableaux des plus célèbres maîtres
rassemblé avec beaucoup de goût et de connaissance, par monsieur L.B. Coclers, peintre », n° 52, non repr. (non vendu, 200 Fl.) ;
Sa vente, Amsterdam, Doelenstraat n° 22 (maison Coclers), 8 avril 1816 (P. van der Schley), « Un précieux cabinet de tableaux des plus célèbres maîtres
rassemblé avec beaucoup de goût et de connaissance, par monsieur L.B. Coclers, peintre », n° 75, non repr. (161 Fl.) ;
Collections Evrard Rhôné, Paris et Etienne Le Roy, marchand dart à Bruxelles (selon le catalogue de la vente Piérard);
Collection Piérard, Valenciennes ;
Sa vente, Paris, Hôtel Drouot, 20 et 21 mars 1860 (Me Escribe) « Catalogue de la belle et riche collection de tableaux anciens, des écoles flamande, hollandaise et française, formant la collection de feu M. Piérard, à Valenciennes », n°52, non repr. (« La grande dame », 3.750 Fcs au duc de Galliera suivant Le Roy) ;
Collection Isaac et Emile Péreire, Paris, en 1864 ;
Sa vente, Paris, 6 mars 1872 (Me Pillet), n° 140, non repr. (« Une grande dame », 8.200 Fcs) ;
Acquis à cette vente par le baron Hottinguer ;
Resté dans la famille par descendance.
Bibliographie :
Philippe Burty, « Mouvements des Arts et de la Curiosité », in Gazette des Beaux-Arts, 6 (1860), p. 53 (« Une grande Dame ») ;
Probablement De Nederlandsche Spectator, 21 avril 1860 ;
William Bürger, « Galerie MM. Péreire » in Gazette des Beaux-Arts, 16 (1864), pp. 297-317, décrit p. 310 (« Un autre charmant portrait de femme
») ;
Hofstede de Groote, A catalogue raisonné of the works of the most eminent dutch painters of the seventeenth century, based on the work of John Smith., Londres, 1908, vol. 5, n° 147, p. 513;
Henri Mireur, Dictionnaire des ventes dart faites en France et à létranger pendant le XVIIIe et le XIXe siècles, Paris, 1911, vol. 5, p. 385 ;
Eddy Schavemaker, Eglon van der Neer (1635/36 1703), zijn leven en werk/ Eglon van der Neer (1635/36 1703), his life and his work (with a summary in English), Thèse de lUniversité dUtrecht, 2009, cat. 135, p. 538 dans C Works known from documents (Een elegante Dame).
Connue par la littérature mais jamais reproduite cette « Grande Dame » na pas été présentée en vente publique depuis 140 ans.
Elle a appartenu à Louis-Bernard Coclers, portraitiste liégeois qui donna aux femmes de son époque une silhouette également grâcieuse et élégante. Passée ensuite dans la « remarquable et précieuse » galerie de tableaux de M. Piérard, peintre amateur formé à lAcadémie des Beaux-Arts de Valenciennes, elle y côtoya les plus grands noms de la peinture des écoles du Nord et française. Elle est ainsi décrite au catalogue de sa vente qui comptait plus dune centaine duvres: «52- LA GRANDE DAME - Ce titre de grande dame convient parfaitement à la personne que le pinceau dEglon van der Neer nous montre descendant un escalier de deux marches, ayant à droite son chien, et regardant à sa gauche un singe enchaîné sur un pilastre où se trouve jeté un tapis.
Elle est vêtue dune jupe en satin cerise brodée dor et dun corsage avec une seconde jupe en satin blanc et crevés en satin cerise. Un collier, des bracelets, des boucles doreilles et une double chaîne de corsage avec agrafe en perles complètent sa parure.
Au fond, divers personnages et accessoires ».
Avec le duc de Galliera, elle entre en 1860 dans les collections formées au XIXème siècle par les grands noms du monde de la finance et de lindustrie. En ¬1864, William Burger, expert à qui lon doit la redécouverte de Vermeer, la cite dans un article sur les galeries des frères Isaac et Emile Péreire. Ceux-ci sétaient fait construire rue du Faubourg-Saint-Honoré deux galeries, une à éclairage zénithal pour présenter une partie des collections de peinture dEmile et, au premier étage, une autre éclairée de côté pour les tableaux dIsaac. « Leur riche collection de tableaux de toutes les écoles, depuis les italiens primitifs jusquaux peintres contemporains, MM. Péreire lont formée successivement, sans prétention et presque sans intention, en achetant dans les ventes fameuses, telles que
Rhoné, Piérard,
si bien quaujourdhui MM. Péreire possèdent dans les galeries et appartements de leur hôtel, faubourg Saint-Honoré, au pavillon de Monceaux et au château dArminvilliers
(
) De portraits divers, il y en a quantité : (
) un (
) charmant portrait de femme, figure entière, de petite proportion, signé dEglon van der Neer, et ressemblant beaucoup à Samuel van Hoogstraeten ; » (cf. Burger, pp. 297 et 310).
Le catalogue annoté de Louis Soullié, auteur dun ouvrage sur les ventes publiques du XIXème siècle, indique que le baron Hottinguer en fut lacquéreur à la vente Péreire de 1872. Rodolphe Hottinguer (1835-1920), fils du financier et entrepreneur Jean-Henri Hottinguer, a été à lorigine de la création de la Banque impériale ottomane et Régent de la Banque de France. Il apparaît dans Le cercle de la rue Royale, tableau de James Tissot acquis en 2011 par le musée dOrsay.
Sil débute avec son père, Aert van der Neer (1603-1677), paysagiste réputé, Eglon van der Neer sen différencie radicalement. Alors que le premier fit toute sa carrière à Amsterdam, se plaisant à fixer sur la toile les clairs de lune, le second sadonne aux scènes de genre et au portrait quil traite avec une grande finesse. Son biographe, Arnold Houbraken rapporte quil fréquente latelier de Jacob van Loo, un des artistes les plus renommés dAmsterdam. Sa première peinture datée lest de 1657, un an avant son retour en Hollande, après un passage à Paris et un séjour de quatre ans dans le Sud de la France où il a accompagné le comte Frédéric de Dohna, gouverneur de la principauté dOrange.
Après quelques années à Amsterdam, il sinstalle en septembre 1663 à Rotterdam, ville natale de sa première épouse. Les plus beaux de ses portraits sont ceux réalisés dans les années 1660/70, pour une clientèle dAmsterdam, Leyde ou La Haye. Rarement identifiés aujourdhui, les modèles sont peints dans une manière proche de celle de Gérard Dou ou Gabriel Metsu. Eglon Van der Neer entretient une relation privilégiée avec Frans van Mieris, dont il peint le portrait et pour lequel il réalise un pendant à lune de ses toiles.
Eddy Schavemaker suppose que sa réputation lui a permis de choisir ses clients quil représente dans de riches décors et pour lesquels il adapte costumes, accessoires et postures, excellant dans le rendu du satin et des tapis.
Nous retrouvons le même modèle avec un habit quasiment identique dans le tableau La Jeune femme au plat dhuîtres (panneau, 31 x 27 cm), conservée à Vienne, Sammlungen des Fürsten von Liechtenstein.
Estimation : 300 000 / 400 000
THIERRY- LANNON et Associés sarl
le 10/04/2014 - PARIS
Ecole FLORENTINE vers 1395-1400, suiveur d'Agnolo GADDI
Vierge à l'Enfant entourée de saint François et de saint Julien

Ecole FLORENTINE vers 1395-1400, suiveur d'Agnolo GADDI
Vierge à l'Enfant entourée de saint François et de saint Julien
- Peinture à l'oeuf et dond d'or sur panneau, une planche, renforcée; panneau unique de dévotion
- 72 x 51 cm
- La Vierge est assise devant une riche draperie ornée de fleurons dorés sur fond noir, rouge et or; elle est vêtue d'une robe blanche à motifs dorés et d'un manteau bleu et tient l'Enfant sur son genou gauche. Ce dernier placé frontalement porte une robe cintrée à la taille et un manteau rouge. il bénit de la main droite et serre un oiseau dans sa main gauche. Les deux saints, vus en pied encadrent ce groupe central.
Il faut replacer l'exécution de ce panneau, inédit jusqu'ici, dans l'entourage d'Agnolo Gaddi (Florence vers 1351-1396) lors des travaux de ce dernier au Dôme de Prato entre 1392-1395 pour lesquels celui-ci s'entoura d'aides.
L'artiste responsable de notre tableau a dû travailler dans le sillage d'Agnolo Gaddi et dans celui de ses assistants dont l'un d'eux, le maître de la Chapelle Manassei fut responsable des fresques de la vie de sainte Marguerite et saint Jacques dans ce même Dôme: les deux saints de notre tableau en reprennent la physionomie et le caractère sérieux ainsi que le graphisme appuyé des personnages (cf. M. Boskovits, Pittura alla vigilia del Rinascimento, Florence 1975, figs. 419-421); quant au groupe marial il dérive directement de la fresque d'Agnolo Gaddi au Palazzo del Bacchino de Prato représentant la Madone et l'Enfant dont ce suiveur reprend la présentation et l'iconographie (cf. M. Boskovits , - Restaurations anciennes
Hôtel des Ventes de Nîmes Sarl
le 01/02/2014 - PARIS
Peter CLAESSEN dit CLAESZ. (Berchem ?, 1596/97 - Haarlem, 1660)
Nature morte de déjeuner avec un Roehmer, un faisan, un saleron d'argent et vermeil, un pot de grès,

Peter CLAESSEN dit CLAESZ. (Berchem ?, 1596/97 - Haarlem, 1660)
Nature morte de déjeuner avec un Roehmer, un faisan, un saleron d'argent et vermeil, un pot de grès,
- Panneau de chêne, deux planches renforcées
- 49 x 75 cm
- Etiquette ancienne au dos : Peter Claesz/ n° 12 de la vente Paul Mantz du 10/11 mai 1895 et n° 601 sur le châssis
- Fente
Provenance :
Ancienne collection Paul Mantz
Sa vente, Paris, 10-11 mai 1895, lot 12
Le travail de Martina Brunner-Bulst en 2004 a permis de faire le point de nos connaissances sur Peter Claesz. Une confusion entre deux peintres éponymes avait fait naître en Allemagne celui qui est en réalité originaire de Berchem, près d'Anvers. Ont également été revues des attributions erronées basées sur une confusion entre les monogrammes de Clara Peeters, peintre flamande contemporaine de Peter Claesz et traitant de sujets identiques, et celui de Peter Claesz.
Dès 1883, Paul Mantz, critique et historien d'art, se faisait l'écho des recherches de son époque en écrivant dans la "Gazette des Beaux-Arts", revue à laquelle il contribuait depuis que son ami Charles Blanc l'avait fondée en 1859: " Clara Peeters se rattache à l'école flamande. Cette déclaration a son importance, puisque le tableau de l'ancien cabinet de M.Suermondt (Peter Claesz , Nature morte de déjeuner, T.117 x 175,5 cm, conservé au musée de Berlin) et les peintures analogues que nous avons rencontrées sont tout ce qu'il y a de plus hollandais au monde ". Celui qui fut propriétaire du " Déjeuner " que nous présentons conclut : " le maître au chiffre P.C. est bien Pieter Claesz ".
Après une première formation à Anvers, Peter Claesz s'exile. Comme beaucoup de protestants il s'établit à Haarlem vers 1620, contribuant à la notoriété de la ville par l'impulsion qu'il donne à un nouveau type de nature morte, celles dites " de déjeuner ". Quand il arrive dans cette ville, Floris van Dijck (Haarlem, 1575 - Haarlem, 1651) et Nicolaes Gillis (actif à Haarlem, mort vers 1632) peignent déjà, depuis une dizaine d'années, des tables dressées pour une collation. Ils adoptent un point de vue frontal pour des compositions qui mettent en valeur des boules de fromages ou des fruits colorés, présentés sur des nappes blanches bordées d'un picot, aux plis marqués par l'empesage. Peter Claesz, qui a vu les tableaux d'Osias Beert (Anvers, 1580, Anvers, 1624) à Anvers préfère un point de vue latéral et plongeant, qui oblige à une parfaite maîtrise des règles de la perspective.
Martina Brunner-Hulst, qui ajoute cette uvre inédite au corpus du peintre, la situe vers 1625, c'est-à-dire au début de sa production, sa première uvre datée l'étant de 1621. L'artiste réduit alors la gamme de coloris de ses prédécesseurs pour évoluer vers les gris et beiges qui caractérisent les " monochrome banketje ". Les objets choisis sont peints sur un fond neutre avec un réalisme que n'avaient atteint ni Floris van Dijk, ni Nicolaes Gillis. Si on trouve, par exemple, le même type de couteau dans leurs toiles, aucun n'est rendu avec une telle maîtrise.
Peter Claesz fut particulièrement apprécié pour ses représentations d'orfévrerie qui ont probablement fait l'objet de commandes spécifiques. Le saleron peint ici est proche de deux modèles qui sont parmi les premiers produits en orfèvrerie dans les Pays-Bas du Nord : l'un, de Franssoys Eeliot, a été exécuté à Utrecht en 1624. Il est conservé au Victoria and Albert Museum (Cf. Brunner, p. 183, repr. 67, argent, h : 11,6 cm). L'autre a été exécuté à Middelburg en 1622 (cf. Vente Sotheby's, Amsterdam, 16 mars 1983). On y retrouve sur une base tripode la figurine armée d'une lance et d'un bouclier.
Peter Claesz peindra ensuite à plusieurs reprises des modèles analogues, en argent ou en or : dans deux tableaux datés 1630 (Cu. 52 x 73,5 cm ; cf. Brunner, Cat. 45 p. 231 et B. 50 x 73 cm ; cf. Brunner, Cat. 46 p. 231), dans un tableau situé en 1643 (B. 49 x 66 cm ; cf. Brunner, Cat. 121 p. 274), un tableau daté 1645 (T. 82 x 107 cm ; cf. Brunner, Cat. 137 p. 283 et planche p. 93) , un tableau daté 1646 (B. 40,5 x 61 cm ; cf. Brunner, Cat. 149 p. 288 et 290) , un tableau daté 1647 (T. 62 x 110 cm, cf. Cat. 166 p. 298-299) et enfin dans un tableau situé vers 1652/53 (T. 91 x 108 cm ; cf. Brunner, Cat. 201 p. 322 et 324 ).
Le pot en grès est d'un modèle fabriqué à Cologne dans les années 1590 et répandu dans toute l'Europe du Nord.
Bibliographie en rapport :
Martina BRUNNER-HULST : Pieter Claesz. der Hauptmeister des Haarlemer Stillebens im 17. Jahrhundert : Kritischer Oeuvrekatalog (Lingen, 2004)
Paul MANTZ : Le père de Nicolas Berchem in la " Gazette des Beaux-Arts ", Paris, 1883, Vol. XXVII, pp. 182-186
May et associés S.A.R.L.
le 09/12/2013 - PARIS
Attribué au Maitre de la Madeleine Mansi (actif à Anvers, 1510-1530)
Vierge à l'Enfant

Attribué au Maitre de la Madeleine Mansi (actif à Anvers, 1510-1530)
Vierge à l'Enfant
- Panneau de chêne, une planche non parqueté
- 37,4 x 27,4 cm
- Soulèvements et petits manques
Le maître de la Madeleine Mansi, actif à Anvers entre 1510 et 1530, tient son nom d'un tableau représentant sainte Marie-Madeleine, jadis dans la collection Mansi à Lucques et aujourd'hui conservé au musée de Berlin. Autour de ce tableau qui a porté une attribution à Quentin Massys, Max Friedländer a regroupé un corpus sous le nom du maître de la Madeleine Mansi qu'il suggère d'identifier à Willem Meulenbroec, mentionné comme élève de Quentin Metsys en 1501.
Pour ce tableau de dévotion, l'artiste a choisi une représentation des plus intimes. Avec délicatesse, cette Vierge accueillant et présentant l'enfant Jésus en montre l' humanité dans ce qu'elle a de plus vulnérable. La palette réduite, le fond neutre, la douceur des traits confèrent à l'uvre une grande sérénité et la finesse de l'exécution du vêtement est remarquable.
Sa composition reprend celle de la première vierge à l'enfant connue, une vierge allaitante peinte dans les catacombes de Priscille à Rome au début du III° siècle. On y retrouve l'enfant lové sur le bras droit de sa mère, la main posée sur son sein.
Bibliographie en rapport :
Max FRIEDLÄNDER : Early Netherlandish painting : Quentin Massys, Vol. VII, ill. 89-101 (Leyde, 1971)
Me Pierre Audap & Me Fabien Mirabaud
le 15/11/2013 - PARIS
Elisabeth VIGÉE-LEBRUN
Portrait de Madame de Gramont

Elisabeth VIGÉE-LEBRUN
Portrait de Madame de Gramont
- Toile
- 57 x 46 cm
- Signée et datée en bas à droite: Vigée / Le Brun à / Vienne 1794
Provenance: Galerie Wildenstein d'après une étiquettes au dos
Elisabeth VIGEE-LEBRUN
(Paris, 1755- Paris, 1842)
Portrait d'Aglaé de Gramont, née de Polignac, duchesse de Guiche (1768-1803)
Toile
57 x 46 cm
Signée et datée en bas, à droite à la hampe du pinceau : Vigée/Le Brun à/ Vienne 1794
Au dos, étiquettes anciennes de l'exposition de 1909
Provenance :
Collection du duc de Gramont jusqu'en 1894
Collection Wildenstein, en 1909
Expo :
Marie-Antoinette et son temps, Paris, 1894
Exposition rétrospective de portraits de femmes, Paris, 1909
Bibliographie :
[Exposition Paris, galerie Sedelmeyer, 1894] Marie-Antoinette et son temps, Cat. 134.p. 44 ( " Portrait de la Duchesse de Guiche par Mme Vigée-Lebrun. La duchesse est représentée de face, en buste, la tête légèrement tournée vers la gauche. Elle porte les cheveux tombant attachés par un turban bleu, une robe rouge, à l'antique. Appartient à M. le duc de Gramont. ")
[Exposition Paris,palais de Bagatelle, 1909] Exposition rétrospective de portraits de femmes sous les trois républiques organisée par la Société Nationale des Beaux-Arts, Cat. 185,
repr. Pl. 3(" Portrait de Madame de Grammont, peinture. Appartient à M. Wildenstein)
uvre en rapport :
Portrait d'Aglaé de Gramont, née de Polignac, duchesse de Guiche (toile, 82 x 55 cm, 1794, coll. part,. repr. in Joseph BAILLIO : Vigée-Lebrun pastelliste et son portrait de la duchesse de Guiche, " L'il " n° 452, juin 1993, pp. 20-29 et www.batguano.com page 158). Il s'agit d'une autre version de ce portrait, la duchesse n'y porte pas de collier.
Daté 1794, ce portrait de " la Guichette " a été exécuté à Vienne où madame Vigée-Lebrun réside de 1792 à 1795. C'est le comte de Wilczek, ambassadeur d'Autriche à Milan, qui la pousse à quitter l'Italie où elle s'est exilée en octobre 1789. La ville de Joseph II, frère de Marie-Antoinette, accueille avec enthousiasme celle qui a portraituré la reine et les enfants de France. Elle y retrouve une partie de sa clientèle émigrée , en particulier la famille de Polignac. Le duc de Polignac, père de la duchesse de Gramont ici portraiturée, est le représentant officieux de Louis XVI à Vienne en 1792. La duchesse, amie de Marie-Antoinette, fut gouvernante des enfants de France. Elle connait bien Elisabeth Vigée-Lebrun qui l' a plusieurs fois portraiturée à Versailles et la décrit ainsi dans ses Souvenirs: " Quelques années avant la révolution, la duchesse de Polignac vint chez moi, et j'ai fait plusieurs fois son portrait de même que celui de sa fille, la duchesse de Guiche. Madame de Polignac avait l'air si jeune qu'on pouvait la croire la sur de sa fille ; et toutes deux étaient les plus jolies femmes de la cour. Madame de Guiche aurait parfaitement servi de modèle pour représenter une des Grâces
" (cf. Elisabeth VIGEE-LEBRUN : Souvenirs (1755-1842), éd. par Geneviève Haroche-Bouzinac (Paris, 2008), cf. Souvenirs, pp. 283 )
Aglaë, la fille aînée des Polignac, naît en 1768 au château de Versailles et y grandit. En 1780, à l'âge de 12 ans, elle est mariée à Antoine-Louis-Marie duc de Gramont et de Guiche (1755-1836). Issu du Béarn, ce capitaine des gardes du roi, vient alors d'être nommé au service de la reine. La famille royale assiste à ce mariage et Aglaë continue à vivre entre Versailles, le château de la Muette et l'hôtel des Polignac, rue Saint-Dominique à Paris. Musicienne, elle s'adonne aussi au théâtre, rejoignant la troupe amateur " des seigneurs " où elle tient volontiers des rôles de jeune fille ou de soubrette dans des comédies jouées au Trianon quand la révolution l'amène à suivre ses parents et ses frères à travers l'Europe.
Après la Suisse, voici l'Italie puis l'Autriche où meurt madame de Polignac, enterrée à Vienne le 5 décembre 1793. C'est alors qu' Elisabeth Vigée-Lebrun fait une série de portraits, probablement à la demande du duc : de mémoire, elle fixe les traits de la duchesse sur la toile et deux dessins gardent le souvenir des deux frères d'Aglaë, Auguste et Camille, nés en 1780 et 1781. Pour le portrait que nous présentons, elle rencontre " la duchesse de Guiche, dont la belle figure n'avait pas changé le moins du monde " (cf. Souvenirs, chap. XII) et réalise cette figure qui témoigne du goût de l'époque pour les toilettes " simples ", mode promue par madame de Polignac dont les toilettes décontractées firent beaucoup parler.
Après l'Autriche, la duchesse de Guiche connaît la Pologne puis l'Allemagne. En 1801, le comte d'Artois la fait venir en Angleterre où elle entre au service de Marie-Joséphine-Louise de Savoie, épouse du comte de Provence, futur Louis XVIII. Missionnée pour user de ses charmes auprès du premier consul et le convaincre de rétablir les Bourbons, elle se rend à Paris mais Joséphine voit en elle une rivale dangereuse et Aglaë rentre sans avoir rencontré Bonaparte. Elle meurt en Angleterre en 1803 et Charles X fait rapatrier son corps en Béarn en 1825.
Les Souvenirs de Madame Vigée-Lebrun listent plusieurs portraits de la duchesse de Guiche : " deux portraits de la duchesse de la Guiche " en 1782 ; " la duchesse de Guiche tenant une guirlande de fleurs, la même, au pastel " en 1787 ; " Madame de la Guiche, en laitière " en 1788 ; " deux fois madame de la Guiche, au pastel " en 1789 ; puis, après avoir quitté la France, " Portraits faits à Venise (sur toile) La duchesse de Guiche, en turban bleu, buste ". Nous n'en connaissons aujourd'hui que trois : un pastel daté 1783 et les deux versions du portrait que nous présentons, dont l'une pourrait être celle décrite comme peinte à Venise mais qui aurait été, en réalité, peinte à Vienne. Le comte de Vaudreuil (1740-1817), homme de lettres, soutien d'Elisabeth Vigée-Lebrun et amant de la duchesse de Polignac passe pour avoir eu dans sa collection les portraits de la duchesse de Polignac et de la duchesse de Guiche.
BAYEUX ENCHERES SARL
le 11/11/2013 - PARIS
Hubert ROBERT (1733-1808)
La visite au marquis de Travanet lors de sa détention à la prison de Saint-Lazare, 1794

Hubert ROBERT (1733-1808)
La visite au marquis de Travanet lors de sa détention à la prison de Saint-Lazare, 1794
- Toile et châssis d'origine
- 49,5 x 60 cm
- Signé et localisé en bas, à gauche: H.ROBERT St L
provenance familiale du modèle/ ligne directe
Hubert ROBERT
(1733-1808)
La visite au marquis de Travanet lors de sa détention à la prison de Saint-Lazare, 1794
Toile et châssis d'origine
49,5 x 60 cm
Signée et localisée en bas à gauche : H.ROBERT St L
Cadre en bois sculpté et redoré, travail français d'époque Louis XVI.
Prov. :
Dans la famille du marquis de Travanet depuis l'origine
Notre tableau, resté dans la famille du marquis de Travanet depuis ses origines et jamais publié, est un beau et intéressant témoignage de la période tourmentée de la révolution. Originaire de la région d'Albi, Jean-Joseph-Guy Bourguet est né en 1746 à Réalmont, au lieu-dit "La Roque Travanet ". " Mestre de camps de dragons " en 1776 et anobli de ce fait, son mariage avec Jeanne-Renée de Bombelles lui ouvre le cercle de la famille royale et lui permet d'être nommé trois ans plus tard banquier des jeux de la Reine. Son talent à gérer cet important flux de monnaie lui apporte le succès et, après avoir acquis dès 1780 la seigneurie de Viarmes, au Nord de Paris, il s'offre en 1784, un hôtel particulier rue de Grammont à Paris.
Entrepreneur, administrateur de la compagnie des Eaux de Paris, ses idées libérales entraînent l'éclatement de son couple, resté sans enfant. Devenu " Citoyen Travanet " il acquiert l'abbaye de Royaumont le 31 mai 1791 lors de la vente de ce bien, devenu bien national, pour y installer une filature de coton dans le voisinage de son domaine de Viarmes.
Son ascension fit des envieux et, bien que commandant la garde nationale de Viarmes, il est dénoncé à Paris, le 11 septembre 1793 par Louis Héron, du Comité de Sûreté Nationale, comme " homme suspect, étalant le luxe le plus insolent, possédant au moins 300 000 livres de rentes. Il est, comme ses pareils, ennemi de notre Révolution, et l'équité et le salut du peuple exigent que l'on s'assure de sa personne. " Le soutien des membres de la Municipalité, du Comité de Surveillance de la commune de Viarmes et de ses ouvriers n'empêche pas son arrestation à Viarmes, le 15 novembre 1793 avec son frère Nicolas et son neveu Henri de Marliave. Si ces derniers sont rapidement relâchés, lui doit attendre la chute de Robespierre pour être libéré le 4 août 1794.
Après avoir été incarcéré au palais du Luxembourg puis à la Folie-Regnault, à l'Est de Paris, il est transféré le 20 juillet 1794 à la prison de Saint-Lazare, dans les faubourgs devenus aujourd'hui la gare de l'Est . Cette ancienne léproserie confiée à Saint Vincent de Paul et aux Lazaristes au milieu du XVII° siècle devint lieu de retraite pour les uns, maison de correction pour les autres. Pillée dans la nuit du 12 au 13 juillet 1789 et déclarée bien national, elle devient prison après la suppression des congrégations le 1 septembre 1792 et le restera jusqu'à sa démolition en 1932.
Les quelques jours qu' y passera le marquis de Travanet seront marqués par la " conspiration ", élimination massive des prisonniers pour désencombrer les prisons parisiennes. Cent soixante-cinq prisonniers de Saint-Lazare furent exécutés les 6, 7 et 8 thermidor et l'on voit ici le lieu où se sont déroulés les évènements décrits dans le Tableau historique de la maison Lazare (cité dans les Mémoires sur les prisons, Paris, 1823 p. 296) :C'était le 5 Thermidor, jamais ce jour, et les deux qui l'ont suivi ne s'effaceront de mon souvenir. Sur les quatre heures de l'après dîner, deux longs chariots couverts sont introduits dans la première cour. Nos curs se serrent, notre sang se glace en les apercevant de nos fenêtres. (
/...) D'un air sombre et silencieux, une vingtaine de guichetiers se répandent dans les corridors, ils se détachent trois par trois pour aller chercher ceux que l'on appelait
Un instant après nous les voyons monter dans les fatals chariots ; (
/...) Le 6 et le 7 nous souffrîmes les mêmes angoisses, nous eûmes la même agonie, nous vîmes nos frères, nos amis s'arracher de nos bras pour marcher à l'échafaud ; mais ces deux derniers jours, par un raffinement de barbarie, on entra quatre heures d'avance les chariots dans la cour, afin de faire éprouver lentement à chacun le supplice affreux de douter s'il était, ou s'il n'était pas du nombre des proscrits que les bourreaux attendaient. La chute de Robespierre le 9 thermidor mettra fin à cet épisode sanglant et les prisonniers seront rapidement libérés dans les jours suivants. Revenu malade, Travanet meurt à Royaumont le 9 octobre 1795, année de la naissance de Lazarine, troisième enfant de son frère Nicolas qui reprendra la filature.
Rien à voir donc avec l'atmosphère romantique que peint ici Hubert Robert, co-détenu de Trabanet à la prison Saint-Lazare où il est transféré depuis Sainte-Pélagie en janvier 1794 . Le peintre n'a jamais cessé de travailler, s'évadant ainsi par la pensée . Il " se levait alors à six heures du matin, peignait jusqu'à midi et, après le repas, jouait au ballon avec une adresse étonnante. Sa gaieté et sa tranquillité ne l'ont pas abandonné un seul moment "(cf. Expo. cité p. 21). La tradition familiale identifie chaque personnage avec précision : Depuis une fenêtre de la prison, le marquis salue un groupe de femmes qui, peut-être, attendent l'heure de la visite. Assise au pied des marches d'une chaumière, Catherine Tolleking est la nourrice des enfants de Nicolas de Travanet. L'aînée, Sophie, est à ses côtés. Deux femmes vêtues de blanc présentent son frère, Scipion, né à Paris, dans l'hôtel de la rue de Grammont le 22 mai 1794. Leur mère, la vicomtesse Marie-Victoire de Travanet est la jeune femme brune tandis que la jeune femme blonde qui tend le bébé est selon toute vraisemblance Joséphine Bourguet dite Chaville, fille du marquis née hors mariage qui épousera son cousin germain, Irénée de Marliave.
Hubert Robert, maître de la lumière, l'utilise ici pour opposer deux mondes. A droite la masse sombre de la prison gardée par les baïonnettes révolutionnaires ; à gauche, une image de l'Ancien Régime doucement éclairée. La chaumière n'est pas sans rappeler le hameau de la Reine au Petit Trianon pour lequel Hubert Robert uvra. Au-delà du potager et des murs de l'enclos Saint-Lazare, Paris et le Panthéon sous un vaste ciel, espace de liberté. Les nombreux détails de la vie quotidienne rendent la scène familière, faisant oublier les circonstances tragiques de la scène.
Nous pouvons la rapprocher de plusieurs uvres conservées au musée Carnavalet : S' y trouve la contre-épreuve d'une sanguine située à Saint-Lazare et représentant un moment similaire : scène d'adieu à des condamnés ou visite ordinaire de femmes présentant un enfant (cf. Expo. cat. 33 p. 110, repr.). Quand il peint, en 1793 Le corridor de la prison Saint Lazare, Hubert Robert y représente le même chien et il signe et localise Le ravitaillement des prisonniers à la prison de Saint Lazare comme le nôtre : H.ROBERT/St.L.
Bibliographie en rapport :
[Expo. Royaumont, 2008] Royaumont au XIX° siècle, les métamorphoses d'une abbaye et notamment l' article de Françoise KLEIN
[Expo. Valence, 1989] Hubert Robert et la Révolution
Estimation : 120 000 / 150 000
PIASA
le 19/06/2013 - PARIS
Marie-Gabrielle CAPET (Lyon 1761 - Paris 1818)
Portrait de la baronne Dannery tenant son fils Jean Germain Samuel dans ses bras

Marie-Gabrielle CAPET (Lyon 1761 - Paris 1818)
Portrait de la baronne Dannery tenant son fils Jean Germain Samuel dans ses bras
- Gouache sur ivoire
- 13,5 x 9,5 cm
- Signée en bas vers la gauche : mg capet / an 7
- Infime rayure en bas
Provenance:
- Salon de l'An VII (1799), Supplément, N° 704: Miniatures : Portrait de la Cne D*** tenant dans ses bras son enfant.
- Salon de l'An VIII (1800) n° 65: Portrait de Madame D*** tenant son enfant sans ses bras.
(sous le N° 67 Melle Capet exposait cette même année le portrait en miniature de Houdon , récemment récupéré par le musée de Caen).
- Resté dans la famille du modèle jusqu'à ce jour.
La vie et l'uvre de Marie-Gabrielle CAPET sont intimement liées à celle d'Adélaïde LABILLE GUIARD (1749-1803), et de François-André VINCENT (1746-1816).
Accueillie par le jeune couple lorsqu'elle arrive à Paris en 1781, M.G.Capet est formée par Labille-Guiard et devient vite son élève préférée.
L'amitié qui naît alors entre le couple Vincent-Guiard (Labille-Guiard ne deviendra Madame Vincent qu'en 1800) et la jeune Marie Gabrielle Capet, ne se démentira jamais.
Capet débute au salon de la Correspondance en 1781 et y expose jusqu'en 1785. En 1791 elle est l'une des vingt et une femmes artistes qui exposent pour la première fois au salon du Louvre.
Pendant les troubles révolutionnaires, alors que leur grande rivale Elisabeth Vigée-Lebrun quitte la France, les deux femmes restent à Paris et prennent ensemble le virage de la révolution, exposant souvent côte à côte au salon. Afin de ne pas porter ombrage à son amie, Martie Gabrielle Capet, qui souvent avait pris une large part à la réalisation des portraits de Labille-Guiard, n'expose (du moins jusqu'en 1795) le plus souvent que des miniatures.
Puis, de plus en plus régulièrement, dans une technique dans laquelle elle excelle également, le portrait au pastel de ses concitoyens, confrères ou amis, tels Labille-Guiard et Vincent bien sûr, mais aussi Chénier, les avocats Berryer et Demetz, le peintre Meynier.
Elle expose pour la dernière fois au salon de 1814. Outre le tableau que Labille-Guiard exposa au salon de l'an VI qui représente son élève, et plusieurs autoportraits, le visage de l'artiste nous est connu par le Portrait de Mme Labille-Guiard et ses deux élèves Melles Capet et Carreaux de Rosemond (1785, New York, The Metropolitan Museum), le Portrait de Marie Gabrielle peignant le Sénateur Vien (Munich, Alte Pinakothek) ainsi que par plusieurs dessins de Vincent (pour l'un, Paris, musée du Petit Palais).
Au salon de l'an VI (1798), Marie Gabrielle Capet ne montre qu'une seule facette de son talent en n'exposant que des miniatures, dont les portraits de Labille-Guiard et de Vincent ainsi que celle que nous présentons.
Julie-Madeleine-Sophie Frégot, alias Forget (1772-1845) de Saint-Germain épouse Jean-Baptiste-Thomas Dannery (Versailles, 1744 - Ollainville,1806) qui fut consul de France en Espagne. S'il prit position pour la déchéance de Louis XVI, il s'opposa à la peine de mort en 1792. Ils eurent un fils, Jean-Germain-Samuel Adam Dannery né à Boston en 1795 et mort au Chili en 1837. (une note au dos du cadre nous dit... Samuel Dannery agé de 2 ans, ce que confirme la date de notre miniature).
Après avoir été gouvernante des princesses d'espagne, filles de Joseph Bonaparte, elle est nommée surintendante de la maison d'éducation de la Légion d'honneur à Saint-Denis, fonction qu'elle occupe de 1837( ou 1840) à sa mort en 1851. Elle est enterrée dans le cimietière de cette maison, à côté de sa petite-fille, ancienne élève de cette maison décédée à 17 ans. Elle est ici avec fils Samuel, âgé de deux ans.
VERSAILLES ENCHERES SARL
le 14/04/2013 - PARIS
Bernardino MEI (Sienne, vers 1615 - Rome, 1676)
Dalila et Samson retenu à un clou par sa chevelure

Bernardino MEI (Sienne, vers 1615 - Rome, 1676)
Dalila et Samson retenu à un clou par sa chevelure
- Toile
- 216 x 185 cm
- Agrandie d'une bande de 8cm en haut
Porte une ancienne attribution à Luca Giordano - Accidents, manques
Provenance :
Coll. Scipione Bargagli, Sienne, avant 1723
Coll. Claudio et Celso Bargagli, Sienne, en 1740
Palais Farnese, Rome (d' après la vente de 1838)
Vente Londres, salle du Pantechnicon, Christopherson, en 1838
Coll. privée anglaise à la fin du XIX° siècle
Resté depuis dans la même famille d'origine anglaise qui s'installa en 1903 dans un manoir de la région de Fécamp
Cet épisode de l'histoire de Samson et Dalila, rapporté dans le Livre des Juges, n'a que trés rarement retenu l'attention des peintres. Consacré à Dieu, Samson lutte avec succès contre les Philistins. Pour connaître le secret de sa force, Dalila le séduit et l'interroge à plusieurs reprises. La troisième fois, elle lui demande : "Jusqu'à quand me tromperas-tu? Dis-moi donc avec quoi il faudrait te lier. Samson lui dit: Si tu entortilles sept cheveux de ma tête avec la chaîne du tissu et, qu 'ayant fait passer un clou par dedans, tu l'enfonces dans la terre, je deviendrai faible." Profitant du sommeil de Samson pour ce faire, Dalila le réveille ensuite, lui disant: " Voilà les Philistins sur toi, Samson ! Et s'éveillant tout à coup, il arracha le clou avec ses cheveux et la chaîne de tissu." (Juges XVI, 13-14)
C'est cet instant que dépeint Bernardino Mei avec une force et un réalisme qui font de ce tableau l'un des chefs d'oeuvre de celui qui fut le plus grand artiste de Sienne après la mort de Rutilio Manetti en 1639. Ce "Dalila et Samson retenu à un clou par sa chevelure" apparaît dans deux inventaires des biens du siennois Scipione Bargagli. Son inventaire après-décès du 17 décembre 1723 répertorie une galerie de plus de 70 tableaux. Le numéro 482 décrit "Un quadro grande in diacere, con sue cornici nere largo b[racci]a 3 et alto b[racci]a 3 1/3 col ritratto di Sansone con le chiome al chiodo, e Pallada con altre figure al naturale del Mej (sic)". Le format indiqué (175 x 195 cm) est bien celui du tableau que nous présentons avant son agrandissement. On retrouve le tableau dans les biens encore en indivision entre les deux frères de Scipione, Claudio et Celso Bargagli, le 22 décembre 1740 ("Sansone colle chiome al chiodo. Del Mei ... 40").
Le tableau, décrit avec une grande précision, réapparaît à Londres en 1838, avec une attribution à Annibal Carrache: "N° 790. The chef d'oeuvre by Annibale Carracci, From the Farnese Palace at Rome, --representing Samson and Dalilah...This splendid workis noble and grand in conception as it is fine and masterly in execution. In the beautiful forms of the antique is here seen the perfect design and grandeur of outline of Michael Angelo; the sweetness and purity of Correggio; the warmth and distribution of Colours of Titian, harmoniously blended in Annibale Carracci's force. The expression of Samson is wonderfully wrought: his gigantic figure in fine proportion: the right hand grasping the jaw-bone, the left raised above the head, both in accordance with that writhing espression caused caused by sudden and violent pulling of the hair; to the locks the nail is attached, painted as drawn from its hold. The fine figure of Dalilah is beautifully contrasted with the head of the aged waiting woman. L'amour flying from the scene, by the finger placed in and about to be withdrawn from the mouth, announces hios resolve to depart: the cherub is painted, as nature round, exclaiming, "Io non ti voglio più" or, "Addio, me ne vâdo".--I leave you to return no more-- I quit you for ever. The expression is frequently used by the Italians, when one person is moved with indignation at the conduct of another. (Le chef d'oeuvre d' Annibal Carrache, provenant du palais Farnese à Rome, représentant Samson et Dalila... Cette oeuvre magnifique est d'une grande et noble conception, d'une belle et remarquable exécution ... L'expression de Samson est merveilleusement traduite, sa taille gigantesque a de belles proportions, sa main droite qui tient la mâchoire et sa main gauche levée au-dessus de la tête traduisent sa douleur quand il est, soudain, violemment retenu par la chevelure. Le clou qui retient ses cheveux semble lutter pour ne pas céder. La belle figure de Dalila contraste avec celle de la femme âgée qui attend. L'amour quitte la scène qu'il désigne du doigt, celui qu'il retire de la bouche signifiant sa décision de partir pour ne plus revenir. Tout en rondeurs, il s'exclame "Io non ti voglio più" ou "Addio, me ne vâdo", expression souvent utilisée par les Italiens pour dire leur indignation face à la conduite d'un autre.)
Le cartel indique qu'il a également été attribué à Luca Giordano
FRAYSSE & ASSOCIES
le 10/04/2013 - PARIS
Jacobus VREL (actif à Delft et Haarlem de 1634 à 1662)
Une femme à sa lecture

Jacobus VREL (actif à Delft et Haarlem de 1634 à 1662)
Une femme à sa lecture
- Panneau de chêne parqueté
- 54,5 x 41 cm
- Signé en bas sur un papier froissé au sol : jaco/bus/Frell
Provenance :
- Coll. Mme James Odier ;
- Sa vente, Paris, 25 mars 1861, lot 25 (comme Pieter de Hooch) ;
Acquis à cette vente par Mündler (470 francs) ;
- Coll. de l'expert Febvre (selon Brière-Misme);
- Vente Paris, 11 avril 1868, lot 38 (comme Vermeer, " Belle uvre digne de Pieter de Hooch ") ;
- Collection Adolphe Schloss, Paris, en 1904 et en 1929 ;
- Collection Mme Henri Schneider, Paris, en 1935 ;
- Succession de M.J.L. ;
Puis par descendance.
Bibliographie :
Clotilde BRIERE-MISME : Un " intimiste hollandais ", Jacob Vrel in " Revue de L'Art Ancien et Moderne " novembre et décembre 1935, pp. 160-162, fig.15 ;
W.BURGER Van der Meer de Delft , Gazette des Beaux Arts oct-nov. 1866 p. 566, n. 44;
HOFSTEDE de GROOT : Kritische opmerkingen, op. cit., 1904, p.32, Jacobus Vrel, op. cit.
W.R VALENTINER: Pieter de Hooch (Stuttgart, 1929) p. XXXIV (collection Schloss).
E.A.Honig, Looking in (to) Jacob Vrel , Yale Journal of Cristicism, Volume 3, number 1, 1989 fig. 13 (location unknown).
Estimation : 80 / 120 000
________________________________________
Jacobus Vrel est l'un des artistes les plus rares et les plus attachants de l'école hollandaise. Si l'on sait peu de choses de son lieu de naissance et de ses débuts, la réputation de l'artiste devait être établie assez tôt puisque deux de ses uvres apparaissent dans l'inventaire de l'archiduc Léopold dressé en 1659.
Tombé dans l'oubli jusqu'à sa redécouverte en 1935 par Clotilde Brière-Misme, le corpus de son uvre se reconstitue depuis et l'on dénombre aujourd'hui une petite quarantaine d' uvres réparties en deux groupes, les scènes de rues et les vues d'intérieur.
Son uvre évoque irrésistiblement celui de Pieter de Hooch auquel ont pu être attribués plusieurs de ses tableaux, mais Vrel se détache de son contemporain par des compositions plus dépouillées et intériorisées, moins " mondaines ". Les personnages sont issus du peuple et l'extrême sobriété de ses intérieurs concentre l'attention sur le sujet ; les murs clairs associés au noir des huisseries et des plinthes évoquent les églises peintes par Saenredam avec lesquelles ils partagent le même mystère qui a fait dire à Brière-Misme :
A chacune de ses uvres il se détourne davantage du monde. (p.168)
Frits Lugt possédait un tableau de Vrel (aujourd'hui à la Fondation Custodia, Paris) qui fait écho à celui que nous présentons, Une femme faisant signe à un enfant à travers la fenêtre (ill.1)(panneau, 46 x 39 cm, signé VREL sur un papier froissé à terre) ; le tableau date certainement de la même période. On y retrouve une palette restreinte et les mêmes protagonistes. L'importance des murs blancs éclairés par un lustre dont la lumière se reflète dans les verres bombés de la fenêtre est renforcée par l'obscurité dans laquelle apparaît l'enfant, le visage collé à la vitre.
De cette même période doit dater également Les soins maternels,(ill.2) autrefois à la galerie Knoedler (Panneau, 53 x 40.5cm), aujourd'hui conservé au musée de Detroit (Brière-Misme, op.cit, fig. 16).
Les scènes d'intérieur de Vrel comptent parmi les plus poétiques de l'âge d'or hollandais. Autour de Vermeer et de Pieter de Hooch, Vrel compose " une strophe personnelle et charmante dans le plus beau poème créé par la peinture hollandaise au 17è siècle, le poème de l'intimité " (Brière-Misme p.98).
May et associés S.A.R.L.
le 18/03/2013 - PARIS
Balthasar van der AST (1593-1657)
Nature morte à la coupe de fruits, vase de fleurs, coquillages et insectes

Balthasar van der AST (1593-1657)
Nature morte à la coupe de fruits, vase de fleurs, coquillages et insectes
- Panneau de chêne, trois planches non parquetées
- 43 x 69 cm
- Cadre cadre en bois sculpté et redoré, travail francais d'époque Louis XIII
- Trace de signature et de date en bas à gauche
- Restaurations anciennes
Balthasar Van der Ast est né à Middelburg et entre en 1609 après la mort de son père dans l'atelier de son beau-frère Ambrosius Bosshaert le vieux ( (1573-1621). C'est probablement vers 1615 qu'il déménage à Bergen-op-Zoom avec la famille Bosshaert, avant de s'installer à Utrecht en 1619 où il est fait membre de la guilde de Saint Luc. Après la mort de Bosshaert en 1621, il semble que Van der Ast soit devenu le doyen de la guilde des peintres de fleurs et de fruits. En 1632 il s'installe à Delft ou il reste actif jusqu'à sa mort en 1657.
Avant 1624 Van der Ast s'inspire littéralement des compositions, et de la manière, de Bosshaert au point que certains oeuvres ont parfois été confondues. On trouve des compositions généralement en hauteur, souvent uniquement des fleurs, dans un vasse posé sur un entablement de pierre que viennent agrémenter quelques insectes, l'ensemble baigné dans une lumière assez froide.
A partir des années 1625 Van der Ast semble mettre au point un nouveau type de compositions , plus en largeur, dans lesquelles il isole les fleurs des fruits souvent dans des porcelaines Wanli Kraak sur un entablement de pierre et que veinnent égayer des coquillages, des papillons ou des lézards.Ceux ci sont un emprunt à la manière de Roelandt Savery, nouvellement installé à Utrecht après un séjour à Prague.
Au 17è siècle les coquillages exotiques étaient rapportés d'Indonésie, du Japon, du Brézil des Indes Orientales et des Carraïbes par les bateaux de la Compagnie Hollandaise des Indes Orientales. Tout comme les bulbes de tulipes, ceux-ci furent l'objet de convoitises et de spéculations très importantes. Leur valeur dépendant autant de leur rareté et de leur prestige que de leur valeur d'investissement. etd épendait de la mode du moment, il pouvait ainsi en couter plusieurs miliers de guilders chacun. Le poète Romer Vissher en fit une vive critique, stigmatisant dans son Sinnepoppen qui parut en 1614 les collectionneurs en anotant en bas d'une gravure repésentant des coquillages exotiques le Ridicule des fous qui dépensent leur argent et spéculent sur les coquillages... (voir L.J.Bol, The Bosshaert Dynasty, 1980, p.39). Van der Ast excellait dans la manière de représenter ceux-ci si bien que de nombreux comtemporains l'imitèrent. Sam Segal a suggéré que les coquillages étaient vus comme un symbole de vanité(S.Segal, A Prosperous Past, catalogue d'exposition, 1989, pp.88) Cependant il est très probable qu'ils symbolisaient également la gloire des créations de Dieu par la richesse de leur reflets et leur texture. qui, selon le poète Philippe van Borsselin en 1611 exprime la conviction que toute beauté et éclat sont le reflet de Dieu.
On pourra comparer notre composition à celle passée en vente chez Christie's à Londres le 8 décembre 1995, n°38 (panneau 46.5 x 84cm, signée et datée 1626). Avec celle vendue chez Sotheby's le 3 juillet 1996, n° 66, datée 1625, elle pêrmet de dater notre tableau autour de cette date .
Nous remercions Monsieur Fred Meijer pour nous avoir confirmé le caractère autographe de notre tableau.
Claude Aguttes S.A.S.
le 07/12/2012 - PARIS
Hendrick Van BALEN (1575-1632)
Le Frappement du Rocher

Hendrick Van BALEN (1575-1632)
Le Frappement du Rocher
- Cuivre parqueté
- 50 x 65 cm
- Cadre cadre en bois et stuc doré d'époque Empire
- Quelques restaurations anciennes
Selon Karel Van Mander, Hendrick Van Balen fut élève de A. Van Noort.Il est admis à la Guilde d'Anvers en 1593 puis entreprend un voyage en Italie. De retour dans sa ville natale d'Anvers en 1602 il dirige un atelier prospère qui forma pendant plus de 20 ans de nombreux et talentueux élèves dont le jeune Van Dyck ainsi que Frans Snijders. Van Balen s'attacha surtout à la représentation de peintures mythologiques et allégoriques ainsi que des thèmes issus principalement de l'ancien Testament. Il travailla souvent en collaboration avec ses confrères anversois tels Joos de Momper, Frans Snijders Jan Brueghel le vieux, Gaspar de Witte et Jan Brueghel le jeune. Son coloris chaud et son dessin précis, empruntés à l'art de Rottenhamer qui introduisit l'art vénitien dans les Pays-Bas, se conjuguent parfaitement avec le support de cuivre qui permet les effets les plus raffinés.
Notre tableau peut être rapproché de deux compositions
Fait rare, on peut voir à l'extrême gauche de la composition, ce qui pourrait être le seul autoportrait connu de l'artiste qui nous livre ici l'une de ses comppositions les plus abouties.
une version de notre tableau, à notre avis de moindre qualité, est reproduite dans Bettina Werche, Hendrick Van Balen (1575-1632); Ein Antwerpener Kabinettbildmaler der Rubenszeit, Brepols ed.2004, N° A 7H (localisation inconnue).
May et associés S.A.R.L.
le 18/06/2012 - PARIS
David TENIERS le Jeune ( 1610 - 1690)
L'intérieur de l'alchimiste

David TENIERS le Jeune ( 1610 - 1690)
L'intérieur de l'alchimiste
- Toile
- 60 x 74 cm
- Sans cadre
Provenance :
- Collection Abraham Bredius (1855-1946) ;
- Galerie Goudstiker, Amsterdam, 1919 (catalogue vol. XIV, n°75) ;
- Collection Charles Huet ;
- Succession de Mme Huet, vente Paris, galerie Charpentier, 14 juin 1960, Me Ader, n°52 reproduit (37.000Frs).
- Racheté à cette vente par les enfants de Mme Huet, parents des propriétaires actuels.
Expositions :
- Schilderijen van Oude Meesters, La Haye, Pulchri Studio, 1890, n°108 (Bredius)
- Oude Schilderejien bijeengebracht uit de verzamelingen van Dr. A. Bredius en J.O.Kronig, La Haye, Kunstzaal Kleykamp, 1915, n°26 ( Bredius) ;
- Catalogue de la collection Goudsticker d'Amsterdam, Amsterdam Maastschappij voor Beeldende Kunsten, 14 décembre 1919 - 4 janvier 1920, n° 75, illustré.
- Lille, Musée de l'hospice Comtesse, vers 1960.
Nous remercions Madame Margaret Klinge qui, après examen direct de l'uvre, en a confirmé son authenticité. Un certificat de Madame Margaret Klinge sera remis à l'acquéreur.
Dans une atmosphère bouillonnante, une profusion de fioles, cornues, livres, pots de terre vernissée, alambics, chaudrons, bouteilles sont disposés sur une table, sur une étagère, sur un tabouret, ou sur un tonneau, ou bien jonchent le sol dans un désordre savamment orchestré. Sur le devant de la scène deux jeunes apprentis s'occupent, l'un à attiser les braises, l'autre se tient prêt à l'assister. L'alchimiste, relégué au fond de la scène, explique à un incrédule les bienfaits de son élixir. De part et d'autre un aide ravive la forge, un autre s'active au mortier ; un spectateur qui passe la tête par la fenêtre s'amuse de la scène.
A droite un petit chien ferme la composition et dirige habilement l'il du spectateur vers quatre nature-mortes qui se succèdent en escalier et invitent le spectateur à sortir de l'atmosphère suffocante de cet atelier d'alchimiste.
On trouve des traces écrites de l'Alchimie, art de la transmutation, depuis plus de trois millénaires dans toutes les grandes civilisations. Elle remonte à l'origine du travail des métaux et sa tradition nous vient des Egyptiens qui transmirent leur savoir aux Grecs avant de parvenir aux Arabes (du persan Kimia, la Substance) qui ajoutèrent au nom originel le préfixe Al.
Le but principal de l'alchimie est la recherche de la pierre philosophale, substance qui serait capable de transformer les métaux en or. Il est également la recherche de la Panacée universelle, remède capable de guérir tous les maux, de rajeunir la vieillesse et de prolonger indéfiniment l'existence. L'alchimie est aussi la science des faussaires, des fous et des charlatans. Devenue l'apanage des esprits chimériques, elle atteint son paroxysme au XVIème siècle. L'empereur Rodolphe II, grand protecteur des alchimistes, en aurait eu, selon certaines sources, jusqu'à deux cents à son service.
Petit à petit les alchimistes ont posé les bases de la chimie moderne avec la découverte des acides, des alcools
Mais l'alchimie, et c'est bien la vision que nous en donne Teniers, est l'expression d'un regard sur le monde. Ce qui caractérise avant tout l'alchimiste c'est la patience et sa capacité à transmettre aux plus jeunes les secrets d'une expérience inachevée. Elle est avant tout un cheminement, une éducation au monde.
Parmi les quelques versions sur le même thème de Teniers, on pourra comparer notre Intérieur d'alchimiste à :
- L'alchimiste au travail, toile, 78 x 87cm, signée, Vente Christie's Londres, 6 avril 1984, lot 60 ;
- L'alchimiste, toile, 65 x 86cm, signée, Vienne, Galerie Sanct Lucas 1993-1994, cat. n° 11 ;
- L'atelier de l'alchimiste toile, 43.5 x 69cm, signée, Vente Paris, Mes Ader- Picard- Tajan, 12/12/1994, n° 22.
C'est de cette dernière composition, dans laquelle on retrouve la même mise en scène et le même ordonnancement des objets, que se rapproche notre toile qui reste l'une des plus ambitieuses du peintre sur ce thème.
Ce tableau a appartenu à Abraham Bredius (1855-1946) qui fut l'un des plus grands historiens d'art de son temps. Grand connaisseur de la peinture des maîtres du nord, et de Rembrandt en particulier, il publia de nombreux ouvrages sur cette école ; il fut également le spécialiste de Jan Steen. Il s'opposa souvent à Cornelis Hofstede de Groot (1863 - 1930) l'autre grand spécialiste de Rembrandt et légua à La Haye une grande partie de sa collection de tableaux qui fut érigée en musée. Le Rijksmuseum bénéficia également largement de ses dons.
La documentation de ces deux grands historiens d'art forme aujourd'hui le noyau du Rijksbureau voor Kunsthistorische Documentatie (RKD) à La Haye.
GROS & DELETTREZ
le 01/06/2012 - PARIS
Ambrosius BOSSCHAERT le vieux ( Anvers 1573 - La Haye 1621)
Bouquet de fleurs dans un vase de bronze posé sur un entablement près d' un coquillage

Ambrosius BOSSCHAERT le vieux ( Anvers 1573 - La Haye 1621)
Bouquet de fleurs dans un vase de bronze posé sur un entablement près d' un coquillage
- Cuivre
- 34,2 x 23,4 cm
- Cadre en bios et stuc doré, travail Français d'époque empire
- Monogrammé et daté 1621 (?) en bas à droite
- Petit manque
Provenance:
France, collection privée depuis au moins le début du 19è siècle
Ambrosius Bosschaert est baptisé à Anvers le 18 novembre 1573. Il est l'unique fils d'un peintre du même nom dont aucune uvre n'est aujourd'hui connue. Fuyant l'arrivée des Espagnols, les Bosschaert se réfugient à Middelburg vers 1587. Ambrosius est reçu maitre de la guilde de cette ville vers 1593. Sa carrière s'épanouit alors, favorisée par une forte tradition locale de collectionneurs. Ambrosius Bosschaert fonde une véritable dynastie de peintres de fleurs avec ses trois fils Ambrosius le jeune, Johannes et Abraham, ainsi que son beau frère Balthasar Van der Ast.
A l'instar de Rubens, Bosschaert développe un commerce de tableaux. Il semble s'être spécialisé dans les écoles allemandes et flamandes. De nombreux documents attestent de cette activité tant à Anvers qu'à Francfort, en Angleterre et en Irlande. Un commerce qui semble lui avoir réussi puisqu'en 1611 il achète une grande maison à Middelburg.
En aout 1619 il quitte la ville qui a fait sa fortune pour Breda, mais l'artiste meurt subitement en 1621 alors qu'il est de passage à La Haye pour livrer à un serviteur du prince Maurice d'Orange une des ses compositions qui firent sa réputation..
Ambrosius Bosschaert est considéré comme le pionnier de la nature morte de fleurs en Hollande. L'étude des plantes médicinales et leur représentation dans les manuscrits enluminés trouve sa source au moyen-âge.
Alors que l'intérêt scientifique pour les fleurs se développe vers la fin du 16è siècle, il prend une dimension plus esthétique au début du 17è siècle et Bosschaert est le premier peintre à s'en faire une spécialité probablement avant même que Jan Brueghel le vieux ne fasse croitre à Anvers une école de nature morte sur ce thème.
Bosschaert dispose ici dans un vase de bronze (ou de verre ?) agrémenté de mufles de lion, un bouquet d' iris, tulipe, jacinthe bleue, roses, myosotis, muguet, cyclamen, ancolie, fritillaire, pensées et renoncules qu'il présente sur un entablement à côté d' un coquillage et d'une mouche . Sur une fleur à droite est posé un papillon.
Au-delà de leur beauté, les fleurs sont choisies pour leur symbolique. La rose qui représentait à l'origine l'amour triomphant de Vénus est devenue l'image de l'amour universel de la Vierge Marie, " rose sans épines ". Entre les roses, une ancolie blanche, une des sept fleurs du jardin de la vierge, représente l'un des dons de l' Esprit-Saint, parmi eux, la Foi, l'Espérance et la Charité. Le myosotis, de la couleur du ciel, est la fleur du Paradis. Il rappelle le salut de l'âme restée fidèle à son Dieu. Le muguet, par son parfum délicat, évoque l'humilité de la Vierge. Les cinq pétales de la pensée sont l'image des cinq plaies du Christ, tandis que ses trois couleurs sont un rappel de la Trinité. En haut de la composition, un bel iris jaune se hisse pour se faire une place à coté d'une imposante tulipe. Annonçant la future royauté du Christ, il est aussi le symbole de la douleur qui transperce la Vierge, telle un glaive dont il rappelle la forme. Il lutte avec la tulipe , plus tard objet de collection, source de richesse et de convoitise qui est le symbole des vanités contemporaines. Discrète, la jacinthe bleue, fleur de la Sagesse chrétienne s'élève davantage encore. Sur la pivoine de droite, symbole de sincérité, se pose délicatement un papillon représentant le côté éphémère de la vie qui passe. La mouche, qui évoque la décomposition à laquelle n'échappera pas ce bouquet de fleurs coupées rappelle que toute vie à une fin et qu'il faut s'y préparer. Pour cela il convient de ne pas s'éloigner de la parole du Christ, seul vainqueur de la mort. Le coquillage, par sa structure interne, est une image de la résurrection, renaissance à la vie.
Afin de donner vie à sa nature morte et lui éviter un côté " statique ", Bosschaert emploi un procédé simple mais efficace : sur un fond léger gris et transparent, l'artiste " charge " certaines fleurs (tulipe, iris
) ainsi que le feuillage pour leur donner consistance et relief, tandis qu'il peint plus légèrement roses et muguet, ce qui leur confére une certaine fraîcheur. Tirant parti du fond gris sur lequel on devine les traits de construction au crayon, il traduit la nacre du coquillage par des glacis bruns que viennent réveiller de petits accents de lumière.
Notre tableau dérive d'une autre nature morte du maitre, datée 1621, conservée dans une collection particulière ( cuivre, 31.6 x 21.6 cm, image RKD 122688); d'une composition analogue, elle s'en distingue toutefois pas une vase bulbe en verre, l'absence de coquillage, la présence du papillon sur l'entablement et un cartouche sur fond bleu lapis au bas de l'entablement.
Inédit à ce jour, notre tableau est un ajout très important au corpus de l'uvre restreint de Bosschaert. Il n'était connu jusqu'à présent qu'à travers plusieurs copies anciennes :
- L'une au Erschede Rijksmuseum (bois, 34 x 22cm ; ancienne collection Van Heel,)
- L'autre vente Sotheby's Londres, 6 dec. 1972, n°8 ; puis Paris, Galerie d'art Saint Honoré, 1985 17th century Netherlands Paintings (Ambrosius Bosschaert le Jeune, comme peint sur cuivre 33.7 x 23.5cm), puis Salomon Lilian Amsterdam, 1995, cat.p.8 (comme peint sur argent).
- Une troisième est reproduite dans J.L.Bol The Bosschaert Disnaty, 1960, cat.n° 49 comme atelier de Bosschaert.
Nous remercions Monsieur Fred Meijer qui, d'après photographie, a bien voulu nous confirmer le caractère autographe de notre tableau.
ENCHERES SADDE SARL
le 21/05/2012 - PARIS
Osias BEERT l'ancien (Anvers ?, vers 1580 - ?, 1624)
Nature morte aux plats d' huîtres, volaille rôtie, friandises et fruits secs posés sur un entablemen

Osias BEERT l'ancien (Anvers ?, vers 1580 - ?, 1624)
Nature morte aux plats d' huîtres, volaille rôtie, friandises et fruits secs posés sur un entablemen
- Panneau de chêne, deux planches, non parqueté
- 58 x 92 cm
- Fente et petits manques
Osias BEERT l'ancien
(Anvers ?, vers 1580 - ?, 1624)
Nature morte aux plats d' huîtres, volaille rôtie, friandises et fruits secs posés sur un entablement avec des verres et un bocal " façon-de- Venise "
Maître à la Guilde d'Anvers en 1602, Osias Beert est probablement né à Anvers vers 1580. Jan Brueghel de Velours, Anversois de 12 ans son aîné, lui a ouvert le chemin en assemblant des objets de formes et matières diverses pour créer des natures mortes d'un genre nouveau . Osias Beert excelle dans ces arrangements, imaginant sans cesse de nouvelles compositions. Le point de vue légèrement plongeant qu'il adopte permet une mise en perspective de chaque objet, décrit avec réalisme.
La partie gauche baigne dans une lumière qui joue avec les verreries, l'éclat des étains et les grains de gros sel. Le couteau qui reprend la diagonale allant des radis aux verres mène notre regard vers cette partie remarquable du tableau. Ce qui semble n'être qu'une reprise d'éléments présents dans d'autres compositions se révèle une invention originale : Osias Beert ne peint jamais deux verres identiques. Faits pour rehausser la robe du vin, blanc ou rouge, leurs formes sont uniques, associant jambes et paraisons de décors variables. Les arrangements de friandises et fruits secs sont également toujours renouvelés. Le papillon qui anime le premier plan rappelle l'engouement de l'époque pour les vanités : associé à un moment de bonne chère qui ne peut durer, il rappelle que la vie est un passage éphémère, ce que disent également la coquille de noisette vide et le ver, image de la putréfaction.
Edith Greindl recense 12 tableaux signés par l'artiste dont une Nature morte au plat d'huîtres et cinq plat de friandises avec un bocal et deux verres comparable à celle que nous présentons (toile, 77 x 112 cm ; cf. Les peintres flamands de Nature Morte au XVII° siècle, Bruxelles, 1983, pp. 335-337, Cat. n°4, repr.).
Nous pouvons également la rapprocher de la Nature morte aux plats d'huîtres et fruits secs, biscuits dans un plat de porcelaine Wan-Li et verreries sur une table conservé à la National Gallery of Art de Washington et daté des années 1620/24 (Panneau, 52 x 73 cm).
Maître Adrien BLANCHET
le 26/03/2012 - PARIS
Jusepe de RIBERA (Jativa 1588 - Naples 1656)
Saint Jean l'évangéliste

Jusepe de RIBERA (Jativa 1588 - Naples 1656)
Saint Jean l'évangéliste
- Toile
- 105 x 83 cm
- Cadre ancien avec petits accidents
- Porte au dos une étiquette d'inventaire: N°14-Salle à manger/ Tableau représentant Saint Jean/ Joli morceau de peinture/ La main en particulier, est trés belle/ Ecole francaise du XVIII° siècle/ inspiration de Philippe de Champaigne
- Petits manques
f
JEAN DIT CAZAUX et ASSOCIES SARL
le 20/10/2011 - PARIS
Jacob SAVERY (1545-1620)
Patineurs sur une rivière gelée devant une église

Jacob SAVERY (1545-1620)
Patineurs sur une rivière gelée devant une église
- Panneau de chêne une planche, non parqueté
- 29 x 41 cm
- Fente et petits manques
SAINT GERMAIN EN LAYE ENCHERES
le 28/11/2010 - PARIS
Jean-François de TROY (1679- 1752)
Psyché et l'Amour

Jean-François de TROY (1679- 1752)
Psyché et l'Amour
- Toile
- 67 x 82,5 cm
PIASA
le 01/12/2006 - PARIS
Jacques Louis DAVID (Paris 1748-Bruxelles 1825)
Portrait du général baron Claude Marie Meunier, gendre de Jacques Louis David

Jacques Louis DAVID (Paris 1748-Bruxelles 1825)
Portrait du général baron Claude Marie Meunier, gendre de Jacques Louis David
- Sur toile d'origine
- 72,5 x 58 cm
Quelques belles enchères
-
Pierre BRUEGHEL II (Bruxelles, 1564 - Anvers, 1636)
Le paiement de la dîme
Toile
112 x 184 cmAdjudication : 780 000 €
, 28/03/2023
DAGUERRE Mes Benoit Derouineau et Bertrand de Cotton
-
Alexandre-François DESPORTES (Champigneulle 1661- Paris 1743)
Faisan perdreau abricots dans une jatte imari et figues sur un entablement; Perdreau becasses panier de peches et prunes et abricots sur un entablement
Paire de toiles
79,8 x 61,8 cmAdjudication : 212 500 €
, 08/10/2022
BRISCADIEU Me Antoine
-
Auguste Jean Baptiste VINCHON (Paris 1787 - Bad Ems 1855)
LOT 44 : 19 paysages
Dimension du cadre : 144 x 151,5 cmAdjudication : 160 000 €
, 03/07/2022
DAGUERRE - VAL de LOIRE
-
Auguste Jean Baptiste VINCHON (Paris 1787 - Bad Ems 1855)
LOT 43 : 19 paysages
Dimension du cadre : 147,5 x 145 cmAdjudication : 220 160 €
, 03/07/2022
DAGUERRE - VAL de LOIRE
-
Auguste Jean Baptiste VINCHON (Paris 1787 - Bad Ems 1855)
LOT42 : 24 Paysages
Dimension du cadre : 154,5 x 152,5 cmAdjudication : 300 800 €
, 03/07/2022
DAGUERRE - VAL de LOIRE
-
Auguste Jean Baptiste VINCHON (Paris 1787 - Bad Ems 1855)
LOT 41 : 24 Paysages
Dimension du cadre : 154,5 x 153,5 cmAdjudication : 294 400 €
, 03/07/2022
DAGUERRE - VAL de LOIRE
-
Bernardo DADDI (Florence, vers 1290 - 1348)
Saint Dominique ressuscite le jeune Napoleone Orsini
Panneau à fond or
38,9 x 35,2 cmAdjudication : 1 290 400 €
, 23/03/2022
ARTCURIAL PARIS Me Matthieu Fournier
-
Jean Simeon CHARDIN ( 1699-1779)
Le panier de fraises des bois
Toile
38,5 x 46 cmAdjudication : 24 381 400 €
, 23/03/2022
ARTCURIAL PARIS Me Matthieu Fournier
-
Bernhard STRIGEL (Memmingen 1460 - 1528)
Ange thuriféraire vêtu d'une tunique jaune
Panneau de chêne, quatre planches, non parqueté
48,8 x 61,2 cmAdjudication : 3 472 000 €
, 04/02/2022
ARTPAUGEE
-
Jusepe de RIBERA (Jativa 1588 - Naples 1656)
Saint Pierre repentant
Toile
76 x 64 cm
D’origine en bois mouluré et doré, travail italien du 17èmeAdjudication : 1 430 000 €
, 13/12/2021
GROS & DELETTREZ
-
Raden Syarif Bastaman SALEH ( Semarang, Indonésie 1811 ou 1814 - Bogor 1880)
Vue de la route descendant du mont Megamendung
Toile d'origine, cachet au dos de G Rowney & C° à Londres
134 x 165,5 cmAdjudication : 2 210 000 €
, 02/12/2021
DAGUERRE Mes Benoit Derouineau et Bertrand de Cotton
-
Jean-Honoré FRAGONARD (Grasse 1732 - Paris 1806)
Un philosophe lisant
Toile ovale d'origine
45.8 x 57 cmAdjudication : 7 686 000 € €
, 26/06/2021
PETIT EPERNAY
-
Jan Jansz Van de VELDE III (Harleem 1620 - Enkhuizen 1662)
Nature morte au Rohmer, salière, huîtres et citron
Toile
43 x 55 cmAdjudication : 585 400 €
, 09/06/2021
ARTCURIAL PARIS Me Matthieu Fournier
-
Frans SNYDERS (Anvers, 1579 - 1657)
Nature morte avec deux singes jouant avec une corbeille de fruits renversée
panneau de chêne, trois planches, non parqueté
63.5 x 104.5 cmAdjudication : 387 000 €
, 09/06/2021
ARTCURIAL PARIS Me Matthieu Fournier
-
Claude Joseph VERNET (Avignon 1714 - Paris 1789)
Pêcheurs retirant leur filet dans un paysage classique
Toile
74,5 x 98 cmAdjudication : €
, 08/06/2021
AUDAP et Associés
-
ZHURAVLEV Firs (1836-1901)
Jeune fille en kokochnik
Toile d'origine
66,5 x 54 cmAdjudication : 172 800 €
, 06/05/2021
LIBERT Me Damien
-
Maria van OOSTERWYCK (Nootdorp,1630 - Amsterdam,1693)
Bouquet de fleurs dans un vase en grès du Rhin posé sur un entablement à côté d' une nature morte de coquillages
Toile
101,5 x 78 cmAdjudication : 806 000 €
, 26/03/2021
POMEZ - BOISSEAU Mes
-
, 29/01/2021
ADER NORDMANN & DOMINIQUE
-
Giuseppe VERMIGLIO (1585 - 1635)
Le Mariage mystique de sainte Catherine entre sainte Agathe et saint Jean-Baptiste
Toile
170 x 196 cmAdjudication : €
, 29/01/2021
ADER NORDMANN & DOMINIQUE
-
Lazzaro BASTIANI (actif à Venise de 1449 à 1512)
Vierge à l'Enfant
Panneau renforcé
48 x 31 cmAdjudication : 142 600 € €
, 27/11/2020
POMEZ - BOISSEAU Mes
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GIAN GIACOMO CAPROTTI dit le SALAI ( Oreno di Vimercate 1480 - Milan 1524 )
Marie Madeleine
Panneau une planche
65 x 50 cmAdjudication : 1 745 000 €
, 18/11/2020
ARTCURIAL PARIS Me Matthieu Fournier
-
Charles Antoine COYPEL (Paris 1694 - 1752)
La mise au tombeau
toile
67 x 57 cmAdjudication : 67 650 €
, 31/10/2020
BRISCADIEU Me Antoine
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Abraham WILLAERTS (Utrecht 1603 - 1669)
Vaisseaux, dont l'Amélia, devant la ville de Mauritsstad, Brésil
panneau, une planche, non parqueté
46 x 81 cmAdjudication : 158 860 €
, 10/10/2020
CHAMPION Pierre ; Franck PUAUX ; Françoise KUSEL
-
Louis GAUFFIER (Poitiers 1762- Florence 1801)
Famille d'un diplomate accrédité en Italie sous le Directoire, la cueillette des oranges
toile
69 x 99 cmAdjudication : 660 000 €
, 04/10/2020
ROUILLAC Mes Philippe et Aymeric
-
Salomon Van RUYSDAEL ( vers 1600/1603 - 1670)
Voilier au large
Panneau de chêne parqueté
18 x 24 cmAdjudication : 266 700 €
, 22/09/2020
PESCHETEAU-BADIN
-
François DESPORTES (1661 - 1743)
Nature morte de gibiers et de fruits
toile
102.5 x 83 cm
en bois sculpté doré, travail français d'époque Louis XIVAdjudication : 2 029 500 €
, 19/09/2020
BRISCADIEU Me Antoine
-
François BOUCHER (1703-1770)
Joueur de vieille
Joueur de vielle
39.5 x 32 cmAdjudication : 494 000 €
Paris, 23/06/2020
DAGUERRE Mes Benoit Derouineau et Bertrand de Cotton
-
Jusepe de RIBERA (Jativa 1588 - Naples 1656)
Un philosophe : l'heureux géomètre
Toile
100 x 75,5 cmAdjudication : 1 820 000 €
PARIS, 16/06/2020
DAGUERRE
-
Osias BEERT le Vieux (Anvers (?) vers 1580 - 1624)
Bouquet de fleurs dans un vase sur un entablement
Cuivre
22 x 18 cmAdjudication : 88 000 €
Saint Martin Boulogne, 29/02/2020
Maitre Anne RICHMOND
-
Michael SWEERTS (Bruxelles 1618- Goa 1664)
Un enfant tenant un fruit (allégorie du goût)
Toile
24,6 x 18,3 cmAdjudication : 519 500 €
Paris, 09/12/2019
Maître Emmanuel FARRANDO
-
MAÎTRE DE VISSY BROD, Bohême vers 1350
La Vierge te l'Enfant en trône, panneau de dévotion
Peinture à loeuf sur panneau de bois fruitier
22 x 20 cm
Sans cadreAdjudication : 6 200 000 €
Dijon, 30/11/2019
Maître Hugues Cortot et associés
-
Jean-Baptiste PERRONNEAU (Paris ca. 1715 - Amsterdam 1783)
Portrait présumé de François Gorsse en habit gris
Pastel
57 x 47 cmAdjudication : 57 600 €
PARIS, 20/11/2019
Damien LIBERTSVV
-
Paris, 15/11/2019
MIRABAUD FABIEN & MERCIER CLAUDIA
-
Cesare MAGNI ( Milan 1492 - 1534 )
Vierge à l'enfant
Panneau, une planche, renforcé
74 x 56,6 cmAdjudication : 591 800 €
PARIS, 13/11/2019
ARTCURIAL
-
PARIS, 13/11/2019
ARTCURIAL
-
Cenni di Pepo dit CIMABUE ( Connu de 1272 à 1302 )
Le Christ moqué
Peinture à l'oeuf et fond d'or sur panneau de peuplier
25,8 x 20,3 cm
Sans cadreAdjudication : 24 180 000 €
Senlis, 27/10/2019
HOTEL DES VENTES DE SENLIS sarl
-
Michelangelo Merisi dit Caravaggio ( Milan 1571 - Porto Ercole 1610 )
Judith et Holopherne
Toile
144 x 173,5 cmAdjudication : cette oeuvre a fait l'objet d'une négociation particulière €
TOULOUSE, 27/06/2019
Marc Labarbe Sarl
-
Horace VERNET (Paris 1789 - 1863)
Daniel dans la fosse aux lions
Toile
147 x 114,5 cmAdjudication : 505 000 €
PARIS, 26/06/2019
TAJAN
-
Jacques STELLA (Lyon, 1596 - Paris, 1657)
Judith avec la tête d'Holopherne
Ardoise
26,6 x 22,5 cmAdjudication : 375 100 €
ANGERS, 05/12/2018
Xavier de La Perraudière Eurl
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Frans II FRANCKEN ( Anvers 1581 - 1642)
La traversée de la Mer Rouge
Panneau présentant au dos un décord peint
118 x 213,5 cm
Sans cadreAdjudication : 1 488 000 €
Troyes, 29/09/2018
Maître Thierry Pomez
-
Willem van de VELDE (1633-1707) et son atelier
Plage de Schweningen
Panneau de chêne, renforcé
36,5 x 47,5 cmAdjudication : 212 500 €
Paris, 22/06/2018
ADER NORDMANN
-
Jan Jansz. Van de VELDE III (Harleem 1620 - Enkhuizen 1662)
Nature morte au pichet de grès
Panneau de chêne, une planche, non parqueté
36 x 28 cmAdjudication : 842 860 €
Paris, 22/06/2018
Me Pierre Audap & Me Fabien Mirabaud
-
Paris, 22/06/2018
Me Pierre Audap & Me Fabien Mirabaud
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Antonio NICCOLINI (San Miniato 1772 - Naples 1850) et Letterio SUBBA (Messine 1787 - 1868)
Vue recomposée de Naples et des antiques du Real Museo Borbonico
Toile
81,5 x 120 cmAdjudication : 250 000 €
Paris, 22/06/2018
ADER NORDMANN
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Les frères Le NAIN (Antoine : Laon avant 1600 - Paris 1648 Louis : Laon avant 1600- Paris 1648 Mathieu : Laon 1607 - Paris 1677)
L'Enfant Jésus en adoration de la croix
Toile
72 x 59 cm
Sans cadreAdjudication : 3 596 000 €
Vendôme, 10/06/2018
Maîtres Philippe et Aymeric Rouillac
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Charles MEYNIER (Paris 1768 - 1832)
Télémaque, pressé par Mentor, quitte lîle de Calypso
Sur sa toile d'origine
154 x 203 cmAdjudication : 2 232 000 €
Nantes, 27/03/2018
Hotel des ventes Nantes
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Joseph VIVIEN (Lyon 1657- Bonn 1734)
Portrait de l'abbé Ambroise Lalouette (1653-1724), aumônier de Louis XIV, chanoine de l'église Sainte-Opportune
Pastel entoilé
82 x 65 cmAdjudication : 104 000 €
PARIS, 21/03/2018
ARTCURIAL
-
Ecole FRANCAISE vers 1630
Scène de cabaret avec des mousquetaires
Toile
134 x 203 cmAdjudication : 393 400 €
PARIS, 21/03/2018
ARTCURIAL
-
Verviers (Belgique), 22/02/2018
Benoît LEGROS
-
Raden Syarif Bastaman SALEH (Semarang, Indonésie 1811 ou 1814 - Bogor 1880)
La Chasse au taureau sauvage (banteng)
Toile
110 x 180 cmAdjudication : 8 640 000 €
VANNES Cedex, 27/01/2018
JACK-PHILIPPE RUELLAN
-
Nicolas POUSSIN (Les Andelys 1594 - Rome 1665)
La Sainte Famille avec saint Jean-Baptiste
Toile
52 x 68 cm
Cadre cadre Louis XIVAdjudication : 437 600 €
PARIS, 19/12/2017
TAJAN
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Artemisia GENTILESCHI (Rome 1593 - Naples 1652)
Sainte Catherine d'Alexandrie
Toile
71 x 71 cmAdjudication : 2 360 600 €
Paris, 19/12/2017
Maître Christophe JORON DEREM
-
Cornelis BAZELAERE (documenté à Anvers en 1523), dit le MAITRE AU PERROQUET
Vierge à l'enfant tenant un perroquet
Panneau de chêne, une planche, non parqueté
40 x 32 cmAdjudication : 83 000 €
Paris, 11/12/2017
Maître Vincent de Muizon et Maître Olivier Rieunier
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Elisabeth Louise VIGEE-LE BRUN (Paris 1755 - 1842)
Portrait de la Mária Franzcisca Palffy (1773-1821)
Toile
96 x 74 cmAdjudication : 760 000 €
Heidelberg (Allemagne), 09/12/2017
Antiquitaten Metz
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Frans SNYDERS (Anvers, 1579 - 1657)
Le poissonnier et son étal
Toile
202 x 334 cmAdjudication : 700 000 €
PARIS, 14/11/2017
ARTCURIAL
-
Jacob van HULSDONCK (Anvers 1582- 1647)
Oranges, citrons et grenades dans une coupe Wan-Li sur un entablement de pierre
Panneau de chêne, une planche, non parqueté
27 x 34 cmAdjudication : 335 000 €
Coutances, 25/02/2017
HOTEL DES VENTES DE COUTANCES
-
Jan MASSYS ( Anvers 1509 - 1575)
Saint Jérôme dans son atelier
Panneau de chene, trois planches, non parqueté
72 x 99,5 cmAdjudication : 350 000 €
Villefranche sur Saône, 15/10/2016
Maître Gérald Richard
-
Le Maître de FRANCFORT (né vers 1460 - actif à Anvers entre 1596 et 1520)
La Crucifixion
Panneau de chêne, parqueté
83 x 71,5 cmAdjudication : €
Saint Cloud, 02/10/2016
Me Le Floc'h
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Jean Baptiste PERRONNEAU (Paris ca. 1715 - Amsterdam 1783)
Portrait de Aignant Thomas Desfriches
Pastel
60 x 50 cmAdjudication : 330 000 €
PARIS, 08/06/2016
EVE Me Alain LEROY
-
Monaco, 30/04/2016
Hôtel des Ventes de Montecarlo
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Hyacinthe RIGAUD (Perpignan 1659 - Paris 1743)
Portrait de Henri-Oswald de La Tour d'Auvergne
Toile, visage inclus dans la toile
146 x 112 cmAdjudication : 650 000 €
Hôtel Drouot, Paris, 04/04/2016
L'HUILLIER
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Abel GRIMMER (Anvers ca. 1570 - avant 1619)
Cinq mois : février, mars, avril, octobre et décembre
Suite de cinq tondi
D : 25 cmAdjudication : €
DIJON, 30/03/2016
Hôtel des Ventes de Dijon Sarl
-
Willem Claesz HEDA ( Haarlem 1594- 1680)
Nature Morte au rohmer, au nautile et au gobelet en argent
Panneau de chêne, deux planches, non parqueté
58,5 x 79 cmAdjudication : 900 000 €
Paris, 18/11/2015
FRAYSSE & ASSOCIES
-
Bernardo BELLOTTO (Venise 1720-Varsovie 1780)
Caprice architectural avec une villa vénitienne et un pont de pierre
Toile
48 x 79 cmAdjudication : 830 000 €
Monaco, 28/06/2015
Hôtel des Ventes de Montecarlo
-
Hendrick GOLTZIUS (Venlo, 1558 - Haarlem, 1617)
Adonis
Panneau de bois
52 x 40 cmAdjudication : 250 000 €
Montréal, 09/12/2014
IEGOR ENCHERES AUCTIONS
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MAITRE de la nature morte de HARTFORD (actif à Rome vers 1600)
Nature morte aux fruits et légumes d'automne disposés dans une corbeille, un guéridon et un panier, ou posés sur un entablement
Toile
100 x 133,5 cm
Sans cadreAdjudication : 700 000 €
Paris, 03/12/2014
FRAYSSE & ASSOCIES
-
FRANS POURBUS le Jeune (Anvers, 1569 - Paris, 1622)
Portrait d'un homme agé de cinquante-six ans
Panneau de chêne parqueté
101,5 x 76 cmAdjudication : 700 000 €
Enghien, 23/11/2014
Mes GAUTIER GOXE BELAISCH HDV D'ENGHEIN
-
Ecole FRANCAISE vers 1670
Nature morte au tapis iranien, vase de fleurs et singe
Toile
178 x 215 cmAdjudication : €
Paris, 14/11/2014
DAGUERRE
-
Eglon Hendrick Van der NEER (Amsterdam 1634 - Dusseldorf 1703)
Une grande dame
Toile
64 x 55,5 cmAdjudication : 500 000 €
Moulins, 26/05/2014
ENCHERES SADDE SARL
-
Ecole FLORENTINE vers 1395-1400, suiveur d'Agnolo GADDI
Vierge à l'Enfant entourée de saint François et de saint Julien
Peinture à l'oeuf et dond d'or sur panneau, une planche, renforcée; panneau unique de dévotion
72 x 51 cmAdjudication : 122 000 €
Brest, 10/04/2014
THIERRY- LANNON et Associés sarl
-
Peter CLAESSEN dit CLAESZ. (Berchem ?, 1596/97 - Haarlem, 1660)
Nature morte de déjeuner avec un Roehmer, un faisan, un saleron d'argent et vermeil, un pot de grès,
Panneau de chêne, deux planches renforcées
49 x 75 cmAdjudication : 560 000 €
Nîmes, 01/02/2014
Hôtel des Ventes de Nîmes Sarl
-
Attribué au Maitre de la Madeleine Mansi (actif à Anvers, 1510-1530)
Vierge à l'Enfant
Panneau de chêne, une planche non parqueté
37,4 x 27,4 cmAdjudication : 280 000 €
Roubaix, 09/12/2013
May et associés S.A.R.L.
-
Paris, 15/11/2013
Me Pierre Audap & Me Fabien Mirabaud
-
Hubert ROBERT (1733-1808)
La visite au marquis de Travanet lors de sa détention à la prison de Saint-Lazare, 1794
Toile et châssis d'origine
49,5 x 60 cmAdjudication : 180 000 €
Bayeux , 11/11/2013
BAYEUX ENCHERES SARL
-
Marie-Gabrielle CAPET (Lyon 1761 - Paris 1818)
Portrait de la baronne Dannery tenant son fils Jean Germain Samuel dans ses bras
Gouache sur ivoire
13,5 x 9,5 cmAdjudication : 135 000 €
Paris, 19/06/2013
PIASA
-
Bernardino MEI (Sienne, vers 1615 - Rome, 1676)
Dalila et Samson retenu à un clou par sa chevelure
Toile
216 x 185 cmAdjudication : 262 000 €
Versailles, 14/04/2013
VERSAILLES ENCHERES SARL
-
Jacobus VREL (actif à Delft et Haarlem de 1634 à 1662)
Une femme à sa lecture
Panneau de chêne parqueté
54,5 x 41 cmAdjudication : 1 800 000 €
Paris, 10/04/2013
FRAYSSE & ASSOCIES
-
Balthasar van der AST (1593-1657)
Nature morte à la coupe de fruits, vase de fleurs, coquillages et insectes
Panneau de chêne, trois planches non parquetées
43 x 69 cm
Cadre cadre en bois sculpté et redoré, travail francais d'époque Louis XIIIAdjudication : €
Roubaix, 18/03/2013
May et associés S.A.R.L.
-
Hendrick Van BALEN (1575-1632)
Le Frappement du Rocher
Cuivre parqueté
50 x 65 cm
Cadre cadre en bois et stuc doré d'époque EmpireAdjudication : 760 000 €
Neuilly-sur-Seine, 07/12/2012
Claude Aguttes S.A.S.
-
David TENIERS le Jeune ( 1610 - 1690)
L'intérieur de l'alchimiste
Toile
60 x 74 cm
Sans cadreAdjudication : 430 000 €
Roubaix, 18/06/2012
May et associés S.A.R.L.
-
Ambrosius BOSSCHAERT le vieux ( Anvers 1573 - La Haye 1621)
Bouquet de fleurs dans un vase de bronze posé sur un entablement près d' un coquillage
Cuivre
34,2 x 23,4 cm
Cadre en bios et stuc doré, travail Français d'époque empireAdjudication : 1 350 000 €
Paris, 01/06/2012
GROS & DELETTREZ
-
Osias BEERT l'ancien (Anvers ?, vers 1580 - ?, 1624)
Nature morte aux plats d' huîtres, volaille rôtie, friandises et fruits secs posés sur un entablemen
Panneau de chêne, deux planches, non parqueté
58 x 92 cmAdjudication : 450 000 €
Moulins, 21/05/2012
ENCHERES SADDE SARL
-
Jusepe de RIBERA (Jativa 1588 - Naples 1656)
Saint Jean l'évangéliste
Toile
105 x 83 cm
Cadre ancien avec petits accidentsAdjudication : 285 000 €
Paris, 26/03/2012
Maître Adrien BLANCHET
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Jacob SAVERY (1545-1620)
Patineurs sur une rivière gelée devant une église
Panneau de chêne une planche, non parqueté
29 x 41 cmAdjudication : 470 000 €
Bordeaux, 20/10/2011
JEAN DIT CAZAUX et ASSOCIES SARL
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Saint-Germain-En-Laye, 28/11/2010
SAINT GERMAIN EN LAYE ENCHERES
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Jacques Louis DAVID (Paris 1748-Bruxelles 1825)
Portrait du général baron Claude Marie Meunier, gendre de Jacques Louis David
Sur toile d'origine
72,5 x 58 cmAdjudication : 2 700 000 €
Paris, 01/12/2006
PIASA